Il était 11h passé, d'après la position solaire, et en cette saison printanière le climat était doux. Les deux créatures savaient fort bien qu'en ce dimanche, elles croiseraient des habitants de la ville arpentant les chemins forestiers pour goûter au calme de la nature. Mais Valia n'avait pas pris suffisamment de la potion de sa sœur, celle qui donne un aspect humain. Elle avait recouvré son apparence originelle et il était inconcevable que qui que ce soit la voit ainsi. Alors, Diablack fonça entre les arbres, prenant les sentiers les plus encombrés, et s'assurant ainsi de ne croiser la route de personne.

Les chemins difficiles d'accès ne lui faisaient pas peur. Le cheval ne sentait pas les épines piquant sa chair, et les plantes se prenant dans ses pattes ne le gênaient aucunement car l'équidé sautait plus qu'il ne galopait. Tant et si bien, qu'une demi-heure plus tard, Valia et lui se retrouvèrent en un lieu étrangement sombre. Les arbres y étaient bien plus hauts et feuillus que dans la partie fréquentée des bois, et bien plus serrés également. De plus, les végétaux arboraient des couleurs bien plus sombres : avant, les chênes, les hêtres et les fougères étaient plutôt espacés, laissant de nombreux rayons de soleil se faufiler au travers des feuilles et éclairer le sol. A présent, les fougères étaient bien plus denses; les arbres, très serrés, ne laissaient que peu de lumière passer et le sol était tout à fait caché par des bulges d'un bleu sale ainsi que de nombreuses autres plantes inconnues. Et ce n'était pas tout : l'air semblait également plus humide, plus lourd et empli d'insectes volants, comme si des marécages se situaient à proximité. Un lieu oppressant voire angoissant pour un être humain. Mais l'Elfe et le cheval ne ressentaient en aucun cas ces sensations. Au contraire, Valia semblait se plaire ici, ou tout du moins, était curieuse de savoir ce que renfermaient les environs. Elle descendit de sa monture afin de faire quelques pas sur le sol. Celui-ci s'avéra plus humide que l'on pouvait s'y attendre.

Cet endroit, bien que plaisant à la jeune fille, n'avait pas sa place dans cette région. Seule l'autre partie de la forêt était normale pour un climat tel que celui de la Boragande. Le genre de végétation que l'Elfe voyait autour d'elle poussait normalement dans des régions très humides. D'ailleurs l'humidité qui était actuellement présente n'avait même pas lieu d'être. Décidément, le monde humain, ou plutôt le Monde Inférieur se montrait beaucoup plus étrange qu'un Être Supérieur pouvait l'imaginer. D'ailleurs, les humains eux-mêmes ne s'en doutaient sûrement pas.

Bien que le soleil disparaisse à vue d'œil en ce lieu sordide, les deux créatures décidèrent de continuer leur chemin, afin de percer ce mystère de la nature. Et de toute manière, il leur était guère possible de faire demi-tour car des ronces provenant d'on ne sait où s'étaient subitement élevées, barrant la route au duo qui n'avait aucunement l'envie de se battre contre les énormes épines de ces plantes monstrueuses.

- Une petite chose Valia.

- Mmh ?

- Si l'obscurité vient à s'abattre ici, comment allons-nous retrouver notre chemin ?

- Je te guiderais, répondit l'Elfe en adressant un clin d'œil à son immense compagnon.