Chapitre 38 : Louise
Damien porte Louise comme un sac de pomme de terre. Hier, les deux jeunes gens ont fait la tournée des fêtes et des bars dans les environs. Ils ont abandonné Vanessa en cours de route. C'est une petite nature, en termes d'alcool : elle ne parvient pas à tenir plus de trois heures, sans se sentir obligée de se déshabiller.
Damien avait donc mis fin à son dérapage, en la cachant dans une chambre sur le lieu de la fête. Louise eut envie de changer d'air et poussa Damien à parcourir le monde en faisant la découverte d'autres personnes, dans divers endroits.
Les deux amis prévoyaient d'aller chercher Vanessa au petit matin, sauf qu'ils rencontrèrent une entrave. Épuisée par cette nuit décadente, Louise n'a pas eu la force de cheminer les villes frontalières, afin de retrouver Vanessa. Damien pris donc la décision de déposer Louise chez elle, au sens propre du terme puisqu'il la transporte depuis un bon bout de temps, tel un colis à expédier.
Lorsque Louise sera en sécurité, il s'empressera de faire demi-tour, afin de délivrer Vanessa qui doit se sentir bien seule dans l'appartement de Florian, qu'elle ne connait pas. La rue de Louise est à deux pas.
Cette dernière ordonne à Damien de la poser sur le sol, souhaitant faire bonne figure devant ses parents même si son état est déplorable. Damien la soutient tout de même, en la guidant au mieux afin qu'elle marche droit. Louise peste alors :
- C'est injuste ! Quel est ton secret pour paraitre aussi frais ? Moi, j'ai l'impression de ressembler à une vieille fleur fanée...
- Question d'habitude, assure Damien. Tu t'y feras...
Damien pousse les grilles de la propriété des Legrand. La voiture de Charles Legrand est absente. Louise espère grandement que ses parents ont décidé de s'offrir une virée en amoureux. Ces temps-ci, elle préfère les éviter au maximum et attend leur départ en déplacement, avec impatience. Louise sonne à sa porte. Jeanne la reçoit rapidement et lui saute dans les bras.
- Enfin ! Où étais-tu ? Il s'est passé un drame !
- Quel genre de drame ? demande Louise, en échangeant un regard entendu avec Damien.
Baptiste se prononce alors dans l'embrasure de la porte. Sa mâchoire est serrée et son regard est dur. Jeanne lui apporte son soutien et l'enlace par le cou chaleureusement.
- Entrez, ordonne Baptiste, sur un ton faussement serein. Une conversation s'impose.
- Je n'ai pas envie de parler. Encore moins avec toi ! rétorque Damien, loin d'être intimidé par la froideur de Baptiste.
- Vanessa s'est faite arrêtée par la police, lâche Baptiste. Par votre faute ! Donc, il y a intérêt à ce que vous vous justifiez !
Baptiste et Jeanne leur laissent la porte ouverte et se sont déjà engouffrés dans le salon. Louise déglutit. Si un génie se présentait devant elle, elle choisirait comme premier vœu de s'enliser dans le sol jusqu'à disparaitre complètement. En effet, la jeune fille serait prête à tout pour ne pas affronter ses responsabilités...pour ne pas décevoir son frère davantage.
Damien la pousse à l'intérieur, en gardant son éternelle désinvolture. Baptiste est installé autour de la table de la salle à manger, à la place qu'occupe habituellement leur père. Au premier abord, il semble calme mais le fait qu'il tapote nerveusement son pied droit contre le parquet prouve le contraire. Jeanne fait les cent pas dans la pièce, en se mordillant inlassablement les lèvres.
Louise prend la main de Damien, sachant qu'elle aura besoin d'être épaulée. Damien lâche un rire sarcastique et déroutant. Louise s'éloigne aussitôt de lui. Il prend les choses à la rigolade, alors que Vanessa vit sans doute un calvaire, à cette heure-ci !
- Je ne vois vraiment pas où tu veux en venir, s'exclame Damien, en s'asseyant en face de Baptiste. Si Vaness' a fait une connerie qui soit illégale, elle en est la seule responsable.
Baptiste cesse immédiatement de tapoter son pied, afin de fixer son adversaire les yeux dans les yeux. Damien soutient son regard avec courage, tandis que Louise reste honteusement en retrait.
- Où sont les parents ? ose-t-elle demander.
- Ça t'intéresse maintenant ? renchérit Baptiste, sans lâcher Damien du regard.
