Bonus - When the dragon is missing

"Quand le dragon manque à l'appel"

~☆°

Samedi 10 octobre, 06:34

Ma playlist arrive à la fin de la boucle pour la troisième fois depuis que je l'ai lancée. Ma vue devient floue à cause de la fatigue, pourtant, je la remets au début. Pourquoi n'ai-je pas activé la relance automatique ? Sans doute parce que j'espérais ne pas en avoir besoin. C'est ridicule. Ce n'est pas en plein milieu de la nuit que je vais recevoir des nouvelles, après trois jours d'attente infernale.

Trois jours. Trois putain de jours qu'il est parti sans rien dire. Quand la police l'aura retrouvé, je vais le massacrer.

S'ils le retrouvent.

Ma respiration devient tremblante. Je ferme les yeux, essayant de chasser cette pensée de mon esprit. Non... Hakuryuu n'aurait jamais fait une chose pareille, je me répète. Il va revenir, on s'engueulera un bon coup, et tout rentrera dans l'ordre. On fera le chemin jusqu'au collège ensemble chaque matin, on se chamaillera pendant les cours, on ira voir Taiyou le soir... ce quotidien, je ne peux pas l'imaginer sans lui. Je ne veux pas l'imaginer sans lui.

La vérité... c'est que je m'en veux. Je sais très bien que les parents de Hakuryuu sont horribles avec lui. Je sais aussi qu'il ne me raconte pas tout, sans doute à cause de sa fierté mal placée. J'aurais dû faire plus attention. J'aurais dû lui dire plus souvent à quel point il compte pour moi. J'aurais dû...

A côté de moi, Taiyou se retourne soudainement, me tirant hors de mes pensées. Au moins, il a enfin réussi à s'endormir, après avoir enchaîné deux nuits blanches. Normalement, il devrait être à l'hôpital, mais il refuse d'y retourner tant qu'on n'a pas retrouvé Hakuryuu. Je n'ai pas eu la force de l'en dissuader. Il ne me lâche quasiment pas d'une semelle. Et, honnêtement, je crois que moi aussi, j'ai besoin de l'avoir à mes côtés.

- Kyouka ? T'es réveillée ?

Bon, finalement, son repos n'aura pas duré bien longtemps. Taiyou se redresse et vient s'asseoir à côté de moi. D'énormes cernes se dessinent sous ses yeux, et son habituelle aura rayonnante a disparu. Je ne suis pas certaine que le corps malade de Taiyou supporte cette situation encore longtemps.

- Tu devrais essayer de dormir un peu plus, j'essaye de le raisonner.

- J'y arrive pas, il réplique simplement.

Mais, au-delà de son état physique, c'est son moral qui m'inquiète le plus. Taiyou est amoureux de Hakuryuu, ça crève les yeux depuis plus d'un an. Et je sais que Hakuryuu l'aime en retour, bien qu'il continue de le nier par fierté. Quel abruti... Il ne se rend pas compte qu'en refusant d'admettre ses sentiments pour Taiyou, il n'a pas pris une seule seconde en considération le mal qu'il lui ferait en partant.

- Et puis toi non plus t'as pas dormi, rajoute alors Taiyou.

Il n'a pas tort. Dès que je ferme les yeux, les pires scénarios me viennent en tête, et la peur paralyse mon corps tout entier. Je préfère encore subir la fatigue.

On garde le silence pendant plusieurs minutes. C'est difficile de dire quoi que ce soit, quand Hakuryuu est la seule personne à laquelle on arrive à penser, et que commencer à en parler risque d'amener la conversation dans une pente trop effrayante pour qu'on ose s'y aventurer. De toute façon, on n'a pas besoin d'échanger pour savoir qu'on a tous les deux le même trou qui nous déchire le cœur.

Mon téléphone sonne alors. C'est l'inspectrice qui m'a reçue quand j'ai signalé la disparition de Hakuryuu. Parce que oui, évidemment, ses parents n'ont pas pris la peine de se bouger. Leur fils aurait pu s'évaporer pendant un mois entier qu'ils n'auraient rien remarqué. J'en veux terriblement à Hakuryuu d'avoir choisi de fuguer, et, en même temps, quand je vois la passivité de ses parents depuis qu'il est parti, je comprends un peu son geste.

Je décroche, ne m'attendant pas à grand-chose malgré la pointe d'espoir qui germe dans mon cœur. Ce n'est pas la première fois que l'inspectrice m'appelle, et c'est souvent pour me dire qu'ils ont trouvé quelques indices mineurs. Au moins, elle me tient au courant, alors qu'elle n'en a normalement pas le droit. J'aime beaucoup cette inspectrice. Elle s'appelle Natsumi, m'a écouté attentivement quand je suis venu au commissariat, et j'ai juste eu à lui donner mon prénom pour qu'elle me genre au féminin.

