Chapitre 23 : Baptiste
Baptiste ouvre lentement les yeux. En dépit de sa perpétuelle migraine dont il finit par s'habituer, Baptiste est gêné par un détail qui bouleverse son réveil. Le jeune homme ne reconnait pas le plafond qu'il a pour habitude de voir chaque matin en quittant les bras de Morphée.
Il tourne lentement sa tête sur la gauche et découvre Louise, à ses côtés, sirotant une tasse de thé. Surpris, Baptiste sursaute dans le lit qui n'est autre que celui de sa sœur. Louise pousse aussitôt un cri de douleur.
Dans son geste incontrôlé, Baptiste renversa involontairement la boisson chaude sur le pull de sa sœur. Tous deux finissent par faire un bond hors du lit, se dévisageant l'un et l'autre comme des bêtes sauvages.
- Tu n'en rates vraiment pas une ! vocifère Louise, en observant le désastre sur son haut. Je te préviens, t'as intérêt à changer mes draps. Hors de question que je répare une nouvelle fois tes conneries !
- Ne me dis pas qu'on a dormi ensemble ! craint le jeune homme.
- On a dormi l'un à côté de l'autre, rectifie Louise, en retirant son pull.
Baptiste écarquille ses yeux.
- Par pitié, Louise ! Tu pourrais attendre que je sois parti pour te changer !
- Oh ça va, Baptiste ! Ne joue pas les effarouchée ! Hier, je t'ai ramassé dans un état bien pire, rappelle la jeune fille. C'est bon, tu peux te retourner.
Baptiste s'exécute et constate avec soulagement que Louise est désormais vêtue d'un autre pull. Etourdi par une gueule de bois qui fait son apparition, Baptiste se laisse tomber sur le fauteuil qui se trouve en face du bureau de sa sœur.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé hier ? demande-t-il, n'ayant aucun souvenir des dernières vingt-quatre heures.
- Tu veux vraiment le savoir ? s'interroge-t-elle.
Baptiste acquiesce, en massant inlassablement son front. Louise le rejoint et s'assoit avec précaution sur son bureau. Docile, Baptiste relève la tête et écoute sa sœur attentivement. Louise croise élégamment ses jambes et s'enquit :
- Il était à peine minuit quand je t'ai trouvé dans la rue, complètement saoul et en la charmante compagnie de Côme et de cette garce.
- Tu veux dire Fanny ?
- Cela m'importe peu de connaitre son prénom. Elle reste une garce.
Baptiste pouffe. Louise le fusille du regard. Il ne prend vraiment plus rien au sérieux.
- J'ai dû te traîner jusqu'à ta chambre parce que tu tenais à peine debout. Heureusement que maman dormait à poing fermé et qu'elle n'a rien entendu...
- Alors comment se fait-il que je me sois réveillé dans tes draps, sœur Theresa ? déclare Baptiste, avec un air mutin.
Louise lui donne une tape sur la tête, qui provoque en lui une profonde douleur. Aurait-elle oublié qu'il souffre cruellement de terribles migraines ces derniers temps ?
- Tu m'as supplié de ne pas te laisser seul pour la nuit, clarifie Louise, en le regardant droit dans les yeux.
- C'est impossible ! scande-t-il, gêné par cet aveu.
- Baptiste, tu crois vraiment que je t'ai poussé dans mon lit ? Tu étais dans un état lamentable et tu dégageais une odeur épouvantable. Ce n'est vraiment pas de gaieté de cœur que je t'ai accueilli dans ma chambre. Seulement, tu criais à tue-tête que tu refusais de dormir sans la présence de quelqu'un à tes côtés.
Le jeune homme reste pantois, tant cette révélation lui fait honte. Des bribes de souvenirs lui reviennent alors en tête. Louise ne ment pas, il se souvient même s'être mis à genoux devant sa sœur, afin qu'elle lui ouvre les portes de sa chambre.
- D'ailleurs Baptiste, lâche Louise. Tu ferais mieux de prendre une douche car j'ai l'impression de me trouver en face d'un tonneau de bière. A croire que l'alcool est imprégné dans ta peau...
Baptiste promet de régler ce problème d'odeur, sitôt qu'il sera capable de se lever sans avoir l'impression que sa tête explose.
