01- Ne rien se promettre
Satsuki Momoi était en train d'arpenter les couloirs de l'académie de Too, elle marchait d'un pas vif et elle semblait contrariée. Elle ne portait pas l'uniforme classique de l'académie, mais un joli kimono fleuri au fond bleu marine. En effet, c'était la soirée de remise des diplômes de fin d'études et actuellement, elle était à la recherche de son stupide ami d'enfance qui manquait à l'appel. Il n'avait pas daigné se présenter devant le directeur de l'académie et la jeune femme s'était portée volontaire pour récupérer elle-même son diplôme. Jusqu'au dernier jour, Daiki Aomine n'en faisait qu'à sa tête ! Il avait osé loupé la remise des diplômes. Mais elle n'allait pas le laisser s'en tirer à si bon compte : il restait encore la soirée à passer et il lui avait promis d'être son cavalier ! Il n'allait pas se défiler : pas ce soir !
Cela faisait près de 10 minutes qu'elle regardait dans chacune des salles de classe mais pas de trace du basané ! Elle savait qu'il n'était pas parti de l'établissement car il avait promis de la ramener. Mais où pouvait-il être ?
_ Il n'a pas osé ? se demanda-t-elle à haute voix avant de sortir du bâtiment et de prendre la direction des escaliers menant aux toits.
Effectivement après avoir grimpé, elle reconnut sa silhouette élancée dans la pénombre. Il était debout, lui tournant le dos et regardant visiblement l'horizon. Elle aurait pourtant juré le trouver allongé à même le sol comme il avait eu l'habitude de faire durant toutes ces années. Mais cette fois-ci, sa stature était impressionnante et même dans cette pseudo obscurité, Daiki était très agréable à regarder. Elle se rapprocha de lui et se mit à crier :
_ Dai-chan ! TU exagères quand même ! C'était trop compliqué pour toi de venir assister à la remise des diplômes ! Tu m'as foutu la honte ! J'ai dû récupérer ton diplôme des mains du directeur !
Mais alors que d'habitude il soupirait quand elle se mettait à le gronder, le jeune homme resta silencieux et ne se tourna même pas vers elle. Il ne bougea pas d'un pouce, même pas pour l'éviter.
_ Dai-chan ? Tout va bien ? s'inquiéta soudainement la jeune femme. Elle le connaissait depuis si longtemps que cela était devenue comme une seconde nature chez elle quand il s'agit de lui, de ce qu'il ressentait. Elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Et voyant qu'il ne réagissait pas, elle se décida à poser une main sur son bras : geste qui fit sursauter le jeune homme qui se tourna enfin vers elle. Et ce qu'elle vit, bouleversa immédiatement Satsuki qui n'avait jamais vu autant d'émotions dans le regard du basané.
_ Satsuki, qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il d'une voix étranglée, comme si quelque chose était coincée dans sa gorge et qui avait du mal à sortir.
_ Dai-chan ? pourquoi ... pourquoi tu es là ? interrogea-t-elle alors, voyant qu'il semblait totalement différent à d'habitude.
Ils se scrutaient l'un et l'autre avec une telle intensité que plus rien ne semblait exister autour d'eux. La jeune femme se sentait totalement troublée par l'aura que dégageait le jeune homme en face d'elle. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle observait Daiki, mais c'était la première fois qu'il la regardait ainsi. Elle ne savait pas comment l'expliquer, mais jamais elle n'avait senti son regard aussi pénétrant. Elle avait l'impression d'être nue devant lui alors qu'elle savait pertinemment qu'elle portait son kimono. Jamais non plus, elle avait ressenti tout ce qui se bousculait à l'intérieur d'elle-même.
Il ne s'agissait pourtant que de son ami, son ami d'enfance... c'était Daiki, Daiki Aomine, l'éternel arrogant, un excellent basketteur de sa génération ... Mais elle ne comprenait pas pourquoi, dans ce simple échange de regards, elle était troublée. Comme si toutes les fibres de son être lui faisaient enfin comprendre quelque chose qu'elle n'avait jamais vu jusque-là.
