Chapitre 8 : Vanessa
Alyson s'arrête en face du lycée devant lequel des tonnes d'adolescents courent dans tous les sens. Ils semblent très contents de se retrouver. Vanessa ne partage pas ce sentiment. Terrifiée, elle tremble de tout son corps.
- Vaness', il faut que tu prennes ton courage à deux mains, lui conseille Alyson, en caressant les cheveux châtains de sa cousine.
- Je ne peux pas y aller. Fais demi-tour.
- Je te rappelle que l'école est obligatoire.
- Non, c'est l'instruction qu'il l'est, reprend Vanessa. Je pense que je vais prendre des cours à distance.
Alyson lève les yeux au ciel, en allumant une cigarette malgré la présence de Vanessa qui hait l'odeur de la nicotine.
- Ne sois pas bête ! Tu ne vas pas t'enfermer chez toi éternellement. Tu es magnifique, crois-moi.
Vanessa respire profondément et s'étonne même à prier alors qu'elle ne l'a pas fait depuis des années. Elle est si stressée qu'elle ne peut s'en remettre qu'au Saint Esprit pour se rassurer. Le regard des gens la paralyse tant.
- Tu es sûre de ma tenue ? s'interroge Vanessa
- Cette combinaison te fait des fesses de rêve ! Tu es joliment pulpeuse et ce n'est pas donné à tout le monde.
- Et les chaussures ? Ce n'est pas un peu trop ?
- Tout le monde porte des talons, de nos jours, assure sa cousine, quelque peu blasée par les inquiétudes de Vanessa. Regarde ! Clara est arrivée.
Vanessa se détend en apercevant effectivement la seule amie qu'elle n'ait jamais eue, en l'occurrence Clara Pelletier. Alyson se penche pour l'embrasser et la jette presque hors du véhicule. Vanessa ne lui en veut pas ; rares sont les gens qui parviennent à la supporter.
Elle enfile sa veste en jean afin de dissimuler sa poitrine beaucoup trop opulente à son goût. Puis, elle traverse la rue en s'obligeant à ne regarder que Clara. Cette dernière fait volte-face et ne cache pas sa surprise en découvrant la nouvelle silhouette de sa meilleure amie.
- Vanessa ! J'ai dû mal à croire que c'est toi.
- Et pourtant, c'est le cas.
- Dire qu'avant, c'était moi la plus belle de nous deux.
Vanessa fait mine de s'indigner avant de la serrer dans les bras. Les grandes vacances sans personne à qui parler, c'est plutôt pitoyable. La jeune fille réalise qu'elle est heureuse de retrouver son amie de toujours. Seulement, sa joie s'efface considérablement quand Julien Delvaux s'approche d'elles.
Clara se poste devant son amie, sachant d'avance que cet abruti va lui lancer des remarques bien senties. Julien Delvaux symbolise la bêtise par excellence. C'est en partie à cause de lui qu'elle a quitté le lycée plus tôt l'année dernière. C'est un vrai con et le pire c'est qu'il n'en a pas conscience.
- Clara Pelletier, j'ai rêvé de toi tout l'été, lâche Julien.
Vanessa est tétanisée. Elle sait que Julien s'apprête à la réduire en mille morceaux comme si elle ne se sous-estimait pas déjà assez.
- Delvaux, lance Clara. Fais-moi plaisir et dégage de mon champ de vision.
- Allons. Je sais que tu as envie de moi ! ça fait des années que je t'attends, je vais finir par me lasser.
- Je ne souhaite que ça, assure Clara.
Julien craque pour Clara comme la plupart de la gent masculine. Elle est tout bonnement belle avec ses yeux clairs, sa belle chevelure blonde et sa taille fine qui la rend délicieusement attirante. A cela on ajoute son joli petit minois et un sourire à tomber. Vanessa s'est d'ailleurs toujours demandée pourquoi Clara était son amie car avec son physique, elle a tendance à ternir son image. Si Clara était superficielle, elle ferait sans doute partie du groupe des populaires avec Julien Delvaux et Louise Legrand, entre autre.
