Aéroport d'Orly, midi pile. L'entourage de Vanessa s'est réuni dans un bar huppé, idéalement placé afin d'admirer les décollages des avions partant aux quatre coins du monde.

Afin de se rafraichir avant de trinquer à son éventuelle victoire, Vanessa s'est rendue dans les toilettes du coin, accompagné de Louise et d'Alyson. Sortant une trousse de maquillage de son sac à main, la jeune fille se refait une beauté avec efficacité, sous le regard amusé de Louise.

- Je ne pense pas que ce maquillage de dernière minute soit nécessaire, assure Louise. Tu es parfaite. Comme toujours !

- Tes paroles réconfortantes vont me manquer, répond son amie, en ajoutant une touche de blush sur ses joues.

- En même temps, il ne s'agit que d'une semaine de séparation, signale Louise. D'ici sept jours, tu seras de retour en France.

Vanessa quitte son regard du miroir et se retourne sur Louise. Cette dernière perçoit une lueur d'inquiétude dans ses yeux bleus.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Dans une semaine, reprend Vanessa. Ma vie prendra un réel tournant. Si je remporte le concours, je n'ose imaginer ce qui m'attend et dans le cas contraire, je risque d'être extrêmement déçue. En clair, je serai bouleversée, quoiqu'il arrive...

- Sauf que je serai là pour t'épauler, comme tu l'as fait avec moi, depuis l'accident de Baptiste. Tu es la seule qui ne m'ait jamais abandonnée. J'ai beaucoup de chance de t'avoir pour amie. Au risque de tomber dans le mélo', sache que je t'aime comme une sœur.

Vanessa se jette dans ses bras, sans pouvoir retenir ses larmes. Les démonstrations d'affection ont toujours le don de l'émouvoir. Un bruit de chasse d'eau interrompt leur étreinte. Alyson sort d'une cabine avec un sourire de facette.

- J'espère que je n'ai en rien gâché ce moment ultra cucu la praline ! s'exclame Alyson, en se lavant les mains.

- Louise, penses-tu à la même chose que moi ? s'interroge Vanessa, en se tournant vers son amie.

- Je crois que oui ! répond Louise. Notre très chère Aly' est victime d'une crise de jalousie aigüe.

Alyson souffle en balayant la remarque de Louise, d'un revers de la main. Son petit air boudeur attendrie Vanessa qui s'empresse de la prendre dans ses bras.

- Tu vas aussi énormément me manquer ! assure Vanessa. N'oublie pas que tu es ma cousine préférée !

- Ce n'est pas compliqué de l'être. La plupart des membres de ta famille vivent dans un trou paumé au fin fond de la Grèce ! rétorque Alyson.

- Cesse d'être sarcastique ! Je vous aime autant l'une que l'autre, garantit Vanessa. Et j'espère que vous n'hésiterez pas à solidifier cette amitié naissante entre vous.

Louise et Alyson partagent un regard complice. En dépit de sa surcharge de travail, Vanessa a pu constater que ces deux là s'entendaient à merveille. Étonnamment, elles se complètent et se comprennent mutuellement.

- Ce qui serait cool, c'est que Louise accepte de devenir ma colocataire, suggère Alyson, abruptement.

- Tu me proposes d'emménager avec toi ? s'écrie Louise.

Alyson hoche la tête. Jugeant l'idée excellente, Vanessa l'approuve en frappant dans ses mains.

- Oh ! J'aimerais tellement que cela se réalise ! glousse Louise. Mais, mes parents n'accepteront jamais.

- Tu n'auras rien à payer, assure Alyson. Ma mère a racheté l'appart' à l'ancien propriétaire, ce qui signifie que ce logement m'appartient.

- Ou plutôt qu'il appartient à ta mère, reprend Vanessa.

- C'est du pareil au même ! Louise, essaye de convaincre tes parents parce que je redoute vraiment de me retrouver seule, une année de plus.

Vanessa clos cette conversation en les incitant à rejoindre le reste du groupe qui s'apprête à trinquer sans elles trois.

Au fin fond du bar, une joyeuse ambiance règne au sein du groupe composé de Matilde, Patrick, de son fils Anton et du couple de professeurs particuliers de Vanessa, en l'occurrence Christophe et Kaithlyn.

Tous et sans exception comptent accompagner cette dernière afin de la soutenir durant la semaine du concours.

Anton tend un verre de champagne à sa nouvelle égérie. Depuis leur rencontre, tous deux ne se sont quasi jamais quittés.

A chaque fin de journée, Anton et Vanessa décompressaient en se rendant au restaurant ou en discutant jusque tard dans la nuit, dans l'appartement des Müller.

Appartement qui d'ailleurs est devenu le tout nouveau domicile de Matilde. Elle non plus ne quitte pas Patrick d'un fil, repoussant de jour en jour la reprise de son travail et confiant ses responsabilités à sa sœur, Bénédicte.

