Chapitre 18 : Louise

Vingt-heures tapantes, la sonnerie retentit pour la dernière fois de la journée. Louise est restée à ce cours très intéressant portant sur la communication en milieu professionnel.

Sa rentrée se tint vendredi dernier mais c'est véritablement aujourd'hui que ses études ont commencé.

En ce lundi soir, la jeune fille ne peut constater que les cours lui plaisent davantage que ceux qu'elle dû écouter au lycée.

En effet, elle ne regrette absolument pas de s'être tournée vers le journalisme, convaincue que ce métier sera le sien, à l'avenir.

Très motivée, Louise décida donc d'assister à cet enseignement facultatif se durant de dix-huit à vingt heures. Seule une poignée d'élèves ont eu le courage de rester. Ces derniers doivent déborder de motivation, tout comme Louise.

Sa première journée en tant qu'étudiante fut donc très studieuse. Louise n'ouvrit pas une seule fois la bouche, trop accaparée par la tonne d'information qu'elle se devait d'intégrer. Par conséquent, elle n'eut pas l'occasion de faire connaissance avec ses camarades.

Elle reconnut quelques visages qu'elle rencontra à la réunion tenue par l'école la semaine dernière et à laquelle elle se rendit avec sa mère. Seulement, aucune personne ne vint à elle. A l'heure du déjeuner, elle se rendit chez Alyson pour déjeuner.

Cette dernière ne reprend les cours que fin octobre et Louise compte bien profiter de la liberté de son amie pour squatter son appartement autant de fois possible. Cela ne déplait pas à Alyson, qui ne cesse d'ailleurs de la tanner quant à leur projet de vivre ensemble. Louise n'a toujours pas pris le temps d'en faire part à ses parents.

Elle attend justement que son père reparte en déplacement, afin d'amadouer sa mère pour qu'elle vienne à croire que cette idée de colocation avec Alyson est miraculeuse. En attendant, la jeune fille sort de sa salle de classe pour rentrer chez elle.

Avant de quitter son école et de regagner le métro pour un merveilleux voyage dans les souterrains de Paris, Louise se dirige vers les toilettes, judicieusement situés vers la sortie.

Elle pénètre dans l'espace dédiée à la gent féminine. Les toilettes sont vides, en raison bien évidemment de l'heure tardive. La jeune fille entre alors dans une cabine au hasard et se décharge d'une envie pressante. Puis, elle se lave assidûment les mains et inspecte son reflet à travers le miroir avant de se rendre vers la porte.

Lorsqu'elle saisit la poignée, Louise réalise avec effroi qu'elle est mystérieusement bloquée. Aussitôt, la pièce se voit plongée dans l'obscurité. Souhaitant rester calme, la jeune fille tâte maladroitement le mur et atteint enfin l'interrupteur sur lequel elle appuie immédiatement.

Or, sitôt l'a-t-elle effleuré que la lumière disparait. A croire qu'un esprit maléfique réside dans ses toilettes et a pour but de la tétaniser. Angoissée, Louise finit par céder à la panique et secoue violemment la poignée qui reste étrangement bloquée.

Elle appelle au secours, se jette ridiculement contre la porte, contrôle sa respiration qui devient de plus en plus haletante mais rien n'y fait.

Soudain, elle se baisse afin de ramasser son sac qui lui a échappé des mains. Elle plonge sa main à l'intérieur, à la recherche de son portable qui lui permettra sans doute de s'échapper de ce piège.

Alors qu'elle compose le numéro de sa mère, une masse habillée de noire se jette sur elle et plante ses lèvres contre les siennes.

Il s'agit d'un homme, sans conteste. Effrayée, Louise s'imagine déjà victime d'une sordide agression sexuelle. Sans réfléchir, elle décide de se défendre et inflige un coup de pied dans l'entrejambe de ce pervers. L'inconnu recule aussitôt, en poussant un cri loin d'être viril.

Louise appuie tout de suite sur l'interrupteur. L'homme en question relève la tête en même temps. C'est alors que Louise reconnait Léo qui se tord de douleur.

- Serais-tu con ou bien complètement malade ? s'écrie Louise, en rangeant son portable dans sa poche.

- Si tu savais... soupire Léo, en tentant de se redresser malgré sa souffrance typiquement masculine.

