Chapitre 6


Je ne sais pas. Je ne sais plus. J'essaye mais rien. J'essaye de me souvenir comment j'ai réussi à revenir chez moi, mais rien. Le noir complet.

Je suis en sueur, assise le long de ma porte d'entrée, recroquevillée et attendant de retrouver la mémoire. L'attente est longue mais le vide s'est emparé de ma mémoire. Je suis incapable de dire ce que j'ai fait quand j'ai trouvé l'article de journal. Incapable de dire comment je me suis déplacée. Incapable, tout simplement.

Pierre était rentré avant moi, et quand il m'a vue débarquer comme une furie sûrement, il a d'abord tenté de me calmer, et voyant que ça ne fonctionnait pas, il a préféré me laisser gérer seule cette crise de panique. Mais là, il me regarde, nonchalamment adossé au chambranle de la porte de la cuisine. Il me détaille, ne dit pas un mot mais une ligne apparait sur son front, me montrant son inquiétude.

-Ça va.

Deux petits mots. Seulement deux petits mots étaient sortis de ma bouche. Deux mot qui en soit ne signifiait rien pour moi, ni pour lui. Deux mots censés rassurer mais qui cachent un problème plus important et dont tout le monde se moque.

Mon frère avait les lèvres pincées, preuve qu'il ne croyait pas un mot de ce que je venais de lui dire. Il poussa un léger soupire et s'avança vers moi. Il s'accroupi pour être à ma hauteur et me regarde droit dans les yeux pour y déceler la présence de mes démons, mais ils sont partis, je le sais. Je le sens. Il me détaille plus, comme émerveillé de voir la personne qui se tient devant lui. Doucement, il fit avancer sa main vers mes cheveux dorénavant gris, il glissa ses doigts dans mes mèches courtes et les enroula. Il posa ensuite ses mains sur mes épaules comme pour me rassurer. Son regard était toujours ancré dans le mien, mais ses mains, elles, étaient actives. Il se débarrassa doucement du manteau que je lui avais emprunté. Mon haut bougea un peu dans ce doux mouvement, laissant une cicatrice se découvrir. Dans ses yeux je pouvais y lire de la peine, mais sa voix était toujours muette. Il la caressa comme si c'était un pêché. Il remonta la manche de mon haut pour y découvrir le porte-baguette sanglé solidement à mon avant bras. Il y retira en premier le bout de bois fait d'olivier avant d'en défaire les attaches de cuir. Dans une lenteur infinie, il me dénuda le bras, laissant apparaitre des lignes qui se sont estompées avec le temps, mais qui seront toujours présentes sur ma peau. La Marque était toujours là, moins visible mais toujours aussi présente. C'était la première fois que je la contemplais vraiment en cinq ans. Elle était réapparue quand j'ai levé le sort sur mes cheveux et mes cicatrices. La voyant, mon frère réalisa l'ampleur de mes maux qui m'ont atteint aujourd'hui, et dans un geste ferme, il plaça une de mes mèches derrière mon oreille pour en découvrir le tatouage en forme d'encre qui s'y cachait. Il le caressa tout en posant son front contre le mien.

-Je crois que c'est un nouveau combat que tu vas mener, Théa. Je suis tellement fier de toi petite sœur.

Une larme, une seule et unique larme coula le long de ma joue. Je l'essuyai vivement et sourit à mon frère. Il a raison, aujourd'hui est un nouveau jour, un nouveau combat contre de nouveaux démons car j'ai éradiqué les anciens.

Mon frère se leva et me tendit une main pour que je m'y accroche. Levant les yeux vers lui à m'en casser le cou, mon regard de glace détaillait son visage masculin puis sa main. Je pris sa main dans la mienne et il m'aida à me relever. A bonne hauteur et bien campée sur mes jambes, j'époussetais mes vêtements des poussières invisibles qui s'y étaient accrochées quand j'étais par terre.