A eux quatre, les Beaumont et les Müller forment une drôle famille qui fonctionne étrangement bien. Alyson envisage d'ailleurs d'intégrer ce tout nouveau cocon, décidément très attirée par le charme fou d'Anton.

Vanessa interrompt sa séance de contemplation en lançant, un peu trop bruyamment :

- Aly, lâche l'affaire ! Il est gay !

Patrick glousse lourdement, en lançant des clins d'œil à son fils. Anton le supplie du regard de ne pas le mettre dans une situation gênante. Vanessa est amusée par cette réaction et demande alors :

- Qu'est-ce qu'il se passe, au juste ?

- Vois-tu, Vaness', débute Patrick, sur un ton mielleux. Ce serait tellement simple si mon fils n'était qu'un homosexuel ordinaire.

- Comment ça ? s'interroge Alyson, trop heureuse d'en connaître davantage sur Anton.

- Depuis qu'il a 17 ans, répond Patrick, très complaisant. Anton est sorti avec autant de filles que de garçons. Autant dire qu'il donne beaucoup de sa personne !

Matilde explose de rire, tandis qu'Anton se liquéfie sur place. Vanessa le scrute de manière indiscrète. Elle est surprise de découvrir que son nouvel ami joue dans les deux catégories et que par conséquent, il est...

- Oui, je suis bisexuel ! s'écrie Anton, avant de boire son verre de champagne d'un trait. Et d'ailleurs, je suis fier de l'être. Je tombe amoureux d'une personne à part entière et non simplement d'un sexe.

- Bien parlé ! s'exclame Matilde, entamant déjà son troisième verre. Le plus important, c'est que tu sois heureux avec la bonne personne.

Chacun opine, réalisant que Matilde a dit l'essentiel. Alyson en conclue donc qu'elle a toutes ses chances quant à son projet de conquérir le cœur d'Anton et elle ne manque pas d'en faire part à ses deux acolytes.

Le temps des festivités se clore lorsque l'embarcation de leur vol est annoncé dans les enceintes de l'aéroport.

Vanessa s'exile quelques minutes avec les filles afin de leur faire ses adieux en bonne et dû forme. Toutes trois se tiennent la main comme si elles formaient une secte.

L'émotion est à son comble ; chacune en son fort intérieur a la conviction que plus rien ne sera jamais comme avant.

- Prenez soin de vous deux, leur conseille Vanessa.

- Promis, répond Alyson. Quant à toi, t'as intérêt à devenir l'égérie de cette gigantesque association.

- Je vais essayer... soupire-t-elle.

Louise ressent une pointe de morosité dans la voix de son amie. Elle sait qu'en ce moment-même l'esprit de Vanessa est occupé par sa relation avec Baptiste.

Tous deux ne se sont toujours pas adressés la parole et semblent se complaire dans cette soi-disant petite pause qu'ils se sont accordés.

Seulement, l'amour qui les lie est indéniable et Louise se demande bien pourquoi ils font durer cette triste distance.

- Si Baptiste te parle de moi, lâche Vanessa. N'oublie pas de lui rappeler que je l'aime et qu'aucun homme dans ce monde ne lui arrive à la cheville. Ni aujourd'hui, ni demain.

- Tu plaisantes ! s'écrie Alyson, toute guillerette. Je peux au moins citer une bonne dizaine de mecs qui possèdent le physique de Baptiste sans pour autant avoir son caractère de cochon.

- Personne n'est parfait, rétorque Louise, souhaitant défendre son frère absent.

Patrick interpelle Vanessa afin qu'elle les rejoigne à l'embarcation. Un dernier câlin pour le trio et déjà il se sépare pour laisser l'un de ses membres voler de ses propres ailes.

Vanessa se retourne une dernière fois sur ses amies, avant de rattraper son groupe.

Tous vont devoir subir vingt-quatre heures de vol mais heureusement en première classe. Dans l'avion, la jeune fille s'installe côté hublot et Anton vient rapidement lui tenir compagnie.

Comme si rien n'était, il converse avec la jeune fille sans se préoccuper de la récente révélation faite sur ses préférences sexuelles. Seulement, Vanessa ne peut passer outre.

Elle a grandement besoin d'explications. Pour cela, cette dernière l'interrompt en plein monologue qui vante la sureté des voyages en avion et lâche :

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

- A propos de quoi ? demande-t-il, feignant l'ignorance.

- Au sujet de ta bisexualité ! s'écrie Vanessa.

Plusieurs personnes se retournent alors sur eux. Rouge de honte, la jeune fille s'enfonce dans son siège et attache sa ceinture, faisant comprendre qu'elle ne posera plus jamais de problèmes. Anton étouffe un fou rire dans la manche de son pull.

