Chapitre 2

Ce matin, quand je me réveille, la place à mes côtés est vide de la seule présence masculine adulte de la maison. Le temps de m'étirer, de regarder l'heure, j'ai exactement deux heures pour réveillez les enfants, les faire manger, les préparer, m'occuper un peu des tâches ménagères, les conduire à l'école pour ensuite aller au boulot. Au bout de cinq ans, je m'y suis habituée à cette forme de routine. Je sors de ma chambre et me dirige vers la chambre des jumeaux. Je leur demande doucement de se réveiller, j'ouvre les volets et me dirige vers la chambre du petit, où je fais la même chose. Pour continuer, je vais dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner, repas important de la journée. Je suis en train de faire chauffer le lait quand les trois petits anges pointent le bout de leur nez. Ils remplissent leurs estomac vident de céréales et d'un jus de pamplemousse avant de décamper et de me laisser la vaisselle à faire. Jamais je n'aurai pensé tout le travail qu'ont fait mes pères quand mes frères et moi-même étions jeunes, maintenant, je réalise à quel point c'est dur d'être parent.

Avant de partir, je vérifie que tout le monde est bien habillé et qu'ils ont bien leur affaire dans leur cartable, car il m'est arrivé, une fois, que Paul sois allé à l'école en pyjama car dans la précipitation, j'avais oublié de l'habiller. Mais bon, il était jeune, aujourd'hui il s'habille comme un grand. Les garnements montent dans la voiture, s'attachent et je file direction leur école. Quand le dernier passe la grille de l'établissement, sa maitresse vient me voir.

-Madame Beauregard, j'aimerai vous parler de votre fils.

-Oui, il y a un problème, je demande inquiète.

-A vous de me le dire, car je le trouve dissipé en ce moment, est-ce que tout va bien à la maison ?

Je déteste le corps enseignant ! Toujours à se mêler d'affaire qui ne les regarde pas alors que le problème pourrait venir de son enseignement, mais non, il faut toujours que le problème vienne du cercle familial.

-Oui, tout va parfaitement bien, dis-je avec un grand sourire.

-Il lui manque une présence masculine à la maison, je pense, dit-elle en croisant ses mains devant elle en parfaite femme modèle qui donne des conseils mais qui ne les appliquent pas.

-Je ne pense pas non, il entouré d'homme dans la famille, je réponds sèchement.

-Je parle de son vrai père...

-Ne commencez pas à me faire des sermons sur comment élever mon enfant, occupez-vous de son éducation scolaire et moi je m'occupe du reste !

Sur ce, je tourne les talons, l'empêchant de répliquer. Je monte dans la voiture passablement énervée. J'essaie de maitriser ma respiration pour me calmer. Une fois fait, je démarre la voiture et me rend au travail. Le trajet est un peu long à cause des embouteillages parisiens, je râle sur les automobilistes et cela me fait un bien fou après la discussion que je viens d'avoir. Quand j'arrive sur le parking, je me gare à ma place habituelle, foutue routine et prend place à mon poste. J'arrive toujours un peu avant l'heure pour pouvoir dévier les lignes d'urgences sur mon téléphone professionnel et pour aussi ouvrir l'accueil, c'est à ce moment-là que la journée peut commencer.

Aujourd'hui a lieu une réunion importante en visioconférence avec le siège américain, c'est pourquoi, beaucoup d'actionnaire sont présents actuellement aux portes des ascenseurs. La réunion risque de durer longtemps, et que peu de monde seront dans les locaux à cause de cette réunion. Le téléphone n'arrête pas de sonner, les courriers s'entassent sur mon bureau, les mails saturent mon ordinateur et je suis sans cesse dérangée par les vendeuses du magasin en-dessous car il manque des produits dans le stock. Elles devraient se débrouiller toutes seules, mais non, c'est plus pratique de demander ça à la chargée d'accueil car elle se tourne les pouces toute la journée. Personnellement, je pense que le jour où je décide de partir, tous vont se rendre compte du boulot que je fournissais pour eux et à ce moment-là ils me regretteront et me supplieront de revenir car ils ne peuvent plus se passer de mes services. Mais bon, le jour où ce arrivera, les poules auront des dents.

La pause du midi passe et l'après-midi arrive avec son lot de mécontent, de potin et de convocation dans le bureau du PDG. L'après-midi passe plus vite que la matinée car je vois plus de monde, et puis vient l'heure de fermer boutique et de rentrer à la maison. Toutes les journées se ressemblent sans vraiment se ressembler. De temps en temps, j'arrive à me sortir de cette routine quotidienne en faisant des sorties avec les enfants quand je ne travaille pas et qu'ils ne sont pas à l'école, ou encore je m'accorde un peu de temps pour moi comme faire les magasins, lire un livre ou même prendre un bain, ce qui fait un bien fou, soit dit en passant. Sur le parking je croise Firmin un des agent comptable, il est le seul à remarquer ma présence le matin quand il vient au bureau. Firmin est le parfait cliché d'un matheux, il est blond foncé, les cheveux un peu plus longs au niveau des oreilles, des lunettes noires barrent son visage, il n'est pas très grand et un peu trapus, il s'habille régulièrement d'une chemise et d'un pull qu'il enfile par-dessus. Il est très souriant et avenant, c'est avec lui que je mange le midi, sauf ce midi à cause de la fameuse réunion. Il prend toujours des nouvelles des enfants, comme moi je prends souvent nouvelle de sa copine, enfin, de la personne qui voit régulièrement et avec qui il a des relations charnelles sans plus d'affinités. Il est à coté de sa voiture, il me fait de grands signes et je lui réponds, il monte dans sa voiture et j'en fais de même.

