La Traque

Cela faisait une semaine maintenant que le cas de l'ivrogne fou avait été réglé et depuis rien de particulier n'était à nouveau arrivé. Mila avait passé tout son temps en ville avec les garçons et rayonnait de bonheur d'être enfin libérée de sa sœur. Quant à cette dernière, elle avait poursuivis ses entraînements avec le Maître et s'était préparée à mettre son plan à exécution. Toute la semaine, Valia avait affûté ses armes, mis en place ses couteaux à lancer, nettoyé son poignard, préparé ses flèches, s'était procurée une corde bien solide et avait concocté quelques potions soporifiques, en cas de besoin, grâce à la recette qu'elle avait trouvée dans un recueil où Mila rédigeait toutes ses observations et les mixtures qu'elle parvenait à créer. En effet, il était bien pratique d'avoir une sœur magicienne.

Le Maître semblait n'avoir rien remarqué ou, s'il s'était aperçu des actes inhabituels de l'Elfe, ne questionnait pas cette dernière sur ses raisons, ni sur ce qu'elle comptait faire, et cela était une bonne chose.

Elle n'en pouvait plus de ne "rien faire" et ne supportait pas le fait que toutes ses journées se ressemblent. Valia voulait de la nouveauté ; de l'action. Et vu que rien ni personne ne comblait son désir, elle prendrait elle-même les choses en main. Elle allait passer à l'acte cette nuit même.

L'Elfe avait convenu avec le Maître qu'il n'y aurait pas d'entraînement cette fois-ci et qu'elle gagnerait sa chambre dès la nuit tombée, sous prétexte qu'elle avait besoin de réfléchir à propos de certaines choses. Elle ignorait si le dragon avait compris ses intentions et la laissait agir ou bien si son mensonge était convaincant mais, le reptile avait accepté sans poser de questions.

Valia avait établi sa chambre au premier étage de la Maison, mais ayant une souplesse de chat, l'Elfe sauterait tout simplement par la fenêtre.

Valia contempla le ciel. Les Elfes n'utilisaient pas de montres ni d'horloges, ils lisaient l'heure dans le ciel, selon la disposition du soleil, de la lune et de la clarté ou l'obscurité plus ou moins importante du ciel. A cet instant même, il était neuf heures pile.

La journée serait très longue jusqu'au moment venu et la patience de la jeune fille allait être mise à rude épreuve.

Comment tuer le temps ? Aller en ville ? Non, l'Elfe n'en avait aucunement l'envie, et puis il serait nécessaire de prendre une potion d'apparence et Valia n'aimait pas son apparence humaine.

Alors... rester ici et remettre le jardin en bon état ? En effet il en avait bien besoin mais...non. Que faire dans ce cas ?

- J'aimerais bien aller faire un tour en forêt, pas toi ? l'interrogea Diablack qui suivait, selon son habitude, le cours des pensées de son amie, puisqu'elle ne prenait pas la peine de les masquer.

- C'est une bonne idée.

L'Elfe rabattit la capuche de son sweet sur sa tête, pour dissimuler ses oreilles, remonta ses manches (elle ne supportait pas d'avoir les bras couverts) et alla chercher sa monture tranquillement couchée dans un box en bois construit avec soin deux mois auparavant par Valia pour abriter les chevaux. Puis, ils partirent tous deux profiter de la fraîcheur du bois.

Le soleil était quasiment couché et l'obscurité enveloppait petit à petit les alentours. L'heure approchait. La journée s'était déroulée plus rapidement que prévu. Tant mieux.

Valia légua ses habits "humains" contre sa tenue de guerrière elfique, chargea tout son attirail sur elle et vérifia que tout était bien à sa place : son poignard dans sa botte droite, ses couteaux à lancer rangés dans sa ceinture, ses flèches et son arc placés dans son carquois et la corde en bandoulière. Parfait, tout semblait prêt. Que cela était agréable de redevenir l'Elfe robuste et sans pitié, la femme solitaire que seule la nuit comprenait, la chasseuse hors pair.

Bon cette fois-ci, il n'y avait pas de gibier à traquer mais plutôt des indices et des preuves qui confirmeraient, ou non, les craintes de Valia à propos de Tarnak et Valmir. Ils n'étaient pas humains, cela paraissait indéniable mais qu'étaient-ils alors ? 

L'Elfe sauta par la fenêtre et atterrît, sans aucun bruit, à l'extérieur. Le Maître n'était pas dans les parages. Ouf ! Il devait sans doute se trouver dans la "grotte" qu'ils avaient découverte bien cachée dans les bois avoisinants la Maison.

La chasseuse verrouilla son esprit, on ne savait jamais, et se rendit en ville à pieds. A cette heure, seules les jeunes personnes alcoolisées traînaient dans les rues, à la sortie des bars et de soirées bien arrosées. Ils ne lui posèrent aucune question lorsqu'elle huma l'air tel un animal pour retrouver l'odeur de ses proies. Elle repéra bien vite le parfum de Tarnak parmi les multiples odeurs qu'il restait dans l'air, grâce à son odorat surdéveloppé. Cela lui était bien utile d'avoir passé une partie de son enfance avec des animaux sauvages pour seule compagnie. Bref n'y pensons plus !

Il était tout de même étrange que l'odeur forte des jeunes hommes semble flotter dans l'air plus longtemps que celle des autres personnes...

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