-J'ai reçu une lettre pour toi au Ministère via hibou, me dit-il tout en se dirigeant vers la table basse du salon. Je le suivis de près, et pris la lettre qu'il me tendait. Une grosse enveloppe jaunie et lourde de parchemins pesait dans mes mains. L'adresse indiquée était le bureau de mon frère au Ministère de la Magie française, mais mon nom était écrit dessus et nom celui de Pierre. Je retournai l'enveloppe pour l'ouvrir et je remarquai que le sceau de l'école de magie britannique scellait la missive. C'était une lettre de Poudlard.

Tremblante, je décachais l'enveloppe pour y sortir son contenu. Mes gestes n'étaient pas assurés et je me coupai le doigt en enlevant le parchemin. Je le dépliai consciencieusement devant les yeux de mon frère qui attendait une réaction de ma part. Telle une machine, je commençais à lire la lettre où une écriture droite entachait le papier.

« Miss Beauregard,

Au terme de cinq longues années passées loin de nous à vous reconstruire et à marcher dans les pas des grands sorciers de ce monde, l'école de magie Poudlard vous ouvre ses portes à nouveau le temps d'un week-end pour vous et votre famille pour fêter la libération du peuple sorcier britannique de l'emprise ténébreuse de Voldemort.

Pour cela, l'équipe professorale et moi-même nous vous convions le samedi 12 mai à venir vous mêlez aux les anciens élèves de l'école ayant participés à la Grande Bataille.

Dans l'espoir de vous voir venir,

Amicalement

Professeur Minerva McGonagall, directrice de l'école de magie Poudlard »

C'était court mais précis. Avec le parchemin, un coupon-réponse était glissé dans l'enveloppe à remettre à un hibou qui le livrera à la directrice de l'école. Mon frère, lui, avait lu la missive par-dessus mon épaule et je savais ce qu'il en pensait avant même de l'interroger dessus sauf que moi, je n'avais pas envie d'y aller de revoir tout le monde, de faire semblant que tout s'est passé ces cinq dernières années, de revoir Drago aux bras d'une femme qui recherche uniquement le pouvoir et la notoriété. Je n'avais pas envie de faire semblant, pourtant il le fallait et peut-être que c'était ma dernière épreuve pour aller mieux.

-C'est ta chance Théa, il faut que tu la saisisses, prouve-nous que tu tout vas bien et que ce n'est pas une façade.

Je voulais lui répondre qu'il fallait que je réfléchisse, qu'il me fallait encore un peu de temps, mais un bruit répétitif se faisait entendre sur la porte-fenêtre du salon. Le père de famille souffla et ouvrit à un corbeau au ramage aussi noir que qu'une nuit sans lune. L'oiseau des mauvais présages se posa sur le rebord d'une chaise et tendit sa patte cérémonieusement. Au bout, pendant un parchemin enroulé que Pierre défit avant de donner à manger à la pauvre bête qui avait parcouru des kilomètres pour trouver ma famille. En lisant le texte inscrit sur le parchemin, le brun souffla et me le tendit.

-Ne répond pas à ses menaces, fais-le pour toi et non pour lui. Ton fils est heureux comme ça, sache-le.

Je prenais le bout de papier et le tâchai avec mon sang qui avait coulé quand je m'étais coupée avec l'invitation que j'avais lu précédemment.

« Bonsoir,

Je viens de recevoir mon invitation pour le week-end à Poudlard.

Je te supplie de venir et d'emmener ton uniquement ton fils avec toi.

Il se doit de savoir ce qu'il s'est passé durant ces dernières années et tu lui dois la vérité sur sa paternité.

Je sais que lui serra présent, mais toi, tu dois venir, s'en est de ton devoir même !

Empêche-le de commettre l'irréparable.

Je t'embrasse,

Blaise Z. »

-Mais pour qui il se prend, m'exclamais-je outrée de ce que je venais de lire.

