02- Pour Toujours
Aomine était allongé sur le lit, il regardait le plafond de la chambre d'hôtel qu'il occupait. Il aurait dû rejoindre ses coéquipiers pour fêter leur victoire et leur qualification pour les championnats du monde, mais il n'avait pas le coeur à la fête. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas été autant perturbé, cela faisait exactement 3 ans qu'il n'avait pas ressenti cette terrible douleur au fond de la poitrine.
Il était en parfaite santé, mais il se sentait brisé à l'intérieur, comme lors de cette dernière journée, il y a trois ans de cela. Il soupira longuement et bruyamment en sentant sa poitrine se serrer avec douleur.
Trois ans après, il se rendait compte qu'il n'était toujours pas totalement remis de ce mois merveilleux qu'il avait partagé avec son amie d'enfance. Un mois de pur bonheur. Ils n'avaient eu droit qu'à un mois : un mois pour s'aimer autrement. Un mois pour vivre à fond l'instant présent.
Il n'avait jamais ressenti cela pour personne et il regrettait amèrement de ne pas s'être rendu compte plus tôt de l'amour qu'il avait pour Momoi. Leur séparation avait été tellement difficile et bien qu'ils s'étaient jurés de ne rien se promettre, Aomine regrettait de ne pas avoir su trouver les mots ce jour-là alors qu'elle s'apprêtait à quitter Tokyo pour rejoindre sa nouvelle vie. Il aurait dû lui dire qu'il l'aimait, il aurait dû lui dire qu'ils devaient essayer de continuer malgré la distance.
Mais il n'avait pas osé et comme elle-même n'avait rien dit en ce sens, il avait jugé à ce moment-là qu'ils devaient donc en rester là. Ils avaient eu un mois et le temps était écoulé. Ils s'étaient enlacés longuement. Il l'avait sentie sangloter tout contre son torse et il avait dû se faire violence pour ne pas lui aussi fondre en larmes tant il était déchiré de la voir s'en aller loin de lui. Mais ils avaient tous les deux choisi leur vie. Et le destin semblait les séparer et les semaines avaient passé, transformés en mois puis en années.
Avec sa carrière professionnelle, ils n'avaient jamais eu l'occasion de se revoir et de se reparler plus longuement que quelques messages envoyés sur les réseaux sociaux. Aomine n'était pas du tout fan des applications sociales en tout genre et il était bien évidemment trop occupé avec sa carrière pour traîner des heures à scruter la vie sociale des autres.
Ce ne fut que par un pur hasard qu'il découvrit quelques jours auparavant ce match que son amie d'enfance était en couple avec quelqu'un. A quoi s'attendait-il ? Qu'elle lui reste fidèle éternellement ? Il se doutait parfaitement qu'elle finirait par trouver quelqu'un, et d'une certaine manière, il était heureux qu'elle ait continuer à vivre. Mais il eut beaucoup de mal à encaisser l'identité du chanceux.
Chose plutôt inhabituelle, il fit défiler tout le profil de son amie pour découvrir que sa relation avec cet homme durait depuis plus d'un an. Ce fut alors qu'il comprit que sa vie professionnelle était si intense qu'il en avait perdu tout contact avec ses anciens amis. Pourtant, il aurait dû se douter que cette éventualité puisse arriver.
Ryota Kise n'avait pas choisi de carrière sportive mais un plan de carrière en rapport avec le mannequinat. Et il avait opté pour le même cursus universitaire que Momoi. Ce n'était qu'en deuxième année que la relation entre eux avait progressivement évolué vers quelque chose de plus sentimental.
Depuis que Aomine découvrit que la relation qui liait son ancien coéquipier et son ex petite-amie avait changé, le jeune homme n'avait cessé de repenser à ce mois intense qu'il avait vécu avec elle. Il n'était pas en colère après Kise. D'une certaine manière, il était plutôt rassuré qu'elle soit avec un type comme lui, au moins il pourrait plus facilement lui casser la figure s'il faisait souffrir Satsuki. Mais depuis qu'il connaissait la vérité, il était tout de même perturbé. Il se rendait compte qu'elle lui manquait bien plus qu'il ne l'aurait cru.
L'aimait-il encore ? Aomine ne s'était plus vraiment posé la question. En trois ans, il avait eu quelques relations plus ou moins longues mais aucune n'avait résisté au rythme soutenu des entraînements et des matches. Et le jeune homme n'avait pas envie d'être comme certains de ses coéquipiers à enchaîner les coups d'un soir. Non, il avait goûté à ce plaisir d'une relation sentimentale simple et authentique et il n'avait jamais trouvé cette complicité avec aucune autre après elle.