- La première fois qu'on s'est rencontré, reprend Vanessa, en parlant tout bas. Tu m'as fait essayer des vêtements. J'étais à moitié à poil quand Baptiste a débarqué. Il commençait à piquer une crise de jalousie et c'est à ce moment-là que tu lui as sorti que tu étais gay.

- C'est exact, répond-il, en décalant sa fameuse mèche blonde qui retombe constamment devant ses yeux gris.

- Sauf erreur de ma part, tu affirmes m'avoir mentie pendant plusieurs semaines.

Anton hoche la tête, dépourvu de toute culpabilité. Vanessa rêve de le secouer de toutes ses forces afin qu'il lui explique pourquoi lui avoir caché une facette si importante de sa personnalité.

- Ton mec était à deux doigts de me coller une droite, rétorque Anton. Je n'allais certainement pas lui avouer que je pouvais être attiré par toi.

- Je te demande pardon !

- Relax ! Ne me jette pas la pierre non plus : est-ce de ma faute si tu es carrément sexy ? lance-t-il, brusquement. En plus, je suis convaincu que tu embrasses super bien.

Bouche-bée, Vanessa détache sa ceinture machinalement, de peur de ne plus pouvoir respirer.

- T'es vraiment stupide ! lâche-t-elle. Me faire du rentre dedans, à une semaine du concours alors que je dois rester concentrer !

- Du rentre dedans, reprend Anton, hilare. Tu n'y es pas du tout. Je ne fais que te complimenter.

- Évite, s'exclame-t-elle, de manière cinglante. Par pitié, évite. Ça me met très mal à l'aise.

- Pourquoi ?

- Parce que je me suis confiée à toi. Je pensais vraiment que tu étais mon ami. J'ai même commis la connerie de te raconter ma première fois avec Baptiste.

- T'étais bourrée quand tu m'en as parlé, rappelle Anton. On parle à tort et à travers, quand on a un coup dans le nez. Et je dois dire que ta petite histoire avec ton mec n'a rien d'extraordinaire.

Vexée, Vanessa profite des conseils de sécurité récitées par l'hôtesse de l'air pour se tourner face au hublot.

Tout à coup, Patrick plonge sa tête au-dessus de leurs deux sièges, alors qu'il est installé juste derrière aux côtés de sa bien-aimée.

- Vous n'allez pas commencer à vous disputer pour des broutilles ! Je rappelle que vous êtes respectivement des demi-frères et sœurs.

- Il a raison ! s'enquit Matilde, qui affiche à son tour son visage au-dessus de la tête de sa fille. Rien ne sert de s'énerver, il suffit juste de se parler comme des adultes matures et avisés.

- Pourquoi tu n'as pas adopté cette attitude avec papa durant votre mariage ? demande Vanessa, avec méchanceté. Ça m'aurait évité d'assister à des scènes de ménage entre deux adultes tout sauf matures et avisés !

Un silence s'installe. Vanessa rumine et constate qu'elle s'est montrée injuste.... En tout cas, envers sa mère.

De ce fait, elle présente ses excuses, espérant que cette dispute ne viendra pas ternir leur séjour qui s'annonce mouvementé.

Patrick et Matilde arborent aussitôt des visages détendus et se rassoient sur leur siège, afin de profiter de leur long vol en tête à tête.

Vanessa et Anton font volte-face en même temps. Ils se regardent dans le blanc des yeux.

- Ça me touche que tu puisses être vexé à l'idée que je te cache des choses sur moi, lâche-t-il.

- Anton, j'ai très peu d'ami, mais sache que je tiens énormément aux quelques personnes qui font partie de mon cercle amical. Et surtout, je déteste les mensonges. Plus que tout au monde !

- C'est noté. De tout de façon, je n'ai plus de secrets, répond-il, avec honnêteté. Je suis un vrai livre ouvert.

Vanessa se penche, afin de déposer un baiser sur sa joue. Leur réconciliation improvisée est rapidement interrompu par la deuxième irruption de Matilde et Patrick qui s'empressent de les féliciter pour s'être parlé à cœur ouvert. Très enjouée, Matilde ajoute :

- On devrait fêter ça avec une coupe de champagne !

- Attendons quand même de décoller avant de picoler, déclare Patrick, amusé par l'engouement de sa bien-aimée.

Anton et Vanessa lèvent les yeux au ciel, exaspérés par l'éternelle bonne humeur de leurs parents respectifs. C'est alors que leur avion décolle.

Des papillons pleins les yeux, Vanessa compte bien profiter de ce moment d'accalmie avant que les choses sérieuses commencent...

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Chapitre 17 : posté.

Petite révélation ! Anton serait donc aussi sensible au charme féminin que masculin ! Cela va-t-il changer la nature de sa relation avec Vanessa ?

Le concours approche à grand pas ? Victoire ou défaite ? Quels sont les pronostics ?

N'oubliez pas de voter et de commenter !

Bises !!!