Un long bâillement parcouru le couloir plus si vide. Deux blonds avançaient, le pas lourd. L'un ne parvenait qu'à peine à se maintenir debout, et semblait prêt à s'endormir dans l'instant. L'autre, la tête haute, restait pareil à lui-même.
— Comment tu fais Katch–
— Tu répètes ce surnom encore une fois, et tu vas l'rencontrer le parquet.
— ...an pour être toujours aussi frais peu importe le moment ?
Comprenant à peine la raison de cette interruption, Kaminari avait poursuivi dès la fin de la féroce réplique de son ami. Alors que ce dernier comptait simplement ignorer le reste du commentaire, un bras entoura son cou, et ce, en parallèle de celui de l'électrique.
— Tu dormirais, toi, après une ou deux explosions ? C'est c'qu'on appelle un réveil efficace !
Kaminari, toujours aussi peu réveillé, sembla trouver l'illumination grâce à la réponse de Sero.
— Ooooooh !
Le brun au sourire tenace ne put s'empêcher d'éclater de rire à la tête qu'affichait son compagnon de galères. Pendant ce temps, il ne voyait l'énervement grandissant de son homologue blond à qui les accolades n'avaient jamais été son fort. En quelques sortes, si l'un semblait à cours de batterie l'autre avait démarré son compteur prévoyant son autodestruction.
Ignorant totalement la menace, le jeune héros aux rouleaux de scotch essayait d'empêcher la pile électrique de s'écrouler tout en ne pouvant se retenir de s'écrouler lui-même de rire. Cela ne lui permettait alors la réussite d'aucune action de manière efficace.
Et alors que les garçons continuaient d'avancer vers la salle de classe, Bakugo croisa des pupilles d'un noir tout aussi sombre que ses longs cheveux corbeaux. Et c'est en jetant un œil à la scène générale qu'il ne put rester impassible.
Attrapant un idiot pour en frapper un autre, ses deux compagnons atterrirent au sol dans un fracas sans nom. Si Denki n'était de toute façon pas apte à comprendre dans son état, et encore moins étouffé par son ami aux cheveux noirs.
Sero releva vite la tête pour répliquer face à la violence du blond, découvrant une scène inattendue. Ses yeux s'écarquillèrent et sa phrase ne dépassa jamais la limite de ses lèvres.
Yaoyorozu s'était senti envahi d'un feu désagréable dès qu'elle rencontra le regard de braise qui était déjà parvenu à envahir ses pensées plus tôt. Comme prise à commettre un acte inacceptable, la jeune déléguée recula instinctivement.
Ses lèvres la brûlaient d'une envie nouvelle. Mais ses entrailles étaient, elles, parcourue d'un feu destructeur, celui d'une peur tacite, incontrôlable. Comme surplombé d'une paire de pupilles juge, prête à déferler sa sentence.
La brune sera le poing avant de simplement reculer encore une fois, encore, et encore. Ses foulées s'agrandirent alors qu'elle s'était retournée. Comme la première fois qu'elle s'était faite prendre, elle n'avait pu réagir que d'une seule manière. Sa fuite lui avait également fait ignorer la réaction de celle qui devait être la plus perdue de tous.
Cette dernière était resté figé, autant dans son expression que dans ses gestes. Lorsqu'elle reprit compte de son environnement et qu'elle aperçu deux regards braqués dans sa direction, elle fusilla le premier avant de partir en direction de sa salle de cours.
Rien ne laissait plus paraître la scène qui s'était déroulé quelques secondes plus tôt. Dans ce silence de mort qui s'était installé depuis, un bruit de voix étouffé puis un soupir de soulagement réchauffa l'ambiance.
— Eh bah ! Qu'est-ce que t'as fait pour la mettre en rogne comme ça ?
Le jeune énergique, désormais réveillé par sa tentative de survie, ne venait d'apercevoir que l'échange silencieux entre la bassiste et le batteur, un échange plus qu'houleux de ce qu'il avait pu comprendre. Bougeant à peine et sans le regarder, Sero bâillonna la tête qui venait d'émerger avant de se relever.
— Tss.
Sur cette première réplique de l'explosif depuis un moment, les deux anciens spectateurs se remirent en marche, suivi d'un concert intempestif de manifestations dont il était devenu difficile de comprendre la nature. L'électrique qui essayait par tous les moyens de se faire entendre dû attendre leur arrivé dans la classe pour pouvoir respirer à nouveau correctement. Agacé d'être ainsi ignoré par ses amis, ce dernier cru pouvoir déverser toutes ses remarques lorsqu'un professeur au regard inquisiteur le rendit muet de nouveau.
Pendant ce temps là, Yaoyorozu était perdu et incapable de suivre le cours. Non seulement, elle ne revenait toujours pas de son geste mais la suite des événements ne faisait que renforcer sa culpabilité.