- Tu n'aurais pas de l'aspirine dans ton bureau ultra rangé ? lui demande-t-il, en fouillant dans les petites boîtes classées avec précaution par sa sœur.
- Ne touche pas à mes affaires ! s'agace Louise, en replaçant les quelques objets que Baptiste a touché. De tout de façon, tu ne trouveras aucun médicament dans cette pièce et ce n'est pas plus mal.
- Pourquoi ?
- Tu mérites cette gueule de bois et j'espère qu'elle est suffisamment insupportable pour que tu n'ais plus jamais envie de consommer de l'alcool comme tu l'as fait hier.
Baptiste lève les yeux au ciel. N'a-t-il plus le droit de se détendre avec ses potes, comme la plupart des jeunes de son âge ? Manifestement, Louise ne semble pas apprécier sa façon de s'amuser.
- J'ai peut-être un peu exagéré... consent Baptiste, afin d'apaiser la colère de sa sœur.
- Tu m'enlèves les mots de la bouche... Côme m'a expliqué que tu as commencé à picoler dès que la victoire de Vaness' fut prononcée.
- Côme oublie toujours de se taire quand il le faut ! se plaint Baptiste. On a juste arrosé le fait que mon couple n'a définitivement plus d'avenir.
Louise soupire en se levant soudainement. Elle laisse Baptiste s'apitoyer sur son sort et s'empresse d'ouvrir son armoire afin d'y sortir des draps propres.
Baptiste sourit intérieurement ; il échappe donc à cette corvée que Louise lui avait pourtant confiée quelques minutes plus tôt. Trop ordonnée, sa sœur est incapable de confier le ménage de sa chambre à qui que ce soit.
Tout en l'abreuvant de leçons de morale en tout genre, Louise change donc les draps de son lit avec efficacité. Lorsqu'elle rabat sa couette sur son lit, Louise finit par lancer alors :
- Tu devrais appeler Vanessa.
- Si c'est pour l'entendre me rabâcher qu'elle est super, ultra et carrément folle de joie à l'idée d'être une potiche, je n'en vois pas l'utilité, déclare-t-il, faisant preuve de son éternelle mauvaise foi.
- Pour une fois Baptiste, fais abstraction de tout. Du concours, de votre pseudo rupture et de vos multiples disputes. Je sais pertinemment que tu l'aimes, qu'elle te manque terriblement et que la pire chose qui pourrait t'arriver, c'est que vous sépareriez définitivement. Ai-je tort ?
Baptiste baisse la tête et marmonne :
- Non...
- Alors appelle-la. Ou plutôt, contacte-la sur Skype ! Je te mets mon ordinateur à disposition. Prend-ton temps, discute avec elle. Même des heures si tu le souhaites mais par pitié, ne gâche pas tout !
Baptiste hoche la tête et pose fébrilement l'ordinateur de sa sœur sur ses genoux. Louise lui fait un clin d'œil, avant de s'éclipser. Baptiste apprécie sa sollicitude.
Autrefois, c'était lui qui faisait preuve d'un profond optimiste afin de soutenir Louise dans ses épreuves. Baptiste est heureux de constater que cette dernière se porte bien à l'heure actuelle, puisqu'elle est disposée à lui venir en aide au moment même où sa vie dérape.
Anxieux à l'idée de revoir Vanessa, Baptiste pose l'ordinateur sur le bureau de Louise avec une lenteur folle. Il prend son courage à deux mains et finit par contacter celle qui fait battre son cœur.
Malgré les nombreux kilomètres qui le séparent de Vanessa, la connexion se veut satisfaisante et Baptiste parvient rapidement à entrevoir les formes d'un visage sur l'écran. Malheureusement, ce visage n'appartient pas à celui de Vanessa.
Baptiste le reconnait immédiatement : il s'agit de ce vautour qui use de son métier de styliste pour se rapprocher de Vanessa. Anton Müller semble en premier lieu quelque peu surpris par l'initiative de Baptiste mais cache immédiatement son étonnement derrière un rictus tout sauf agréable.
La mâchoire ainsi que les poings de Baptiste se serrent spontanément. Cet homme ne lui inspire que de la colère. Baptiste ne l'aime pas depuis le début et ce pour une raison très claire : Anton est plus qu'intéressé par Vanessa !
