Chapitre 1 : L'ombre des jeux

Moi c'est Alex. 19ans. J'en suis à ma dernière année de lycée avant l'université et je compte bien en profiter un maximum.
Le premier jour de la rentrée, le lycée me semble étrangement calme après la tempête de l'été. Les rires et les promesses d'aventures se sont estompés, laissant place à l'air frais de la rentrée. Les couloirs sont remplis d'excitation contenue et le brouhaha des conversations étouffées remplit l'atmosphère.

Je me tiens près des casiers, mon regard errant sur la foule qui s'empresse. La liste, cette maudite liste, est restée gravée  dans l'ombre de mes pensées, une présence constante qui obscurcit chaque moment. Mes amis sont là, à côté de moi. Nous sommes toujours aussi fraternels mais quelque chose a changé pendant les vacances.

C’est alors qu'elle est entrée. Une nouvelle élève. Ses cheveux flottent autour d'elle comme une auréole dorée, et ses yeux semblent capturer la lumière du jour. Elle est différente de toutes les autres filles, hors du cadre de notre réalité éphémère. Mes amis l’a remarque aussi, et Carter, toujours en quête de nouvelles conquêtes, flaire une opportunité.

Le plan est simple. Un pari déguisé en jeu inoffensif. Elle est la cible et je suis le chasseur. Mes propres réserves intérieures me poussent à exprimer mes doutes, à questionner la moralité de cette entreprise. Mais la pression du groupe, la peur de paraître faible, me poussent finalement à accepter, comme si je n'avais pas d'autre choix.

La journée se déroule avec la monotonie habituelle, mais le soir, tout prend une tournure différente. La fête chez Carter bat son plein, et la nouvelle élève, sans se douter qu'elle est le sujet d'un sombre pari, est au centre de l'attention.

Les rires résonnent dans la maison, mêlés à la musique assourdissante. Mes yeux suivent chaque mouvement de la jeune fille, observant comment elle s'intégrait maladroitement dans ce monde qui est le nôtre. Elle est le papillon pris dans la toile d'araignée et je me tiens là, complice de ce jeu cruel.

Je l’observe attentivement. Une aura de confiance émane d'elle malgré son léger sentiment d'appréhension. Ses cheveux, d'un brun soyeux, tombent en ondulations délicates autour de son visage encadré par des mèches légères. Elle porte une robe qui mêle élégance et décontraction, mettant en valeur sa silhouette gracieuse sans trop en dévoiler.

Son visage est éclairé par un sourire timide mais chaleureux, accentuant la douceur de ses traits. Ses yeux, d'un vert étincelant, scintillent d'une curiosité bienveillante à mesure qu'elle observe la foule. Son maquillage subtil souligne délicatement ses traits sans jamais paraître excessif.

La nouvelle, dont j’ignore encore le nom, porte avec grâce des accessoires assortis ou une paire de chaussures audacieuses, montrant ainsi son individualité. Elle ne semble pas chercher à se fondre dans la masse, mais plutôt à s'amuser tout en restant fidèle à elle-même.

Dans sa démarche, il y a à la fois une aisance naturelle et une légère nervosité, reflétant son désir de faire de nouvelles rencontres. Son attitude ouverte et amicale attire rapidement les regards, et elle devient le centre d'une énergie positive qui se propage à travers la pièce.

Décidé à en finir rapidement pour pouvoir m’amuser, j’avale cul sec le fond de mon verre et me dirige vers elle. Lorsqu’elle m’aperçoit, son sourire s'agrandit, accueillant la présence d'un nouvel interlocuteur. Je prends une profonde inspiration, réprimant le poids de la culpabilité qui s'installe petit à petit. Tout en masquant mes intentions, je m'efforce de paraître décontracté, participant à cette comédie cruelle qui se joue autour de nous.

- Salut, je ne crois pas que nous ayons été présentés officiellement. Je suis Alex, dis-je, tendant la main avec un sourire feint.

- Enchantée, Alex. Je m'appelle Emma. C'est vraiment sympa de ta part de venir me parler, répond-elle en me serrant la main.

Mon cœur bat la chamade, un mélange de nervosité et de regret. Elle ne mérite pas d'être entraînée dans ce jeu sinistre. Nous engageons une conversation légère, parsemée de rires forcés et de sujets superficiels, le tout sous le regard attentif de ceux qui ont organisé ce plan diabolique.