Elle n'avait pas suivi la première menace silencieuse du blond cendrée, ni même ses propres réserves à ce sujet, et elle s'était brûlé. Mais quelle magnifique brûlure qu'avait pu être celle-ci.
C'était la première fois qu'elle n'avait pas voulu de ses pensées parasites, la première fois qu'elles n'avaient pas été sa bouée de sauvetage, et la première fois que le silence ne l'avait pas effrayé. En fait, elle avait prit plaisir à faire cela, et en voulait même plus. Et ce, sans même connaitre l'avis de la jeune femme la plus concernée par cette affaire.
C'était d'ailleurs le plus grand reproche qu'elle pouvait se faire. Elle avait honte.
Honteuse d'avoir tant apprécié le vol de l'intimité d'une personne. Honteuse d'avoir été heureuse d'un geste qui avait pu briser l'espoir d'une autre. Honteuse de s'être laisser prendre alors qu'elle était gouvernée par une chose qu'elle était censée maîtriser, ses propres émotions.
Or, elle n'avait pas le droit d'être une honte. La honte ne devait jamais apparaître dans son vocabulaire, il était à bannir au profit de l'honneur, son héritage.
Finalement, le regard du batteur de la classe, qui pesait encore sur elle en ce moment, lui rappelait un autre, un si sombre que toute couleur semblait s'en être échappé. Il pesait sur sa conscience aujourd'hui plus encore que jamais, bien qu'il provienne d'un passé vieux de plusieurs années.
Lui aussi faisait parti de son héritage. Si ses règles étaient sa ligne de conduite dûment enseigné par sa stricte mais bienveillante mère, son père et ses rares mots appuyés par sa prestance définissaient ses limites.
Lorsqu'elle sentait ainsi ces pupilles vermeils s'attarder sur sa personne, elle avait l'impression d'avoir jouer trop longtemps avec les bordures de son cadre. Alors même que cette libération n'avait duré que quelques instants.
A défaut de pouvoir suivre les enseignements que le professeur s'évertuait sans doute à transmettre, et comme pour se détacher de la pression qui envahissait remords après remords la plupart de son être, Yaoyorozu balaya son regard dans l'espace de la classe.
La plupart était occupé à discuter avec leur voisin plutôt qu'à écouter, seuls les plus motivés prenaient à cœur de suivre les indications de l'instituteur un peu trop pressé de finir lui aussi cette heure de classe. Enfin, certains cherchaient à échapper au cours sans y parvenir.
Ses pupilles sombres s'arrêtèrent sur l'un de ses problèmes actuels, un blond à la chevelure traversé par un éclair noir. Même si elle n'était plu apte à voir quoi que ce soit en ayant tourné le dos à la scène du matin, sa voix forte ne lui avait pas échappé malgré sa course. Il avait donc été présent en même temps que Bakugo. Elle ne pouvait prouver qu'il avait vu quoi que ce soit, mais la seule pensée qu'il ait pu le faire, empirait sa peine.
Quand elle le voyait ainsi, souriant et énergique, essayant d'attirer l'attention de la violette, même en vain, elle se demandait vraiment si elle avait le droit d'intervenir entre-eux. Encore une fois, elle se laissait guider par ce mot et commençait lentement à refermer la cage dont elle avait su s'envoler. Cette magnifique cage dorée dont elle n'avait su s'en éloigner que grâce à ce chant enjôleur qu'elle ne parvenait plus à entendre tant il était soudainement devenu distant. Le silence était revenu, la frappant de toute sa force. Elle ressentait à nouveau ce poison envahir ses veines d'une effrayante solitude.
***
— Alors on rêvasse, Princesse ?
D'un mouvement peu discret, un jeune homme à la chevelure ébène s'assit sur le pupitre le plus proche de la déléguée restée figer malgré la sonnerie de fin de cours. Ladite princesse malgré son retour à la réalité, ne réagit d'abord pas, ne se sentant pas concernée par l'appel. Clignant des yeux à plusieurs reprises, elle se redressa finalement afin de se préparer à reprendre son cycle habituel.
— Eh bien, l'amour ça décoiffe si même la déléguée se met à ne plus répondre...
La jeune femme se tendit immédiatement.
— Tu étais là aussi ? Com... combien étiez-vous ?!
Son visage, déjà déprimant aux yeux du jeune homme, devint blanc comme un linge, s'opposant totalement à sa crinière sombre.
— Bah, y avait juste la bande qu–
Voyant le visage de son vis-à-vis se décomposer encore un peu plus, si seulement c'était possible, Sero se reprit rapidement.
— Calmos, ne nous fait pas d'hyperventilation ! J'voulais dire que le secret était bien gardé ! Mais il n'y avait même pas toute la bande hein... on était qu'deux à avoir vu, que deux !
