chapitre - 5
Faire un choix
J'arrive dans la cour de mon école qui est déjà remplie d'élèves prêts à subir une journée de cours, moi j'étais pressé d'être aujourd'hui, on se demande bien pourquoi...
Je rejoins la classe de français où la prof est déjà installée à son bureau, entourée d'un tas de copies de cours, sûrement les exercices côté qu'on a fait la semaine passée, je pars m'installer au fond de la pièce pour avoir une vue sur tout le monde, je n'aime pas avoir quelqu'un dans mon dos.
Mes camarades de classe finissent eux aussi par s'installer et le cours peut commencer, la prof nous fait un rappel de ce qu'on a vu au cours précédent avant de nous rendre nos copies, j'ai de bonnes notes, je le sais déjà mais cela fait toujours du bien de voir qu'on était proche de la perfection, tout le monde peut se tromper et c'est mon cas.
Je suis loin de m'en vanter, je sais que j'ai travaillé dur pour en être là, même si parfois il m'arrive de me dire que je devrais agir comme les autres et ne pas rester uniquement dans mes études, comme j'ai l'habitude de le faire.
-Vous allez me refaire les groupes de vendredi, comme vous aviez plutôt bien travaillé, on ne changera plus de binôme jusqu'à la fin de l'année, alors je vous invite à présent à vous mettre par groupes et vous garderez vos places à chaque cours, annonce la prof sans savoir si cela nous convient ou pas.
J'ai à peine le temps de chercher après Clément qu'il était déjà installé à mes côtés avec son cours ouvert, il ne dit rien se contentant de regarder ce qu'il se passe devant lui, c'est-à-dire pas grand-chose, hormis le brouhaha des autres qui déplacent leurs chaises en oubliant de les soulever par fainéantise.
Bon je comprends le fait qu'il soit mal à l'aise, étant donné que je le suis aussi, on a échangé un baiser, oui c'est vrai mais ce n'est pas non plus comme si on avait couché ensemble, il est à ce point timide ? J'en doute.
- Tu vas bien ? Demandé-je pour briser le silence qui était trop pesant pour moi.
Son regard gris croise le mien le temps d'un instant avant qu'il ne reprenne sa contemplation du vide.
- Depuis quand tu me demandes comment je vais toi ? Finit-il par me répondre, alors que je suis surpris.
- Depuis que tu sembles m'éviter, même si cela ne me dérange pas à vrai dire, je veux juste comprendre, est-ce à cause du...
- Ne dis rien de plus, me coupe-t-il de façon grossière.
- Il n'y a rien eu à cette soirée d'accord, surtout entre nous, rajoute Clément plus bas pour que personne ne l'entende parler.
- Bien chef, mais ne tire pas la gueule, dis-je en lui lançant un sourire amical.
- On verra, répond-il en commençant à faire ce que la prof a demandé, je le laisse tranquille et fais moi aussi cet exercice en jetant des coups d'œil à Clément par moments.
Le cours se poursuit et nos feuilles se complètent au fur et à mesure, il est redevenu comme la semaine passée, n'hésitant pas à me faire des réflexions sur ce que je fais sur ma copie, mais quitte à devoir travailler avec lui autant faire le faire sans se sentir à l'aise.
Quelques minutes avant la fin du cours, la prof nous annonce le projet qu'on devra réaliser avec son binôme.
Je peux accepter de le côtoyer pour quelques heures par semaines mais de là à devoir préparer un exposé en dehors des cours, ça m'enchante nettement moins, mais je n'ai pas mon mot à dire.
Lui aussi semble contre cette idée puisqu'il a soufflé plusieurs fois, exaspéré, au moins on est sur la même longueur d'onde.
On finit par sortir et je me fais interpeller par Clément qui me retient par le bras.
- Écoute, on fait chacun des recherches de notre côté et on se retrouve jeudi en salle d'étude pour mettre tout ça en commun, m'ordonne-t-il en me lâchant et en partant sans me laisser le temps de donner une quelconque réponse.
Je finis par rejoindre le préau pour être tranquille, personne n'y va à part ceux comme moi qui cherchent un endroit calme pour lire et étudier.
Je commence donc à étudier en vue des prochaines interros potentielles, puis ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire que de patienter et attendre le cours prochain, au contraire, par chance Alvin et Lydia finissent à 14h25 donc il me reste trois heures de cours plus le temps de midi avant d'être moins seul.
Alors non je ne suis pas vraiment sans ami, je préfère ne pas suivre mes camarades de classe qui ne pensent qu'à s'envoyer en l'air avec la première fille qui leur fera du charme, non mais sérieusement ils pourront penser à ça quand ils seront en vacances et étudier un peu plus maintenant.