Louise l'interroge du regard. Léo poursuit alors :

- Je voulais juste être romantique... Visiblement, tu n'es pas sensible aux efforts que je fournis pour te reconquérir.

- Je pensais avoir été claire, la dernière fois qu'on s'est vu. Je ne veux plus rien avoir affaire à toi !

- J'ai risqué ma vie pour venir à toi ! vocifère Léo. Je me suis introduit dans ton école illégalement. Si je m'étais fait repérer, j'aurais pu finir en taule.

- Il faut croire que je n'attire que les délinquants... souffle-t-elle, faisant référence à Damien qui croupit en prison, en ce moment-même.

- De quoi tu parles ?

La jeune fille ne répond pas, ne souhaitant pas réellement lui apprendre l'existence de Damien ainsi que de leurs actions criminelles. Louise profite de ce silence, pour se relâcher la pression. Quelques mois plus tôt, elle aurait jugé le geste de Léo très attendrissant.

Il prit tout de même la peine de la suivre, de l'attendre des heures afin d'être certain de la voir. Et quand, elle se dirigea vers les toilettes, il crut bon de la surprendre voire même de l'effrayer avant de l'embrasser fougueusement.

Cette volonté de l'avoir auprès d'elle prouve clairement la véracité de ses sentiments. Seulement, la jeune fille ne parvient pas à passer outre les innombrables mystères que Léo se tient de cultiver autour de leur rupture.

- Il est tard et je suis fatiguée, s'exclame-t-elle. Peux-tu débloquer cette fichue poignée ?

Léo la devance et s'exécute. Tête baissée, la jeune fille quitte les toilettes et marche d'un bon pas en direction de la sortie. Louise s'attend à ressentir la présence de son ex derrière elle mais il semble absent. Elle tente de vaincre sa curiosité mais n'y parvient pas et finit par se retourner.

Léo n'a effectivement pas bouger mais il ne demeure plus sur ses deux pieds. Louise s'aperçoit que le jeune homme s'est effondré au sol et qu'il peine à se relever. Affolée, Louise rebrousse chemin et s'empresse de lui venir en aide. Le regard vide d'émotion, Léo porte sa main sur sa poitrine en soufflant bruyamment.

- Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ? s'interroge-t-elle.

Tremblant de tout son corps, Léo est incapable de répondre. Louise jette un coup d'œil autour d'elle et constate que le couloir illuminé par des néons bas de gamme, est dépourvu de monde. Elle en vient alors à regretter d'être restée à ce maudit cours facultatif.

- Calme-toi, lui murmure-t-elle. Je vais appeler un vigile.

- Non, reste avec moi, articule-t-il difficilement.

- Ce ne sera pas long. Je reviens vite.

Elle se relève mais la poigne de Léo la retient. Le visage si inquiétant du jeune homme arbore soudainement un sourire jusqu'aux lèvres.

- Et dire que je suis contraint de jouer les martyres pour que tu t'intéresses à moi ! s'enquit-il, en se relevant à son tour.

- Maintenant, j'en suis convaincue, lâche-t-elle, en secouant la tête. Tu n'es vraiment qu'un pauvre con !

- Accepterais-tu que le con en question te ramène chez toi ? demande-t-il, décidément très sûr de lui. J'ai eu mon permis, il y a peu. Je t'offre donc mes services en tant que conducteur certes débutant mais très fiable.

Louise fait non de la tête. Léo tente de l'amadouer à l'aide d'un regard langoureux. Un réel dilemme s'impose dans l'esprit de la jeune fille. L'idée de devoir affronter les transports parisiens à l'heure de pointe ne l'enchante guère.

Cependant, accepter la proposition de Léo serait comme en entrer en contradiction avec ses principes. Elle s'était juré d'oublier ce garçon et tout ce qui s'y lie. Elle s'était promis de ne pas le laisser réintégrer sa vie, de peur qu'il ne la fasse encore souffrir. Mérite-il vraiment qu'elle lui accorde une seconde chance ? Campant sur ses positions, Louise lui répond alors :

- Léo, ne rend pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont...