- Dis-moi, reprend Julien. Elle est où ta grosse copine ?
Vanessa s'étonne qu'il ne l'ait pas reconnue. C'en est presque flatteur.
- Tu veux que je te dise Julien, lâche Clara. T'es qu'un gros branleur !
- Certainement et quand je me soulage, je pense à toi !
Clara affiche une grimace très significative de son dégoût.
- Laisse tomber, assure Vanessa. On y va.
Et là, pour Julien Delvaux, c'est la révélation. La bouche grande ouverte et les yeux écarquillés, il scrute Vanessa de la tête au pied. Satisfaite, Clara fait remarquer :
- Vaness', tu viens de réaliser un exploit, celui de fermer la grosse bouche de cet idiot.
- Tu... t'as... bégaye Julien. Tu t'es métamorphosée.
L'idée qu'elle puisse clouer le bec du plus gros imbécile de la terre, la surprend énormément. Jusque là, elle n'avait pas compris que sa toute nouvelle apparence était devenue une vraie force. C'est agréable de constater que les personnes comme Delvaux n'auront à l'avenir plus matière à se moquer d'elle. Oui c'est un fait : Vanessa a changé, mieux encore : elle s'est transformée.
Poussée par un élan d'audace, Vanessa dépasse Clara et se poste à deux centimètres du visage de Julien. S'il ne l'avait pas fait autant souffrir, il aurait pu lui plaire car son physique n'est pas disgracieux. Cependant, sa méchanceté le rend totalement laid ! Vanessa le déteste et elle compte bien lui rendre la monnaie de sa pièce.
- Qu'est-ce que tu fais ? murmure-t-il, quelque peu gêné par cette proximité.
- J'ai désespérément envie de t'embrasser, confie Vanessa. C'est pour toi que j'ai perdu tous mes kilos.
- Vraiment ?
L'adolescent ne sait plus où donner de la tête. Pour Vanessa, c'est très gratifiant. Deux mois plus tôt, il aurait rapidement déguerpis mais pas aujourd'hui. En effet, Julien semble très intéressé par la jeune fille. Face à cette scène surréaliste, Clara croit rêver. En perdant ses kilos, Vanessa a certainement dû aussi perdre la tête.
- Julien, c'est plus fort que moi, susurre Vanessa. Tu m'excites.
Le jeune homme pousse un grognement des plus ridicules. Il ferme alors les yeux, prêt à s'abandonner contre les lèvres de Vanessa. C'est à ce moment que cette dernière décide de le gifler de toutes ses forces.
- T'es complètement folle ! vocifère-t-il, en frottant sa joue.
- Pas autant que toi. Comment as-tu pu croire que j'envisageais de t'embrasser ?
- En fait, tu n'es pas si belle que ça ! lâche le jeune homme, furieux de s'être fait humilier parmi la foule.
- Écoute-moi bien Delvaux, réplique Vanessa. C'est la dernière fois que tu m'adresses la parole. Tu es de loin la personne la plus ignoble que je connaisse et qui plus est, celle qui me dégoute le plus.
Pour la première fois de sa vie, Vanessa a eu le dernier mot. Victorieuse, elle prend Clara par le cou et s'éloigne de Julien qui demeure bouche-bée par ce retournement de situation. Clara explose de rire. La nouvelle personnalité de sa copine lui plait décidément énormément. Toutes deux se rendent à l'intérieur de l'établissement, se précipitant vers le panneau d'affichage devant lequel tout le monde se rue.
Vanessa et Clara tentent de se faire une place parmi les autres adolescents. En s'extirpant tant bien que mal, les deux amies comprennent qu'elles sont dans la même classe. Folles de joie, elles se sautent dans les bras puis déambulent dans le bâtiment afin d'atteindre leur classe. La porte est fermée ; elles patientent donc dans le couloir et profitent de cet instant pour parler de leurs vacances.
- Saint Barth, c'est cool mais plutôt surfait, explique son amie. Finalement, j'étais plutôt contente de rentrer sur Deauville.
- Je ne veux pas te croire ! j'aurais adoré ne rien faire sous les Tropiques.
