Soirée

Lorsqu'il avait vu le hibou de ses parents se poser devant lui au petit déjeuner, Drago s'était crispé. Il avait attrapé le parchemin et l'avait fourré dans sa poche, sans même chercher à l'ouvrir. Il avait déjà le cœur battant juste à cause de ce stupide volatile, alors il ne voulait pas perdre son calme face aux nouvelles qu'il pourrait recevoir. Pas en plein milieu de la Grande Salle.

Il soupira, et les cours se déroulèrent dans un brouillard inquiet. Il avait hâte de lire les mots de ses parents, mais il craignait ce qu'il pourrait apprendre.

Il n'eut pas un seul instant de solitude de la journée, et il sentait la lettre dans sa poche, qui semblait lui brûler la cuisse, se rappelant à lui constamment. Il fut particulièrement désagréable avec ses camarades, faisant pleurer une Poufsouffle qui s'était trouvée sur son chemin, insultant Weasley qui lui avait fait une remarque sur l'emprisonnement puis l'évasion de son père d'Azkaban. Le pire de la journée fut lorsqu'il repoussa Pansy sans ménagement, s'attirant les regards noirs de toutes les filles de Serpentard, comme s'il y avait une espèce de solidarité féminine alors même qu'elles ne se privaient pas de se crêper le chignon en temps normal.

Il réussit à s'échapper en début de soirée, juste avant le repas dans la Grande Salle, et il fila ventre à terre dans les toilettes, à sa place habituelle. Il aurait pu s'enfermer dans son dortoir, rideaux de son lit tirés. Ou bien dans la salle sur demande. Mais, il espérait sans se l'avouer que Potter viendrait.


Il était en train de tourner et retourner la lettre de ses parents, sans même l'avoir ouverte lorsque le Gryffondor entra, les sourcils froncés. Drago s'attendit à des reproches pour son altercation avec la belette - il n'oubliait pas que c'était le rouquin miséreux l'ami de Potter et pas lui - mais le brun s'agenouilla devant lui, main posés sur ses genoux.
- Hey ? Tout va bien ?

Il devait probablement avoir l'air pathétique, mais c'était loin de ses préoccupations en cet instant. Il leva des yeux humides vers son camarade, et lui désigna la lettre.
- C'est de mes parents. Je n'ai pas eu le courage de l'ouvrir.

Les mains chaudes de Potter pressèrent ses genoux et il reçut un sourire d'encouragement qui lui tordit les entrailles, le faisant se sentir léger.
- Je sais, j'ai reconnu le hibou qui t'apportais des friandises. Tu n'es pas seul, Drago Malefoy.

Drago fixa longuement le Gryffondor, et il se sentit soudain mieux. Il commença à décacheter l'enveloppe mais ses mains tremblaient trop. Sans un mot, Potter la lui prit des mains et l'ouvrit, puis lui rendit sans même chercher à y jeter un coup d'œil. Il se sentit plein de gratitude et il offrit un véritable sourire au brun. Ce dernier hoqueta mais Drago n'y fit pas attention, se plongeant dans la lecture de la lettre.

Sourcils froncés, il prit connaissance des mots de ses parents. Puis, il ferma les yeux et une larme coula sur sa joue.
Il fut attiré dans les bras du Gryffondor et il s'agrippa à lui comme si sa vie en dépendait, sanglotant sans retenue. Le brun ne fit pas la moindre remarque, le laissant pleurer à sa guise en lui caressant doucement le dos en un mouvement presque hypnotique.

Lorsque les larmes se tarirent, Drago resta collé contre le jeune homme quelques instants de plus, parce qu'il se sentait bien contre lui, et qu'il avait l'impression d'y puiser du courage. Potter le serrait en retour, lui murmurant des paroles de réconfort.
Finalement, le Serpentard se dégagea doucement, sans pour autant s'écarter trop loin. Un des mains de Potter resta sur sa taille et il n'avait pas l'intention de se plaindre, bien au contraire. Il passa une main nerveuse sur son visage, et il baissa les yeux.
- Désolé. Je crois que je suis à bout de nerfs. J'ai l'impression que je ne fais que me lamenter.
Les lèvres du Gryffondor s'incurvèrent en un rictus malicieux, légèrement moqueur.
- Ça ne me dérange pas, j'aime bien te consoler.

Drago se sentit rougir et il lança un coup d'œil meurtrier au brun. Ce dernier semblait content de lui, et pourtant, il n'y avait pas la moindre trace de méchanceté dans le regard vert.
Le cœur du blondinet s'emballa, mais il secoua la tête, s'obligeant à revenir à la lettre de ses parents, la froissant entre ses doigts.
- Ma mère... Et bien elle me dit d'être prudent. Elle me dit que... qu'elle a demandé à quelqu'un de veiller sur moi et que je ne dois pas trop m'inquiéter.
- Mais ce n'est pas ça le problème n'est-ce-pas ?
- Mon père... Il me demande de remplir ma mission pour que notre famille retrouve son honneur. L'honneur... Je fais ça pour leur sauver la vie, et il ne pense qu'aux apparences. Je... Si c'était une question d'honneur, j'aurais refusé. Il n'y a pas d'honneur à tuer !

Drago laissa la colère l'envahir, chassant le chagrin, la peur et toutes les autres émotions qui tourbillonnaient en lui. Il se releva brusquement, s'écartant de Potter, et fit quelques allées et venues dans la pièce, ses sourcils se fronçant un peu plus à chaque tour, détestant profondément son père de l'avoir placé dans une telle situation.

Finalement, il lança un coup de poing dans la faïence, évitant le miroir de peu. La douleur le ramena au présent et il cligna des yeux regardant d'un air absent ses articulations ensanglantées.
Il y eut un juron derrière lui, et le Gryffondor lui prit la main, avec une délicatesse que Drago n'aurait jamais imaginé chez lui. Il avait toujours vu le brun comme quelqu'un d'un peu maladroit, et d'un peu trop brusque.
Comme s'il en avait l'habitude, Potter fit jouer chaque doigt, vérifiant qu'il n'avait rien de cassé, puis il grogna.
- C'est plus une réaction de Gryffondor, ça, Malefoy. Tu aurais pu te briser les doigts, idiot !

Drago haussa les épaules. Il allait s'éloigner du Gryffondor, mais ce dernier le maintenait d'une poigne de fer, et il sortit sa baguette pour lui lancer des sorts de guérison, sourcils froncés, l'air terriblement concentré.
Quelques secondes plus tard, il n'y avait plus la moindre trace de son geste de colère, et Drago bougea ses doigts pensivement, alors même que le brun le tenait encore. L'adolescent eut un soupir résigné, et se laissa aller contre son camarade, recherchant son contact. Le Gryffondor le serra immédiatement contre lui, visiblement satisfait.

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