CHAPITRE 31 : Louis Tomlinson
31 janvier 2016, Londres
« C'est pas terrible hein. Tu as déjà fait mieux. »
Harry regarda, ce qui devait être une julienne de légumes, dans son assiette sans grande conviction. Vexé comme un poux, je lui avais enlevé son assiette et avais vidé le contenu dans la poubelle.
« Franchement, t'es chiant. Je me suis plié en deux pour te faire plaisir et tu n'es même pas satisfait. La prochaine fois, cuisine. »
J'avais passé une bonne partie de mon après-midi à cuisiner pour lui faire plaisir. Une recette gentiment envoyée par Bebe, qui finalement avait tourné au drame. L'état désastreux de la cuisine en témoignait. Mais j'avais quand même réussi à peu près. Et voilà, que mon invité faisait le difficile. Rien de plus agaçant.
« Te vexe pas, Lou. Cuisiner n'a jamais été ton fort. Il eut le culot d'ajouter
-Ouais c'est ça, moque toi. »
Deux bras protecteurs entourèrent ma taille. La tête posée sur mon épaule, je sentais ses longues boucles sur mes épaules.
« Merci d'avoir fait ça pour moi. C'est vraiment gentil. Même si le goût n'y était pas vraiment.
-Excuse non acceptées. Tu dormiras sur le canapé, très cher ami. »
Sauf qu'apparemment ça ne lui satisfaisait pas et avec son don de persuasion il avait réussi à me faire craquer par ses charmes et ses doux yeux verts. Je ne résistais jamais à ses lèvres de toute façon. Cela faisait maintenant trois mois que je revoyais régulièrement Harry. Il venait après le boulot chez moi et on passait la soirée ensemble. On parlait, on regardait la télé, on profitait du corps de l'autre. Un semblant de relation entre nous était revenu. Et pourtant, les autres ne le savaient pas. Personne à part le concierge de l'immeuble qui voyait souvent Harry venir. Même l'esprit très vif de ma mère n'avait pas décelé mes sentiments. On ne vivait pas ensemble mais c'était comme si. Mais aucun de nous deux ne voulait vraiment parler de la nature même de notre relation. Ami avec affinitiés ? Des amants ? Des sexfriends ? Impossible à dire et pourtant, nous étions bien comme ça. Comme avant.
Mes journées étaient rythmées par les cours, les projets des étudiants. J'étais aussi beaucoup plus serein qu'avant, ce qui n'avait pas échappé à mes amis. Ils avaient profité des quelques pintes de bières que l'on avait bu après le boulot pour me passer à la casserole.
« Bon maintenant crache le morceau Louis ! La pinte de Bebe se renversa avec violence quand elle tapa du poing sur la table. »
L'alcool était vraiment mauvais sur elle et deux pintes de bières avaient eu raison d'elle. Maintenant, les pommettes rougies et l'air déterminé, elle me fixait. Tous les regards étaient tournés vers moi en attendant une réponse. Je feignis l'innocence en lui demandant :
« Je vois pas de quoi tu parles.
- Reconnais que tu vois quelqu'un, tu es étrangement rayonnant en ce moment. Anne Marie me lança un regard suspicieux.
- Mais pas du tout ! »
On m'avait toujours dit que c'était pas bien de mentir mais je ressentais à ce moment, le besoin de garder secret ma relation avec Harry. C'était égoïste, c'est vrai. Mais j'avais peur de le perdre à nouveau. Mon téléphone sonna juste au moment pour me sauver de cet interrogatoire de police.
De : [email protected]
Bonsoir Louis,
J'aimerais que l'on se voit. N'ayant pas eu de réponses à mes derniers mails, je me permets de te contacter.
En espérant une réponse assez vite,
je te souhaite une bonne soirée.
Ma main resta figée sur mon téléphone. Les bruits autour de moi avaient totalement disparus. Je n'entendais plus les conversations des autres, le message défilait devant mes yeux. Je n'avais plus eu de ses nouvelles depuis plusieurs mois. Quand Harry était parti suite à l'incident avec Sacha, j'avais décidé de couper totalement les ponts avec elle. Elle m'avait envoyé quelques messages pour s'excuser mais je n'y avais jamais répondu. Elle n'était pas l'unique fautive, mais, elle avait autant que moi, sa part de responsabilité. Je lui en voulais de ne pas m'avoir arrêté.