- Ils sont partis tôt ce matin, s'empresse d'expliquer Jeanne. Ils étaient invités chez des amis et ils devaient faire de la route pour être à l'heure.
Louise hoche la tête. Au moins, Jeanne accepte de lui adresser encore la parole. Louise a comme l'impression de s'être retrouvée dans une scène de théâtre dramatique et dans laquelle le dénouement de l'historie est sur le point d'exploser.
Tout à coup, Baptiste sort de sa poche un portable qui n'est pas le sien avant de le faire glisser en direction de Damien.
- Il appartient à Vanessa et ce matin, un connard lui a envoyé une photo merdique, lâche Baptiste.
- Encore une fois, je ne sais pas de quoi tu parles, renchérit Damien, impassible.
- Ne joue pas avec moi ! hurle Baptiste. Tu t'es photographié avec ma petite-amie complètement à poil !
- Quoi ! s'enquit Louise, en interrogeant Damien du regard.
- Est-ce que vous avez couché ensemble ? s'interroge Baptiste, désormais moins paisible.
Jeanne s'arrête de déambuler et se poste derrière son frère.
- Jeanne, retourne dans ta chambre, exige Baptiste, avec fermeté.
- Mais...
- Fais ce que je te dis ! répond son frère, en l'interrompant. Tout va bien, on va juste dialoguer et mettre les choses à plat.
Louise lance un regard suppliant à sa sœur, l'incitant à rester avec elle. Seulement, Jeanne favorise les paroles de Baptiste et dépasse Louise pour rejoindre sa chambre. Ils ne sont plus que trois. Aucun témoin. Juste tous les trois... Louise se positionne entre les deux fortes têtes, à la place qui fut la sienne depuis toujours.
Sa décision est prise : Vanessa subit l'enfer en ce moment parce que Damien et elle ont fait preuve d'une lâcheté aberrante. Il est temps de mettre carte sur table.
- Alors ? reprend Baptiste. Que s'est-il passé avec Vanessa ? Est-ce que tu as... abusé d'elle ?
- Tout de suite les grands mots ! lance Damien. Tu ne t'es pas juste dit qu'on avait simplement partagé un rapport sexuel dans le consentement mutuel.
- Si, pendant quelques secondes et puis j'ai réfléchi, clarifie Baptiste. Vaness' ne pourrait jamais me tromper, encore moins sous l'emprise de l'alcool. Je sais que tu as tout manigancé pour semer la zizanie dans mon couple mais la véritable question est : pourquoi ?
Damien hausse les épaules. Louise rêverait de prendre les jambes à son cou et de s'enfuir au plus vite. D'autant que Baptiste l'ignore royalement depuis son arrivée.
Ce dernier ne lâche pas Damien d'une semelle. Les questions s'enchaînent et s'adressent toutes à Damien. Elles restent en suspens. Baptiste ne se décourage pas et constate alors :
- Il n'y a pas de doute. Tu fais un bon criminel ! Tu as dû en rendre fous des policiers, en arborant cette tête de con, sans lâcher un mot.
- Je prends ça pour un compliment, réplique Damien, en sortant une de cigarette de sa veste.
- On ne fume pas ici, rappelle Baptiste.
- Ça fait longtemps que je ne respecte plus les règles...
Damien allume donc une cigarette et tire dessus, par pure provocation. Baptiste ne laisse pas sortir sa colère et se tourne vers Louise.
- Tu es sûre que tu n'as rien à me dire ? demande-t-il, sur un ton accusateur.
- Je... euh... balbutie la jeune fille. Le père de Vanessa est avocat. Je suis persuadée qu'il va régler le problème sans difficulté.
- Voilà comment je vois les choses, suggère Baptiste. C'est toi qui va trouver la solution à ce problème, parce que tu l'as toi-même crée.
- Qu'est-ce que ça sous-entend ? s'interroge-t-elle, avec inquiétude.
- Tu vas lever tes fesses de cette chaise et aller te dénoncer pour les vols dans tous ces commerces. Notamment celui de la bijouterie !
Louise est sous pression et fond en pleurs. Jamais elle n'aurait pensé devoir faire face à ses actes. Aujourd'hui, elle prend en considération la gravité de ses agissements et ne peut s'empêcher d'avoir peur.
Baptiste ne veut plus lui en venir en aide et Damien semble la jouer solo. Elle est désespérément seule. Seule avec sa conscience bourrée de remords...