Pourquoi son coeur ne cessait-il pas de battre la chamade ? Elle avait l'impression que son ventre se nouait et se dénouait au rythme de son coeur. Daiki n'avait rien dit de plus, seuls ses yeux semblaient parler pour lui. Pourquoi y voyait-elle autant de douleurs, de tristesse ? Mais il n'y avait pas que cela ! Satsuki pourrait le jurer : elle voyait dans les pupilles couleur marine du jeune homme quelque chose de différent, quelque chose de plus doux, de plus chaleureux. Rien que dans ses yeux, Satsuki se sentait enveloppée par une sensation de bien-être, comme si elle était la personne la plus importante à cet instant précis.
Effectivement, tout ce que Satsuki percevait de son côté était tout ce que le jeune homme ressentait au plus profond de lui. Cela faisait un moment que Daiki Aomine se posait énormément de questions. Il ne pouvait pas dire depuis quand précisément, mais il s'était rendu compte que la jeune femme aux cheveux roses occcupait une place très importante dans sa vie.
Ils se connaissaient depuis si longtemps ... mais quelque chose lui percuta l'esprit lors de cette dernière année d'étude à l'académie de Too : leurs chemins allaient se séparer. Il ne l'avait jamais envisagé puisque depuis toujours Satsuki avait été présente à ses côtés. Depuis le primaire, elle était là. Elle veillait sur lui, elle le soutenait, elle l'encourageait. Même s'il la trouvait parfois terriblement pénible et bruyante, elle faisait partie de sa vie. Indéniablement elle faisait partie de sa vie. Tout comme il faisait partie de la sienne. Certes, il était beaucoup moins démonstratif, mais il veillait sur elle. A sa manière ! Et à y réfléchir, il avait empêché tous les garçons mal intentionnés de s'approcher trop près d'elle et les rares qui avaient pu tenter une quelconque relation sentimentale n'étaient jamais restés suffisamment longtemps avec la jeune fille aux cheveux roses.
Daiki Aomine était toujours là, s'imposant par sa simple présence. Il n'avait jamais considéré Satsuki comme sa propriété. Même s'il avait une réputation d'être le pire coureur et macho, jamais il n'avait considéré les filles comme des objets. Des conquêtes il en avait eu, mais il n'avait jamais forcé aucune d'elle à faire quoique ce soit contre leur gré. De toute manière, les quelques filles qui avaient persévéré à entretenir une relation avec le jeune homme s'étaient vite confrontées à cette réalité : Aomine n'était pas un sentimental et surtout Satsuki Momoi était omniprésente à ses cotés. Elle n'était pas physiquement là mais c'était tout comme. De nombreuses filles avaient essayé de comprendre la relation qui unissait ces deux personnes mais cela ne correspondait à aucun des standards.
Étaient-ils vraiment amis ? Difficile à dire quand on les entendait se parler. À vrai dire il n'y avait souvent que Satsuki qui parlait sans s'arrêter et sans vraiment attendre une quelconque réaction de son interlocuteur qui lui, passait son temps à soupirer durant ces longs monologues. Et les rares fois où il ouvrait la bouche c'était pour lui demander de se taire.
Souvent, à l'approche des matchs importants, Daiki était encore plus exécrable et il pouvait se montrer limite odieux avec la rose. Combien de fois leurs camarades avaient pu être témoins de disputes assez intenses.
Mais malgré leurs deux tempéraments diamétralement opposés : ils formaient un duo qui fonctionnait. Même eux ne savaient pas comment cela était possible. Et jusqu'à cette dernière année, Daiki Aomine ne s'était jamais posé la question du pourquoi et surtout de ce que représentait réellement la jeune fille pour lui ...
