Chapitre 35 : Vanessa
Vanessa se réveille en fin de matinée. Elle fait sa toilette d'une lenteur extrême, repensant à la veille. La nuit a été courte, car comme la plupart des jeunes de Deauville, elle a fêté le nouvel an, chez Julien Delvaux. Elle ne s'était pas rendue chez lui de gaieté de cœur. Cependant, sa mère comptait célébrer la fin de l'année, avec son groupe de copines qu'elle ne voit que rarement.
Ce fut donc contre son gré que Vanessa suivit son amie Clara, jusque chez son ex petit-ami. En effet, l'histoire de Clara et Julien s'est aussi vite terminée qu'elle n'a commencée. La raison ? Julien ne parvenait pas à se contenter que de Clara. Lorsqu'elle cette dernière l'avait réalisée, Julien avait justifié ses infidélités, à l'aide d'excuses stupides.
Le pauvre Delvaux étant si beau, il ne pouvait se résigner à faire profiter son corps, rien qu'à une seule femme. N'est-il pas généreux ? Clara avait bien réagir et s'était arrangée avec Julien, afin de maintenir une relation amicale quelque peu spéciale. En clair, tous deux entretiennent toujours des rapports sexuels, sans laisser place aux sentiments. Ce pacte semble convenir à Clara, malgré l'incompréhension de sa meilleure amie, Vanessa.
La veille, cette dernière s'était donc retrouvée au cœur d'une fête gargantuesque, au sein de laquelle les dérapages s'étaient enchainés. Vanessa était restée raisonnable et avait préféré s'amuser et boire quelques verres, sans dépasser les bornes. En l'espace d'un mois, la fréquence de ses sorties a doublé, voire triplé. C'est simple, la jeune fille ne refuse plus aucunes invitations et s'est construite une petite notoriété.
Malgré elle, sa côté de popularité a considérablement grimpé sur l'échelle que chaque lycée instaure injustement. Vanessa constate qu'être appréciée de tous n'est pas désagréable. On pourrait croire que sa transformation physique y est responsable mais Vanessa a réalisé que son apparence n'était pas le seul facteur pris en compte.
Et pour cause, depuis sa rupture avec Baptiste, Vanessa a quelque peu repris ses mauvaises habitudes alimentaires. Il n'y a pas de secret, plusieurs kilos superflus se sont insidieusement greffés sur les différentes parties de son corps. Seulement, Vanessa aborde sa prise de poids différemment. Certes, elle doit contrôler ses pulsions et cessé tout grignotage car ce n'est pas l'idéal pour sa santé. En revanche, la jeune fille a pris conscience que mincir à tout prix, ne rendrait pas sa vie plus facile. Atteindre la taille de guêpe ne fera pas d'elle quelqu'un de meilleur.
Le braquage de cette pharmacie (dans lequel elle fut fâcheusement impliquée), provoqua chez elle un véritable déclic. Vanessa cherchait désespérément à se connaître, depuis le divorce de ses parents. A l'heure actuelle, c'est chose faîte : elle est aujourd'hui convaincue d'être une femme bien. Louise aussi mince soit elle, a clairement beaucoup de choses à se reprocher... La cruauté de ce vol dans cette modeste officine, a profondément bouleversé Vanessa. Pendant plusieurs semaines, elle en a fait des cauchemars, craignant que la police finisse pas l'interpeller.
En outre, Vanessa n'arrêtait pas de se ressasser cette scène de pure violence, durant laquelle une vieille dame s'était vue brutalisée par Louise. La jeune fille ne peut s'empêcher de se sentir responsable de ce terrible crime, même si elle n'a rien commis. De ce fait, elle avait choisi de couper les ponts avec les Legrand, dans leur intégralité. Elle avait grandement besoin d'une pause, qui lui fut bénéfique. Vanessa ne s'est jamais sentie aussi bien !