- Bonjour Kyouka, elle commence à l'autre bout du combiné. Je ne savais pas si tu serais debout à cette heure-ci, mais ça m'arrange.

C'est vrai qu'elle appelle tôt, par rapport à d'habitude. D'une voix hésitante, je demande :

- Est-ce que... vous avez du nouveau ?

- On l'a retrouvé Kyouka.

Même en étant assise, je dois m'appuyer sur mon bras droit pour ne pas chanceler. Je me tourne lentement vers Taiyou. Je vois à son regard qu'il a entendu. D'ailleurs, il m'arrache presque le téléphone des mains pour harceler l'inspectrice de questions :

- Comment il va ? Il est où ? On peut le voir ? Ou lui parler ?

Natsumi reconnaît la voix de mon ami, qu'elle a aussi interrogé au cours de l'enquête.

- Du calme Taiyou. Il est fatigué et un peu affamé, mais rien de grave, il sera remis d'ici quelques jours. On l'a retrouvé aux alentours de Sapporo, mes collègues sont en chemin pour le ramener. Ils devraient arriver au commissariat d'ici quatre heures, s'ils ne croisent pas trop d'embouteillages.

Sapporo ? A Hokkaido ? Mais comment a-t-il réussi à aller aussi loin ? Et surtout, pourquoi ? Hakuryuu, mais qu'est-ce qui t'as pris à la fin ?

- On peut venir attendre là-bas ? demande alors Taiyou.

- Bien sûr, accepte Natsumi. Vous pouvez rester dans mon bureau le temps qu'ils arrivent.

On remercie l'inspectrice avant de raccrocher, puis, sans même échanger un regard, on se lève et se prépare à sortir.

11:21

Au final, ça prend plus de quatre heures. En même temps, un samedi matin, il ne fallait pas espérer des routes très dégagées... Moi et Taiyou, on attend dans le bureau de Natsumi, qui elle est partie voir des collègues pour une autre affaire. Taiyou alterne entre s'asseoir sans durer tranquille et faire les cent pas. Moi, je n'arrive pas à bouger. Mon regard est fixé au sol depuis notre arrivée.

J'entends la porte s'ouvrir, et la voix de Natsumi déclarer :

- Ils seront là dans cinq minutes. Suivez-moi, on va les attendre sur le parking.

Cette fois, c'est Taiyou qui s'immobilise d'un seul coup, comme si, soudainement, il ne voulait pas retrouver Hakuryuu. J'imagine qu'il a peur de voir l'état dans lequel il est après trois jours de fugue. Je me lève à mon tour et lui prends la main pour le guider. Je suis incapable d'articuler quoi que ce soit, mais, heureusement, mon geste suffit à faire passer le message.

Qu'importe son état, l'important, c'est qu'on le retrouve.

C'est ce que je me répète. Pourtant, quand une voiture noire et blanche se gare sur le parking, et que je vois mon meilleur ami sortir, c'est bien la dernière pensée qui me traverse l'esprit. Ses cheveux inhabituellement détachés sont complètement emmêlés, d'énormes cernes soulignent ses yeux d'habitude plein de malice, et il a troqué son sourire narquois par une expression de déterré. Je n'ai même plus l'impression d'avoir mon meilleur ami en face de moi, juste une pâle imitation.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je parcours les mètres qui nous séparent à grands pas, et le gifle. Le son du coup résonne dans le parking silencieux. Hakuryuu se contente de subir sans répliquer. Hors de moi, je m'écrie :

- Tu te rends compte de ce que t'as fait !? Ca t'amuse, d'attirer l'attention comme ça en inquiétant tout le monde ?

Il ne réagit toujours pas. D'ailleurs, personne ne réagit autour de nous, que ce soit les policiers, Natsumi ou Taiyou, comme si le monde entier venait de se figer. J'en viens même à oublier leur présence. N'y tenant plus, je prends Hakuryuu dans mes bras et le serre de toutes mes forces. Je ne lui en veux même plus, je m'en fiche qu'il soit parti. Je veux juste un geste, une simple réaction de sa part, histoire d'être sûre que je l'ai bien retrouvé...

- Me fais plus jamais ça, tu m'entends...? Promets-le moi...

Et, enfin, ses bras s'enroulent autour de ma taille, et je sens son corps trembler contre le mien. Je crois que celui qui a eu le plus peur dans cette histoire, c'est lui... Inconscient de ses propres actions, il a écouté son instinct, sans doute suite à une énième connerie venant de ses parents, et, une fois parti, a eu trop honte pour revenir. Du Hakuryuu tout craché, en somme...

- Je te le promets, je l'entends murmurer contre mon épaule.

