Une nuit de souvenir
Ce soir-là, la Maison était calme, comme d'habitude, mais, petit changement, Valia regardait par sa fenêtre, songeuse. La lune était pleine, contrairement aux autres jours, et la lumière provoquée par cet astre immense donnait une allure fantomatique au paysage environnant. Tout semblait désolé.
Abandonné.
Mort.
Pas un mouvement.
Pas un bruit.
Pas un souffle de vent.
C'était comme contempler une image. Les animaux nocturnes semblaient ne pas vouloir sortir, comme si la peur les retenait cachés au fin fond de leur tanière. Le silence régnait en maître. Oppressant.
Cette nuit était similaire à cette fois maudite, où des monstres cruels avaient massacré les siens. Surgissant de nulle part, ils avaient encerclé la ville et attaqués les Elfes paisiblement endormis. Ils n'avaient pas cherché à savoir qui passait sous leurs griffes. Ils avaient juste égorgé, déchiqueté, tué. Hommes, femmes et enfants, avec ou sans arme. Sans pitié. Enfin, ces êtres infâmes avaient laissé les flammes monter vers le ciel, et avancer dans le paysage, ne laissant sur leurs passages que désolation, cendres et mort. LA mort. Celle que ses victimes ne voient pas arrivée. Celle qui fait mal aux autres, aux survivants. D'ailleurs, y en avait-il, des survivants, mis à part sa soeur et elle-même ?
Mais le silence de cette nuit n'était pas troublé par les cris. On n'entendait pas les armes contre les griffes. On ne voyait pas les flammes danser entre les arbres. Juste le silence. Juste cette lune, blême, suggérant les malheurs passés. Un fantôme du passé.
Valia ne sortirait pas cette nuit-là, elle n'irait pas jouer de l'épée, ni même continuer ses recherches sur les deux frères. Elle ne voulait pas y penser. Sa colère et sa haine étaient ailleurs. Seule la douleur dominait, et la peine.
- Grande sœur...
Valia fit volte-face.
- Je ne t'avais pas entendue.
- Je sais.
- ...
- Toi non plus, tu n'arrives pas à dormir ?
- Non.
- C'est à cause d'elle, suggéra Mila en désignant du regard l'astre spectral brillant au dehors.
- Oui.
- Crois-tu qu'ils sont tous... Sa voix se brisa.
- Morts ?
- Oui.
- Je ne sais pas.
- Et Mère crois-tu qu'elle...
- Mère nous a trahi, l'interrompis Valia, elle nous a abandonnées aux griffes de ces monstres ! Elle s'est cachée sans penser à nous, elle n'a même pas tenté de nous venir en aide !
Son ton était dur et plein de rancœur.
- Mère ne sait pas se battre. Elle aurait été massacrée en un rien de temps.
- Tu la défends, alors qu'elle nous a laissées tomber ?
- Qui te dit que Mère nous a laissées tomber ? Qui sait si elle n'a pas essayé de nous retrouver ? Qui sait si elle n'est pas même morte en voulant nous venir en aide ?
- ...
- Réponds-moi, Valia !
- Je ne sais pas, murmura l'Elfe aînée en se détournant.
- Alors tais-toi. Désolée de te parler ainsi, grande sœur, mais laisse au moins à notre mère le bénéfice du doute. Tu ne sais pas plus que moi ce qu'il s'est passé ce soir-là.
- Papa aurait été là...
- Si Père avait été présent, dis Mila adoucissant le ton, il n'aurait peut-être pas pu faire grand-chose.
- Si, il aurait pu ! C'était un grand guerrier ! Il aurait su motiver nos hommes et les conduire à la victoire ! Il aurait chassé ces traîtres de nos terres ! Moi je n'ai pas réussi et de plus j'ai failli et j'ai fuis. J'ai abandonné notre peuple alors que mon rôle était de le protéger !
- Ton rôle était de rester en vie, pas de protéger notre peuple et si Père avait été là, il aurait été fier de toi.
- Mais j'ai fuis !
- Non, tu n'as pas fuis Valia, tu as été contrainte de le faire. Et cela t'a sauvé la vie.
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