CHAPITRE 26 : Louis Tomlinson
« Tu n'as rien oublié ? Tu as tout ? M'avait demandé pour la énième fois, Harry.
- Oui j'ai tout. Tu es pire que ma mère sérieux ! »
Je repris mes valises direction la salle d'embarquement. Ca y est, j'allais effectuer mon premier voyage aux Etats Unis et précisément à Seattle. Patiemment, on avait attendu l'avion en ayant, pour la première fois depuis plusieurs semaines, une discussion "normale" sans s'engueuler ou se reprocher quelque chose. En ce moment, c'est un peu tendu entre nous... Harry était en pleine préparation de son projet d'ouverture de cabinet. Dua finissait son stage dans les prochains mois. C'était l'occasion de se lancer.
Il nageait dans les business plan, les rendez-vous avec le banquier, les nombreuses formations pour avoir des bases en comptabilité. Quant à moi, j'assurerais du mieux possible les différents travaux que j'avais eu la chance de publier et les conférences qui les accompagnaient. Pas mal de choses qui m'avaient valu des assez bons retours sur mes travaux. Je gardais quand même mes cours à l'université mais je devais souvent m'absenter pour des conférences en Europe et quelques autres aux Etats Unis.
- Je suis désolé de ne pas venir avec toi. J'aurais vraiment aimé mais je n'ai pas le temps.
- Ne t'en fais pas, je comprends. On y retournera une autre fois.
- Tu me ramèneras une carte postale ? Il me demanda en battant des cils.
- Le frigo est déjà plein de photos, on aura bientôt plus de place.
- Rabat joie. »
J'avais ris avant de le prendre dans mes bras. Mon avion n'allait pas tarder à partir. Il était temps d'y aller. Harry n'avait pas vraiment envie de me lâcher à sentir son étreinte se resserrer autour de moi. Sur place, je rejoignais quelques collègues psychologues, juristes et sociologue. Une conférence sur l'évolution du couple et de la famille. Ayant basé tous mes travaux là-dessus, c'était une occasion en or ce voyage. Un dernier bisou à Harry et j'embarquai pour Seattle. Comme prévu, j'étais le plus en retard. Tout le monde m'attendait, patiemment devant les portes de l'Université des sciences humaines de la ville. Ce n'était pas ma première conférence mais j'étais impressionné. Devant nous, l'amphi était plein avec des élèves et de nombreux professeurs dont quelques-uns que j'avais reconnu.
Maintenant, prendre la parole devant 500 personnes n'était plus vraiment quelque chose qui m'angoissait. Et pourtant, c'était différent de parler devant des élèves et parler devant des collègues de travail qui avaient fait des travaux impressionnants, qui étaient reconnus dans le métier et qui allaient sûrement laisser une empreinte dans l'histoire de la sociologie moderne. Mes premières conférences étaient des sources d'angoisses qui me paralysaient presque. J'y pensais jour et nuit, puis dès que j'entrais dans l'arène, je ne pouvais pas faire marche arrière. Ce soir-là, on était sorti tard. Il y avait eu beaucoup de questions et des échanges très intéressants avec des élèves mais aussi des professeurs, des avocats, des psychologues, des ethnologues, etc. Pendant deux jours, on avait profité pour découvrir le département de sociologie de la fac et discuté avec des enseignants chercheurs mais aussi le groupe d'étudiants en master qui avait organisé la conférence. Finalement, les trois jours étaient passés très vite.
« Louis, ça te dit de sortir un peu ? On va pas s'enfermer à l'hôtel ! M'avait proposé Paul, un de mes collègues. »
Paul était l'un de ses professeurs qui m'avait pris sous son aile quand j'étais arrivé dans la fosse aux lions. Il était là depuis presque 20 ans et c'était un peu l'élément central dans l'équipe de chercheurs. On s'était tout de suite appréciés et depuis, on était presque inséparable. Il était parfois un peu brut de décoffrage mais on s'habituait à son honnêteté et sa bonne humeur contagieuse. Il était spécialisé dans l'étude des normes sociales. Un terrain vaste qui rejoignait le mien. Avec nous dans l'équipe, il y avait Sandy et Josh les petits nouveaux. Ils étaient arrivés au sein de l'équipe enseignante, il y a un an maintenant.
« Juste un verre alors. J'avais fini par cèder.