Faisant tout pour se rattraper au plus vite, le jeune héros rapporta des paroles plus claires à une vitesse difficilement compréhensible, bougeant les bras en tout sens. L'attention et l'inquiétude dont elle faisait preuve réussi à arracher un léger sourire à la jeune femme. Cela eu le don de soulager son camarade qui se permit de reprendre contenance en stoppant ses mouvements involontaires. Il ne put s'empêcher de sourire également.
— Eh bien, ça te va mieux, Princesse.
Relevant un sourcil, Yaoyorozu se rappela avoir entendu ce surnom plus tôt. Pourtant, elle n'en comprenait toujours pas le sens.
— Pourrais-je savoir d'où provient cette appellation ?
Voyant le ton sérieux de son interlocutrice alors qu'elle avait instinctivement placé sa main sous son menton pour réfléchir, le brun ne se retint qu'à peine de rire.
— Quelle question ! Je me suis dit que ça t'allait bien.
— C'est tout ?
— C'est tout.
Toujours aussi sérieuse, la jeune femme semblait dubitative.
-— Tu as une image bien gracieuse d'un être que tu as assimilé à des défections.
Recrachant presque une boisson qu'il n'avait pas consommé, le jeune homme ne s'attendait clairement pas à une telle remarque.
— Tu parles du camp d'été ?! Tu es vachement plus rancunière que j'ne le pensais !
Malgré son regard qui se plissait imperceptiblement, la jeune femme nia immédiatement ces paroles.
— Je ne suis pas rancunière, ma mémoire ne me laissait pas penser que tu avais une telle image de ma personne, voilà tout.
L'aura de la déléguée se faisait plus froide, plus imposante également. Ce n'était pas évident, elle-même n'en avait pas conscience, mais elle avait de quoi soumettre et le jeune homme ne put qu'à nouveau se faire pardonner.
— C'était une maladresse !
Il montra vivement ses coudes.
— Tu vois mes avant-bras ? On m'a déjà fait la remarque qu'ils avaient l'air de rouleau de PQ ! ...alors, on est dans le même bateau. On est quitte, tu vois !
La jeune bourgeoise plaça sa main devant sa bouche alors que son visage prenait des teintes plus bleutées. Le jeune homme fut assez confus de la réaction de sa camarade jusqu'à ce qu'elle ajoute d'une petite voix.
— Je vois surtout une image extrêmement... valorisante s'imposer dans mon esprit...
Le jeune brun se prit théâtralement la tête dans les bras, déprimant à son tour.
— Ça n'était pas l'objectif !
Puis, souriant à nouveau mais bien faiblement, il rajouta.
— Bien que cette «maladresse» ne peut pas être pire que ce jour-là de toute façon.
Finalement, il se lança, voulant aborder un point depuis le début de la conversation. Pour ce faire, il ne fut pas capable de la regarder.
— Même si j'ne pensais pas trouver pire que moi à ce propos... j'ai, au moins, la chance d'avoir un idiot de mon côté. Il riait tellement qu'il n'a jamais pu imaginer qu'il n'y avait pas de blagues derrière tout ça. Mais toi... tu y es allé fort ! ...ça ne passera jamais, pas vrai ? ...tu... tu comptes faire quoi maintenant ?
La jeune femme relâcha ses bras qui tombèrent chacun près d'une de ses côtes.
— Sans vouloir t'offenser, il me semble que la réponse ne te concerne en aucune manière. Que cherches-tu ? Des ragots ?
— J'en ai suffisamment vu pour en avoir la pelle à propager. Je suis p't'être curieux mais je sais me retenir quand même !
Yaoyorozu acquiesça aux paroles du brun. Le regard un peu perdu, elle se prit le bras inconsciemment.
— Si Mina ne m'a pas encore sauté dessus, j'imagine que c'est vrai.
Souhaitant défendre son amie, son acolyte répliqua avant de s'arrêter de lui-même.
— Oh, elle ne ferait pas ç– Elle le ferait probablement, tu as raison. Mais non, elle ne sait rien. Pas encore en tout cas, vu vos tronches... tu finiras par en entendre parler ! Après, pourquoi je viens là maintenant alors qu'on ne discute jamais d'habitude ? J'imagine que l'inatteignable m'a paru plus familier que prévu.
— L'inatteignable ?
Sero ignora volontairement la réplique mais ne put s'empêcher de rire quelque peu en repensant à l'une de ses conversations.
— N'empêche, si on m'avait dit que la numéro une tomberait sous le charme de la sixième... Mineta serait vert !
Yaoyorozu était de plus en plus perdu par les remarques du brun qui n'avaient d'autre interlocuteur que lui-même. Elle en était quelque peu frustrée.
— Que dis-tu ? Kyoka est septième dans le classement, et je ne vois pas le rapport entre nos résultats scolaires et le sujet de la conversation, ni même la raison d'intégrer notre camarade à celle-ci.
Transpirant d'avoir parlé à voix haute, le jeune homme se caressa la nuque, essayant une fois de plus de se rattraper.
— Ce n'est pas... ce genre de classement. Mais ne t'embête pas, c'est une bêtise.