« Tout va bien Louis ? Tu es livide. »
Ce fut la main d'Anne Marie posée sur mon épaule qui me fit revenir à la réalité. J'avais besoin de rentrer, de retrouver Harry et vite.
« Désolé les gars, je me sens pas bien.
-Repose toi alors ! Ils répondirent en chœur. »
Heureusement pour moi, aucun ne posa de questions sur mon soudain changement d'état. Sur le trajet, j'avais repensé au mail. Je n'arrivais pas à détourner le regard de ce fichu mail. Une fois arrivé en bas de l'immeuble, je remarquai Harry assit sur les marches. Rien que le voir emmitouflé dans des couches vêtements et son sourire, me réchauffa soudainement le cœur.
« Je croyais que tu étais avec tes collègues.
- Je suis rentré plus tôt et ça faisait un moment que l'on ne s'était pas vu.
- Pas faux. Je suis content que tu m'aies envoyé un message. »
J'aggripai son écharpe avant de me hisser sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Avec ses petites talonnettes, il paraissait beaucoup plus grand que moi. Déjà que je n'étais pas très grand, ça n'allait pas en ma faveur.
« Rentre, tu vas être malade. »
Harry me suivit jusqu'à mon appartement. Une fois dans le salon, il me serra dans ses bras. Une étreinte spontanée que l'on avait pas forcément eu depuis que nous étions remis ensemble. Oui, on passait des fois du temps à se câliner mais c'était toujours dans la retenue, dans la peur de dépasser l'espace physique de l'autre. La réconciliation était là, mais parfois, c'était timide, hésitant. Harry avait encore du mal à me faire confiance et ça se ressentait dans certains de ses gestes.
Là, cette étreinte était ce dont j'avais besoin, j'avais envie. Harry avait toujours su de quoi j'avais besoin. Ce n'était pas juste sa présence physique qui me manquait, mais tout. Mon quotidien avec lui, mes habitudes que j'avais fait avec lui. C'était à cet instant, qui pourrait être anodin dans un couple, que j'avais compris que je voulais qu'il revienne. Définitivement. Pas juste le soir de temps en temps après le travail. Il avait déjà laissé quelques affaires ici. Une veste, un livre. Je n'avais jamais su si c'était volontaire ou non, mais cela voulait dire quelque chose. Alors je laissais chaque petite chose à sa place, comme des souvenirs d'avant. Je n'étais pas amoureux du passé, mais du présent. Du présent que je pouvais recoller avec lui.
10 février 2016, Londres.
The Viaduct Tavern était l'endroit du rendez vous. Ce bar était réputé pour fournir les meilleurs gin tonic de la ville. J'en pris un en attendant. Mon stress était voyant. Ma jambe tremblait, je tapotais nerveusement mes doigts contre le bois du comptoir. Je n'osais même pas regarder la pendule. Je savais que j'étais en avance. Il valait mieux, retirer le pansement le plus vite pour ne pas que ça fasse mal. Une longue chevelure blonde entra dans le bar, attirant tous les regards. Je lui fis un signe de la main pour qu'elle vienne s'asseoir à mes côtés. Sans un mot, ou même un regard depuis son arrivée, je lui glissai un verre de vin tonic, qu'elle repoussa poliment.
« Merci d'être venu. Sacha me dit, la voix légèrement angoissée.
- Je suis venu pour que tu arrêtes de m'envoyer des mails.
- J'avais besoin de te parler. Vraiment.
- Écoute, on pourrait faire vite ? J'ai autre chose à faire et j'aimerais que l'on en finisse le plus vite possible, d'accord ?
- Déjà, commence par me regarder. »
Je poussai un soupir pour lui faire face. Elle avait changé. La femme souriante que j'avais vu la première fois semblait épuisée. Son visage était épuisé, ses yeux cernés. Elle faisait presque pitié.
« Je n'ai pas eu l'occasion de m'excuser de ce que j'avais fait et des choses qui se sont passés après.