Alors oui nous sommes jeunes, on peut parfois décompresser pour évacuer le stress accumulé par les études, mais quand on ne fait rien en cours je peux comprendre qu'ils soient inquiets pour leurs examens, je le serais aussi à leur place, je tenterais quand même de sauver ce qui peut l'être et réussir mon année.
Après, il ne tient qu'à eux de faire le bon choix car, comme je dis souvent chacun sa merde, moi j'ai déjà ma dose quotidienne et personnellement je me fiche de savoir qu'ils vont rater leurs années.
Le temps est rapidement passé, et je marche à présent en direction du lycée de mes amis qui se situe un peu en aval de mon école, le soleil est bien présent sans pour autant être agressif, un léger vent frais sillonne les rues, j'apprécie sentir le vent contre ma peau, c'est relaxant, enfin sauf quand il fait un froid de canard.
-Te voilà enfin on t'attend depuis deux minutes déjà, râle Lydia en venant me prendre dans ses bras, alors qu'Alvin, lui, se marre déjà.
-Toi ne rigole pas trop si tu ne veux pas t'attirer les foudres du génie, dis-je en parlant de moi.
-C'est bon on sait que tu es très intelligent, d'ailleurs tu peux faire mon devoir de maths ? Me demande Lydia en me regardant avec des yeux de chien battu.
-Je ne sais pas j'y gagne quoi moi ? M'interroge .
-Un gros câlin d'Alvin, dit-elle alors qu'il s'oppose immédiatement, ne souhaitant pas servir de monnaie de paiement.
-Mmm je prends, il ne fallait pas rigoler avant, allez viens faire un câlin, demandé-je en regardant Alvin qui finit par venir vers moi.
- Lydia tu vas me le payer cher, dit-il en passant ses bras autour de moi.
Je fais de même glissant ma tête sur son épaule et sentant la sienne contre la mienne, son corps est chaud et j'aime bien ça, sa future copine sera heureuse de pouvoir se réchauffer contre lui.
- On dirait un petit couple, c'est trop chou, dit-elle alors qu'on se sépare directement.
Je le regarde alors qu'il a les yeux baissés, je regarde Lydia pour essayer de comprendre mais elle ne dit rien, hormis que c'était une blague.
On finit par aller manger un bout car Lydia a faim, et oui quand elle veut quelque chose nous on suit sans rechigner, car quand elle a pas ce qu'elle veut on finit toujours perdant.
- Elles sont bonnes non ? Demande Lydia en mangeant ses frites alors que je sors de mes pensées.
- Celles de chez Marc sont mieux, avoue Alvin.
Lydia hoche la tête avant de porter son attention sur moi, elle me regarde mais hésite à parler, je comprends le sujet qu'elle tente d'aborder et viens clore le débat avant qu'il ne commence.
- Oui mes parents se font la tête et oui j'ai passé une fin de week-end de merde, mais voilà à présent que je suis plus chez moi je me sens mieux.
Elle me regarde et n'ose rien dire mais Alvin lui ne se gêne pas pour donner le fond de sa pensée.
- Ils devraient divorcer, cela devient impossible à vivre pour toi, tu devrais leur dire à mon avis ton point de vue, peut-être qu'ils ouvriraient les yeux.
- Mmm je sais pas vois-tu, ils risqueraient de dire que c'est ce que j'ai voulu, or moi je veux que leurs disputes cessent, rien d'autre.
J'ai pas spécialement envie qu'ils se séparent, même si c'est ce qu'il y a de mieux à faire mais voilà, on arrive à un point où la moindre remarque finit en dispute et moi je suis là entre les deux à ne pas savoir que faire.
- Il a raison pour une fois, confirme mon amie.
- Ah, parce que généralement j'ai tort espèce de morue, s'emporte mon ami en riant légèrement.
Elle lui tire la langue et je me sens comme en maternelle.
- Bon les enfants, on se calme où il y a pas de dessert pour vous, dis-je en prenant une voix autoritaire.
- Oui papa, me dit Alvin en jouant l'enfant qui a été pris sur le fait alors que Lydia, elle, me regarde en retenant un rire.
On finit par rejoindre les arrêts de bus en voyant qu'il est déjà l'heure, je me sens mieux après cette petite journée loin de mes problèmes familiaux, mais j'ai pris une décision, parler à mes parents avant que cela ne dégénère en homicide, car ce n'est plus supportable pour moi et pour eux non plus.
La maison est un lieu censé être un cocon d'amour où tout le monde s'y sent bien, et ici je pense que plus on en est loin, mieux c'est.
Espérons que la situation ne s'aggrave pas après que j'ai mis mon grain de sel, car je me sentirais mal.
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