Effrayé il contemplait la scène. Des corps gisaient au sol dans la neige froide et ensanglantée. Ses coussinets craquelés par le froid et ses membres ankylosés le faisaient terriblement souffrir. Malgré tout la peur qui lui tenaillait l'estomac lui faisait oublier la douleur de ses petites pattes meurtries.
La tempête faisait rage dans la forêt. Sa fourrure plaquée il discernait légèrement la scène qui s'offrait à lui.
L'horreur le  frappa lorsqu'il découvrit le corps maculé de sang, sans vie de son alpha, celui qui l'avait élevé, son propre père. Il fut encore plus choqué lorsqu'il vit à travers la tempête l'assassin de celui ci, une chose toute petite, minuscule, à peine visible dans le blanc de la neige, un point noir lointain. La bête le contemplait avec un regard qu'il jugea démoniaque, ses yeux jaunes luisant dans la nuit. Comment cette chose avait pu tuer son père ?
Il recula d'un pas pris d'effroi, la tristesse, la colère et la peur lui faisait perdre le contrôle et il avait l'impression de délirer.
La bête qui jusqu'à présent avait été immobile à le fixer s'avança d'un pas chancelant faisant tomber des gouttes écarlates dans la neige.
Le petit mâle pu voir le sang sur les babines et les pattes du meurtrier, ce sang... celui de son père victime de cette tragédie.
La neige se tâchait à chaque pas que faisait la bête, elle avançait doucement, ses coussinets maculés de pourpre ne faisait aucun bruit dans la neige et seul le bruit du vent glacial venait perturber ce silence lugubre.
Il s'approchait tel un démon, comme un serpent près à tout pour piéger sa proie, les prunelles embrasées par l'instinct animal qui le poussait à tuer.
Le louveteau recula encore frappé par la peur, il pouvait sentir l'angoisse et l'horreur monter en flèche en lui et son petit cœur battre à tout rompre.
La bête en face de lui murmura quelque chose d'à peine audible dans le grand silence blanc de la tempête.
Il se mit à reculer encore, il n'osait pas s'enfuir, la peur le tenait là cloué sur la neige qui gelait ses coussinets abîmés par le froid et le sang, il aurait voulu s'enfuir en courant et crier au monde entier sa peine, sa peur et sa haine envers ce loup qui lui avait tout pris.
Les yeux du démon le fixaient impassible. A peine plus grand que lui, la petite bête démoniaque s'avançait toujours les babines ensanglantées comme si il prenait plaisir à tuer.
Le mâle recula encore tant bien que mal, la petite bête s'avança encore.
Son cœur s'emballa. S'il s'enfuyait en courant la bête le rattraperait, le tuerait, il mourrait comme les autres, donc il ne bougeai pas et le fixait d'un air terrorisé.

Le démon s'avançait encore, de plus en plus proche, des flocons se déposant sur sa fourrure en bataille souillée de sang.
Il finit par s'avancer assez pour que l'animal sente son souffle chaud et fétide embraser son museau.
A cet instant précis un coup de feu résonna tout près dans toute la forêt. Il vit le sang gicler près du démon qui s'approchait de lui sans que celui ci ne s'effondre.
Le petit mâle se senti pousser des ailes et en profita pour détaler dans un course effrénée mais avant même de tourner les talons une vague de haine envahit son corps. Il se fit la promesse de venger son père et de tuer celui qui avait détruit sa vie. Dans un hélant il hurla à plein poumons à travers la forêt :
« Je me vengerai, je te tuerait et tu regretteras d'avoir tué tout ceux qui m'étaient cher ! »