13
Le réveil de mon téléphone sonne, me tirant du sommeil en sursaut. J'ai mal partout à cause de ce vieux canapé, il n'est vraiment pas confortable. Après avoir repoussé le plaid, je me constate qu'il ne fait pas très chaud dans la pièce. M'enveloppant à nouveau dedans, je me dirige vers la fenêtre. L'air froid vient me mordre le visage lorsque j'ouvre le battant pour repousser les volets contre le crépi. Le temps est encore gris aujourd'hui.
En entrant dans la cuisine, je découvre la petite chatte déjà éveillée, assise sur le linoléum, des gouttes d'eau maculant son minuscule menton. Je m'approche d'elle, caresse son petit crâne. Elle se dresse sur les pattes en réponse, dos rond, la tête appuyant contre ma paume. Adorable.
Après l'avoir cajolée, je lui donne à manger puis vais jeter un œil à sa litière. Satisfaite de constater qu'elle fait bien ses besoins, je retire les excréments et l'urine du bac. Ma protégée semble sur la bonne voie.
Je suis en pleine préparation du café lorsque Julien apparaît dans la pièce, titubant, les yeux à moitié fermés, les cheveux ébouriffés. Il bâille à s'en décrocher la mâchoire et étire ses bras vers le plafond avec un grand soupir.
— Tu fais quoi ? demande-t-il d'une voix enrouée.
Comme cela me semble évidente, je décide de répondre avec un peu d'ironie.
— Là ? J'essaie d'entrer en communication avec la cafetière.
— Grincheuse...
— Même pas.
— Tu as trouvé du boulot ?
— Oui, enfin ! J'ai complètement oublié de vous le dire, je travaille dans une petite librairie depuis hier ! Cinq jours par semaine du mardi au samedi de huit heures à treize heures.
— C'est génial, félicitations !
— Merci, Ju ! Et toi, tu fais quoi en ce moment ?
À son expression blasée, je comprends qu'il n'est pas ravi de sa nouvelle mission.
— Je suis agent de fabrication, raille mon ami. En gros je dois me taper plus d'une heure et quart de route pour aller jusqu'à Guingamp, je suis en tenue de cosmonaute et je fais des sandwichs de neuf heures à dix-sept heures du lundi au vendredi. J'ai un contrat de deux mois...
— À l'usine ?
— Ouais. On se gèle là-bas, il y a quatre degrés ! Mais bon, je ne vais pas me plaindre, j'ai déjà eu la chance d'avoir un poste de jour ! Parce que faire le même job la nuit, pouah ! laisse tomber ! L'autre avantage, c'est qu'on a des sandwichs gratuits. J'en ramènerai.
Julien continue à me parler de son boulot pendant que nous buvons nos cafés et mangeons nos tartines. Il explique qu'il n'est pas particulièrement physique, mais surtout long et répétitif.
Quand nous avons terminé notre petit-déjeuner, j'attrape la chatonne qui joue avec sa balle d'aluminium et l'embrasse sur le sommet de la tête puis la repose au sol. Après un passage dans la salle de bains, je m'habille en vitesse.
Il est huit heures moins vingt quand je passe ma cape rouge et pars pour la librairie.
*
— À demain, Marissa !
Ma matinée est déjà terminée, il est treize heures cinq. J'ai vendu des romans policiers et une dizaine de classiques. Pendant les moments où il n'y avait personne et rien à faire dans le magasin, Marissa me disait de lire. Il me faut découvrir un maximum de romans pour conseiller au mieux la clientèle. J'ai donc pris un nouveau titre, les trois autres étant à la maison. J'ai mis un moment à choisir, mais finalement je me suis décidée pour La femme à venir, de Christian Bobin. J'ai beaucoup aimé le personnage principal, Albe, un mélange de jeune femme insouciante et tourmentée. Le texte étant assez court, j'ai pu le terminer dans la matinée.
Comme il manque pas mal de choses à l'appartement, je décide de me rendre dans une grande surface pour faire de grosses courses avant de manger. Je récupère donc ma voiture sur le parking en bas de chez nous puis conduis jusqu'à mon magasin habituel. Il ne me faut pas plus d'une heure pour réaliser mes achats et ça tombe bien, car je commence à avoir vraiment faim.
Mes sacs déposés dans le coffre, je repousse le caddie dans son emplacement puis me glisse sur le siège conducteur... Et m'aperçois alors que mon pare-brise a reçu un impact de la taille de mon poing !
— C'est pas vrai ! m'écrié-je en sortant vivement du véhicule.