Il y a deux jours, Louise lui avait présentée ses excuses et Vanessa les avait naturellement acceptées. Cette dernière plaignait son amie, qui devait être profondément désespérée, pour commettre de tels actes. Vanessa veut croire en la bonté de la race humaine. D'après elle, Damien et Louise agissent de la sorte car ils sont en roue libre et n'ont plus aucuns repères. C'est navrant car Vanessa est persuadée que ces deux là sont capables de faire de grandes et belles choses.
D'autre part, il y a Baptiste. Ce garçon dont elle est tombée amoureuse mais avec lequel elle ne parvient pas à trouver un terrain d'entente. Elle aurait espérer le voir à la fête de Julien mais il répondait aux abonnés absents, tout comme Lisa Gomez... Finalement, elle l'a quittée au bon moment et ce avant qu'elle ne devienne carrément accro à lui.
La jeune fille a pris la décision de s'en détacher, afin de se protéger. L'ambigüité que Baptiste s'attache à entretenir avec Lisa, ne convient pas à Vanessa. Elle ne veut pas d'une relation exclusive mais juste paisible et qui ne soit pas constamment chamboulée par la présence d'une fille à problèmes. Intimement, la jeune fille adorerait que Baptiste se démène pour la reconquérir. Or, son ex ne tente rien.
Manifestement, il n'a jamais eu à se battre pour qu'une fille lui mange dans la main. Vanessa frôle la résignation et en vient à penser que Baptiste n'est sans doute pas celui qui lui correspond. Perdue dans ses pensées, la jeune fille regagne sa cuisine s'en s'apercevoir du désordre qu'il y règne.
Un objet très particulier a disparu de la pièce et Vanessa n'en est pas peu fière. Il s'agit de sa terrible balance qu'elle s'obligeait à affronter, tous les jours. Dorénavant, cette machine cruelle réside à l'étage, dans la salle de bain et Vanessa ne lui accorde de l'attention, qu'une fois pas semaine. Cette résolution rend les choses plus simples et Vanessa peut commencer ses journées, sans se concentrer sur ses défauts physiques.
Matilde surgit dans la cuisine. Elle fouette une pâte jaunâtre dans un saladier, en tenant adroitement son portable entre son épaule et son oreille. Vanessa réalise alors que le plan de travail d'ordinaire d'une propreté exemplaire, est aujourd'hui couvert d'épluchures et d'ustensiles en tout genre. Matilde finit par raccrocher et se fait aider par sa fille, pour la débarrasser de son portable. Puis, elle s'écrie allégrement :
- Ma puce, je te souhaite une belle et heureuse année mais surtout un Joyeux Anniversaire !
- Merci maman, articule Vanessa, alors qu'elle se voit étouffée par l'étreinte de sa mère.
- Comme tu peux le constater, je prévois un festin pour tes dix-huit ans. Cela faisait longtemps que je ne mettais plus mise derrière les fourneaux et je dois dire que cela m'avait manqué. J'avais presque oublié que notre four était si performant !
Vanessa pensait que sa mère ferait appel à un traiteur. C'est une très bonne cuisinière mais elle n'a guère le temps de le prouver. Quand vivait encore avec Alexi, Matilde préparait des bons petits plats sans relâche, espérant attirer l'attention de son mari. Cette femme avait mijoté quelques gratins dauphinois par-ci et une flopée de souris d'agneaux par-là, sans qu'Alexi lui accorde le moindre compliment. Dès lors qu'elle cessa de mettre les petits plats dans les grands, Matilde avait usé de son sixième sens et découvert qu'il possédait une double vie.
- Goûte-moi ça, propose Matilde, en tendant à sa fille, une cuillère en bois.
- Ne me dis pas qu'il s'agit de ta fameuse sauce hollandaise, s'exclame Vanessa, en savourant l'œuvre de sa mère. C'est délicieux ! En revanche, je me demande bien pourquoi tu te donnes tant de peine. Comptes-tu nourrir un régiment ?