- Au contraire, je les rendrai aussi complexes que possible, rétorque-t-il, avec détermination. J'ai changé, tu peux me croire. Je ferais tout, tu entends ? Je vais me battre pour que tu veuilles bien me pardonner.

- Mais pourquoi ? s'interroge Louise.

- Tu es ma seule raison de vivre... avoue-t-il, accompagné d'un regard pénétrant. A l'heure d'aujourd'hui, tu es tout ce que j'ai.

Cette révélation lui glace le sang. Jamais Léo ne lui avait fait une telle déclaration. Jamais encore, il n'avait parlé de leur relation, de leur amour en ces termes. Il est vrai qu'il semble être devenu un nouvel homme.

Il semble plus humble, plus mature mais aussi bien plus sensible et vulnérable. Comme s'il était incapable de survivre au rejet de Louise.

Aussi physiquement que psychologiquement, le jeune homme a perdu de son charme et parait étonnamment fatigué par ce que la vie a fait de lui. Et pourtant, il est si jeune... Qu'a-t-il donc enduré durant les huit mois qu'ils l'ont séparé de Louise ?

- Laisse-moi te raccompagner chez toi, ajoute-t-il. Cela n'engage à rien...

Louise hésite encore quelques secondes avant d'accepter son aide. Léo canalise son euphorie derrière un soupir de soulagement. Tous deux finissent par sortir de l'école de la jeune fille, sous le regard du vigile qui ne s'est pas aperçu de l'intrusion de Léo.

Ce dernier a garé sa voiture non loin de là. Il s'agit d'un véhicule typiquement urbain. De couleur noire et de taille moyenne, son moyen de locomotion est idéal pour déambuler dans les rues animées de la capitale. Décidément très galant, Léo contourne la voiture afin d'ouvrir la portière côté passager pour que Louise puisse s'installer. Puis, il s'empresse de regagner le volant dans le but d'emmener madame à bonne destination.

Durant le trajet, Louise se mue dans un silence de plomb. Elle n'est pas prête à ouvrir le dialogue avec Léo, trop effrayée à l'idée d'évoquer les sujets qui fâchent. Léo ressent la tension que fait planer son ex petite-amie et croit bon de ne pas la percer.

Seule la musique venant de la radio détend quelque peu l'atmosphère. Lorsque Léo atteint le quartier de la jeune fille, cette dernière s'empresse de lui demander de la déposer à quelques rues de chez elle. Surpris, Léo l'interroge sur les raisons de sa requête.

- Je n'ai pas envie que ma mère me découvre en ta compagnie. Je lui ai promis de rompre tout contact avec toi.

- Je vois... lâche-t-il, blessé par cet aveu.

Louise se mord les lèvres, s'empêchant de lui poser toutes les questions qu'elle se pose sur lui. Loin de s'apercevoir de l'esprit tourmenté de Louise, Léo trouve une place à deux pas de chez elle et s'y gare avec efficacité. Puis, il retire la clé du contact et se tourne vers elle.

- Je ne fais rien de mes journées donc sache que je serai ravi de te conduire où bon te semble et ce n'importe quand.

- Vraiment ? s'étonne-t-elle.

- Évidemment. D'ailleurs, c'est décidé ! Tous les matins ainsi que tous les soirs, je t'épargnerai des horribles voyages dans le métro afin de t'emmener en cours. Je suis désormais à ta disposition.

La jeune fille le gratifie d'un sourire de connivence. Elle ne peut rester insensible aux efforts qu'il fournit pour regagner son cœur.

- Tu as donc quitté l'Auvergne pour me servir de taxi ! s'enquit-elle.

- Entre autre... Mes parents ont jugé nécessaire qu'on s'installe dans la capitale parce que je commençais à déprimer dans la campagne profonde.

- C'est tout de même étrange... lance-t-elle. En tout juste un an, vous avez tout quitté pour l'Auvergne et ensuite pour Paris. A croire que vous fuyez quelque chose...

Léo hausse les épaules, n'apportant aucunes explications à ses interrogations.

- Où vivez-vous en ce moment ?

- Dans le 10ème arrondissement, dit-il.

- Comme Alyson ! s'écrie Louise.

- Qui c'est ?

- La cousine de Vaness'. Tu sais, la fille qui...

