« Info du jour : l'enquête sur la mort étrange de la jeune Alexia, a donné de nouvelles informations. Il semblerait qu'un cheveu de femme ait été retrouvé sur le corps, dans une plaie. Cheveu long, brun, avec des reflets bordeaux. La police est sur le point d'identifier sa propriétaire. Restez tout de même prudents, sur ordre du sergent Lavril. De plus, l'arme utilisée correspond à un style ancien du type poignard médiéval. Tous les possesseurs de ce type d'armes sont appelés à passer à la gendarmerie la plus proche, avec leurs objets, afin de comparer les lames avec les plaies sur le corps. Merci. A présent, la météo du jour...»

- Les mecs..., souffla Hugo en se tournant vers ses amis, je crois qu'il n'y a plus aucun doute...

- En effet... Ce sont les cheveux de Valia, sans aucun doute, affirma Thomas.

- Vous mentez ! cria une voix depuis le pas de la porte du bar de Mike.

Mila était rouge de colère. Elle ne s'était encore jamais énervée devant eux.

- Je vous interdis de penser cela !

- Mila, voyons...

- Mike, dis leur toi, qu'elle n'y est pour rien ! Dis le leur !

- Enfin...

Il ne savait plus où se mettre. Que croire ? Son amie, ou bien les preuves accablantes ? Valia lui avait certifié être innocente. Mais...

- Ne me dis pas que, toi aussi, tu la penses coupable ?!

- Mila il faut avouer que les preuves...

- Mais quelles preuves ? Ah oui l'arme et les cheveux ! Evidemment, ma sœur est la seule personne au monde à avoir des cheveux de cette couleur. Et bien sûr, elle possède forcément un couteau comme ça, hein ?!

Tous les clients assis dans la salle ou bien accoudés au bar la dévisagèrent, incrédules et méfiants.

- Mila, on va continuer cette conversation dans la cour de derrière, tu te donnes en spectacle là.

- Je m'en moque éperdument, Mike ! Vous êtes des traîtres ! Tous ! Croire que votre amie...

- Mila ! l'interrompis le barman, tu ne l'aides pas là.

- Très bien, alors je m'en vais.

Mike saisit fermement son bras et la regarda droit dans les yeux.

- Non, tu restes ici et tu sais pourquoi.

Après cela, la cadette ne dit plus rien. Elle alla s'asseoir dans un coin, tout au fond de la salle et sembla se déconnecter du monde réel. A partir de maintenant, jeudi 18 septembre 2016, 10h46, elle ne parlerait plus aux garçons. C'était sa manière à elle de montrer sa peine. Que ses amis soient capables de douter de l'innocence de Valia lui faisait terriblement mal. Elle, elle savait que sa sœur n'y était pour rien. Elle était une battante, une guerrière, oui, mais pas une tueuse. Elle n'assassinait pas les gens. Et elle n'était sûrement pas assez bête pour laisser un corps visible comme cela. Non, ce n'était pas Valia la coupable, Mila en était absolument convaincue. Par contre, elle savait aussi que sa sœur serait prête à sacrifier sa vie pour protéger sa petite sœur et ses amis, bien qu'elle refuse de reconnaître qu'elle était attachée aux garçons. Et l'Elfe/humaine savait pourquoi Valia ne reconnaissait pas son attachement, et pourquoi elle faisait semblant de n'aimer personne. Elle avait trop souffert par le passé. Peut-être, ne faisait-elle-même plus semblant, finalement. A force d'être rejetée, de par ses différences, et de par ses goûts. Elle, Mila avait été acceptée par les Elfes. Certes, elle avait les yeux bleus au lieu de bruns ou verts, mais étant la douceur même, elle avait été de suite adorée de la population. Elle aussi était différente des autres Lacynéens, elle avait les cheveux bleus, par exemple. Mais cela et ses yeux étaient ses seules anomalies. Valia par contre, avait les yeux rouges, elle était grande, musclée, aimait les armes, aimait se battre. Mais elle n'avait pas toujours été insociable. Lorsqu'elles étaient enfants, l'aînée veillait en permanence à la sécurité de Mila. Elle savait se montrer douce avec ceux qu'elle aimait. Malheureusement, tout avait changé le jour où les Elfes crurent que Valia avait tué son ami. Elle avait fui. S'était portée disparue. Longtemps. Et lors de son retour, l'Elfe aînée n'était plus la même. Elle était devenue une créature ressemblant à celles qu'elle avait côtoyées durant son absence. Une bête sauvage. Solitaire. Et féroce. Plus jamais, Valia n'avait été comme avant. Plus jamais elle n'avait ressemblé à celle que Mila avait connue durant leur enfance. Elle avait ressenti les douleurs profondes de sa sœur, mais pas une fois, la cadette n'en avait parlé. Un fossé physique avait désormais été creusé entre elles deux.

Mila était peinée que les garçons ne sachent pas qui était sa sœur, réellement, mais elle ne pouvait rien dire. Valia voulait garder cette image de dure à cuire, comme disaient les humains, et de fille incapable d'aimer. C'était sa façon de se protéger, sûrement.

- Grande sœur je t'en prie, écoute-moi. Je sais que tu m'entends. Ne me réponds pas si tu ne le souhaites pas, mais écoute-moi. La police a retrouvé des cheveux similaires aux tiens sur le corps de la fille. Les garçons pensent que ce sont les tiens. Et la police est sur le point de trouver à qui ils sont. Je sais que tu n'y es pour rien, mais je ne serais pas étonnée, qu'il s'agisse de ton ADN, comme ils disent. J'ignore qui t'en veut autant, mais fais attention. Cette personne semble déterminée à te porter préjudice. Bon, sur ce je te laisse tranquille...