On finit par se séparer, reprenant peu à peu conscience du monde qui nous entoure. Cependant, c'est loin d'être la fin de la tempête pour Hakuryuu. En trois jours, Taiyou en a accumulé, des choses à lui dire. Et, maintenant qu'il le sait en un seul morceau, la colère reprend le dessus.

- Toi ! Non mais tu te fiches de moi ?! Trois jours ! Trois putain de jours qu'on te cherche et que tu joues les fantômes ! Trois putain de jours que Kyouka a trop peur de faire des cauchemars pour dormir ! Trois putain de jours que je reste avec elle parce que j'ai trop peur qu'il te soit arrivé un truc pour supporter d'être seul ! Ca t'as traversé l'esprit, ça, quand tu t'es barré ? Tu croyais vraiment que ça allait changer quoi que ce soit ? Bravo, t'as gagné deux potes au bord de la crise de panique ! Oh, mais pourquoi je me fatigue ? Tu dois rien en avoir à foutre, espèce d'égoïste ! De toute façon, tu... tu...

Taiyou n'arrive même pas à finir sa phrase tellement les sanglots secouent sa gorge. Même moi, je n'en reviens pas de tout ce qu'il vient de crier. Je sais bien qu'il n'en pense pas un mot, et que demain, il aura déjà pardonné Hakuryuu, mais ça fait quand même un choc de l'entendre si agacé, lui qui garde toujours le sourire et n'en veut jamais à personne.

Néanmoins, ma réaction n'est rien comparée à celle de Hakuryuu. Douze ans que je le connais, et jamais je ne l'ai vu aussi secoué. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, il ne parvient pas à répliquer quoi que ce soit. Et, honnêtement, vu l'état de Taiyou, je pense qu'il vaut mieux qu'il la boucle, pour une fois.

Finalement, Hakuryuu prend de lui-même Taiyou dans ses bras, et celui-ci s'agrippe à son tee-shirt tout en continuant de pleurer à chaudes larmes.

- Désolé... j'entends Hakuryuu chuchoter.

- J'espère bien que tu l'es, articule à peine Taiyou.

Après ces retrouvailles, Natsumi demande à parler à Hakuryuu seul à seule. Aucun de nous n'est dupe. Les parents de Hakuryuu ont beau être négligents, ils ne le maltraitent pas pour autant. Il n'y a rien que les autorités puissent faire. Il va simplement devoir continuer de subir jusqu'à sa majorité.

Pourtant, malgré tout, j'ai le sentiment que quelque chose a changé. Je n'arrive pas à l'expliquer, et, honnêtement, je suis trop fatiguée pour chercher. Les policiers nous raccompagnent en voiture. Les parents de Hakuryuu sont prévenus par téléphone qu'il dormirait chez moi. Hors de question qu'il retourne là-bas tout de suite, et, sans surprise, ils s'en moquent pas mal, alors que leur fils demeurait porté disparu quelques heures plus tôt.

Non, rien n'a changé. Rien, hormis peut-être un détail...

21:56

Lorsque je reviens dans ma chambre après la douche, je trouve Hakuryuu assis sur mon lit, adossé au mur, sur son téléphone. Taiyou est reparti il y a quelques heures. En arrivant, je les ai laissés seuls pour qu'ils puissent parler. Taiyou m'a dit qu'ils ont évoqué leurs sentiments, mais ils préfèrent attendre que les choses se soient calmées avant de décider quoi que ce soit. Comme quoi, il aura vraiment fallu toute une escapade à l'autre bout du pays pour que Hakuryuu accepte enfin de laisser sa fierté de côté pour admettre ce qu'il ressent.

En parlant du loup, il a, sans surprise, passé la majeure partie de la journée à dormir. Fidèle à lui-même, il n'a même pas demandé la permission avant d'occuper mon lit. Probablement qu'il connaissait déjà ma réponse sur la question. Je viens m'asseoir à ses côtés, et remarque qu'il observe tous les appels manqués qu'il a reçus en son absence. Bien entendu, la majorité viennent de moi et de Taiyou.

- Je me sens con, il finit par lâcher avant de poser son téléphone à côté de lui.

Je ne peux pas tellement lui donner tort. Il y avait dix milliards d'autres solutions bien meilleures que partir sans rien dire et inquiéter tous ceux qui tiennent à lui. Surtout que ça n'a fait ni chaud ni froid aux principaux concernés du problème. Mais en même temps... comment lui en vouloir, après tout ce qu'il a traversé ?

- Au moins, maintenant, t'as retenu la leçon, je lui rétorque simplement.

Je le vois hocher la tête timidement. Décidément, le Hakuryuu habituel peine à refaire surface... ça se confirme lorsqu'il demande :

- Kyouka, je peux te dire un truc ?

- Bien sûr, je lui réponds aussitôt.