Cette fois-ci Yaoyorozu croisa les bras, ne changeant rien à son sentiment.
— Est ce une nouvelle mode pour détourner une conversation que d'utiliser ce mot ?
Ce fut au jeune homme d'être perdu.
— Hein ?
Il n'eut pas à se poser la question longtemps. En effet, la jeune brune secoua vite la tête avant de soupirer.
— Ce n'est rien.
Reprenant le fil de la conversation, Yaoyorozu se rappela des mots aux aires de confidence du jeune homme. Cela lui avait échappé plus tôt mais elle pensait commencer à comprendre où allait le jeune brun.
— Tu... voulais dire que tu t'étais déclarer sans le faire exprès tout à l'heure, que ça t'avait échappé ?
— Ah, tu as capté finalement... je parle sans doute un peu trop... mais bon, disons que je te comprend un peu quoi... Puis, je sais aussi ce qu'on peut se dire dans ces moments là.
Yaoyorozu allait répondre quand il reprit d'un ton brusque.
— Qu'ai-je fait ? Est ce qu'on peut rester ami après ça ? Est ce que j'ai même le droit de l'aimer ainsi alors que je suis censé être son ami justement ? Est ce que je peux me permettre de montrer autre chose alors que je ne suis pas le seul à avoir ces sentiments ? Est ce que je peux me mettre entre eux ?
La jeune femme ne savait plus que dire. Tout ce qu'elle entendait sortir de la bouche du jeune homme lui semblait si familier.
— Mais il n'y a pas que ça, pas vrai ? Et si elle n'avait pas été là ? J'aurai mes chances. Enfin pour toi, c'est lui. Si Denki n'–
— Je n'ai jamais pensé ainsi, désolée.
Seulement, elle les retrouva bien vite. Elle ne pouvait laisser dire une telle chose, elle ne devait laisser une chance à ces mots de l'atteindre. Elle n'avait pas l'habitude de répondre ainsi, et n'aimait pas l'usage de ces mots brusques ni de ce ton sec, mais ils étaient sa dernière protection.
— Ce que tu as dit au début... est vrai. Je n'aurai pas dû agir ainsi, c'est un fait. Mais je ne vais certainement pas me mettre à vouloir qu'un tiers disparaisse pour ma propre satisfaction. Jamais.
Sero releva la tête pour regarder son homologue brune dans les yeux.
— Mais tu as apprécié, non ? Cette image où toi aussi tu avais le droit d'être celle envers qui on ne voudrait pas se mettre en travers de sa route, celle qui avait la légitimité d'être avec qui elle veut. Sans regarder les autres. Sans penser aux autres. Tu as espéré, tu espères toujours.
Si elle avait voulu nier ses mots comme elle venait de le faire juste avant, les considérer comme absurdes. Sa réplique ferme et déterminée ne vint jamais. Il avait visé juste, elle avait peur de couler.
— Tu es venu pour me déstabiliser ? Si c'est la seule raison de ta venue, je te laisserai continuer ce passe-temps avec d'autres. Je préfère encore la solitude à ce genre de compagnie.
Attrapant ses affaires scolaires, la jeune femme s'apprêta à sortir de la salle de classe entièrement vide depuis sans doute bien longtemps. Elle ne savait plus faire que ça, fuir, fuir et encore fuir. La fuite n'était pas une honte lorsqu'il s'agissait de défendre son territoire, et ses certitudes.
— Au contraire, j'me disais qu'il valait mieux que tout soit clair pour toi. Dans ce genre de moment, c'est toujours plus simple de penser que c'est à cause des autres, ou pour les autres qu'on n'arrive pas à nos fins.. Mais tu sais, peu importe le scénario que j'me suis imaginé, le résultat n'a jamais divergé de l'original. Penses à toi, à ce que tu veux faire et pourquoi. Soit clair avec toi-même avant de t'emmêler les pinceaux avec les autres.
— C'est tout ?
— C'est tout.
Yaoyorozu rejoignit la porte mais s'arrêta en entendant son camarade reprendre.
— Je me disais aussi... la solitude, si on doit se la farcir, on peut toujours se la partager...
Sero se gratta la nuque nerveusement. Il n'osa regarder la jeune femme quand il ajouta d'un léger rire, sa dernière réplique, sa dernière chance.
— Tu sais... entre partenaires... disons cacaesques !
Finalement, elle quitta enfin la pièce laissant le brun seul. Le sourire qui naissait à nouveau sur les lèvres de la jeune femme ajouta aux nombreuses fissures que possédaient déjà ses soi-disant solides fondations. Elles survivent, résistent mais s'effritent. La victoire n'était peut-être plus très loin. Celle qui permettra de les faire céder et libérera de sa cage la princesse silencieuse.