- Je t'ai proposé de m'accompagner. Mon père n'était pas contre, il t'adore.
- Je sais mais j'avais besoin d'être seule, assure Vanessa. Il fallait que je m'occupe de moi.
Clara vit seule avec son père depuis que sa mère a estimé (lorsqu'elle avait trois ans) qu'elle ne possédait pas la fibre maternelle. Depuis Clara entretient un lien quasi inexistant avec sa mère en la voyant deux fois par an : pour Noel et son anniversaire. Cette situation ne la perturbe pas : la jeune fille entretient une relation fusionnelle avec son père et n'a jamais manqué de rien.
Vanessa et Clara ont la même vie, à quelques détails près. Les deux adolescentes se sont rencontrées en sixième et ont très vite sympathisé. Clara a toujours connu Vanessa grosse et l'a défendue contre tous, jour après jour. Pour cette raison, Vanessa lui en sera toujours reconnaissante.
- En tout cas, tu ne plaisantes pas quand tu t'occupes de toi, s'enquit Clara. Je suis tellement fière de toi ! Tu es tout simplement belle.
- J'ai passé l'été le plus infâme de ma vie ! Je ne savais que j'étais capable de faire autant preuve de volonté alors moi aussi je fière de moi... mais, j'ai encore du poids à perdre.
- N'exagère pas non plus ! Tu es parfaite.
Vanessa lui sourit. Le couloir s'est rempli petit à petit. Un nouveau prof surgit alors des escaliers et leur permet de s'installer dans la classe. Clara et Vanessa se précipitent au fond de la pièce. Là au moins, elles peuvent discuter avec plus de tranquillité. Chacun de ses anciens camarades jettent des coups d'œil insistants sur Vanessa qui essaye de faire comme si ne rien n'était. Julien Delvaux a mis peu de temps pour révéler à qui voulait l'entendre que l'obèse Vanessa Diakos n'est plus ce qu'elle était.
- Ils sont grotesques à t'observer comme si tu étais une bête de foire ! fait remarquer Clara.
- Ça ne me change pas de d'habitude...
- Regarde, les Legrand sont de retour !
Vanessa surprend Louise et Baptiste Legrand pénétrer dans la pièce. Ils sont toujours aussi beaux, stylés et enviés de tous.
- Samedi dernier, j'ai vu Louise avec son mec, au restaurant. Elle n'a pas cessé de me dévisager.
- Apparemment, c'est de famille ! constate Clara. Baptiste ne te lâche pas des yeux.
Pour Vanessa, son comportement n'est pas étrange. Quand une personne change radicalement physiquement, cela attise la curiosité. D'autant qu'étant tous deux voisins depuis plusieurs années, Baptiste ne l'a jamais vu aussi mince ou plutôt... moins grosse.
La jeune fille ne le connaît à vrai dire que de vue : elle ne souvient même pas lui avoir un jour adressé la parole. Ce n'est pas un problème car contrairement aux autres filles, il ne l'intéresse absolument pas. De nombreuses rumeurs planent à son sujet et il paraîtrait que Baptiste Legrand soit la réincarnation de Casanova !
- Dis, chuchote Clara alors que le professeur commence sa présentation. Le petit Baptiste ne veut vraiment pas lâcher l'affaire. A croire que tu es sa prochaine cible !
- N'importe quoi ! De tout de façon, ce n'est pas mon style.
- Ça tombe bien parce que l'intérêt qu'il te porte ne semble pas plaire à sa sœur.
En effet, dès lors que Louise a remarqué qu'il regardait Vanessa, elle s'est empressée de lui donner un coup de coude tout sauf discret. Manifestement et sans aucune raison, Louise ne la porte pas dans son cœur. Samedi dernier, Vanessa avait pensé que l'impolitesse de Louise était due à sa mauvaise humeur. Aujourd'hui, le doute n'est plus permis : Louise est une vraie conne.
Quoiqu'il en soit, cela n'a pas d'importance car Vanessa se l'ait promise : elle ne se laissera plus intimider par personne.
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