-Lui et Drago se connaissent depuis leur plus jeune âge, tu as fait parti de leur duo pendant une année entière ! Tu as bousculé leur quotidien et Blaise protègera toujours le fils Malefoy et s'il pense que c'est pour son bien qu'il soit au courant, alors, ne lui en veut pas de faire primer les amis plutôt que la famille.

-Cela ne fait pas longtemps qu'il est au courant et il veut déjà tout balancer sans mon consentement ou alors en me forçant la main ! C'est pour cela que j'ai coupé les ponts avec tout le monde ! Je ne veux pas que l'on me dicte quoi faire !

-Je sais, je sais, mais tu es aujourd'hui au pied du mur, tu ne peux plus reculer et avancer va devenir indispensable pour toi et Scorpius.

Devant ses yeux, je déchirai la lettre de notre cousin et renvoyai le corbeau qui attendait patiemment. Rageusement, je passais devant mon frère qui lui me regardait ahuris de mon nouveau comportement. Je me dirigeais vers la chambre de mon fils. L'enfant blond était allongé sur le ventre devant un livre ouvert. En m'entendant rentrer, il se tourna vers moi et me sourit avant de se lever pour me faire un câlin. Je le serrai doucement contre ma poitrine et le berçai doucement. Je le contemplais et ses cheveux blonds presque blancs me rappelaient sans cesse mon amant d'une nuit alors que je voulais le chasser de mes pensées. Je jetais un œil furtif à la lecture de mon fils, et je remarquais qu'il lisait un livre de première année à savoir Vie et Habitat des animaux fantastiques de Norbert Dragonneau, et il en était à la page sur les caractéristiques de l'oiseau-tonnerre.

Je décollai l'enfant de mon corps pour pouvoir mieux le regarder. Je caresse ses cheveux blonds et pose une main sur sa joue rebondie. Lui me regarde avec de grands yeux comme si j'étais la huitième merveille du monde. Pour lui, je suis tout, je suis sa vie, je suis son monde autour duquel gravite tout ce qu'il aime, et où son père est aux abonnés absent.

-Dis-moi chéri, est ce que tu es heureux, je chuchote doucement.

-Heureux, me répondit-il sans comprendre.

-Est-ce que tu es triste ?

-Non, maman, je ne pleure pas, me dit-il déterminé.

-Alors on peut dire que tu es heureux, je fais en souriant. Mais tu sais que chaque enfant ont une maman et un papa ?

-Mes amis de l'école ils ont une maman et un papa eux, mais moi c'est pas grave si je n'ai pas de papa parce que tonton Pierre c'est comme mon papa et toi tu es comme la maman d'Amalya et Paul, essayait de me rassurer mon ange aux cheveux pâles.

-Je voudrais savoir si tu aimerais voir ton papa.

-Parce que tu connais mon papa, me demanda t-il avec innocence.

-Oui, je connais ton papa, disais-je en souriant légèrement, je le connais et je sais où est ce que tu pourrais le voir si tu le voulais.

-Mais si je vais voir mon papa après on ira habiter avec lui ? On n'habitera pas avec tonton Pierre ?

-Non ! Enfin, je ne sais pas encore, on verra... Mais est-ce que ça te ferai plaisir, je lui demandais inquiète par la réponse qu'il allait me donner.

-Oui maman, alors je veux bien, me disait-il avec une maturité que je ne lui connaissais pas.

A nouveau je le pris dans mes bras et lui promis qu'ilverrait son père un jour et le plus tôt serait le mieux pour lui pour ne pas qu'ilsouffre de l'absence de Drago dans sa vie. C'est pourquoi ma décision était priseet irrévocable. Je le faisais pour mon fils et non pour moi. Je serai fortepour Scorpius et donc pour lui, je retournerai à Poudlard, par amour pour cetenfant, je me rendrais à ce week-end improvisé en Angleterre dans le château leplus sécurisé du pays. Pour lui je ferais l'effort de le revoir, de lui parler etde le côtoyer durant deux petits jours car après tout ça passera vite, non ?

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