Chapitre 41


    JUSTIN

    Ça n'avait pas été une soirée réussie, le rendez-vous était foiré. Je m'affalai sur le canapé en rentrant avec la sensation d'un corps en ruines. J'allais finir par détruire le meilleur côté de Nico si je continuais comme ça. Celui que je ne reconnaissais pas de lui tant il se donnait du mal pour me faire plaisir.

    Alors j'appelai Greg. Par besoin de parler de tout ça. Malgré les idées foireuses qu'il avait, il savait écouter avec patience. En revanche, il était de très mauvais conseil, il fallait le reconnaître.

— Alors essaye de te souvenir aussi des mauvais moments que tu as eu avec ton pote Dylan, me dit-il. Il y en a eu quelques-uns, non ? Vous ne vous êtes jamais disputés ? Il n'a jamais eu des paroles blessantes ?

— Si, comme tout le monde. Je me souviens du jour où il m'a dit que je ne me défendais pas au bahut parce que j'étais une mauviette. Il avait raison, mais ça m'a fait mal.

    Je l'avais mal pris à l'époque, l'adolescence avait ses travers.

— Ah, tu vois ! Tu crois qu'il aimerait te voir comme ça alors que lui a offert tous ses organes pour que des gens puissent survivre ?

     C'était le rappel le plus intense et désolant de la journée. Peut-être le plus nécessaire aussi, parce que cette idée m'avait déjà sauvé une fois. J'étais épuisé, je n'avais envie de rien, mais je mentirais en disant que je n'avais envie de personne. Alors quand il raccrocha après l'avoir écouté dire quelques âneries pour me faire rire, j'envoyai un message à Nico. Pas parce que je pensais à lui comme à l'homme que j'aimais, mais parce que j'avais besoin de l'ami que j'avais trouvé en lui.

    « Tu fais quoi ?»

    Je ne reçus pas de réponse immédiate, même s'il était en ligne. Je suppose qu'il était toujours blessé par ce qu'il s'était passé hier. Je ne pouvais pas le lui reprocher après tous les efforts qu'il avait fait. En ce moment, il donnait beaucoup plus qu'il ne recevait. Pourtant, j'essayais. Vraiment.

    « je pensais que tu aimerais peut-être prendre un café en ma compagnie, même si je ne suis pas la meilleure de la planète en ce moment»

    J'entrai dans la douche et tentai de libérer mon esprit sous l'eau presque bouillante. J'en ressortis avec la peau rouge, les doigts fripés et l'âme un peu plus propre. J'enfilai mon pyjama le plus chaud et je m'étalai sur le canapé avec le volume de la télé presqu'à fond, de façon à ne pas entendre mes propres pensées. J'avais à peine appuyé mon dos contre l'assise que j'entendis la porte s'ouvrir.

— C'est moi.

    Sa voix me parvint comme une bouée de sauvetage au milieu de la tourmente. Un sourire s'afficha sur mes lèvres, timide, mais sincère.

— Salut.

— Salut.

    Il avança dans mon espace qui était devenu un peu le sien, souhaitant au fond de moi qu'un jour il le devienne pour de bon. Sa maison n'était pas la sienne. Son grand-père l'avait léguée à sa sœur, et je savais qu'il ne voulait pas y rester.

    Il ôta son blouson en regardant autour de lui, mais il n'y avait pas de désastre. Il n'y avait que moi et l'envie de faire les choses mieux. Au moins aussi bien qu'il était en train de les faire, lui.

— Tu as mangé quelque chose ?

— Pas encore, et toi ?

    Il disparut dans la cuisine sans rien dire et revient un petit moment après avec deux assiettes contenant des œuf durs cuits à midi, du pain et du fromage. Il s'installa dans un coin du canapé et me fit un geste en bougeant la tête pour me demander de m'installer à ses côtés. Et j'obéis. Comme un gamin qui avait besoin d'instructions précises pour avancer. Quand il vit que je n'avalerais pas une bouchée de plus, il débarrassa les assiettes de la table, m'attrapa par les épaules pour me faire allonger et posa ma tête sur ses genoux. Il attrapa la télécommande sur le dossier du sofa avant d'enfoncer sa main libre dans mes cheveux qu'il caressa avec douceur.

    Et putain, je me sentais bien. Je me mis à l'aise, et je le vis sourire. Il ne me demanda rien.

    Il était juste là, avec moi.

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