- Ah oui, la princesse fait attention à son consommation d'alcool, j'avais oublié ! Il s'était ouvertement foutu de ma gueule. Ton fiancé me tuerait si j'ai le malheur de te ramener dans un sale état. »
Je n'avais pas réagi et je m'étais contenté de lever les yeux au ciel. En plus, il savait très bien qu'Harry était loin d'être chiant avec ça. Chacun fait sa vie, sans tromper l'autre. Voilà sa devise. Nous avions trouvé un pub pas loin de l'hôtel et on avait commandé quelques bières. Les trois jours avaient été assez intenses et on se détendait un peu de rentrer à Londres. En temps normal, je n'étais pas dans les excès quand je sortais, enfin pas depuis longtemps maintenant. Seattle dégageait une ambiance agréable, il faisait chaud, les gens étaient plus avenants qu'à Londres et j'avais presque l'impression d'être en vacances. Je ne souvenais pas avoir passé un aussi bon moment entre collègues, que je considérais maintenant comme des amis. C'était ça de tomber dans l'habitude de tout faire en couple. Non pas que ça me déplaisait, mais peut-être qu'il manquait à Harry et moi, des ami séparés et des choses que l'on en faisait pas en commun.
La soirée avançait petit à petit, l'alcool qui montait tout doucement à la tête. Josh me proposa d'aller fumer une cigarette dehors. Il avait vu juste, une petite cigarette me ferait pas de mal. J'avais nettement baissé ma consommation depuis que je fréquentais Harry. Il s'en fichait que je fume, mais je savais qu'il était asthmatique, donc je préférais ne pas fumer à la maison. Pendant cette petite pause clope, on avait discuté avec quelques mecs qui nous avait rejoint. On avait fini par sympathiser rapidement et ils étaient venus s'asseoir avec nous par la suite. Paul et Sandy étaient visiblement complètement ronds parce qu'ils étaient en train de chanter une chanson de country à s'en péter les tympans. Le voyage de retour pour Londres allait être difficile... Une gueule de bois et le décalage horaire. Je n'étais pas le plus bourré du groupe, de toute façon, ce n'était pas deux trois bières qui allaient me mettre dans un sale état, mais sûrement le petit sachet de poudre claire que venait de sortir Justin, l'un des garçons que l'on venait de rencontrer.
« Tu ne devrais pas le sortir là. Lui avait dit Josh, qui commençait à stresser.
- Le gérant s'en fout. Justin haussa les épaules. Il préfère s'occuper des deux hurluberlus qui sont en train de niquer les chansons de Dolly Parton. Il montra du doigt Paul et Sandy qui continuaient leur massacre musical. »
Jaden, l'ami de Justin étala la poudre sur la table, roulant vulgairement un bout de papier pour en faire une paille. A cet instant précis, deux choix s'offraient à moi : prendre Sandy, Paul et Josh par le bras et repartir à l'hôtel en oubliant la fin de cette soirée, ou me laisser amadouer dans cette douceur blanche qui brillait presque comme des diamants. Choisir la faiblesse et balayer presque dix ans d'abstinence ou choisir la sécurité s'en aller comme un adulte responsable. Je ne pouvais pas faire taire le petit démon qui me criait d'y aller, faisant taire le petit ange qui me disait que je faisais sûrement la connerie de ma vie.
A ce moment précis, mon choix était fait. J'avais choisi la faiblesse. La drogue avait glissé dans mon corps, et étrangement, je ne m'étais pas senti mal. Comme si je ne m'étais jamais arrêté. Les effets étaient rapides. Un sentiment d'euphorie, une accélération du corps, la pupille dilatée, une forte envie de baiser. Le cerveau se perdait entre la réalité et la fiction. Mes yeux voyaient Harry, assis à une table, son regard plongé dans le mien, ses lèvres enroulées autour d'une paille qu'il mordillait. Je n'avais qu'une envie, c'était de quitter la table et l'embrasser sauvagement. Ce n'était qu'une hallucination qui paraissait beaucoup trop réelle.
A un autre endroit, je voyais ce connard de Mike partir en courant, sans un regard pour moi. Le bar avait disparu, il venait de s'enfuir me laissant seul dans cette putain d'épicerie. Les sirènes retentissaient au loin, mais je n'arrivais pas à courir. Mes jambes étaient paralysées. Les lumières des flics qui éclairaient mon visage en braquant leurs armes. L'ambiance avait changé. Mon corps avait commencé à trembler, je me sentais mal. Je voulais crier, expirer l'air de tous mes poumons pour leur dire que je n'avais rien fait, que je ne voulais pas mourir. Mais ils ne m'écoutaient pas. Personne ne m'écoutait, j'étais seul. Je sentais la douleur de leurs menottes sur mes poignets. Ils me faisaient mal, ma tête tournait, je voulais rentrer. Petit à petit, les souvenirs s'étaient effacés, et j'avais recraché tous mes repas depuis le matin sur le sol du bar.