Il avait un jour réalisé qu'elle n'était plus la petite fille de son enfance ? Et pourquoi le basané avait-il fait ce constat ? Bien évidemment qu'il savait que son amie était une fille. Mais depuis quand la voyait-il autrement ? Régulièrement au cours de l'année, le jeune homme de 21 ans s'était surpris à observer discrètement mais très minutieusement la rose. Et au fil des semaines, Satsuki Momoi lui semblait différente, elle répondait aux critères qu'il n'avait lui-même jamais énoncé concernant le sexe féminin. Elle était physiquement très à son goût et il avait compris que malgré ses manies et son caractère, il n'y avait qu'avec elle qu'il se sentait bien. Il n'avait pas besoin de parler : elle le comprenait. Elle le comprenait toujours, elle le soutenait mais elle n'était pas soumise ! Non ! Elle n'avait jamais eu peur de lui et lui dire ses quatre Vérités quand cela était nécessaire !
Les choses s'embrouillèrent encore plus lorsque le jeune homme commença à la trouver désirable. Combien de fois avait-il dû se faire violence pour ne pas l'imaginer entre ses bras ? Ces jours là il prenait sa mine renfrognée pour qu'elle ne l'approche pas ! Il ne valait mieux pas qu'elle sache pourquoi il mettait volontairement cette distance... Et il allait s'épuiser à l'entraînement afin de se vider la tête...
Mais la fin d'année était arrivée tellement vite. Avec son lot de décisions sur l'avenir... Daiki avait été recruté par une équipe régionale très bien côtée. Le recruteur lui avait assuré que s'il progressait encore il pourrait même intégrer l'équipe nationale. Il avait tellement été préoccupé par son plan de carrière qu'il n'avait pas du tout prêté attention à celui de Satsuki.
Ce ne fut que lorsqu'il eut signé son contrat qu'il découvrit cette amère vérité. Si lui restait sur Tokyo, la jeune femme rejoignait Osaka pour intégrer une école de commerce. Leurs chemins allaient donc se séparer... Pour la première fois en presque 20 ans, leur duo inexplicable ne serait plus.
Il avait alors été de plus en plus renfermé sur lui-même. Ne sachant pas pourquoi il était aussi contrarié d'apprendre cette nouvelle. Et alors que la soirée de remise des diplômes arrivait, Daiki n'avait eu d'autres choix que d'empêcher quiconque lui voler cette dernière soirée avec elle. Satsuki n'avait pas trouvé de cavalier pour l'accompagner, tous étant mystérieusement déjà engagés. Elle n'eut donc pas d'autre option que de proposer à Daiki d'être son cavalier le temps de cette soirée.
Et qu'elle ne fut pas sa surprise quand il accepta sans rechigner. Le soir en question, il était arrivé à l'heure pour venir la chercher. Il avait fait un effort considérable pour être bien habillé. Elle avait rougi quand il l'avait complimenté sur le choix du kimono.
Mais à peine avaient-ils franchi les portes du gymnase transformé pour l'occasion en salle de fêtes, Daiki avait subitement disparu. Il avait fui la foule et les regards des autres qui s'étaient posés sur eux. Il avait le sentiment d'étouffer parmi tous les élèves présents. Il ne voulait qu'une chose : être seul. Seul avec elle.
Et il était alors allé au seul endroit où il savait qu'il aurait la paix : les toits de l'académie ! Qu'est ce qu'il en avait passé comme temps ici à ne rien faire... Puis au fil du temps, cet endroit était devenu comme un sanctuaire où il retrouvait le calme dans ses pensées. Et comme toujours, elle venait le ramener sur terre en venant jusqu'à lui.