Sa mère plonge aussitôt la tête, dans son saladier, fuyant ouvertement le regard de Vanessa. Cette dernière ne relève pas l'étrangeté du comportement de Matilde. Si la jeune fille avait reçu un euro, à chaque fois que Matilde agissait curieusement, Vanessa serait riche à cette heure-ci.
- Bénédicte et Aly arriveront en fin d'après-midi, se contente de répondre Matilde.
- On a donc toute la journée pour cuisiner, en déduit Vanessa.
- Moi oui, toi non. Je ne veux pas te mettre à la porte mais je t'invite fortement à quitter les lieux.
Vanessa pouffe jusqu'à ce qu'elle réalise que sa mère est tout à fait sérieuse. Tout à coup, on sonne à la porte. Matilde bouscule sa fille et se dirige activement dans l'entrée. Vanessa penche la tête, hors de la cuisine et découvre Elias et Jeanne. Le demi-frère de la jeune fille encadre amoureusement la taille de Jeanne, à l'aide de ses muscles saillants.
Vanessa est surprise de constater que sa mère et Elias conversent comme des personnes civilisées. Matilde n'a jamais porté Elias dans son cœur et elle ne s'en est jamais cachée ! Pour elle, Elias et Nathalie font partie du clan adversaire, celui contre lequel elle a tenté de se battre afin d'obtenir les faveurs du grand Alexi Diakos ! Apparemment, cette petite guerre intrafamiliale a cessé définitivement ou bien l'anniversaire de Vanessa est une bonne raison pour calmer ces tensions ridicules. Vanessa finit par se prononcer. Elias et Jeanne lui souhaitent un bon anniversaire, en chœur.
La jeune fille les remercie, en les prenant dans les bras. Tous deux dégagent une bonne humeur contagieuse. En leur présence, on a l'impression que la vie n'est qu'une aventure dépourvue de toutes complications.
- Vous n'êtes donc pas parvenus à rester séparer plus d'un jour, constate Vanessa, en les voyant de nouveau réunis.
- Je ne m'en lasserai jamais, assure Elias, en désignant Jeanne qu'il considère presque comme sa femme.
- Quel beau parleur ! s'exclame Matilde, en resserrant le nœud de son tablier. Elias, tu tiens vraiment de ton père. J'espère que tu ne suivras pas ses traces...
La remarque de Matilde laisse planer une gêne dans l'atmosphère. Ce malaise est rapidement brisé par l'immortelle gaieté de Jeanne, qui s'enquit :
- A force de parler, on en oublie l'essentiel ! Vaness', on t'embarque pour une journée riche en surprises.
- C'est parfait ! s'écrie Matilde, en frappant dans ses mains. Tu ne pourras pas t'ennuyer.
Vanessa sent la manigance à trente kilomètres mais ne laisse rien paraitre. Sa mère prépare un buffet, digne de celui d'un mariage. Elias et cette dernière s'adressent la parole, en toute courtoisie. Jeanne et Elias surgissent chez elle, à l'improviste au moment même où sa mère la mande de disparaitre de la maison. Tout ne serait donc que le fruit du hasard ? Vanessa se doute bien que sa famille lui concocte une fête surprise ou quelque chose qui s'y rapproche.
La jeune fille en est contente mais elle ne salue pas la subtilité de ses proches. Aucun d'entre eux ne pourrait être membre des services secrets ! Peu lui importe : Vanessa se prête au jeu et suit le couple qui semble avoir organisé un programme très chargé... La jeune fille a vu juste ! En moins de six heures, les trois adolescents ont parcouru la ville de long en large. Bowling, patinoire, cinéma, et restaurant. Elias et Jeanne ont redoublé d'énergie et ne paraissent pas le moins fatigués par cette journée démesurée.