Il hésite un peu avant d'avancer :

- Quand j'étais là-bas... j'osais pas revenir. Tu vas me dire que c'est à cause de mon égo, mais y'avait plus que ça... En fait, je flippais à l'idée que vous me détestiez sûrement, toi et Taiyou. Je me disais que vous me pardonneriez jamais, et... 'fin bref, j'ai été con.

Je passe un bras autour de ses épaules pour l'attirer contre moi. Et, là, enfin, je comprends ce qui a changé. C'est Hakuryuu lui-même. Il s'est rendu compte qu'il est allé trop loin, et qu'à force de s'évertuer à ne rien nous dire par fierté, il a failli nous perdre. Il a enfin compris qu'il n'avait pas besoin de continuer à jouer les durs, et qu'il pouvait au contraire se reposer sur nous.

Ce n'est pas le vrai Hakuryuu qui peine à refaire surface. Au contraire, je l'ai là, à côté de moi, parce qu'il a enfin décidé de me faire confiance au lieu de tout gérer seul.

- On était en colère, mais on t'a jamais détesté. Au contraire, nous aussi on était mort d'inquiétude à l'idée de pas te retrouver.

Hakuryuu n'est pas juste mon meilleur ami. Il est à mes côtés depuis que je suis petite. Imaginer vivre sans lui est tellement douloureux que j'en ai fait des cauchemars assez terrifiants pour me priver volontairement de sommeil. Il est comme ma deuxième moitié, ma famille de cœur, celui à qui je pense immédiatement quand on parle d'âme sœur alors même que je n'ai jamais éprouvé le moindre sentiment romantique à son égard. Et, s'il y a bien une chose que cette histoire m'a prouvé, c'est que c'est réciproque.

- Kyouka, j'ai un service à te demander.

- Tout ce que tu veux.

- Vu que mes parents en ont clairement rien à foutre que je rentre pas... est-ce que je peux venir ici de temps en temps ?

Par "de temps en temps", je sais très bien qu'il insinue une fois par semaine, au minimum. De toute façon, si je le pouvais, je le forcerais à emménager ici à temps plein. Sauf qu'on est encore que des collégiens, et que, si ses absences répétées ne semblent pas tracasser ses parents, je pense qu'ils le forceraient à rentrer au bout d'un moment, rien que pour garder la face devant les autres. Il n'empêche que, quelques jours de temps en temps, c'est mieux que rien.

- Evidemment. Je t'ouvrirai même si tu débarques à deux heures du mat.

Je l'entends rire contre mon épaule. C'est rare, qu'on parle autant à cœur ouvert, quand on arrive à se comprendre d'un seul regard. Mais, pour cette fois, les regards n'auraient pas suffi. Ce sont des mots qu'on avait besoin, pour se rassurer et s'assurer que l'autre sera toujours à nos côtés.

- Je te préviens, je vais te prendre au mot, il rétorque sur le ton de la plaisanterie.

- Dans ce cas, oublie pas que si j'ouvre pas, c'est que t'as pas assez sonné.

- Tes voisins vont te détester.

- C'est réciproque.

On ne tarde pas à nous coucher. Malgré les heures qu'il a passées à dormir, Hakuryuu n'a pas encore récupéré de toute la fatigue accumulée, et j'ai moi-même un manque affligeant de sommeil à combler. Lorsque je ferme les yeux, je sens la peur me paralyser à nouveau l'espace d'un instant. Puis, le son de la respiration de Hakuryuu me parvient, et me calme aussitôt.

Mon meilleur ami enfin de retour, j'arrive de nouveau à plonger dans un sommeil paisible.

~☆°

Il aura finalement vu le jour, ce bonus. Je l'aime bien, et je trouve qu'il permet d'autant plus de comprendre la réaction de Hakuryuu envers Tenma lors du chapitre 15. Disons qu'il sait très bien à quel point c'est con de se barrer sans rien dire à ses proches. Et puis c'est un chapitre de platonic kyouhaku, et dieu sait que j'aime leur relation. C'est deux là, à mes yeux, c'est soit des exs qui s'entretuent chaque fois qu'ils se voient, soit des amis qui tueraient pour l'autre. Y'a pas d'entre-deux. Evidemment, ici, c'est la deuxième option.

Ah, et, aussi, j'aimerais bien des avis sur le speech de Taiyou. Au chapitre dix je disais juste qu'il gueulait sur Hakuryuu pendant plusieurs minutes et que ça l'avait bien secoué, donc voilà j'aimerais savoir si c'est assez impactant à vos yeux, parce que ça c'est le genre de truc que j'ai du mal à jauger par moi-même. 

Bref, encore une fois, merci d'avoir lu cette fic. Cette fois, je pense que c'est bel et bien la fin (et là plot twist je sors un bonus sur Sakura. Non je plaisante. Mais imagine quand même...)

Bye bye 💜

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