Et ce soir encore elle l'avait rejoint. Ils étaient actuellement en train de se dévisager. Il voyait qu'elle était troublée : pourquoi l'était-elle se demandait-il intérieurement ? Avait-elle, elle aussi deviné qu'il était tout autant perturbé ? Il la trouvait si belle qu'il aurait donné n'importe quoi pour revenir en arrière et passer encore plus de temps avec elle, autrement que tout ce qu'ils avaient pu faire durant ces dernières années. Il avait la gorge nouée, son esprit tournait à plein régime. Il n'était pas doué avec les mots. Il n'avait jamais ressenti cela, mais il mourrait d'envie de lui dire tout un tas de choses. Comme s'il voulait se racheter de n'avoir jamais pris le temps de vraiment discuter avec elle. Elle le comprenait tellement dans ses silences qu'il ne savait pas si prendre pour lui dire ce qu'il ressentait au fond de lui. Son estomac était noué, mais était-ce le seul organe en lui qui se tordait dans une indescriptible sensation ?
Alors, il sut qu'il ne pourrait pas parler. Pas tant qu'il ne saurait pas si le geste qu'il s'apprêtait à accomplir réduirait à néant leur relation ou si au contraire cela présageait de quelque chose de plus grand encore.
Momoi ne bougeait plus, c'était à peine si elle respirait. Pourquoi était-elle si impressionnée par le jeune homme en face d'elle ? Il n'avait pas changé et pourtant elle aurait juré qu'elle le voyait pour la première fois. Et ce qu'elle ressentait à cet instant était étrange car elle n'avait qu'une envie : celle qu'il l'embrasse avec passion. Elle avait envie de sentir les bras musclés de cet homme autour d'elle et elle fondait littéralement devant son regard qui semblait briller de désir .... de désir ? Comment une telle lueur dans le regard de Daiki Aomine pouvait autant la flatter ? Elle l'ignorait mais elle se laissait happer par l'instant particulier qu'ils étaient en train de vivre tous les deux. Elle ne recula pas quand elle le vit s'avancer vers elle.
Tout son être semblait approuver le comportement de son vis-à-vis. Daiki ne voyant aucun mouvement de recul de la jeune femme, persévéra dans son avancée et alors qu'il la surplombait sans la quitter des yeux, il se pencha alors lentement vers elle. Instinctivement, sans non plus quitter ses orbes bleus marine, elle se mit sur la pointe des pieds pour combler la distance qu'il restait à franchir. Et elle ferma les yeux lorsqu'elle sentit le souffle chaud de cet homme qu'elle n'avait jamais envisagé de cette façon se mélanger au sien. Il en fit de même de son côté alors que leurs lèvres se rencontraient pour la première fois. Une légère pression pour commencer puis une autre jusqu'à ce qu'elles s'entrouvrent l'une et l'autre afin d'approfondir ce contact. Ils se laissaient tous deux emporter par ce baiser qui réveillait en eux tant et tant de non-dits, de sentiments qu'ils laissaient pour la première fois exprimer.
Pourquoi ne s'étaient-ils jamais rendus compte de cette évidence qui les percutait à présent de plein fouet ? Mais ils n'avaient pas envie à cet instant de chercher une réponse à cette question. Ils continuaient d'échanger ce baiser sans s'arrêter presque à manquer d'air et ce fut d'ailleurs le besoin de respirer qui les firent se détacher. Aomine fit glisser sa main du dos de la jeune femme sans se souvenir comment elle s'était retrouvée là. Ils reculèrent légèrement l'un de l'autre, se fixant à nouveau les yeux grands ouverts. Dans le silence de la nuit, malgré le bruit sourd de la fête dans le gymnase, ils pouvaient jurer entendre leur coeur respectif cogner à vive allure dans leur cage thoracique.
Ils reprenaient tous deux leur souffle avant de se jeter l'un sur l'autre à nouveau. Comme si leur propre en vie en dépendait. Cette fois-ci, Daiki était beaucoup plus conscient de ses gestes et alors que leurs lèvres se rencontraient encore il voulait un peu plus que ce contact : il voulait sentir le corps de la jeune femme tout contre lui. Il plaça alors sa main gauche dans le dos de la jeune femme et exerça une pression un peu plus vive de sorte qu'elle se retrouva plaquer contre lui.