- Je sais très bien qui est Vanessa, interrompt Léo. C'est la petite-amie de Baptiste, ta meilleure amie ainsi que la demi-sœur du mec de Jeanne.

Louise fronce les sourcils, ne comprenant pas comment il peut connaître tant d'informations sur Vanessa.

- C'est ta mère qui m'en a parlé, révèle Léo. Je l'ai souvent appelé pour prendre de tes nouvelles.

- Rien ne t'empêchait de prendre contact directement avec moi ! s'agace Louise, bercée par tant d'incompréhensions.

- Je n'étais pas dans mon état normal. Il fallait que je me ressaisisse avant de te retrouver.

Louise lève les yeux au ciel. Amusé par sa réaction, Léo s'exclame alors :

- Tu ne me trouves donc pas en bon état ?

- Euh... non ! Tu as l'air affaibli. Ce doit être dû aux innombrables gueules de bois que tu as subi, n'est-ce-pas monsieur « je quitte ma copine pour faire la fête à n'en plus finir » ?

Léo explose de rire. Louise observe son sourire rehaussé par sa barbe blonde qu'il ne possédait pas encore lorsqu'ils se sont séparés. Inévitablement, elle fond devant ce visage gracieux.

- Tes petites piques m'avaient manqué, avoue-t-il.

- Pourtant, elles étaient l'origine principale de nos disputes.

- Ainsi que ta jalousie maladive, signale-t-il, très justement. Je ne pouvais pas faire un pas dehors sans me sentir surveillé par toi...

- Nous y voilà enfin ! En fait, t'as fini par te lasser de moi. C'est pour cette raison que tu m'as abandonné.

Le jeune homme est touché par le fait qu'elle ait vécu leur rupture comme un abandon. Malgré elle et à travers ses mots, Louise dévoile être clairement dépendante de lui.

- Et si tu arrêtais de toujours vouloir trouver une réponse à tout ? propose-t-il.

- Ça m'aide à avancer. Je veux connaitre les fautes que j'ai faites dans notre couple afin de ne pas commettre les mêmes erreurs dans mes futures relations sentimentales.

- Tu veux dire, dans notre relation sentimentale ? rectifie immédiatement le jeune homme. Tu sais pertinemment que nous sommes faits l'un pour l'autre...

Louise observe sa montre et estime qu'il est temps pour elle de rentrer.

- Merci de m'avoir raccompagnée.

- Tout le plaisir était pour moi. Envoie-moi ton emploi du temps par message, afin que je m'arrange pour jouer les chauffeurs de taxi.

- Pas besoin ! affirme-t-elle. J'adore les transports en commun.

- Laisse-moi t'aider ! s'irrite Léo. Je tiens à me faire pardonner pour t'avoir « abandonnée ».

Louise se contente d'opiner. Léo se penche pour l'embrasser dans le cou, faisant frissonner le corps entier de la jeune fille. Elle finit par sortir du véhicule. Léo démarre en trombe, sous le regard éberlué de Louise. Ce moment fut improbable et pourtant si intense.

Quoique très étrange, cette rencontre provoquée par Léo permit à Louise de réaliser un fait sur son ressenti : elle est toujours amoureuse de lui... Et le pire, c'est qu'il en a conscience...

Lorsqu'elle rejoint ses pénates, Louise se voit confrontée à sa mère qui prépare sagement le dîner, alors que son père lit son journal dans le salon.

Cachant son émotion, Louise réconforte sa mère sur le bon déroulement de sa rentrée, avant de s'enfermer dans sa chambre. La jeune fille a bien mieux à faire.

En effet, elle s'empresse de fouiller dans son sac afin de dégoter une feuille de papier, noircie par les horaires de ses cours. Aussitôt, elle la prend en photo à l'aide de son portable et envoie le cliché à Léo.

Quelques minutes plus tard, il lui répond avec arrogance :

« Je savais que tu finirais par succomber. Demain, je serai présent à la place où je t'ai déposé ce soir, dès huit heures du matin. J'ai hâte de te revoir, tu me manques déjà. Je t'aime... ».

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Chapitre 18 : Posté.

Petit chapitre que je poste par surprise afin de m'excuser pour mes retards accumulés !

J'espère qu'il vous a plu !

N'oubliez pas de voter et de commenter !

Bises !!!!

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