- Je m'en veux tellement... lâche-t-elle entre deux sanglots. Baptiste, tu es loin de t'imaginer jusqu'où on est allé...
- C'est-à-dire ?
Louise baisse la tête alors que Damien entame déjà sa deuxième cigarette.
- Pendant les vacances d'octobre. Tu sais, le jour où Vanessa a décidé de rompre avec toi ?
- Oui... murmure Baptiste, craignant d'entendre la suite.
- Quand on est parti avec Vanessa pour lui acheter des calmants, on a en quelque sorte braqué la pharmacie. Vanessa fut impliquée malgré elle et je pense que ca l'a conduite à te quitter...
Baptiste affiche un sourire inexpressif et secoue la tête avec réprobation.
- Tu m'as vu me triturer les méninges afin de chercher une maudite explication à cette rupture... Et t'as rien fait...
- Je ne pouvais pas te dire la vérité ! se défend Louise. Je ne voulais pas te décevoir...
- Louise Legrand, articule Baptiste. Tu es vraiment une mauvaise personne...
- Oh ! Putain ! s'écrie Damien. Louise est bien meilleure que tu ne le penses. Quant à toi, mon cher Baptiste, tu es loin d'être parfait.
- Je n'ai jamais dit le contraire.
- Heureusement parce que je pourrais te trouver des défauts en un rien de temps, affirme Damien. Par exemple, tu crains quand il s'agit de cerner les gens !
Louise approuve complètement les dires de Damien. Ce dernier relance le portable de Vanessa vers Baptiste qui l'attrape avec succès. Désormais, c'est Damien qui domine la conversation. Ce dernier se lève alors et se poste derrière eux, en face de la baie vitrée qui donne sur le jardin. Dos à eux, il fait tomber sa carapace et raconte son histoire.
« J'ai rencontré Lisa dans un magasin de chaussures. J'étais le vendeur. Elle était belle à en crever. Lisa cherchait des talons aiguilles, comme vous pouvez vous en douter. Je l'ai conseillée mais elle est repartie sans rien. Tout du moins, c'est ce qu'elle pensait car elle a capturé mon cœur brutalement.
A de nombreuses reprises, je l'ai surprise passer devant le magasin mais elle ne s'est plus jamais arrêtée. De toute évidence, je ne lui avais pas tapé dans l'œil. Alors, j'ai décidé de provoquer le destin et de mener l'enquête. Rapidement, j'ai découvert qu'elle n'était qu'une jeune lycéenne. Notre différence d'âge aurait dû me refroidir mais ce ne fut pas le cas. J'étais tout bonnement amoureux et il était hors de question qu'une vulgaire question d'âge nous sépare.
Déterminé, je me suis posté devant chez elle, des semaines entières, espérant qu'elle finirait par succomber à mon charme. Étonnamment, le miracle eut lieu un soir d'été. Lisa rentrait de vacances. Son teint était halé, ses cheveux se chamaillaient avec le vent autour de son visage. Elle était à couper le souffle. Lisa s'est avancée vers moi avec assurance et elle m'a embrassé.
On a donc commencé à se fréquenter, malgré l'interdiction de ses parents qui me prenaient pour un pervers. Lisa disait qu'elle se moquait de ce qu'ils pensaient parce qu'elle était heureuse avec moi. Lisa m'aimait et pour cette raison, elle m'incita à voir plus grand. Vendeur dans un magasin de chaussures pourri ne lui convenait pas.
J'ai donc repris mes études même si j'étais convaincu que cela ne me correspondait pas. A l'époque, je m'en contrefichais car je le faisais pour elle. Lisa souhaitait que je devienne un mec influent et riche, afin d'être à la hauteur de la fille qu'elle deviendrait. En plus des études, j'accumulais deux boulots car Lisa réclamait toujours des cadeaux hors de prix. En tant que bon petit-ami, je me devais de répondre à ses lubies toujours plus chères et exigeantes.
Un jour et alors qu'elle rêvait d'un sac au montant exubérant, je lui ai expliqué que je n'avais pas les moyens. Et devinez quoi ? Lisa m'a quitté. Comme ça... Juste parce que je n'étais pas capable de la combler matériellement parlant. Évidemment, je ne l'ai pas supporté. Il m'est donc venu en tête de voler le sac en question.
Je suis entré dans cette boutique de luxe avec mon sac à dos. J'ai attendu que la vendeuse soit occupée et j'ai attrapé cette maudite pochette que j'ai glissé dans mon sac. Puis, je suis sorti comme si ne rien n'était. Personne ne m'a pris en flagrant délit. J'ai été choqué par la facilité de l'acte. Satisfait, j'ai donc rappliqué chez Lisa, mon larcin à la main.