Le contact de sa poitrine contre le torse puissant de son ami électrisa la jeune femme. Tout en continuant d'embrasser le jeune homme, elle se pressa encore un peu plus tout contre lui. Elle recherchait son contact, elle voulait être encore plus près de lui, pouvoir ressentir les battements de son coeur qui s'emballait plus ils approfondissaient leur baiser. Ils se séparèrent encore pour de nouveau rechercher de l'air. Mais alors que Aomine comptait de nouveau se délecter de ces lèvres, elle posa ses deux mains sur son torse pour le tenir à distance. Sa tête lui tournait et elle avait besoin de reprendre le contrôle de cette situation.
_ Dai-chan ? demanda-t-elle essoufflée, qu'est-ce qu'il nous arrive ? Je ... tu ... Nous ...
_ Tu comptes me réciter tous les pronoms ? interrogea-t-il avec un petit sourire en coin. Cette remarque eut le mérite de détendre l'atmosphère qui commençait à se crisper tout autour d'eux, brisant cette bulle hors du temps dans laquelle ils étaient plongés.
_ Mais non ... mais ...
_ Mais quoi, Satsuki ? Soit tu me dis ce que tu veux me dire, soit je continue à t'embrasser tant que je le peux encore....
_ Mais Dai-chan ? Toi et moi ? on ne peut pas ... on ne doit pas ...
_ On ne doit pas quoi ? Dis-moi seulement que tu ne ressens pas la même chose que moi ... énonça-t-il tout en prenant la main de la jeune femme et en la faisant glisser sur son torse jusqu'à son coeur.
La jeune femme aux cheveux roses frissonna à ce contact mais elle ne se déroba pas.
_ Dai-chan, mais comment allons nous faire ?
_ Faire quoi ? Satsuki, je n'ai jamais été aussi sûr de moi et je ne veux plus perdre une seule seconde sans toi. Je veux plus que tout ce que nous avons déjà Satsuki.
_ Mais ça serait une folie que de franchir cette limite que nous avons conservé depuis toute ces années... Dai-chan, je pars dans un mois pour Osaka ... Tu sais comme moi que nous lancer dans une relation amoureuse maintenant détruirait notre amitié ... et ...
_ Et quoi ? N'est-elle pas déjà détruite depuis ce baiser ? rétorqua-t-il presque amèrement tout en sentant son coeur se serrer alors qu'elle semblait lui refuser cette éventualité. Mais tu as peut-être raison, pardonne-moi Satsuki, j'ai encore une fois tout gâché.... soupira-t-il tout en relâchant à contre-coeur sa douce main qu'il maintenait encore posée sur son torse. Il s'apprêtait à tourner les talons mais elle lui rattrapa la main ne voulant pas qu'il la laisse ainsi.
_ Dai-chan ! Ne fais pas ça, je t'en prie. Tu comptes bien plus que quiconque pour moi ... et ... je ne veux pas te perdre de cette manière ... tu es mon meilleur ami et ... et je mentirai si je disais que je n'éprouve rien de plus pour toi ... mais c'est tellement inattendu ... Ne finirons-nous pas par le regretter ?
_ Ne regretterions-nous pas de ne pas avoir essayé ? Un mois ... je ne te demande qu'un mois de notre vie ... Juste toi et moi ...
_ Cela sonne comme des adieux, Dai-chan ! énonça-t-elle la voix tremblante.
_ Ne le sont-ils pas d'une certaine manière ? répliqua-t-il avec cette maturité qu'elle ne lui connaissait pas. Toi à Osaka, moi à Tokyo ... qui sait quand nous nous reverrons ? Je préfère passer ce dernier mois pleinement avec toi que de ne jamais l'avoir vécu ...
Comment pouvait-elle résister à cette déclaration ? Elle savait qu'il ne s'ouvrait jamais ainsi, seulement peut-être à Tetsu mais les confidences entre garçons n'avaient rien à voir avec ce qu'il venait de lui dire. Et la jeune femme ne voulait pas passer à côté de cela. Tout son être lui disait qu'elle n'avait rien à craindre : elle devait vivre cet instant et même s'ils devaient se brûler les ailes à la fin, elle ne voulait pas passer à côté.