- En quoi ça me concerne ?
- Je suis enceinte. »
La phrase avait été balancé comme une bombe. Sacha avait retiré son manteau pour me montrer son ventre rond. Mon monde tournait de plus en plus. Peut être à cause des nombreux gin tonic que j'avais bu.
« Je devrais accoucher dans les prochaines semaines selon les médecins.
- En quoi, ça me concerne punaise ?! »
J'avais haussé la voix, la faisant sursauter. J'avais peur de sa réponse. Tellement peur. Quelques regards se tournèrent vers nous.
« Je ne sais pas encore si c'est toi le père, mais j'aimerais bien que tu fasses un test de paternité...
- A parce que je ne suis pas le seul ? Demande à l'autre papa potentiel, alors. Je n'ai rien à voir avec tout ça.
- Penses-y quand même.
- Non, parce que je sais très bien que je n'ai aucune responsabilité avec tout ça. Tu sais que cette soirée a bousillé ma vie. J'ai perdu Harry.
- Et tu crois que moi, ça me plaît ? Que je suis là seule responsable de tes conneries ? Assume Louis que tu l'a trompé et fais ce test si tu es si sûr de toi. »
Sacha descendit de sa chaise et quitta le bar, me laissant seul avec un fichu kit de paternité. Énervé, je partis à mon tour. J'avais marché longuement au bord de la Tamise. Les cigarettes de mon paquet descendaient à une vitesse incroyable. Je ne lui avais pas parlé de Sacha, il savait que je l'avais trompé mais pas avec sa psychologue. Il avait continué de la voir après. Il m'en avait parlé puis, il n'avait plus eu le temps d'aller la voir et il avait d'autres choses à gérer. Savoir qu'il n'allait plus la voir m'avait soulagé, parce que je n'avais pas le poids de mon mensonge à porter. Mais finalement, cette histoire m'avait rattrapé parce que maintenant, je me devais d'assumer. Parce que j'étais peut être père. Cette idée n'arrivait pas à s'ancrer dans mon esprit.Je ne pouvais pas être père. Non. Ma main se crispa sur le test de paternité. Et si j'avais merdé cette soirée ? Si j'étais fautif ? Je chassai rapidement cette idée en jetant l'objet dans une poubelle. Non, je n'étais pas le père de cet enfant.
22 février 2016, Londres.
Finalement, j'avais craqué. J'avais fait ce test après avoir appris la naissance de l'enfant de Sacha par ma soeur. Sacha avait raison ; si je n'étais pas le père de cet enfant, je devais faire ce test. Tel un voleur, je m'étais glissé dans une pharmacie pour acheter le fameux test. Je n'avais pas attendu longtemps avant de l'envoyer au laboratoire. La réponse devait arriver dans 2 jours et ça me mettait dans tous mes états.
Harry avait bien remarqué un changement d'humeur ces derniers temps, ce qui nous avait amené à nous disputer plusieurs fois. Mais j'avais chassé tous mes doutes pour préparer l'anniversaire d'Harry. C'était le 1er février, mais j'avais prévu autre chose pour lui faire plaisir. Un weekend tous les deux qui avait permis un rapprochement significatif entre nous. C'était dans un petit cottage en dehors de la ville que j'avais réservé. On était resté au coin du feux à passer des heures, l'un contre l'autre, profitant d'un instant de tranquillité loin de nos habitudes, de la routine.
Pour la première fois, on avait parlé d'avenir. De projets ensemble. Sans que cela soit vraiment concret, j'avais compris qu'il n'était pas contre le fait de recommencer publiquement une relation avec moi. Nos familles respectives ne se doutaient de rien. Personne ne soupçonnait que nous étions ensemble. Il était temps de faire éclater la bulle que l'on s'était construit. Après ce weekend idyllique, le retour avait été plus difficile. Londres nous avait accueillie par sa grisaille habituelle et les nouvelles dures à entendre. Le lendemain de notre retour, j'avais reçu une lettre. Une lettre assez grosse venant du laboratoire. Je n'avais pas eu le courage de l'ouvrir, étant trop excité et trop stressé de connaître la nouvelle. Alors je l'avais laissé dans un coin, le plus loin possible de moi.