Il était toujours allongé sur le lit et tenait son téléphone d'une main. Il hésitait : devait-il lui envoyer un message ? Et s'il le faisait, que devait-il lui dire ? Cela faisait plus d'un an qu'elle lui avait envoyé un message auquel il n'avait pas eu le temps de répondre. Et depuis, c'était le silence radio entre eux deux. Est-ce que cela ne ferait pas trop bizarre qu'après tout ce temps il se manifeste ? Et devait-il lui parler de Kise, au risque de passer pour l'ex jaloux ?
Puis n'y tenant plus, il se décida à envoyer un message. Juste quelques mots. Si elle ne répondait pas c'était que finalement, leur duo improbable n'avait donc pas réussi à surmonter les épreuve du temps et de la vie. Mais alors qu'il s'apprêtait à composer un message, il reçut une notification. Il sursauta quand il vit l'expéditeur : c'était elle. Après tous ces mois, elle prenait contact avec lui.
"Dai-chan ! J'espère que tu vas bien ! J'ai vu les résultats de ton dernier match ! Félicitations pour cette qualification ! Je t'embrasse et à bientôt ! Nous rentrons sur Tokyo après les examens de fin d'année. Amitiés, Satsuki."
Il relut plusieurs fois le message et passa outre sur le "nous" qu'elle employait si naturellement pour désigner le couple qu'elle formait avec le blond.
"Oï Satsuki. merci pour le match. Désolé si je donne pas beaucoup de nouvelles, mais je vais bien. Prends soin de toi."
Il se laissa retomber lourdement sur le lit et sentit son coeur se serrer encore douloureusement. Reprendre contact avec elle de cette façon le perturbait bien plus qu'il ne l'aurait cru. Mais que pouvait-il y faire ? Rien de plus que laisser le temps apaiser ces sentiments intérieurs. Elle était passée à autre chose, elle en aimait un autre et il ne pouvait pas lui en vouloir.
De son côté, Satsuki regardait fixement son téléphone. Elle avait tellement hésité à lui envoyer ce message. Pas un jour ne passait sans qu'elle pense à lui. Après leurs déchirants adieux il y a trois ans, elle avait mis du temps à s'en remettre. Elle était passée par tous les stades : du chagrin au regret... Puis les cours avaient commencé et elle avait retrouvé un de ses anciens camarades du collège : Ryota Kise.
Elle s'était confiée à lui au cours de la première année alors qu'elle était au plus mal. Elle lui avait tout dit, ses sentiments pour le basané, leur très courte relation, leur rupture... Il lui manquait, leur amitié lui manquait. Et elle avait peur de rester en contact avec lui. Peur qu'ils se laissent de faux espoirs alors qu'ils étaient séparés par des kilomètres.
Ryota avait été super compréhensif à cette époque. Il n'était qu'à moitié surpris d'apprendre qu'ils avaient été plus que des amis. Il s'étonnait même que cela n'ait eu lieu qu'au dernier moment. Et il avait soutenu la jeune femme, la rassurant sur le fait qu'elle n'avait pas à craindre sur ses décisions. Si elle ne se sentait pas prête à garder le contact avec Aomine, elle ne devait pas se forcer. Il était peut-être nécessaire que tous les deux apprennent à vivre l'un sans l'autre. Toutes ces années, ils avaient veillé l'un sur l'autre et ils devaient vivre sans l'un et l'autre. Le destin veillerait à les réunir si cela faisait partie de leur destinée.
Satsuki avait souri à cette remarque, elle ne s'imaginait pas que le blond pouvait faire preuve d'autant de spiritualité. Lui aussi avait grandi et mûri, il n'était visiblement plus le simple talentueux joueur de basket de son époque. La vie avait alors repris son cours, à un rythme plus ou moins effréné pour chacun d'eux : le basket professionnel pour l'un, les études supérieures pour les autres. Mais la rose n'avait jamais vraiment cessé de penser à son Dai-chan, elle suivait son parcours sur les réseaux sociaux et dans les articles sportifs. Il brillait dans son domaine comme cela était à prévoir et chacune de ses victoires elle les suivait.
Ils échangeaient de temps en temps des messages mais il était tellement occupé et elle savait qu'il n'était pas fan des réseaux sociaux qu'elle ne le harcelait pas. Elle savait que ce silence n'était pas le signe d'une quelconque gêne entre eux, du moins pour elle les choses étaient simples et claires. Il resterait à jamais son Dai-chan et à présent leurs vies devaient être vécues loin l'un de l'autre.
