Je suis enfin rentré à la maison, mes doigts sont bleus à force de serrer les poings.

Cet après-midi m'a totalement chamboulé.

Lydia entre à son tour encombrée de plusieurs sacs de vêtements, dont un contenant mon costume.

Je me jette sur le divan et enfuis ma tête sous les coussins.

Je sens ensuite la diva me caresser le dos du bout des phalanges, elle parcoure ma colonne vertébrale. Je frissonne, celle-ci connait mon point faible.

Je me retourne d'un mouvement brute et lui attrape les poignets pour ensuite la faire basculer sur moi.

" C'est pas du jeu " crie-t-elle.

Je coince ses jambes sous les miennes et lui chatouille les côtes.

" Je n'arrêterais pas tant que tu n'auras pas avoué que je suis le plus fort d'entre nous ! "

Elle éclate de rire et tente de se débattre.

Je l'immobilise avec mes genoux et la chatouille encore plus fort.
Elle finit par abandonner.

" Okay, d'accord, j'abandonne, tu es le plus fort ! Maintenant relâche-moi ! "

Je préfère la faire rouler sur le côté et la laisser chuter sur le sol.
Lydia s'écrase sur la moquette et sa figure se recouvre de ses longs cheveux roux.

Je la rejoins et m'allonge près d'elle.
C'est ce genre de moment de complicité qu'il faudrait dans notre relation.

Avant, elle était ma meilleure amie, vraiment différente de ce qu'elle est devenue. L'ancienne Lydia me manque beaucoup.

Je soupire et fixe le plafond.

Elle tourne sa tête vers moi.

" Tu devrais lui dire. "
Je fronce mes sourcils.

" De quoi tu parles ? "

Elle relève son bras, met son coude sur le tapis et repose son visage sur sa main.

" Tu devrais dire à Louis que tu l'aimes. "

J'écarquille mes yeux. Je crois bien que mon cœur a raté un battement.

Je braque mon regard vers le sien et essaie de répliquer.

" De quoi tu parles ?! "

Lydia semble tout à fait à l'aise, elle me sourit.

" Tu es mon petit copain, mais avant tout mon meilleur ami. Je peux remarquer quand les gens t'attirent ... "

Je me lève d'un bond, elle suit mon geste et nous nous retrouvons face à face.

" Je... Je suis désolé " dis-je en baissant les yeux.

" On ne contrôle pas ses sentiments ..."

" Mais et toi ? Je veux dire et nous ? "

" Écoute Thomas, que ce soit clair... on s'est jamais vraiment aimé. Je le sais, tu le sais. On est ensemble parce que c'est plus facile, c'est tout. "

Le stress qui me paralyse la poitrine s'envole.
Elle comprend ce que je ressens.

J'espace d'un instant j'oublie qu'elle est censée être ma copine.

Puis, je me rappelle du bal d'hiver auquel je dois l'accompagner.

" Je .. On fait comment pour nous ? Et pour le bal ? "

" Nous ne sommes plus ensemble ! Et j'irais seul, ou en groupe d'amies. Et puis je n'aurais quand même jamais accepté d'être accompagnée par un mec en plâtre,tu me fais trop honte ! "

Elle éclate de rire et pique un sprint vers la cuisine.

Je m'élance vers elle et essaie de la rattraper, en vain.

Je glisse sur le carrelage et me retrouve étalé sur les dalles froides.

Lydia qui a déjà franchit la porte du garage sursaute et regagne la cuisine en courant.

" Thomas ! Ça va ? " Elle m'aide à me relever et tombe aussi.
Nous rions à gorge déployée en s'observant cul à terre.

Je calme ensuite mon rictus et Lydia stoppe son enjouement.
Je la regarde sérieusement durant quelques secondes.

" Mais je ne suis pas gay, Lydia. "
Ses yeux se plissent, elle saisit ma main et chuchote :

" Le soleil te fera sûrement changer d'avis. "
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Je médite toujours sur les paroles de Lydia.

-Le soleil te fera sûrement changer d'avis-

Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
Je lui explique que je ne suis pas gay et elle me sort un truc sur la météo...

En parlant de météo. Celle-ci annonce pour demain soir, donc pour la soirée, une pluie d'étoile filante juste au dessus de notre région.

Mais bon je pense que maintenant que je n'ai plus de cavalière, je n'irais plus.

TOCTOCTOC

" Entre "

Jane pousse la porte et saute sur mon parquet, elle danse et lève les bras. Son sourire dévore la moitié de son visage.

" Devine qui a été invitée par le beau Ethan Siscillon pour la danse demain soiiiiiir ???!!!! "

"Je sais pas... Je dirais ta copine Solène ? "

Elle me balance un coussin sur le ventre.

" Mais nan imbécile ! C'est MOI ! MOI ! T'imagines ? Avec le plus beau mec de mon année ! C'est HAL-LU-CI-NANT !!!

J'acquiesce poliment avec un sourire de jemenfoutiste et lui montre la sortie des yeux.

Elle laisse apparaître une moue de mécontentement.

" Pas la peine de jouer le rabats-joie parce que Lydia t'a plaqué. "

Hein ? Mais comment est-elle au courant ?

" Comment tu sais ça sale peste ! Tu nous as écouté tout
à l'heure ? "
L'angoisse me prend la gorge.

" Quoi ? Nan mais t'es un grand malade toi ! Je le sais parce-qu'elle l'a posté sur Facebook et que toute l'école like et commente ! D'ailleurs tu devras faire gaffe à toi, une centaine d'adolescentes en chaleur risque d'essayer de te violer à chaque coin de rues maintenant que tu es libre ! "

Rohh noon elle ne sait jamais faire quelque chose sans que ça devienne la préoccupation première des gens de mon école.

C'est comme la fois où je lui avait raconter que mon professeur de Latin reluquait tout le temps les fesses des filles de la classe. Il s'était avéré plus tard qu'il faisait de la narcolepsie et penchait souvent sa tête en s'assoupissant. Elle avait toutefois créé un phénomène sur Facebook qui inciter les gens à penser que Monsieur Jupart était un grand pédophile.

Heureusement ça avait fini par se calmer ...

Je prends ma tête entre les mains et lui fait signe de dégager.
Jane s'exécute et referme la porte.

Mais que vont penser les gens ?

Pourquoi un couple aussi parfait se séparerait-il ?

Pourquoi Lydia me quitterait-elle alors qu'elle ne pense qu'à faire évoluer notre couple depuis que nous sommes ensemble.

Les gens vont se douter que quelque chose cloche.

Ou du moins, que quelque chose cloche en moi ...