***
Yaoyorozu était perdu. Elle avait décidé il y a quelques temps de cela de ne pas franchir la limite de l'amitié qui l'unissait à la musicienne. C'était plus simple, plus rationnel. Ainsi, ni Denki ni Kyoka n'aurait d'obstacle à leur relation. Tout finirait bien.
Sa propre place n'avait que peu d'importance dans la balance et lui convenait. Mais il avait fallu que le nouvel ami de la violette s'en mêle, et que ses propres sentiments le fassent aussi. Il ne manquait plus que l'intervention du brun pour que définitivement, elle ne puisse plus qu'admettre qu'elle avait eu tort.
La situation ne lui convenait pas tant que ça. Et même alors qu'elle essayait de la rétablir, son esprit ne le souhaitait pas vraiment. Elle savait que son amie ne l'aimait probablement pas, en fait qu'elle aimait quelqu'un qui le faisait en retour.
Elle connaissait parfaitement la place qu'elle devrait se contenter de tenir. C'était une fois de plus rationnellement tout ce qu'elle pouvait concevoir. Pourtant, sa gorge la brûlait d'exprimer autre chose. Mentir, puis se taire, taire ce qu'elle ressentait, il lui semblait aujourd'hui bien difficile de le faire.
«Penses à toi.»
C'était donc ça ? Ce sentiment qui montait en elle. Une sorte de besoin d'expression, un égoïsme refoulé. On ne lui avait pas appris ainsi. Penser à elle n'était pas quelque chose qu'elle savait faire. Elle savait bon nombre de formules par cœur. Elle savait accomplir tout ce qui pouvait plaire. Mais elle ne savait pas se comprendre.
Le soi lui avait toujours paru à bannir. Elle l'aurait fait si elle le pouvait d'ailleurs. Mais il était toujours resté calme et discret, comme l'image qu'elle renvoyait. Elle ne savait pas s'il était en accord réel avec ses actions. Pour autant, la certitude la prenait quand à savoir si elles étaient les meilleures, parce que chacune d'entre-elles étaient toujours un concentré de tous ce qu'elle avait appris. Les règles n'ont pas tort. Elles ne peuvent le faire. Ce qui en dérivaient le faisait alors forcément. Alors...
«Penses à toi.»
Cela incluait forcément de ne pas penser aux autres et ne correspondait pas à ce qu'elle savait. Elle n'avait beau pas le comprendre, cet être qu'elle appelait ''soi'' à défaut de pouvoir s'identifier à lui, savait se faire entendre. Il jouait avec les ouvertures que les mots du jeune homme avait su créer et rendait folle la jeune femme.
Si c'était ça penser à soi, elle voulait s'oublier. Devenir son propre guide avait de quoi épuiser, elle préférait marcher dans les pas de ses enseignements. C'était de loin le meilleur chemin à emprunter.
Sauf qu'elle n'y parvenait plus totalement. Suivre tête baissée n'arrivait plus à lui convenir tout à fait et son affaire actuelle n'avançait pas. Kyoka... elle ne lui avait plus parlé depuis ce moment fatidique. Elle ne s'en croyait pas capable de toute façon.
Elle avait, un temps, espéré pouvoir tout réparer, simplement avec ses méthodes habituelles. Un sourire et tout s'efface. Mais elle ne pourrait finalement pas offrir ce plateau là. D'ordinaire, elle aurait au moins eu l'option de poser certaines questions qui auraient un air de confession. La jeune musicienne savait de toute façon mieux voir en elle qu'elle-même.
Mais désormais, comment pouvait elle faire la même chose avec une jeune femme fuyante et, à raison, qui plus est. Elle devait s'y confronter, elle n'avait que ça. Elle seule savait démêler cette esprit fourbe. La discussion était toujours une voie sûr après tout. C'était la seule chose dont pouvait se convaincre la déléguée.
La journée avait presque prit fin, c'était le moment idéal pour la retrouver en toute tranquillité. Angoissée mais déterminée, la jeune femme arriva devant la porte de la source de tous ses doutes. Cependant, elle n'eut pas le temps de reprendre souffle et courage qu'une présence étrangère se fit connaître.
— Qu'est-ce qu'tu fous ici ?!
Cette voix rauque et colérique était reconnaissable par quiconque avait su croiser la route de cette personne. Elle l'était d'autant plus pour celle qui en ressentait toute l'hostilité en cet instant. Bakugo s'avançait lentement vers la brune, la regardant droit dans les yeux. Sa cible, elle, ne pouvait pas le faire.
Son regard était froid. Son attitude était froide. Sa colère était froide. Tout était trop froid chez son camarade. Il faisait vaciller sa flamme en lui rafraîchissant une mémoire qu'elle ne voulait pas réveiller. Pourtant, comme en rappel de cette fraîche nuit, Yaoyorozu frissonna dès l'instant où la peau du blond entra en contact avec la sienne. Elle le savait désormais, même sa peau était terriblement froide.
— Ow, j't'ai causé ! Fais pas ta blonde et répond, merde !