Et la vie avait ses mystères et ses raisons d'être et de se dérouler. Satsuki passait énormément de temps avec Ryota qu'ils finirent par éprouver des sentiments différents de leur simple amitié. Ils n'étaient plus des adolescents en quête de relation sentimentale de passage et tous deux se sentaient bien l'un avec l'autre. C'était beaucoup moins fusionnelle qu'avec Daiki, mais Satsuki était heureuse. Elle était épanouie avec le blond et leur relation était tout à fait équilibrée. Ryota savait tout d'elle et de son passé. Il savait que le basané aurait toujours une place particulière dans la vie de la rose, mais il ne doutait absolument pas de la sincérité des sentiments qu'ils avaient l'un pour l'autre. Plus jeune, il aurait craint qu'elle ne se mette avec lui juste pour combler le vide que représentait Aomine. Mais ils avaient plus de vingt ans et même s'ils étaient encore jeunes, ils avaient une vision plus posée de la vie.
Ils n'avaient pas forcément de projet sur du trop long terme, mais ils avaient envie de construire leur relation. Daiki Aomine n'était nullement un fantôme entre eux deux. C'était donc tout naturellement qu'ils continuèrent de suivre les succès du basketteur de renom tout en vivant pleinement leur relation. Tout comme cela était naturel qu'ils projettent de revenir vivre sur Tokyo après leur dernière session d'examen. La vie professionnelle pour chacun allait à présent débuter et avec son lot de projets divers et variés.
_ Satsuki ? tout va bien chérie ? demanda la voix enjouée du blond qui sortait de la salle de bain, une serviette simplement nouée à la taille.
Elle sursauta légèrement en entendant sa voix tout en se tournant vers le jeune homme. Elle rougit en le voyant si peu vêtu. Bien qu'il eut arrêté le basket, Ryota avait continué à s'entretenir physiquement. Cela faisait partie de ses obligations en tant que mannequin. Et son physique en ferait pâlir plus d'une tant il était finement dessiné. Ni trop, ni pas assez.
_ Oui ça va. J'envoyais juste un message pour féliciter Aomine de sa victoire...
_ Il doit sûrement être en train de fêter ça avec ses coéquipiers ! répondit l'homme joyeusement persuadé que son ancien camarade menait une vie festive.
_ Sûrement ... je lui ai dit qu'on revenait à Tokyo dans quelques mois.
_ Super ! on se programmera un week-end de retrouvailles, tous ensemble ? Tu sais, la Génération miracle réunie ça serait sympa après toutes ces années ! Je sais que Shin n'a pas encore fini ses études de médecine, mais on calera un moment par rapport à son planning ? Qu'est-ce que t'en penses ?
_ Hmm. Oui, ça pourrait être cool de se revoir après tout ce temps.
Le blond se rapprocha de la jeune femme et se pencha pour l'embrasser tendrement. Le baiser se prolongea et le couple se laissa aller à la passion. Ils s'entendaient bien de ce côté là, Ryota était doux et attentionné avec elle. Contrairement à Aomine qui pouvait être un peu plus vigoureux, Kise lui aimait prendre son temps, il aimait se délecter du corps frêle de la jeune femme, dans les moindres recoins. Satsuki aimait cette tendresse qu'il mettait à chacune de leurs étreintes. L'amour avec lui était passionné, tendre et toujours hautement sensuel. Une danse lente qui montait crescendo en intensité. Elle se sentait en parfaite harmonie avec lui dans ces instants-là, mais ce soir-là, quelque chose tournait doucement dans l'esprit de la rose. Alors qu'elle s'abandonnait dans l'extase que lui procurait son amant, des flashs de souvenirs lui revinrent en mémoire.
C'était comme un feu intérieur qui s'était allumé en elle et ce feu prenait l'apparence de Daiki Aomine. Elle rouvrit les yeux pour se concentrer sur le blond au-dessus d'elle, cherchant à plonger dans son regard pour se reconnecter à la réalité de l'instant. Oui, elle voyait tout l'amour et tout le désir que Ryota lui portait pendant qu'il la pénétrait avec ferveur. Elle haletait de plaisir, c'était indéniable, mais même les yeux ouverts son esprit la faisait partir des années en arrière, à ce mois si intense qu'elle avait vécu avec son ami d'enfance. Elle décida de refermer les yeux pour se concentrer sur les sensations que lui procurait les va-et-vient de son compagnon. Mais alors que Ryota lui suçotait en douceur sa poitrine gonflée de désir, Satsuki avait toutes ses pensées tournées vers son ex. Elle désirait intensément sentir à nouveau la chaleur de son corps, son odeur ... elle voulait que ce soit lui qui la fasse atteindre l'extase ... elle culpabilisait en même temps de penser à son ex alors qu'elle était en train de faire l'amour avec l'homme qu'elle aimait.