Harry avait prévu de venir me voir, ce soir là. Apparemment, avec de bonnes nouvelles. J'avais un peu rangé l'appartement, n'oubliant pas de glisser dans ma table de nuit, le cadeau que j'avais prévu pour lui. C'était un trousseau de clé. Le trousseau de clé de mon appartement. Il avait sa place ici, plus que n'importe qui. Harry entra dans l'appartement, un grand sourire et une bouteille de champagne à la main.
« Je ne pensais pas te voir arriver aussi heureux ici. Quelle est cette fameuse nouvelle ?
- J'ai obtenu mon prêt, Lou ! Je vais avoir mon propre cabinet ! »
L'un de ses plus grands rêves allait se réaliser. Je ne pouvais qu'être fier de lui. Harry avait longuement bataillé pour avoir son prêt et pendant que nous étions ensemble, cela avait été source de conflit. J'avais tenu à l'aider financièrement, ce qu'il refusait catégoriquement. Cela menait souvent à des disputes parce qu'il ne voulait pas lâcher l'affaire. Mais, j'avais finalement compris qu'il voulait réussir de ses propres moyens. J'avais moi aussi, eu l'envie de réussir par moi même, de prouver aux autres que je n'étais pas un incapable. Je ne lui avais pas encore donné les clés, je le laissais exploser sa joie. Il avait besoin d'extérioriser ses sentiments.
Je n'avais pas cuisiné, laissant le traiteur faire son job. Harry ne s'en formalisa pas, préférant me raconter gaiement sa journée. Les choses allaient bien pour lui et j'en étais fier. Il n'a jamais déjà démérité. Alors mon histoire de clés et d'appartement attendraient un peu. Ce fut une fois ses pommettes rougies par l'alcool, qu'Harry décida d'aller se coucher.
« J'ai une autre surprise pour toi. Lui dis-je alors qu'il était encore un peu sobre.
- Qu'est ce que c'est ?
- Laisse moi deux secondes pour faire un speech en bonne et due forme. J'y pense depuis un moment, j'en dors même plus la nuit en imaginant tous les scénarios possibles. Te voir fuir, me les jeter à la figure, que tu me sautes dessus pour dire que je suis l'homme le plus merveilleux du monde. Bref, ça représente beaucoup pour moi et... depuis que tu es revenu dans ma vie, je ne veux pas que tu en partes. »
La main d'Harry se resserra sur le trousseau de clés et il se jeta dans mes bras. Une longue étreinte avec des mots doux. La suite du repas fut entrecoupée de regards langoureux et de sourires niais. On avait l'air de deux idiots, deux adolescents. J'avais même réussi à en oublier les résultats du test de paternité. J'avais l'impression que la réalité s'échappait avec lui, pour laisser place à un doux rêve.
Le lendemain, le lit était vide. Les rideaux étaient ouverts. Un frisson parcourut mon corps en sentant un courant d'air. Pourtant, aucune fenêtre n'était ouverte. Je me levai épuisé de la veille m'attendant à trouver Harry dans la cuisine. Mais mon appartement était vide. Totalement vide. Pas une trace d'Harry. Ni dans le salon, ni dans la salle de bains, ni dans la cuisine. Il n'était plus là. Il ne restait plus une trace de son passage à part la table d'hier et le trousseau de clés. Le trousseau que je lui avais donné hier. Mon coeur s'emballa, j'étais mal. Parce que je ne comprenais pas pourquoi il n'était plus là. Puis, j'avais compris quand j'avais vu mon téléphone ouvert avec deux messages de Sacha.
Sacha, 8h40
Le test devrait arriver dans la journée. Merci d'avoir accepté de faire le test... Je suis désolée, vraiment. Ça ne devait pas se passer comme ça, il y a 7 mois.
Il avait compris.
Désolée je reviens après une longue absence. C'est l'avant dernier chapitre du point de vue de Louis qui aidera au dénouement final. Je vais essayer d'être plus présente sur Wattpad, pour finir la fiction le plus rapidement possible. J'espère que la fin vous plaira et que ce chapitre, vous a plu.
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