Vanessa tient le coup même si elle ne rêve que d'une chose : DORMIR. Il est vingt-heures passé et le trio regagne la rue des deux filles, hâtivement. Elias observe l'heure, sur son portable une bonne centaine de fois. Vanessa ne relève pas l'incroyable quantité de voitures qui occupent leur rue. Visiblement, sa mère a vu les choses en grand ! Vanessa n'a même pas le temps de jeter un œil dans sa maison, que Jeanne la pousse chez elle. La demeure des Legrand est vide. Trois tenues reposent sur le sofa en daim du salon. Elias déclare avec ironie :
- Jeanne, comment ces habits ont-ils atterrit chez toi ?
- Je n'en sais strictement rien ! clame-t-elle, en étouffant un rire. Devinez quoi ? Ils sont à notre taille !
- Waouh ! ajoute Vanessa. Votre jeu d'acteur est époustouflant. La comédie française a du souci à se faire !
Les deux âmes-sœurs font mine de ne pas comprendre son allusion pourtant explicite. C'est incroyable, un petit lutin magique a déposé ces ensembles et ce dans le plus grand des hasards ! Encore une fois, Vanessa préfère ne pas casser l'effet de surprise et garde le silence.
Jeanne s'apprête d'un short en cuir noir et d'un haut couleur crème. Ses jambes sont couvertes d'un simple collant et sa petite taille se voit élancée par des escarpins brillants. Son look est simple mais terriblement sexy et le regard d'Elias en dit long sur l'admiration qui lui voue. Le demi-frère de Vanessa est revêtu d'un costume très BCBG, qui ne fait que sublimer son élégance naturelle. Le couple est parfaitement assorti et personne ne pourrait affirmer le contraire.
Quant à Vanessa... Autant dire que le mystérieux styliste n'a pas lésiné sur les moyens ! La jeune fille porte une robe bleu nuit, longue et asymétrique qui dévoile joliment l'une de ses épaules et surtout sa poitrine avantageuse. Vanessa la trouvait déjà très osée, jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle était fendue, laissant deviner sa jambe droite, sculptée par ses innombrables heures de footing. La jeune fille s'étonne de voir une vraie femme, devant le miroir de la chambre de Jeanne. Il y a un an, elle n'aurait jamais pensé pouvoir se permettre de porter ce genre de tenue...
Jeanne lui recommande de laisser ses cheveux virevolter dans son dos et de se maquiller légèrement. D'après sa belle-sœur, Vanessa est bien plus belle au naturel. Cette dernière décide de suivre son conseil. Tous les trois fins prêts, ils n'ont aucune raison de rester chez les Legrand alors qu'en face, tout le monde s'éclate. Ils traversent donc la rue rapidement car le froid se glisse méchamment sous leurs tenues légères. Jeanne et Elias ouvrent la marche, main dans la main. Le couple pousse la porte et se pénètre dans la maison qui est totalement plongée dans le noir.
Vanessa capte des murmures qui se veulent discrets, dans le salon. Elle ne peut s'empêcher de sourire. Elias appuie alors sur l'interrupteur, dévoilant toutes les personnes qui se sont rassemblées rien que pour Vanessa. Tous et sans exception s'écrient allègrement : « Joyeux Anniversaire ! ». Bien sûr, Vanessa s'y attendait mais en revanche elle ne présumait pas qu'autant de monde se serait déplacé pour ses dix-huit ans. La plupart des membres du lycée ont répondu présents.
C'est impressionnant de réaliser que ces gens qui l'ignoraient autrefois, ont pris la peine aujourd'hui de se venir à elle. Vanessa les salue un à un. Puis, l'émotion la gagne quand elle remarque ses parents, l'un à côté de l'autre. Les larmes aux yeux, ils la prennent chaleureusement dans leur bras.
Après tant d'année, la jeune fille réalise que ses parents savent enfin faire la part des choses. Elle n'aurait pas pu mieux rêver pour ses dix-huit printemps : voir ses deux parents réunis sans qu'ils ne se déclarent la guerre. Nathalie reste en retrait mais semble approuver ses timides retrouvailles. Son ventre est sur le point d'exploser ; il lui reste peu de temps avant de faire la connaissance de son bébé. Les salutations s'éternisent. Matilde a convié toute la famille dans son intégralité. Bénédicte, Alyson mais aussi ses deux oncles paternels qui vivent en Grèce, avec leur famille respective.
