chapitre - 14
Un ami entreprenant
Je suis assis contre le chevet de mon lit et je tiens mon téléphone en main, je me suis réveillé il y a déjà un petit moment et depuis une chose m'obsède, je ne suis pas allé sur les réseaux sociaux depuis vendredi, et bien que je n'y sois jamais en temps normal, je me suis demandé si j'avais reçu des messages, de haine ou de soutien.
J'ai besoin de savoir ce à quoi je vais devoir faire face demain, et peut-être que je serais fixé, mais je sais aussi que dans un sens, je pourrais avoir encore plus peur d'y aller, et je ne pourrais m'en prendre qu'à moi.
Puis bon si j'avais au moins la chance d'avoir quelqu'un à mes côtés au lycée, mais je n'ai aucune nouvelle de Clément et à présent je lui en veux de me laisser porter tout ce poids seul, il m'a abandonné comme une chaussette sale qu'on jette sans aucune douceur.
Il doit avoir de bonnes raisons, mais il pourrait au moins prendre le temps de me rassurer, puis bon à quoi bon s'en faire pour lui, il n'a pas les couilles de faire face aux problèmes sur sa route, non il préfère fuir et se terrer dans un trou, faisant le mort.
Alors que bien lui fasse, mais il peut faire une croix sur notre amitié, car quand j'ai besoin de lui, il n'est pas là, et je ne peux pas l'être pour lui, qui sait comment il se sent, est-il lui aussi au plus bas moralement, a-t-il aussi peur de revenir dans ce lycée, j'en doute, il ne sait sûrement pas ce qu'il s'est passé sinon je suis presque sûr qu'il serait venu pour savoir comment je vais.
Ou alors tout ça, cette photo c'est lui qui se cache derrière, après tout au moment où la photo sort il disparaît et en plus son visage est flouté, mais d'un autre coté il n'a pas pu prendre la photo et je me doute qu'il ait un complice, non je pense plutôt que ça vient d'une autre personne mais qui.
La seule personne qui peut avoir eu une motivation de me faire du mal est Lydia, elle ne supporte pas Clément, mais pourquoi aurait-elle flouté son visage si c'était pour lui faire du tort, et si son but était uniquement de me faire du mal à moi, c'est vrai que c'est de son genre, mais j'ai l'impression qu'il y a autre chose, une autre personne qui se cache derrière ça.
- Hey déjà réveillé, tu as bien dormi ? me demande Alvin en s'étirant les membres, manquant de me donner un coup dans le visage avec sa main.
- Oui ça été et toi ? lui répondis-je en rangeant mon téléphone sur la table de nuit.
- Je dois dire que tu as un lit très confortable, me complimente mon ami en venant mettre sa tête sur ma cuisse.
- Tu veux dire que je suis confortable, tu as pas arrêté de te coller à moi durant la nuit, me plains-je en lui lançant un regard noir qui le fait rire.
- Tu es trop mignon pour me faire peur, là, dit-il sans réfléchir alors que je rougis.
- Bon je reviens je dois aller aux toilettes, dis-je pour casser ce moment gênant.
Il ne dit rien et se contente de retirer sa tête de mes jambes avant que je les prenne à mon cou pour rejoindre la salle de bain, une fois la porte refermée, j'actionne le verrou par précaution et reste appuyé contre celle-ci.
Pourquoi se comporte-t-il ainsi, je ne comprends pas ce qu'il peut bien avoir en tête, et à vrai dire je ne veux même pas le savoir, mais il sait que je ne supporte pas qu'on me colle ainsi et en plus de ça.
Il ne peut s'empêcher de me faire rougir avec ses compliments, je dois lui faire comprendre que je ne suis pas à l'aise avec ça, il devrait comprendre et y mettre fin, enfin je l'espère pour lui car je ne vais pas toujours me retenir de dire le fond de ma pensée.
Mais en même temps il ne me reste que lui comme ami et je ne peux pas le perdre, même si c'est égoïste de ma part, je l'accorde mais je préfère encore sa compagnie que de rester sans ami.
Car c'est pas avec l'histoire de vendredi que je vais réussir à me faire de nouveaux amis, au contraire je vais devenir celui qu'on évite, pour ne pas risquer d'attirer les foudres des rebelles du lycée.
Alors je vais faire avec les moyens du bord.
Je finis par rejoindre ma chambre où Alvin pianote sur son tél, je ne dis rien et fais comme si je ne le voyais pas, puis bon il semble concentré et j'ai pas envie de le déranger, je prends mon portable avant de descendre en bas.
Je n'ai pas faim et je décide de regarder la télévision, sauf qu'à part des dessins animés ou des séries pour ados, il n'y a rien, franchement cette journée risque d'être vachement pourrie.
Je me couche dans le divan et tente de m'endormir sauf que j'entends un bruit monstre dans la cage d'escalier avant de voir Alvin étalé au sol, il est pas croyable quand même, espérons qu'il ne reste pas toute la journée avec moi, je vais finir par le tuer.
-Viens surtout pas m'aider va, se plaint-il en se relevant tout en massant ses fesses.