Mais comment pouvait-elle désirer quelqu'un d'autre en cet instant ? Ryota la comblait, sa vie était heureuse avec lui ... alors pourquoi ? Pourquoi ressentait-elle cette envie presque viscérale de retrouver le temps d'une étreinte la force du basané ? Et même pour aller plus loin, pourquoi avait-elle ce sentiment de culpabilité qui l'assaillait ? Elle culpabilisait de penser à un autre que son amant tout comme elle culpabilisait de se donner à lui alors que son corps réclamait celui d'Aomine.
Ryota perçut que quelque chose n'allait pas comme d'habitude. Il la connaissait très bien et il voyait qu'elle n'était pas totalement présente dans leur rapport. Il lui demanda alors si tout allait bien, inquiet qu'il ne la satisfasse pas assez.
_ Oui ça va ... mais ... Chéri, prend-moi plus fort.... je veux plus vite et plus fort pour cette fois-ci ... demanda-t-elle haletante.
Le blond haussa un sourcil mais ne s'en étonna pas outre mesure. Si son amante désirait un peu plus d'ardeur, il saurait très bien lui en donner. Il accéléra alors la cadence faisant cambrer la jeune femme de plaisir. Elle s'accrochait à cette sensation qui montait au sein d'elle. Mais ce n'était pas suffisant à tel point qu'elle se dégagea de dessous de l'homme pour se mettre à quatre pattes sur leur lit. Elle cambra le dos de sorte qu'il comprenne ce qu'elle voulait. Ryota aimait cette initiative de la part de sa compagne et il se saisit alors vigoureusement de ses hanches pour venir la rapprocher de son membre dressé. Leurs peaux claquaient à chaque mouvement et Satsuki se sentait perdre pied. Le plaisir grandissait encore et toujours, le rythme lui convenait tant le blond la martelait avec force. Satsuki ne voyait plus son amant ce qui lui permit de laisser pleinement ses pensées divaguer. Même si la sensation n'était absolument pas comparable, elle s'imagina que c'était bien le basané qui la pilonnait de cette manière. Elle fermait les yeux et se laissa bercer par les souvenirs que lui imposait son cerveau. Elle laissa de côté sa culpabilité et sentit un orgasme puissant la traverser de part en part. Elle eut juste le temps de contrôler sa voix et faire taire le prénom qu'elle avait failli crier alors qu'elle atteignait l'extase. Son corps tremblait et se ramollissait après cette déferlante de passion. Ryota en profita pour se retirer d'elle et la retourner contre lui. Sa poitrine plaquée conter le torse nu de son compagnon, il la fit asseoir sur son membre encore gonflé et elle la laissa coulisser de haut en bas dessus. Elle s'agrippa à son cou et ils échangèrent encore un baiser passionné. Cela la reconnecta un instant au moment présent, mais cela ne fut que de courte durée car la seule personne à qui elle pensait alors que le blond jouissait enfin en elle n'était autre que Daiki Aomine.
Ils s'embrassèrent tendrement et s'enlacèrent avant de s'endormir l'un contre l'autre, comme souvent après l'amour. Mais Satsuki n'était pas apaisée, au contraire, la honte mélangée à la culpabilité faisait à présent surface dans son esprit. Comment avait-elle pu penser à un autre pendant l'amour ? Comment pouvait-elle ressentir autant de désir pour cet homme qu'elle n'avait plus vu depuis trois ans ? Elle était pourtant certaine d'en avoir fini avec Aomine, elle était passée à autre chose et elle était heureuse avec Ryota ... Et pourquoi se posait-elle toutes ces questions maintenant ?
Mais ce qu'elle ignorait, c'était que de son côté, Aomine ne cessait de penser à elle également. Pendant qu'elle se souvenait de leurs étreintes brûlantes, il en était de même pour le basané. Il ne l'expliquait pas, mais il n'arrivait pas à contrôler l'érection douloureuse qui l'avait pris alors qu'il regardait les photos que la rose avait posté d'elle. Il avait l'impression de pouvoir sentir à nouveau son odeur à côté de lui, il voulait de nouveau faire parcourir ses doigts sur le corps de la jeune femme. Il voulait pouvoir la déguster dans les moindres recoins, la faire crier son nom comme elle le faisait souvent. Aomine ne comprenait ce qu'il lui arrivait. Jamais il n'avait autant ressenti de désir alors que la personne en question n'était pas avec lui. Il devait soulager cette tension physique et interne qu'il éprouvait. Mais il doutait que cela soit vraiment sain pour son esprit de se soulager en repensant à elle et à leurs nombreuses étreintes passionnées qu'ils avaient eu des années auparavant.
Et alors qu'il se dirigeait douloureusement vers la salle de bain, il réalisa cette vérité qui lui avait échappé. Quoiqu'il puisse faire, Satsuki Momoi était toujours omniprésente dans sa vie et elle devait y revenir. D'une manière ou d'une autre, ils devaient se retrouver pour savoir quoi faire par la suite.
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