Vanessa a donc l'occasion de revoir ses nombreux cousins germains, avec qui elle a passé de nombreux étés mouvementés, dans la résidence grecque de leurs grands-parents. D'ailleurs, Matilde a réussi l'impossible en conviant le patriarche de la famille Diakos : Andreas, son grand-père paternel, appelé familièrement pappou et dont Vanessa est si proche. Les larmes ne cessent de couler sur le visage de la jeune fille, lorsqu'elle tombe sur son pappou adoré, le seul qui soit encore dans ce monde, parmi ses grands-parents. Elias semble tout autant ému de retrouver leur famille grecque, qu'ils n'ont guère l'occasion de voir.
Au bout d'une demi-heure, Vanessa parvient à la hauteur de Caroline et Charles Legrand qui lui souhaitent la bienvenue, dans le monde des adultes. Louise l'accueille bras ouvert. Vanessa trouve que son amie rayonne dans sa jupe droite et son pull moulant. Elle a même l'impression de revoir l'adolescente qui l'intimidait tant, lorsqu'elle régnait en maitre dans leur lycée. Resté dans un coin, le regard de Baptiste est planté sur Vanessa.
Lorsque la jeune fille lui accorde enfin de l'attention, il s'approche timidement d'elle. Baptiste a aussi opté pour un costume. On croirait voir un mannequin pour une grande marque de prêt-à-porter. Il glisse sa main dans la sienne et dépose un baiser chaste sur sa bouche.
- Tu es magnifique !
- Je te retourne le compliment, dit Vanessa, émoustillée par ce baiser volé.
Tout à coup, Alyson surgit de nulle part et se place entre les ex.
- Je savais que cette robe te ferait un popotin d'enfer ! lâche Alyson, en pinçant les fesses de sa cousine.
- J'aurais dû me douter que tu étais la styliste en herbe, réplique Vanessa.
- Il fallait une tenue extraordinaire pour une fille extraordinaire, assure Alyson. Alors ? Quel effet cela fait d'être la reine de la soirée ?
- Ça ne doit pas la bouleverser, répond Baptiste pour Vanessa. Elle a toujours été la reine des soirées.
Alyson pousse un cri mielleux, en portant sa main sur son cœur. Vanessa juge qu'il est temps pour sa cousine de se dégoter un gentil garçon qui lui parle aussi bien que Baptiste. Les amants transits n'ont pas le temps de s'entretenir davantage car Vanessa est sans cesse sollicitée par ses convives.
La musique pop réunit toutes les générations. Pappou s'en donne d'ailleurs à cœur joie et se trémousse volontiers, en ignorant ses problèmes d'arthroses. Le buffet de Matilde n'a rien à envier à celui qu'aurait pu préparer un traiteur. Alexi prend même le risque de complimenter son ex-femme, sur ses talents de cuisinière. Matilde lui répond gentiment, avant de déguerpir à l'autre bout de la pièce.
Vient le moment des discours. La plupart des membres de la famille s'y soumettent. Des anecdotes loufoques sur les bêtises de son enfance, engendrent beaucoup de fous rires. Vanessa ne peut une nouvelle fois, retenir ses larmes lorsque chacun lui rappelle à quel point ils l'aiment. Les paroles de sa mère la touchent en plein cœur, quand Matilde lui affirme qu'elle est fière d'avoir une jeune fille aussi humble, gentille, intelligente et belle que Vanessa.
Dans les alentours de minuit, un gigantesque gâteau d'anniversaire se présente à elle et la jeune fille souffle ses dix-huit bougies, en faisant un vœu, qui elle l'espère, s'exaucera. Au fil du temps, les gens commencent à partir, en laissant leurs cadeaux dans la chambre de Vanessa. L'ensemble de sa famille paternelle vient à la quitter car grand-père Andreas se fatigue. Tous résident chez Alexi Diakos. Vanessa promet de les rejoindre, dès le lendemain.