Une seule chose remet les suppositions de Baptiste en doute ; il semblerait en effet que cet Anton soit homosexuel... D'un autre côté, Vanessa possède un charme si irrésistible qu'elle est bien capable de faire chavirer n'importe qui !
- Très cher Baptiste, articule Anton, avec arrogance. Je suis content de te voir.
- Plaisir non partagé, lâche Baptiste, en s'approchant dans l'écran afin de mieux distinguer les personnes qui se trouvent derrière la tête de cet abruti.
- J'avais presque oublié que tu étais aussi drôle. En même temps, Vaness' n'a pas beaucoup parlé de ton humour, ces temps-ci. En réalité, elle n'a pas prononcé une seule parole à ton égard, depuis notre arrivée à Sydney. Il faut croire que tu ne lui manques pas tant que ça.
Baptiste ne veut pas croire à ce genre de parole. Seulement, l'assurance que dégage Anton sème le doute dans l'esprit de Baptiste. Et si c'était vrai ? Si Vanessa l'avait complètement rayé de sa vie ? Après tout, il n'a rien entrepris pour la retenir...
- Je veux lui parler, réclame Baptiste.
- Elle est occupée. Vaness' a beaucoup de responsabilités maintenant. Et tu ne fais pas partie de ses priorités.
- Arrête de l'appeler Vaness' ! Ce surnom est réservé qu'à son entourage le plus proche.
- Désormais, je suis membre de ce cercle très restreint, affirme Anton, avec un malin plaisir. Il faudra t'y faire.
Baptiste déglutit. Mieux vaut garder son calme ; Vanessa étant très certainement dans les parages. En tout cas, une chose est sûre : Anton est complètement hypnotisé par Vanessa et il se l'approprie un peu trop, au goût de Baptiste.
La tentative d'intimidation d'Anton est soudainement interrompue par l'apparition quasi divine de Vanessa.
- A qui tu parles ? demande-t-elle, sur un ton suspicieux.
- Personne, répond Anton, en baissant aussitôt l'écran de son ordinateur.
- Vanessa, c'est Baptiste ! crie le jeune homme, comme si sa vie en dépendait.
Baptiste perçoit un cri de joie. Vanessa redresse alors la caméra, afin s'assurer qu'il s'agit véritablement de lui. Son sourire en dit long lorsque son regard gagne celui du jeune homme. Baptiste tente alors de paraître serein, même si son corps tout entier frémit de bonheur.
- Pourquoi tu ne m'as pas prévenu que Baptiste avait appelé ? demande-t-elle à Anton.
- J'allais... j'allais le faire et puis... tu es arrivée.
- Peu importe, conclue-t-elle, en bousculant Anton pour prendre son ordinateur. Dis aux journalistes que je fais une pause. Je vais dans la chambre.
- Non, s'agace Anton, tandis que Vanessa se dirige dans une autre pièce, offrant une vue totale sur sa poitrine à Baptiste. Tu ne peux pas laisser en plan tous ces gens qui se sont déplacés pour toi.
- Bien sûr que je peux, puisque je le fais ! répond la jeune fille, du tac au tac. Qu'ils m'accordent quelques minutes. Invente leur une histoire qui expliquerait mon absence...
Baptiste entend le bruit d'une porte qui se ferme. Vanessa ajuste l'écran en direction de son visage, et se jette sur son lit, afin d'être plus à l'aise. Un léger malaise se fait sentir, jusqu'à ce que Vanessa brise le silence. Baptiste la contemple tendrement.
Il admire les moindres traits de son visage, en dépit de la qualité douteuse de la caméra. Peu lui importe, il connait parfaitement le visage de Vanessa mais souhaite à tout prix le redécouvrir. Sans doute, pour s'assurer que l'air australien ne l'a pas changé.
- Comment tu vas ? s'interroge-t-elle.
- Bien.
- Vraiment ? Tu as l'air épuisé.
Baptiste pense à sa gueule de bois mais décide judicieusement d'éviter d'en faire part à Vanessa.
- Mes migraines. Comme toujours.
Les sourcils de Vanessa se froncent.