En à peine quelques secondes, la jeune femme fut plaquée contre le mur. Elle ne pouvait pas détourner le regard cette fois et était ainsi obligée de se plonger dans celui de son opposant.
Bakugo était quelqu'un d'explosif, sa colère et son courroux chacun n'avait pu que l'affronter au moins une fois. Ce qu'elle voyait ce soir-là n'avait donc rien d'inhabituel. C'était seulement la seule fois où elle ne pouvait prévoir ses conséquences.
Un second frisson imperceptible la traversa. Cette froideur l'envahissait peu à peu comme cette colère sourde.
— Il faut qu'on parle.
Le blond cendrée fronça un sourcil.
— Pour dire quoi ?
— Malgré tout le respect que j'ai pour toi, cela ne te concerne pas.
Les mots du jeune homme étaient sec, froid, et dur. Ceux de la jeune femme, malgré tout le soin qu'elle y mettait, étaient devenu leur miroir.
— Tu as foutu le bordel, j'le range. Alors, tu peux bien dire c'que tu veux, je m'en fou !
Bakugo agrippa le col de la jeune bourgeoise, maintenant leurs deux visages à même hauteur et proche, très proche.
— Alors, ne m'adresses pas la parole. Je n'en vois pas l'intérêt.
— Fais pas ta maline, j't'empêche juste d'empirer ton cas !
— Empirer mon cas ? Mais à qui la faute ?! Si tu n'avais rien dit, tout se serait bien passée... tout... tout était sous contrôle !
Voilà qu'elle se mettait à accuser les autres. Elle se trouvait risible. Ce n'était pas elle ça. Pourtant, étrangement, cette fois-ci, elle ne voulait pas se taire. Plus inhabituel encore pour elle, elle souhaitait suivre cette envie.
— Le contrôle a l'air d'être ton fort maintenant, c'est sûr !
— Tu n'as pas ton mot à dire à ce propos.
La poigne du jeune homme se renforça, piqué à vif.
— Au moins, moi, je fous pas en l'air un couple !
En une phrase, l'explosif parvint à faire de même avec la brune. Sa voix qui ne faisait que commencer à s'élever, vrilla, déjà plus faible et incertaine.
— Je ne suis pas fière de ce que j'ai fait... mais ça reste un acte sans... conséquences. Denki n'a rien vu... si je me base sur les paroles de Sero. Et ce n'est pas comme si Kyoka allait changer d'avis à son propos... ni même du mien. Alors... pourquoi... pourquoi perds-tu ton temps à me faire taire alors que tu sais très bien que, quoi que je fasse, ça ne changera rien pour eux ? Pourquoi tu t'acharnes, Bakugo ?!
Toutes ses questions étaient inutiles depuis le début. Elle savait son existence sans incidences. Certes, son acte avait pu troublé, mais ce n'était rien d'autre qu'elle-même qui avait su en être perturbé réellement. Kyoka aimait Denki. Denki aimait Kyoka. C'était tout. Il n'y avait pas d'espoir à avoir. Alors, qu'on la laisse tranquille.
— Pourquoi, toi, tu hésites à lui parler si ça ne change rien ? Tu l'as senti toi aussi, elle ne t'a pas repoussé.
C'était ce qu'elle pourrait dire s'il n'y avait pas eu cet infime détail. Mais il avait eu lieu et elle ne pouvait donner tort à son vis-à-vis. C'était bien de là que venait son putain d'espoir après tout.
Ce fut bien la première fois que Yaoyorozu ressenti l'envie de sortir une insulte de ses lèvres, en admettant qu'elle puisse en avoir la force. Ça n'aurait été qu'un simple juron, un seul mot dirigée envers elle-même ou peut-être sans expéditeur clair. Il aurait à lui seul indiqué son ressenti et tout ce qu'elle pouvait penser de cette situation.
Elle l'avait profondément pensé lorsque les lèvres qu'elle avait joint aux siennes s'étaient accordées sur une même danse. Un rêve, elle n'avait pu que penser à ça. Mais si le besoin de crier un tel mot s'était fait ressentir, c'était en prévision des temps moins clairs qui devaient arriver ensuite. Savoir si cet espoir était vain ou non, pouvait tout redéfinir après tout.
— Je n'veux pas que tu foutes le bordel dans sa tête. J'ai fait une promesse que je compte accomplir alors fiche leur la paix. Ne détruit pas tout, bordel !
Détruire. C'était bien la dernière chose qu'elle souhaitait. Elle ne voulait pas faire tarir ce sourire idiot qui amusait tant la violette. Elle ne voulait pas rendre cette dernière tout aussi malheureuse non plus. Détruire ce lien voulait-il les détruire eux d'une certaine façon ? Pouvait-elle prendre ce risque ? Le voulait-elle ? Elle avait trouvé sa réponse.
«Penses à toi.»
Celle pour elle.