Puis, les Legrand s'en vont et Baptiste par la même occasion. Ce dernier ne laisse rien entendre sur l'avenir de leur relation. Vanessa n'en tient pas compte : aujourd'hui, rien ne pourra la perturber. Vers trois heures du matin, il ne reste plus que les sœurs Beaumont et leurs deux filles. Toutes les quatre picorent dans le gâteau bien entamé, en se rappelant des souvenirs en commun.
Le portable de Matilde retentit soudain. Une mauvaise nouvelle s'annonce : l'un des clients de son entreprise est sur le point de quitter la Beaumont's factory pour un concurrent. Sans détour, Bénédicte et Matilde décident de prendre la route, afin d'être sur Paris, le lendemain. Manifestement, une réunion exceptionnelle s'impose. Alyson choisit de les suivre, s'épargnant un voyage en train.
Vanessa n'est pas déçue ; elle a déjà été suffisamment gâtée comme ça. Chaque membre de sa famille est perpétuellement occupé mais ils ont faits l'effort de se libérer, rien que pour elle. La jeune fille n'a pas le droit de se plaindre. Ce fut rapide mais riche en émotion. Par conséquent, en un rien de temps, Vanessa se retrouve seule et dans un silence désormais très précieux.
Elle gravit les escaliers et rentre dans sa chambre. Cette pièce est immaculée de paquet cadeaux en tout genre. La jeune fille n'est pas certaine de mériter tant de générosité mais elle l'accepte très facilement. Sa main attrape un petit paquet cadeau, refermant une boîte en écrin. Vanessa lit la note qui l'accompagne.
« Tu as eu le coup de cœur pour ce petit bijou et moi j'ai eu le coup de cœur pour toi. Je suis retournée à cette petite boutique. Finalement, la vendeuse s'est montrée gentille et a trouvé ce bracelet en plus grand. J'espère qu'il sera à ta taille ! Grâce à toi, j'arrive parfois à relativiser. Tu es quelqu'un d'exceptionnel. Je ne pense pas te mériter en tant qu'amie mais je m'accrocherai à toi jusqu'à ce que tu réalises que je n'en vaux pas la peine.
Je t'aime.
Ton amie certes maladroite mais fidèle.
Louise Legrand (au cas où tu connaîtrais plusieurs « Louise » !). ».
Vanessa ouvre la petite boîte et découvre le bracelet qui lui plaisait tant et qu'elle n'a pas eu l'occasion d'acheter, deux jours auparavant. Un sourire se dessine sur son visage. Louise a tapé dans le mille.
Par contre, le petit mot qu'elle lui a écrit, désespère Vanessa. Elle ressent le mal-être de son amie et se promet d'y remédier, dès que possible. La jeune fille s'apprête à repartir à la quête de ses cadeaux, quand elle entend :
- J'ai attendu que tout le monde s'en aille pour t'offrir le mien.
Vanessa fait volte-face. Baptiste la rejoint et s'assoit sur le rebord de son lit. Il lui tend son présent, en baissant la tête. Le cœur de Vanessa palpite et pourtant elle ne sait pas encore de quoi il s'agit. Elle déchire la couverture, sans précaution et distingue un livre, sous la forme d'un album photo.
La page de couverture est un cliché que le jeune couple avait pris, quelques jours après le début de leur relation. Vanessa jette un œil sur Baptiste. Il se contente de regarder dans le vide, craignant sans doute sa réaction. La jeune fille poursuit sa découverte et analyse chacune des pages de ce recueil, à l'effigie de leur couple.
Baptiste a absolument tout conservé : le ticket de cinéma de leur premier film, le sachet de leurs bonbons favoris, le ticket de caisse du premier vêtement qu'il lui a offert... Et des photos de tous les deux... d'elle tout seule par dizaine... Cet album est ponctué par des phrases tout droit sorti d'œuvres classiques ou de films cultes mais surtout des remarques du jeune homme sur ce qu'il pense de Vanessa.