- Faut regarder où l'on va au lieu de rêvasser crétin, lui rétorqué-je un sourire aux lèvres.
-Petit con va, dit-il en venant se mettre à côté de moi, alors qu'il y a un autre canapé de libre.
Il reprend son téléphone pour répondre à un message et j'aperçois le nom de Lydia, curieux je tente d'en lire plus mais il l'éteint et je fais comme si j'avais rien vu.
En même temps je ne lui demande pas de choisir entre elle et moi, le temps qu'il ne m'oblige pas à la voir.
-Décidément elle n'aime pas qu'on lui dit non, sacrée Lydia, dit-il plus à lui-même dans un soupir las.
-Pourquoi dis-tu ça ? demandé-je d'un ton curieux.
- Elle veut que je te convainque de la pardonner, elle regrette ses paroles et tout mais l'on sait toi et moi que c'est faux, elle est qu'une manipulatrice sans cœur, s'énerve mon ami.
Je viens passer ma main dans son dos pour le calmer, il semble remonté contre elle, mais il doit y avoir autre chose qu'il ne me dit pas et j'ai pas plus envie d'en savoir plus.
-Écoute, je ne compte pas lui pardonner, donc si elle te met à ce point sur les nerfs bloque-la de ta vie, dis-je pour l'aider.
Il vient se blottir contre moi, surpris je reste quelques secondes à ne pas bouger avant de passer ma main dans ses cheveux pour le réconforter, ma mère me faisait ça quand j'étais gosse et ça marchait bien.
Il ne pleure pas et ne dit rien non, il reste a a s'agripper à moi comme une sangsue, et je continue de jouer avec ses cheveux en espérant vainement l'aider, mais les minutes passent et il reste là, contre moi à profiter de ma pitié, bon j'ai pas vraiment pitié, mais je ne suis pas non plus triste pour lui.
- Tu vas mieux ? demandé-je en cessant mon geste dans ses cheveux.
Il hoche la tête et finit par se détacher de moi, je lui lance un petit sourire et il m'en renvoie un timide, on se regarde dans les yeux, j'essaye de comprendre ce qu'il ressent là, ses yeux brillent un peu, sûrement a-t-il retenu ses larmes par dignité.
Je vois qu'il me regarde intensément passant de mes yeux à ma bouche, c'est quand je le vois se rapprocher vers moi que je comprends tout, son comportement depuis hier, au moment où je sens son souffle sur mes lèvres, je recule un peu, mais il continue à se rapprocher, et ce plus vite, mais je viens poser mes mains sur son torse et le repousse.
- Laisse-moi t'embrasser Fabien, j'en ai besoin, quémande mon ami alors que je le regarde les sourcils froncés.
- Quoi, mais non, j'en ai pas envie moi, m'emporté-je en me levant du divan pour prendre le dessus sur la situation.
Il se lève lui aussi et se rapproche de moi et ce jusqu'à ce que je me retrouve bloqué entre lui et le mur.
Je sens son corps appuyé contre le mien et son souffle s'échouer sur mon visage, il me regarde d'un air tendre et envieux, mais je ne peux pas lui donner ce qu'il veut car je n'en éprouve pas l'envie, au contraire.
-Si tu essayes tu vas le regretter, le mis-je en garde d'un air menaçant.
Il me regarde d'un air déçu et se recule de moi, il reste là sans bouger sûrement trop gêné de la situation, tout comme je le suis je pense.
-Écoute je suis désolé de pas avoir les mêmes sentiments que tu as pour moi, mais je préfère ne pas te donner de faux espoirs tu comprends, je te vois comme un ami, et je ne pense pas te voir autrement un jour, expliqué-je le plus gentiment possible.
-Je m'en doutais en même temps, tu ne m'as jamais regardé comme je te regarde depuis toutes ces années, mais bon je m'en remettrais, dit-il peu convaincu par ses dires.
Je ne dis, car je n'ai rien à ajouter à ça, ou je ne sais pas comment le dire, après tout, toutes ces attentions ont enfin une explication logique, il est amoureux de moi, et ce depuis quelques années a priori.
J'ai vraiment pas de chance, lui non plus d'ailleurs, le pauvre il est tombé sur la mauvaise personne, je n'ai jamais été amoureux, je ne sais même pas ce qu'on ressent quand on l'est.
Alors oui il est beau garçon mais je ne le vois pas autrement et il doit le comprendre.
-Je vais y aller, puis demain tu reprends les cours et tu dois sûrement avoir des trucs à faire, alors on se voit demain dans le bus si tu veux, bonne journée, dit-il en quittant la pièce suivi de la maison.
Je ne dis rien encore une fois, à croire que je suis insensible aux émotions des autres ce qui dans un sens n'est pas totalement faux, je ne connais rien à l'amour hormis l'amour fraternel en quelques sortes.
Celui qu'on a pour nos amis, ceux qui comptent pour nous, même si on les connaît réellement depuis quelques semaines à peine, et qui nous laissent un trou énorme dans le cœur quand ils donnent pas de signe de vie.
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