«Ne privilégie jamais tes envies par rapport à celles des autres.»
Celle pour les autres.
La réponse parfaite qu'elle se devait d'incarner.
— Je... tu as raison. C'est ce pourquoi il nous faut parler justement. Je dois faire taire ses doutes, en admettant qu'elle en ait vraiment.
Yaoyorozu retira délicatement la main du jeune homme, un sourire rassurant aux lèvres. Et, la tête basse, la jeune femme commença à reprendre sa route d'un pas lent. Elle irait la voir demain, et mettrait fin à cette histoire qui prenait des proportions inutilement grandes.
Bakugo la regardait s'éloigner sans rien dire. Étrangement sa réaction le mettait d'autant plus en rogne. Il n'y avait eu que peu de résistances finalement, juste de l'acceptation. Sa demande était plutôt égoïste, elle ne faisait qu'appelle à son propre avis sur la situation. Et pourtant...
Et pourtant, cette brune ne l'avait pas vraiment contredit. Même l'indignation qu'il avait senti naître un instant, c'était rapidement assoupi comme si elle n'avait jamais été présente. Il avait agi d'une manière à se montrer convainquant mais finalement, les jeux de supériorité n'avaient jamais eu lieu d'être. Non, la brune s'était derechef placé en dernière place.
La violette, qui ne s'estimait elle-même pas d'un iota, elle, lui avait tenu tête. Pas pour le mettre en mauvaise position, non. Ce n'était pas ça. Il s'était senti comme s'il se faisait remettre à sa place, au même niveau que les autres. À ce moment là, il savait qu'il ne pouvait pas laisser sa colère juste s'écouler.
Aujourd'hui, rien ne l'avait retenu. Après tout, il n'essayait que de remplir sa promesse. Pourtant, il la ressentait à nouveau, cette sensation qu'il n'avait pas agi comme il fallait.
Ce n'était pas la première fois qu'il utilisait son charisme, ou la violence pour atteindre ses fins. Ce n'était sans doute pas la dernière.
Il avait une raison, se sentait avoir raison, alors pourquoi semblait-il avoir tort ? Pourquoi ce regard d'égal à égal qu'il avait échangé avec la violette semblait le foudroyait ici et maintenant.
«J'ai eu envie que tu me regardes, toi, le type super qui était à côté de moi !»
Est-ce que c'était si dur que ça de le regarder en face ? Est ce qu'il avait raison de jouer là dessus ?
«J'aurai préféré que tu perdes.»
Est-ce qu'il avait le droit de se mettre au dessus de tout ? De piétiner les sentiments des autres pour satisfaire les siens ?
«C'est bien pour ça que j'aurai préféré que tu perdes.»
Est-ce vraiment digne de celui qu'il voulait devenir ? Est ce qu'on peut même parler de dignité dans ce cas là ?
«Ça t'aurait fait du bien.»
Les paroles de la musicienne ne cessaient de tourner dans son esprit se mêlant à celles de son ami à la chevelure blonde, et ses regards. Ceux qui n'inspiraient aucune confiance en soit, ceux qui respiraient de tristesse, d'abattement et de résignation, puis ceux qui montraient sa détermination, un objectif, une nouvelle force.
Quand il pensait à la déléguée il n'y avait aucune trace de ce changement, ses yeux gardaient un élan doux et attentionné qui ne semblait n'être qu'un recueil d'une profonde solitude. Il retrouvait alors derrière cette gentillesse le même regard que Denki bridait par des sourires. Il avait aimé sa lutte contre ce dernier, il n'aimait pas cet abandon.
C'était censé être eux ses égaux ? C'était eux qu'il devait traiter avec respect, selon son amie ? Toutes ces personnes qui baissaient les bras pour un rien, si on admet qu'ils les aient un jour levé. Tous ces gens méritaient-ils qu'il les considère autrement ? Méritait-elle qu'il lui parle ainsi, elle ? Méritait-elle d'être écarté d'une personne si importante à ses yeux ? Méritait-elle d'être malheureuse pour satisfaire le bonheur d'une autre ?
Une scène remplit alors son esprit. C'était peut-être bien la seule et unique fois où il avait réussi à porter son attention sur celle qu'on appelait la déléguée de la seconde-A.
~ Quelques mois plus tôt ~
Bakugo se trouvait enfin seul. La classe avait choisi à l'unanimité de faire une pause afin de prendre une tasse de thé. Ce n'était pourtant pas à coup de moments de détente qu'ils allaient pouvoir faire taire tous ces imbéciles des classes non-héroïques. Il n'était malgré tout pas mécontent de ces périodes qui lui permettaient enfin de s'isoler.
Il avait en effet décidé de rester sur place plutôt que de rejoindre les autres dans la salle commune et il n'était pas peu content de ce retour au calme qui se faisait bien rare depuis la construction de cet internat. Il n'arrivait plus à se dépêtrer de cette tête d'ortie bien trop collante à son goût, et il rêvait de tels instants chaque jour. Et voilà qu'il repensait à lui alors qu'il pouvait enfin se débarrasser de son image.