Au trois quart de l'album, Vanessa tombe sur une liste de cent points qui remplie plusieurs pages. Chaque tiret correspond à une particularité de Vanessa qui plait à Baptiste. Le vingtième est particulièrement drôle et dit :
« j'aime le fait que tu ne commandes pas que des salades au restaurant. ».
Le cinquante-sixième est aussi percutant :
« j'aime le fait que tu trouves en chacun une qualité qui le rend unique. ».
Cependant, le dernier point est de loin le plus émouvant de tous. Il est accompagné d'une vieille photo de classe, dans laquelle Vanessa possédait vingt kilos de plus. Elle portait une tenue ample et arborait un visage terne. La remarque qui l'accompagne provoque un sanglot chez la jeune fille.
« En conclusion, je t'aime toi quoiqu'il arrive. J'ai été bête de ne pas t'avoir remarquée plus tôt. Je n'avais pas encore compris que tu étais différente des autres. Je sais d'avance que tu n'apprécies pas cette photo. Moi si, car j'ai réalisé que je t'aimais quelque soit ton apparence... ».
Vanessa oblige Baptiste à la regarder dans les yeux. Des larmes perlent au coin de ses yeux noirs. Elle comprend que rares sont les filles qui ont la chance d'être aimée de la sorte. Baptiste l'aime pour ce qu'elle et cela vaut tout l'or du monde.
- Je... je... balbutie-elle. Je ne sais pas quoi dire...
- Un merci suffira, dit-il, balayant ses larmes du revers de sa manche.
- Mille mercis plutôt !
- Je suis content que ça te plaise, souffle-t-il. Je ne savais pas quoi faire pour te récupérer...
Vanessa referme l'album et l'embrasse fougueusement. Ils sèchent tous deux leurs larmes, étonnés que leur amour les rende si émotifs. D'habitude, ils prennent les choses à la rigolade mais leur relation est tout ce qu'il y a de plus sérieux.
Cupidon est apparu et a tiré deux grandes flèches, en plein dans leur cœur. Malgré les disputes et les drames qu'elle abhorre tant, Vanessa ne peut laisser passer une histoire d'amour pareille.
- Attend-moi, ordonne-t-elle, avant de s'engouffrer, dans sa salle de bain.
Elle a besoin d'être seule, afin de contrôler ce flot d'émotion qui la traverse. Une housse accrochée sur la tringle de la douche, attire alors son attention. Elle tire dessus et aperçoit une nuisette rouge. Encore une fois, un mot y est associé.
« On en a marre de tes pyjamas de gamine ! Réveille-toi ma grande, tu as dix-huit ans ! ».
Un cadeau un brin obscène et décalé... Il n'y a pas de doute, Alyson en est l'instigatrice. Pour une fois, Vanessa approuve ses dires. C'est une femme désormais et il est temps qu'elle passe un cap. Le cœur gros, elle se déshabille et se revêtit de cette nuisette qui ne la couvre que très peu. Bien sûr, elle pourrait se trouver mille et un défauts, en se regardant à travers le miroir.
Seulement, Vanessa décide de passer outre. Elle est belle comme elle est. Tout de même anxieuse, Vanessa tarde un peu, avant de sortir de sa tanière. La jeune fille pousse délicatement sa porte. Elle brave tous ses complexes, en cessant de se cacher auprès de Baptiste.
Ce dernier relève la tête. Il lui sourit. Elle l'imite. Maintenant, elle n'a plus peur de rien. Baptiste saura prendre soin d'elle.
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Chapitre 35 : posté.
Musique : It's my birthday de Cody Wise et Will.i.am
Ouf ! Je suis enfin venue à bout de ce chapitre. Navrée du retard.
Bon, je ne vais pas vous étouffer de questions. Dîtes-moi juste ce que vous en pensez.
Et n'hésitez pas à appuyer sur la petite étoile, en bas, à gauche !
Bises.
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