Le réveil avait été affreux. Mon corps était totalement engourdi et j'avais l'impression qu'un marteau piqueur s'était logé dans ma tête. Je ne pouvais pas avoir une pensée cohérente tellement j'avais mal. Sur le fauteuil en face de mon lit, je reconnus la veste de Paul. Celui-ci, entra dans la chambre avec deux tasses de café et un paracétamol.
« La belle au bois dormant est réveillée ! Enchanté de te revoir parmi les vivants, Louis.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Lui demandais-je en prenant la tasse qu'il me tendit.
- Eh bien, tu as eu la super idée de merde de sniffer de la coke et de faire un Bad trip avant de vomir en toute délicatesse. Je crois que ça a été le meilleur moyen de décuver, surtout qui tu as le poids d'un âne mort.
- Il est quelle heure ?
- 15h30.
- Tu plaisantes ? On va rater l'avion. Je me levai un peu trop brusquement, ma tête recommençant à tourner.
- Calme toi, on prend le prochain avion pour Londres demain matin. »
Je m'étais rallongé sur le lit, soulagé et paniqué. Qu'allait dire la direction si elle savait aucun de ses crétins de professeurs avait presque fini par faire un malaise pendant un voyage pour le boulot ? Merde, j'étais foutu. Pas la peine de revoir mon poste en revenant.
« Tu leur a dit quoi comme excuse ?
- Que tu avais pas bien digéré des fruits de mer et que tu devais rester au lit au moins aujourd'hui, le temps de te remettre sur pieds. Ça devrait passer.
- Merci.
- De rien, mais ne refais jamais un coup comme ça. Je plaisante vraiment pas, on a tous eu peur. »
Un instant, Paul avait presque le rôle d'un papa protecteur. Le type de personnes que j'aurais aimé avoir. C'est peut-être pour ça qu'on s'entendait aussi bien. Sans vraiment le savoir, il était peut-être le type de père que j'aurais voulu avoir pendant mon adolescence.
« J'ai appelé Harry pour lui dire. Alors en rentrant, apprête-toi à être dorloté. Il a dû vider le stock d'une pharmacie en apprenant ta mésaventure intestinale. »
J'avais rien à sa remarque mais je n'en menais pas large au fond. J'étais tellement honteux d'être retombé dans ce que j'avais quitté, il y a plus de dix ans. Mais c'était tellement particulier comme sensations. Les premières minutes euphoriques donnaient l'impression d'être le prince de la mort et de la vie. Laisser son cœur s'emballer, être prêt à lâcher, se sentir libre quelques minutes. La chute était dure, trop dure. Nous avions donc pris l'avion le lendemain sans parler de la veille. Plus l'on approchait de Londres, plus je stressais. Déjà parce que j'espérais que personne n'irait raconter ce qu'il s'était passé et j'avais le poids de cet acte sur mes épaules. J'avais la tête cernée, le teint extrêmement pâle et le moral complètement en vrac. Dans le hall, je fus accueilli par une longue chevelure brune qui me serra dans ses bras.
« Paul avait raison, tu es dans un sale état. »
Il m'examina de haut en bas et nous étions rentrés. Je n'avais pas dit un mot depuis mon retour. Les images d'hier tournaient sans cesse dans ma tête. Je devrais lui parler, lui dire mais les mots restaient coincés. Harry pensait que c'était à cause de mon voyage et je préférais qu'il y croie. Mon voyage à Seattle m'avait changé. J'avais passé de nombreuses nuits agitées en repensant à ce qui aurait pu se passer si j'en avais pris plus ou si je n'en avais simplement pas pris. La drogue avait fait partie de mon passé et c'était comme une vieille amie qui revenait me voir.
7 juin 2015, Londres, Kensington.
La pièce était plongée dans le noir, mon corps tremblait à cause de l'autre froid qui ruisselait sur moi. J'avais été faible encore une fois. Quand je rentrai ce soir-là, des larmes de honte, de colère, de culpabilité avaient coulées sur mes joues. Harry était parti quelques jours chez ses parents pour voir Gemma qui était revenue de Grèce. Il ne se doutait de rien et rien que de l'imaginer rentrer souriant après être allé voir sa famille, me rendait malade. J'aurais dû l'accompagner je n'aurais sûrement fini dans la douche glacée en train de pleurer. J'avais dépassé la limite d'Harry, la limite qu'on s'était fixé tous les deux. J'avais dépassé cette putain de limite de ce soir, à cause de ma faiblesse, de ma connerie. Et mes mêmes tous mes remords ne pourraient pas effacer ce que je pouvais faire.
J'espère que vous avez bien aimé, Loriana.
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