_ Dai-chan, je ... juste une condition à cela ...
_ Laquelle ?
_ Aucune promesse. Nous ne devons rien nous promettre, rien que nous ne sommes pas sûrs de tenir ...
Ils se fixèrent encore un instant et comme pour sceller cette promesse silencieuse, ils se jetèrent à nouveau dans les bras l'un de l'autre. Ils s'embrassèrent longuement encore et finirent par décider de quitter l'académie. Ils n'avaient plus rien à y faire et ils avaient tant de choses à vivre en aussi peu de temps.
Ils marchèrent main dans la main dans les rues menant à leur quartier, s'arrêtant régulièrement pour s'embrasser. Mais plus ils se rapprochaient de leurs maisons, plus ils avaient une inquiétude qui les prenait. Allaient-ils finir la nuit ensemble ? Après tout, ils étaient tous les deux de jeunes adultes et ils n'avaient plus besoin de la permission de leurs parents. Mais forcément, ils s'interrogeaient tous les deux sur la suite à venir. Echanger des baisers était une chose, mais passer la nuit ensemble en était une autre. La maison de Aomine était la première en vue, il s'arrêta un instant devant le petit portail devant l'allée et se tourna vers la jeune femme qui tremblait légèrement. Il lui prit une main et y mêla ses doigts et de son autre main libre, il lui caressa tendrement le visage de sorte qu'ils plongent leurs regards l'un dans l'autre.
_ Je ne t'oblige en rien, Satsuki ... Si tu veux que je te ramène chez toi, continuons ... sinon ... mes parents ne sont pas là ce soir, tous les deux de garde...
La jeune femme était extrêmement touchée par la bienveillance dont il faisait preuve et cela ne faisait que renforcer l'amour qu'elle ressentait pour lui. Elle réalisa qu'elle aimait ce garçon devenu un homme et ce depuis bien plus longtemps qu'elle pouvait l'imaginer. Elle l'aimait et elle en était certaine que tout l'amour qu'elle avait pour lui ne demander qu'une seule chose : éclater au grand jour.
_ Mes parents ne m'attendent pas tu sais ... ils savent que je suis en sécurité avec toi ... répondit-elle, allons chez toi.
Il serra tendrement la main qu'il avait dans la sienne et ils se dirigèrent tous deux vers la maison. Ils ne parlaient plus, mais ce silence n'était pas gênant. Il ouvrit la porte et la laissa entrer. Elle connaissait parfaitement les lieux depuis le temps qu'ils se connaissaient. Mais elle resta statique dans l'entrée, préférant observer le jeune homme allumer les lumières pour ne pas qu'ils restent dans la pénombre. Elle le regardait minutieusement et elle le trouvait si séduisant en cet instant. Il était loin l'adolescent arrogant : il était devenu un homme. Et à l'observer ainsi, elle ressentit pour la première fois une sensation particulière à son encontre : une chaleur interne l'envahit. Une chaleur qu'elle reconnaissait mais qu'elle n'aurait jamais pensé éprouver un jour pour ce garçon. Elle frissonna quand elle entendit sa voix grave l'appeler depuis le bas de l'escalier qui menait aux chambres.
_ Tu viens ?
Elle s'avança lentement vers lui jusqu'à se retrouver face à lui et elle fit glisser sa main par dessus sa chemise. Il pencha sa tête vers la sienne et ils échangèrent un baiser empli de tendresse. Ils enlacèrent leurs doigts et montèrent lentement les marches d'escalier. Une fois devant la chambre du jeune homme, Satsuki frissonna d'appréhension. Elle savait qu'une fois qu'ils franchiraient cette porte, tout changerait définitivement entre eux. Etait-ce si grave que tout change ? Les années avaient passé et ils avaient tous les deux changé. Il était bien loin le temps où ils n'étaient que des enfants. Mais ils n'étaient plus des enfants ...
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