- Tu en as discuté avec ta mère, comme je te l'avais conseillé.
- Disons qu'elle l'a découvert à mon insu, rétorque-t-il.
- Et alors ?
- On n'en a pas reparlé. Il faut dire que je l'envoie toujours balader quand elle essaye de m'aider.
Vanessa secoue sa tête, en souriant. A croire qu'elle est heureuse quelque soit les mots sortant de la bouche de Baptiste. Une chose lui saute aux yeux.
Vanessa n'évoque pas sa victoire et cela enchante le jeune homme. Cela prouve qu'elle lui attache plus d'importance qu'à son concours.
- Et tes cours ? Ce n'est pas trop difficile à gérer ? s'interroge-t-elle.
- Si mais je m'accroche. D'ailleurs, je me suis fait un pote. Il s'appelle Côme.
- Super et il est « cômment » ? demande-t-elle, en pouffant.
- Vaness', tu n'as jamais été bonne pour faire des jeux de mots ! rappelle Baptiste, en levant les yeux au ciel. Il est sympa, un peu étouffant sur les bords mais c'est ce qui fait son charme. De plus, il te trouve très belle !
- Oh ! lâche-t-elle, en plissant des yeux. Je l'aime déjà !
Baptiste sourit. Fanny lui vient alors en tête. C'est aussi son amie mais pour une raison qui lui échappe, ça le gêne d'apprendre son existence à Vanessa...
- Et...balbutie Vanessa, en baissant les yeux. Il y a beaucoup de filles, dans ta classe ?
- Seulement cinq, répond Baptiste, le sourire aux lèvres.
- Elles doivent baver devant toi.
Baptiste hoche la tête, trop content que Vanessa se montre jalouse.
- Crois-moi, il n'y en pas une qui surpasse ta beauté, lâche-t-il, souhaitant la rassurer. Et je suis certain qu'énormément de monde serait d'accord avec moi étant donné qu'on t'a élue comme étant la plus belle femme sur terre.
- Tu exagères un peu. Même beaucoup !
- A mes yeux, tu l'es...
- Alors, c'est le principal... souffle-t-elle, en souriant bêtement. Je t'avoue que je suis soulagée que tu prennes ma victoire avec autant de bienveillance.
Baptiste hausse les épaules. Il n'est pas particulièrement réjoui par cette nouvelle mais la joie de Vanessa l'incite à ne pas exprimer son inquiétude.
- Quand est-ce que tu rentres ? demande-t-il, brusquement
- Mardi.
- Je suis persuadé que tu vas être reçu en grandes pompes.
- D'après Patrick, c'est prévu, avoue-t-elle, d'une voix inaudible.
Baptiste soupire. C'était justement ce qu'il redoutait, que Vanessa soit scrutée par des tas d'inconnus, sans qu'il puisse intervenir.
- Tu seras là pour m'accueillir, j'espère ? laisse-elle entendre, le sourire aux lèvres.
- J'imagine que oui... soupire-t-il.
- Tu ne pourrais pas me faire plus plaisir, dit-elle, avant de relever la tête.
La voix criarde d'Anton revient aux oreilles de Baptiste. Sur un ton plutôt autoritaire, Anton lui ordonne de clore sa conversation avec « son ami » afin de poursuivre ses multiples interviews. Vanessa lance alors un regard langoureux à Baptiste, tandis qu'Anton poursuit ses remontrances.
- A quelle heure se termine ma journée ? demande Vanessa.
- Vu comme c'est parti, tu risques d'être occupée très tard dans la nuit ! se plaint Anton.
- Appelle-moi quand tu veux, conclut Baptiste, afin de faire taire le tyran. A n'importe quelle heure.
Vanessa sourit lorsque leur conversation s'achève soudain, faute de connexion. Baptiste referme l'ordinateur, dans un soupir. Certes, Vanessa et lui sont de nouveau ensemble mais cela va-t-il durer ?
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Chapitre 23 : Posté.
Prochainement, les retrouvailles de Baptiste et Vanessa au cœur du chapitre 24.
Je vous souhaite une belle et heureuse année 2018. Joies, amour, réussite et une bonne santé seront j'espère au rendez-vous !!!
N'oubliez pas de voter et de commenter !
Bises !!!
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