Et comme par magie, Lisa a accepté de me réintégrer dans sa vie. Bien sûr, elle n'était pas dupe et comprit que j'usais de méthodes peu conventionnelles pour répondre à ses caprices. Seulement, ça lui importait peu. J'ai donc poursuivit les vols, sans me faire prendre. J'étais très bon dans la discipline, alors j'ai lâché mes boulots qui me rapportaient une misère. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, cela me rendait fier.
Vint la période des cambriolages. Deauville regorge de baraques vides qui ne servent de secondes résidences. J'entrais chez des inconnus et je me servais sans scrupules. Ensuite, je revendais tous ces biens et je me faisais un maximum de frics ! Bien sûr, cette situation ne pouvait pas duré éternellement et elle s'acheva d'une manière atroce...
Une nuit, j'avais repéré une maison bourgeoise qui me semblait inoccupée. Je m'y suis donc rendu, sans me poser de questions. J'ai remué la maison dans tous les sens, sans m'apercevoir de la présence d'un vieux monsieur, terrorisé par mon effraction. Lorsque je l'ai surpris, je ne me suis pas enfui, comme toute personne normale l'aurait fait. Non, je l'ai menacé violemment.
Cet homme n'a pas supporté ma brutalité et a subi une crise cardiaque. Il est mort devant moi... Et là, j'ai fui... Ne sachant comment réagir, j'ai contacté Lisa qui m'a tout de suite dénoncé auprès des flics. La femme que j'aimais m'avait trahi. J'ai été jugé, puis incarcéré. Grâce à ma bonne conduite, j'ai été libéré de prison, au bout de deux ans.
A ma sortie, ce fut un choc. Mes parents m'ont renié, je n'avais plus de toit sur la tête, pas un sou en poche, pas la moindre ambition en tête... Presque machinalement, je suis retourné devant le lycée de Lisa. Juste pour voir ce qu'elle était devenue mais ce n'est pas elle que j'ai remarqué, en premier lieu.
Une autre jeune fille me sauta aux yeux et il s'agissait de Louise. Quelque chose m'attirait chez elle. J'avais l'impression qu'elle ne me jugerait pas et j'ai eu raison. C'est très certainement la fille la plus tolérante que je connaisse. Malheureusement, je n'ai pas su la mettre sur le droit chemin et elle est tombée dans mes travers.
Je m'en excuse... Profondément... mais voler, commettre des délits, c'est mon seul moyen d'exister, de me démarquer... En me liant d'amitié avec Louise, je me suis involontairement rapproché de Lisa. Je ne suis pas retombé amoureux d'elle car en réalité, je l'ai toujours été... Et ça aussi, elle l'a comprit.
Quand j'ai appris que sa famille vivait des moments compliqués, j'ai repris mon activité favorite afin de lui faire oublier ses problèmes. Le coup de la bijouterie était sans doute de trop. C'est bien ça le problème, je ne parviens jamais à m'arrêter à temps... Quand je lui ai offert le même bracelet que Vanessa, Lisa m'a expliqué que ce n'était pas suffisant et qu'elle avait besoin de plus...
La réalité, c'est qu'elle aime Baptiste et qu'elle est prête à tout pour que ce soit réciproque. On a donc conclut un pacte, il y a peu de temps... Si j'arrivais à briser la relation de Baptiste et Vanessa, Lisa accepterait de coucher avec moi. C'est fou, n'est-ce-pas ? C'est même un peu glauque... Seulement, l'idée de passer une nuit entière avec la femme de mes rêves, me faisait tourner la tête. Je dois avoir de sérieux soucis mentaux... Lisa a détruit ma vie et pourtant je l'aime encore...
La nuit dernière, j'ai donc fait boire Vanessa sans réellement qu'elle le réalise. Et comme prévu, elle céda rapidement à l'ivresse et ne fut plus maître de ses actes... Vanessa s'était déjà dénudée : elle avait fait la moitié du travail. J'en ai juste rajouté en lui retirant son soutif et j'ai immortalisé ce moment par un selfie. C'est médiocre mais j'étais convaincu que ce sera un bon motif pour que Baptiste la quitte... Je réalise que j'avais tort...
Voilà la vérité. Donc, s'il te plait Baptiste, je te prie de ne plus croire Lisa car cela ne t'apporterait rien de bon. Finalement, c'est à cause d'elle qu'on en est tous là. ».
