Famille

Stupéfait, Drago avait fixé un long moment Harry Potter qui était calmement à ses côtés, lui proposant son aide, si simplement. Pire encore. Lui proposant de l'aider dans sa mission, confiée par Voldemort. Sans même savoir de quoi il s'agissait.

Le jeune homme fronça les sourcils, et lança un coup d'œil mauvais au stupide Gryffondor, bien trop naïf. Le destin du monde magique reposait sur ses épaules, et il gardait une confiance aveugle en tous ceux qui l'approchaient. Comme si le monde entier était destiné à être gentil avec lui.
- Même si je dois tuer quelqu'un ?

Là où Drago attendait un air horrifié, une exclamation de colère ou un mouvement de recul, il n'eut qu'un haussement d'épaules presque indifférent.
Le Gryffondor attendait simplement la suite, sans quitter le Serpentard des yeux. Celui-ci plissa les yeux et renifla moqueusement. L'ironie avait toujours été sa meilleure défense, lorsqu'il se sentait déstabilisé.
- Vraiment Potter ? Tu vas m'aider à commettre un meurtre ? Toi ?

Le brun soupira lissant son pantalon sur ses cuisses d'un air distrait. Puis il répondit, sans le moindre signe d'agacement dans la voix. Avec une maîtrise étonnante, pour lui qui connaissait le caractère emporté du balafré.
- Bien sûr que non. Nous n'allons tuer personne Malefoy. Je vais juste essayer de t'aider à trouver une solution. Une solution satisfaisante pour tout le monde.

Drago resta silencieux, perdu entre incrédulité et colère. Il serra les poings sur ses jambes, s'obligeant à fixer le sol pour ne pas croiser le regard du stupide Gryffondor qui pensait encore que les choses se passaient comme dans les livres.
Puis, il siffla entre ses dents, s'obligeant à ne pas hausser la voix.
- Parce que tu penses qu'il y a une solution Potter ? Comment crois-tu faire ? À l'instant où IL verra que j'ai essayé de... que je n'ai pas obéi à ses ordres, je serais mort. Si je disparais, pour me cacher, mes parents seront tués.

La main de Potter se posa sur son bras, et il refusa de lever les yeux, observant cette main bronzée, lui paressant brûlante au travers du tissu fin de sa chemise.
- Je pense que tu me sous-estimes Malefoy. Et tu sous-estimes mon envie de mettre fin à tout ça. J'ai perdu mes parents, et maintenant, mon parrain est mort. Ma dernière famille. Je vais probablement y rester lorsque le moment sera venu. En t'aidant, j'ai un avantage sur lui qu'il ignore. Ça peut sembler dérisoire, mais... depuis que... Depuis que j'ai perdu Sirius, j'ai juré de ne plus rien laisser au hasard.


Drago resta silencieux, sourcils froncés.
- Que s'est il passé ? Pour ton parrain ?

Le Gryffondor lâcha le bras du blond, et ce dernier se surprit à regretter le contact. Drago vit les poings du jeune homme se serrer, cependant il parla d'une voix neutre, comme s'il avait réussi à maîtriser ses émotions.
- Voldemort m'a envoyé une... vision. Il m'a montré mon parrain aux mains de ses Mangemorts, au Ministère de la Magie, pour essayer de récupérer la prophétie qui nous concerne. Il n'y avait personne pour m'écouter ici. Dumbledore... Bref. Sirius est... était la seule personne qui pouvait m'offrir enfin une vraie vie de famille, et j'attendais avec tellement d'impatience que nous soyons réunis. Alors j'y suis allé. Je n'étais pas seul, bien sûr, mes amis étaient là, tous. Ils m'ont tous écouté, et ils m'ont suivi. Ils ont risqué leurs vies. Sauf que quand nous sommes arrivés au Ministère, Sirius n'y était pas. C'était juste un piège pour nous attirer. Il y avait ton père et ta tante notamment mais je pense que tu le sais déjà.

Potter marqua une pause, et Drago sentit le poids de son regard, comme s'il attendait une réaction. Mais le Serpentard voulait savoir et il attendit, sans bouger, refusant de regarder le Gyffondor pour ne pas le couper dans ses explications.
Il y eut un soupir, et Potter reprit.
- Les Mangemorts ont commencé à nous jeter des sorts, et nous nous sommes défendus, comme nous pouvions. Et Sirius et quelques combattants proches de Dumbledore sont venus à notre secours. Ils sont venus, et Bellatrix a jeté un sort à Sirius. Et il a disparu. Ensuite... je ne me souviens plus vraiment, je crois que j'ai vraiment pété les plombs. J'ai essayé de lui lancer un Doloris, à cette chienne, et je n'ai pas réussi, Voldemort est arrivé et... Dumbledore aussi. Puis... Le Ministre et Rita Skeeter, tout ça. C'est un peu flou, je voyais Sirius tomber encore et encore.

Drago ferma les yeux douloureusement. Il ne se faisait pas d'illusions sur sa tante, il savait à quel point la folie l'avait atteinte, et combien elle pouvait être cruelle et dangereuse. Que Potter ait réussi à lui faire face et qu'il s'en soit tiré sans dommages était un petit miracle en soi. Une preuve que le brun n'était pas aussi incapable qu'il se plaisait à le dire dans la salle commune des verts et argent, en ricanant moqueusement.
Quand à son père... Il se sentait trahi. Il n'avait jamais cherché à avoir de détails sur les activités de Mangemort qu'il menait discrètement, et il se doutait bien que ce n'était pas toujours légal - loin de là. Il avait conscience que son père avait du sang sur les mains.
Mais attaquer des adolescents de l'âge de son propre fils... S'il avait été ami avec Potter - si ce foutu balafré avait serré sa main lors de leur première soirée à Poudlard, s'il l'avait suivi ce jour là... Son père lui aurait il jeté un sort ? Aurait il attaqué pour plaire à son Maître ?

Le blond réprima une vague de nausée, et la décision qu'il devait prendre lui semblait évidente. Il aimait ses parents. Sa mère et son père. Lucius Malefoy était un homme exigent et froid, mais il était un bon père. Il ferait son possible pour les sauver, pour les aider, mais il ne pouvait pas continuer à vendre son âme au diable. Il portait déjà la Marque des Ténèbres, et il en souffrait suffisamment.
Il soupira, et ne commenta pas le récit de Potter. Il n'y avait rien à dire, rien qu'il ne puisse faire pour apaiser le deuil du brun. Hormis peut être de lui faire comprendre qu'il l'aiderait.
- Je dois faire entrer les Mangemorts au sein de Poudlard. Il y a une vieille armoire dans la salle sur demande, brisée, qui communique avec une armoire identique chez Barjow et Beurk. Je m'emploie à la réparer depuis la rentrée. Lorsque ce sera fait... l'école ne sera plus protégée. Et je dois tuer Dumbledore.

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