Le trajet retour est aussi terrible que l'allée car tout le monde ou presque débauche à la même heure, mais pour une fois je n'allume pas la radio, je fredonne des comptines pour enfants car ces conneries restent en tête. Arrivée dans l'allée, je gare ma voiture, prends mon sac à main et monte l'étage pour rentrer dans le loft. Je dépose mon manteau ainsi que mon sac sur le porte-manteau. Je suis accueillie par Gretchen qui se frotte à mes jambes, dans le salon Alessandro regarde la télé.

-Pierre n'est pas rentré, je demande.

-Si mais Paul s'est blessé à l'école, il est donc parti chez tes parents et puis Amalys voulait suivre son jumeau, il reste donc le petit ici alors il m'a demandé de le surveiller jusqu'à ce que tu rentres.

-Merci beaucoup Al', dis-je en m'installant à ses côtés.

L'italien ne dit rien, mais je le sens bouger, il va partir, rentrer chez lui. Je coupe la télé, l'embrasse sur la joue et il part sans demander son reste. Je décide donc de préparer à manger pour ce soir quand je sens mon téléphone vibrer dans la poche arrière de mon jean. C'est un message de Pierre me disant qu'il reste ce soir chez mes parents et qu'il rentre demain matin à l'heure pour l'école car les jumeaux sont épuisés à cause du transplanage, ce que je peux comprendre.

Je prépare donc à manger pour deux. Je vais chercher le petit bout de chou dans sa chambre pour l'aider à prendre sa douche, une fois fait, nous nous installons à table pour manger. Gretchen est couchée à mes pieds et ronronne légèrement. Le silence règne dans la pièce et puis cela doit déranger le blondinet alors il se met à me parler de sa journée en classe, à quoi il a joué avec ses amis et puis il me parle de son doudou. Son doudou est un petit dragon que lui a offert Anthonys son oncle, il s'en sépare rarement, sauf pour aller à l'école car c'est un grand garçon comme il aime me répéter. Il me dit que son doudou volait tout seul dans sa chambre. Je savais que les enfants étaient des sorciers, mais je ne pensais pas qu'ils manifesteraient leur magie aussi tôt et puis avec des parents comme nous, je ne m'étonne pas trop qu'ils soient en avance.

Je caresse de mon pied la fourrure du fauve pendant que je rassure mon fils en lui disant que Paul et Amalya sont aussi passé par là et que cela détermine notre condition de sorcier et que, quand il aura l'âge, il pourra intégrer l'école de magie française, Beauxbâtons. Un immense sourire fend le visage de l'enfant en face de moi car il sait qu'il ira dans la même école que Pierre et moi, il s'imagine déjà vivre plein d'aventure dans cette école et se faire plein de nouveaux copains et copines.

Le repas fini, nous quittons la table, je la débarrasse tandis que mon fils file dans sa chambre pour jouer. Et puis sans prévenir, tout le poids du monde s'affaisse sur mes épaules. Je ne pratique plus la magie, je ne veux plus en entendre parler sauf cas de force majeur et là , pour lui il va falloir que je fasse un effort. Je sors de la cuisine et me dirige dans le salon où une boite rectiligne repose sur un meuble, là où l'homme à la barbe l'avait posée hier soir avant d'aller se coucher. Doucement, mais avec hésitation je prends la boite entre mes mains et m'installe dans un fauteuil proche de la baie vitrée. Le temps passe, mais je n'ouvre pas la boite. Gretchen voyant qu'elle était seule dans la cuisine m'a rejointe et s'est couchée sur le tapis de la table basse. Fébrilement, je soulève le couvercle et enlève les pans de papiers qui recouvraient l'objet magique.

Ma baguette était là , me narguant, en parfaite état comme si je ne l'avais jamais brisée en deux morceaux. Je le caressais et pu en ressentir toute sa puissance à mon simple toucher. Les fleurs de lys gravées sur son manche dansait devant mes yeux, m'appelant à l'empoigner et  l'utiliser. Son bois d'olivier était poli et lustrer. Et puis n'en tenant plus, je la pris entre mes doigts pour l'analyser. C'était ma baguette, belle et bien réparée, prête à reprendre du service. Un petit moulinet du poignet et toute la magie déferla sur moi telle une rafale auquel personne ne s'y attendait. Comme une bouffée d'air frais, je revivais. Un nouveau souffle venait de s'insuffler en moi.

Cependant, le revers de la médaille fut brutal. Des cris, des pleures, du feu, de la cendre, du sang, la mort. Drago. Tous les souvenirs d'une année de terreurs se ravivaient tel un feu de cheminée. J'ai été coupée de tout le monde, même Blaise n'a plus de nouvelles de moi, à part quand il en demande à mes frères ou mes pères. Je n'ai revu personne de Poudlard, sauf Harry et Ginny que j'ai croisé, par hasard, dans le Paris moldu il y a trois ans. On s'est vu en coup de vent, ils ont appris que j'étais maman, comme j'ai appris qu'ils allaient se marier, s'en ai resté là.

Je repose ma baguette dans son écrin et referme violemment le couvercle. S'en ai assez pour aujourd'hui. Dehors, le ciel était au crépuscule, Gretchen bailla. Je pose la boite dans un tiroir du meuble et me dirige vers la chambre du garçon. Je toque à sa porte entrouverte et le vois en train d'essayer de lire un livre. Je prends son livre pour le poser sur son chevet.

-Il est temps de se coucher bonhomme, je dis en souriant.

Il s'allonge et je le borde.

-Bonne nuit mon ange, et souviens toi que...

-Que la constellation du dragon veille sur moi, oui je sais maman, me coupe-t-il exaspérer, alors que je lui répète toujours la même chose le soir avant qu'il ne s'endorme.

-Bonne nuit Scorpius, fais de beaux rêves.

-Bonne nuit, maman.

Et je sors de sa chambre.



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