Au fil de la soirée, je m'efforce de découvrir qui est vraiment Emma, derrière cette façade qu'elle présente au monde. Elle parle de ses passions, de ses rêves, de ses expériences passées, et chaque mot renforce le sentiment de culpabilité qui s'installe en moi. Elle est authentique, innocente, et je deviens de plus en plus conscient que je vais devoir trahir sa confiance.

Pourtant, je continue à jouer le rôle du chasseur, m'engageant dans un ballet de mensonges et de faux-semblants. Mes amis observent avec satisfaction le déroulement de leur plan machiavélique, ignorant la bataille intérieure que je livre.

Alors que la tension atteint son paroxysme, je réalise que je ne peux plus continuer ainsi. Mon éthique personnelle, étouffée jusque-là par la pression sociale, éclate finalement à la surface. Emma ne mérite pas ça, même si cela signifie affronter la colère de mes pairs et perdre la prétendue loyauté du groupe.

- Ça va ? me demande-t-elle, inquiète. T’est tout pâle !

- Oui, je crois que j’ai juste un peu trop bu, je réplique en essayant de retrouver mon aplomb. On se voit demain en cours ?

- Quoi ? Mais je peux te raccompagner chez toi, fait-elle en posant une main sur son torse.

- Non merci, ça va aller.

Sans lui laisser le temps de répondre, je quitte la fête pour rentrer chez moi. Mon cœur bat la chamade, mélange de peur et de libération. Le lendemain, en cours, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe d'appréhension. Les regards curieux de mes camarades semblent peser sur moi, mais je m'efforce d'ignorer le murmure étouffé qui circule dans la classe. Emma, assise à quelques rangs de moi, me lance un regard inquisiteur. Je lui adresse un sourire léger, un mélange de retenue et d'assurance.

Au fil des jours, les rumeurs se propagent comme une traînée de poudre dans l'école, et les regards insistants des autres étudiants semblent déchiffrer les secrets que je préférerais garder enfouis. Emma, elle, continue à chercher des réponses dans mes yeux, mais je me dérobe, ne voulant pas lui révéler la véritable raison derrière le fait que je l’évite le plus possible.

Mes amis, complices de ce pari audacieux, jubilent en observant le spectacle de ma vie devenir de plus en plus compliquée. Ils se réjouissent de mon inconfort apparent, ignorant les tourments qui s'agitent en moi. Une culpabilité sourde s'installe, un poids sur ma conscience que je n'avais pas anticipé. L'idée de jouer avec les sentiments d'Emma pour satisfaire une quelconque fierté masculine me ronge.

Un après-midi, alors que le lycée se vide lentement de ses étudiants, je décide de m'isoler dans la bibliothèque. Les livres alignés sur les étagères semblent être les seuls témoins silencieux de mes pensées tumultueuses. Je m'assois à une table, perdu dans mes réflexions, regrettant amèrement d'avoir cédé à l'influence de mes amis.

C'est à ce moment-là qu'Emma apparaît, le regard empreint d'une interrogation silencieuse. Elle s'assoit en face de moi, brisant le silence qui s'est installé.

- Je comprends pas, pourquoi tu m’ignores ? demande-t-elle avec une douceur teintée d'inquiétude.

Je détourne le regard, incapable de soutenir le sien. Les mots peinent à sortir de ma bouche, étouffés par la culpabilité qui m'étreint.

- Je... je ne pensais pas que les choses deviendraient si compliquées, j'avoue, le ton empreint de regrets.

Emma incline légèrement la tête, attendant la suite de mes confessions. Je me lance, dévoilant enfin la vérité, mes mots s'entrechoquant dans l'air chargé d'émotion.

- Quand je suis venu te parler à cette fête, c'était... un pari. Mes amis... ils ont parié que j’arriverais à passer la nuit avec toi. Je pensais que ce serait juste un jeu, mais maintenant, je réalise que j'ai joué avec tes sentiments, et ça me détruit.

Les yeux d'Emma s'emplissent d'une tristesse profonde, mêlée de déception. Je peux voir la douleur dans son regard, une douleur que j'ai causée par ma propre faiblesse. Sentant le besoin de m'éloigner pour apaiser cette culpabilité grandissante, je me lève brusquement de ma chaise.

- Je suis désolé, Emma. Vraiment désolé, j’articule avant de quitter la bibliothèque, laissant derrière moi une personne que j’avais blessé par mes actes.

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