- Waouh, lance Louise. Cette fille est encore pire que ce que je pensais.
- Il n'empêche que l'attitude de Lisa n'est pas punie par la loi, relève Baptiste, sans montrer la moindre compassion pour Damien. Vous avez déconné. Par conséquent, vous devez assumer.
Louise n'en croit pas ses yeux. Elle ne croyait pas Baptiste capable de faire preuve d'aussi peu d'indulgence. Il désespère de savoir Vanessa en prison mais ça ne le dérange pas d'imaginer Louise derrière les barreaux.
- Je ne me dénoncerai pas ! s'énerve Louise.
- Ça ne te gêne pas de faire porter le chapeau par Vanessa. Arrête d'agir comme une gamine. Fais le pour elle ! Fais le pour moi ! Merde, je suis quand même ton frère.
- En réalité, pas vraiment... prononce Louise, en fixant Baptiste droit dans les yeux. On ne partage aucun lien de sang et tu l'as prouvé ces derniers temps, en m'ignorant. Ça fait quelque mois que je n'ai plus de frère...
Baptiste reste muet, bouleversé par ces paroles qui le touchent en plein cœur. Louise se rend compte d'être allée loin mais elle avait besoin que cela sorte. Ce ressentiment qu'elle éprouvait envers lui ne pouvait durer, sans qu'il soit exprimé.
La dureté de ses mots effraye tout de même la jeune fille, qui prétexte une envie de boire pour échapper au regard triste de Baptiste. Elle se dirige lentement dans la cuisine, en pleurant. Inconsciemment, elle se sert un verre d'eau et le boit gorgée par gorgée. Louise ne pense à rien.
Elle en a marre de ruminer et ne souhaite surtout pas réfléchir à la situation de Vanessa car elle risque de littéralement craquer. Un bruit assourdissant perturbe son état végétatif. Elle revient donc sur ses pas et découvre une scène d'horreur. Gisant sur le sol, Baptiste a les yeux fermés. Louise relève la tête et interroge Damien du regard.
- Il voulait se battre avec moi, explique Damien. Je l'ai juste poussé mais sa tête a cogné contre cette putain de table.
- Pourquoi il reste par terre ? demande naïvement Louise. Ne me dis pas qu'il fait un malaise ou quelque chose comme ça...
- Louise, je suis désolé, répond Damien, avant de prendre la poudre d'escampette.
La jeune fille reste stoïque, observant son frère qui ne daigne pas se réveiller. Il ne bouge pas et Louise ne sait que faire. Elle se remémore les derniers mots qu'elle lui a adressés et se dit qu'elle n'aurait jamais dû les prononcer... Les jambes flageolantes, Louise gravit quelques marches des escaliers, et appelle sa sœur qui se trouve à l'étage.
Jeanne déboule aussitôt et saisit dans le comportement de Louise qu'une catastrophe vient de s'abattre dans leur maison. Elle bouscule Louise et accoure dans la salle à manger. Puis, elle pousse un cri strident qui restera à tous jamais dans la mémoire de Louise. Jeanne s'accroupit à la hauteur de Baptiste et l'interpelle inlassablement. Seulement, Baptise ne répond pas.
- Je t'assure que ce n'est pas de ma faute... murmure Louise, effondrée par ce malheur.
- Oui, comme d'habitude, riposte Jeanne, en tenant la tête de Baptiste entre ses mains.
Jeanne réalise que leur frère est en danger, lorsqu'elle découvre que ses doigts sont couverts de sang. Le sang de Baptiste...
- Louise, appelle les pompiers ! rugit Jeanne, apeurée. Dépêche-toi !
- D'accord...
Louise compose le dix-huit, sur le téléphone fixe et tente de ne pas s'attarder sur la tête ensanglanté de son frère. En pleurs, Jeanne s'exclame alors :
- S'il arrive quelque chose de grave à Baptiste, jamais je ne pourrais te le pardonner.
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Chapitre 38 : posté.
Coup dur chez les Legrand et cette fois-ci, c'est Baptiste qui est touché. Va-t-il s'en sortir ? Et dans ce cas-là, gardera-t-il des séquelles de ce choc ? Quant à Louise, va-t-elle enfin assumer ses responsabilités ? A vous de le deviner...
L'histoire est à son apogée. Plus que trois chapitres.
N'oubliez pas de voter et de commenter.
Gros bisous !!!
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