Je contourne la carrosserie et constate les dégâts de plus près. Passé le choc de ma découverte, je reste un instant hébétée en contemplant la scène puis décide de jeter un œil autour de moi. Il n'y aucune trace de l'objet qui a causé le sinistre, pas la moindre pierre, rien. Je prends une photo avec mon téléphone pour l'assurance puis remonte dans ma voiture.
Durant tout le trajet je ne cesse de réfléchir à ce qui vient de se produire. Je me demande si je peux accuser la malchance ou au contraire, si l'acte était bien dirigé contre moi.
*
J'entends la porte s'ouvrir tandis que les voix de Laëti et Julien retentissent dans l'entrée. Ils rient et se charrient comme des adolescents. Alors que je me prépare un chocolat chaud dans la cuisine, mes deux amis pénètrent dans la pièce. Il est presque dix-sept heures trente.
— J'ai encore fini plus tard que prévu... soupire Laëtitia en s'installant à la table. Tu m'en fais un Jade ? demande-t-elle en désignant ma tasse.
— Oui, pas de souci. Tu en veux un aussi, Ju ?
— Je veux bien, merci.
Tout en préparant leur boisson, je poursuis la discussion :
— Ce n'est pas toujours évident d'avoir des horaires fixes en restauration.
— J'avais cru comprendre, mais si ça commence comme ça au bout de quelques jours, je vais finir par y passer ma vie ! grommèle ma meilleure amie en étendant ses jambes sur la chaise voisine.
— Ne te plains pas, tu n'es pas huit heures debout dans une pièce à quatre degrés.
— Parce que tu crois que moi je ne suis pas debout ? Ben si, et je ne m'assois jamais, je n'ai pas vraiment le temps !
Mes amis débattent ensemble de leur travail respectif pendant un moment tandis que, perdue dans mes pensées, je leur apporte leur tasse.
— Ça va, Jade ? demande Julien. Tu as l'air bizarre.
— Oui, ça va. Il m'est arrivé un truc trop étrange tout à l'heure.
— Du genre ? s'enquiert Laëti.
Tous deux m'observent comme si j'allais leur faire la révélation du siècle.
— Sur le parking du centre commercial, j'ai retrouvé ma voiture avec un gros impact sur le pare-brise. Du genre la taille d'un poing...
— Encore un connard qui a rien d'autre à faire que de s'en prendre aux bagnoles des autres. C'est comme ceux qui rayent ta carrosserie avec leurs clefs par jalousie... gronde Julien.
Nous restons silencieux avant qu'il reprenne :
— C'est vrai que c'est quand même étrange de s'attaquer à un pare-brise sur un parking comme ça, la personne aurait pu se faire repérer.
— Et puis dans quel but ? renchéris-je, perplexe.
— Il n'y avait rien autour de la voiture ?
— Non, j'ai regardé. L'arme du crime a été emportée par le tueur.
Julien lâche un rire amusé avant de reprendre :
— Bon, tu n'as peut-être vraiment pas eu de chance, après tout Jean a bien retrouvé un de ses pneus crevé, un matin.
— Ça peut tout simplement être des gamins, intervient Laëtitia.
— Oui, tu as raison.
La discussion dévie sur autre chose et Julien nous propose d'aller au cinéma ce soir, ce que ma meilleure amie accepte. De mon côté, je me sens tellement fatiguée que je préfère décliner.
Alors que je m'apprête à quitter la cuisine pour gagner ma chambre, la petite chatte arrive au pas de course en émettant un léger couinement. Je me baisse pour la cueillir dans mes bras.
— Au fait, j'ai trouvé un prénom pour elle, leur annoncé-je en la désignant.
— C'est quoi ? s'enquiert Laëtitia.
— Isis.
— Comme la déesse égyptienne ! J'adore ! s'exclame ma meilleure amie, enthousiaste. En plus, elle a un gros trait d'eye-liner autour des yeux, genre Cléopâtre, on est dans le thème là !
— Et il paraît que les chats sont sacrés en Égypte ! renchérit Julien.
Ils poursuivent le sujet sur les pyramides et le Nil, les dieux et les pharaons qui alimentent légendes et mythes, tandis que je m'éloigne dans le couloir avec ma petite protégée.
Un léger vrombissement se fait alors entendre, à peine audible. Aujourd'hui, pour la première fois, Isis ronronne.
coucou tout le monde,
j'espère que vous allez bien. En attendant de retrouver mon inspiration pour Inalia 4, je replonge dans mon premier roman, celui-ci donc, que je retravaille. N'hésitez pas à me donner votre avis, comme c'est mon tout premier texte, il a grand besoin d'améliorations :)
Je vous souhaite une bonne soirée,
Maud
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