Agacé, il se releva de son tabouret d'un mouvement brusque, faisant sursauter une personne qui se rapprochait de lui. Bakugo remarqua alors la présence de ladite personne qui soupira de soulagement alors que son récipient à priori plein l'était toujours malgré sa légère perte d'équilibre.
— Qu'est-ce qu'tu fous là, Marie-Sue ?!
La jeune brune pencha la tête sur le côté comme si elle cherchait la signification des paroles de l'explosif.
— Marie-Sue ?
Sans attendre de réponse, elle releva la tête dans ce qui semblait une illumination. Dans un même temps, elle agrandit son sourire.
— Non, ce n'est pas ça. Tu as fait une erreur. Je m'appelle Momo, Yaoyorozu Momo.
Marquant une pause tant la réponse lui paraissait à côté de la plaque, Bakugo reprit la parole, à sa manière.
— Je sais bien qu'c'est pas ton nom, tu m'prends pour un tebé !? J't'ai posé une question par contre !
Semblant habituée aux railleries du jeune homme, la jeune femme souri de plus belle avant de montrer d'un léger mouvement le plateau qu'elle portait toujours.
— Je suis venu t'apporter de quoi te désaltérer.
— Hein ?!
Les yeux du jeune blond se plissèrent d'agacement.
— Si j'ai putain de soif, j'peux aller me chercher d'l'eau. Pas besoin d'une nounou comme toi !
La jeune femme déposa le plateau sur l'une des enceintes avant de se retourner vers le batteur.
— Je n'insinuais rien de tel, quand tu as dit que tu comptais continuer malgré la pause... je me suis dit que je pouvais te faire gagner du temps. Tu travailles beaucoup et utilise justement beaucoup de ton temps pour nous permettre de faire de ce festival une réussite. J'admire beaucoup les efforts que tu fais, je ne voulais que t'aider un peu à ma faible échelle. Je suis désolée si j'ai eu l'air de t'infantiliser, ça n'était pas l'object–
— C'est bon, j'ai pigé !
Sursautant au retour de cette voix rauque, la jeune femme se tut immédiatement.
— Pardon, je m'emballe vite.
— Arrête la lèche aussi, c'est lourd ! T'es clairement pas la dernière à bosser ici, alors occupe toi de ta gueule plutôt.
Le jeune homme s'était étalé par terre, s'appuyant contre la scène, s'en servant comme d'un canapé, les bras pendants.
— Oh, mais je ne peux qu'être heureuse d'épauler mes camarades. Ne t'inquiète pas !
La jeune pianiste semblait avoir des étoiles dans les yeux alors qu'elle prononçait ces mots. Son grand sourire était tout aussi rayonnant.
— De plus, vous êtes si formidables tous que c'est la moindre des choses.
Bakugo la jaugeait du regard. Il trouvait difficile de penser ainsi honnêtement des autres. Pourtant, elle semblait sincère. C'était écœurant pour lui, cette gentillesse. Elle n'était pas la seule à être ainsi dans ce bahut qui avait tout de même comme but de sauver des vies à terme.
Il en connaissait un depuis bien plus longtemps qui avait le même genre de problèmes. Définitivement, il ne les comprenait pas. Pourtant, cette anomalie chez les autres que lui même ne pouvait reproduire, il avait envie de la conserver intacte.
— Tu parles, c'est bien d'la daube qu'on sort d'ces trucs.
Il montrait du menton les instruments qui se trouvaient derrière lui.
— Mais au moins certains sont moins pires qu'd'autres, y a du bon à avoir une tête dans le coin parfois...
Fronçant les sourcils à sa propre phrase, Bakugo modifia sa position pour trouver un meilleur confort. Après quelques instants, il ferma les yeux.
— Maintenant, va t'poser, ça serait con que ta fatigue gâche ton expérience. On a pas l'temps pour ces conneries !
Yaoyorozu était clairement amusée de l'attitude soi-disant nonchalante du batteur qui lui rappelait le comportement de son amie musicienne.
— La musique te dérange pour dormir ? Je suis plutôt en forme mais pas au point sur ce passage alors j'aimerai profiter de l'absence des autres pour combler cette lacune.
Le jeune homme ayant ouvert un œil irrité vers la brune jura avant de se remettre à l'aise.
— Fais ta vie, j'm'en fou !
La déléguée adressa au jeune héros un sourire reconnaissant tout en accomplissant une légère révérence en remerciement, et ce, même si le blond ne la regardait déjà plus.
Elle se mit en position et entama un solo de piano si mauvais à son goût qu'il borda pourtant généreusement Bakugo jusqu'au monde des rêves.
En parallèle, celui-ci reprenait pied avec la réalité, sortant de son souvenir mais pas de ses pensées ni du regard pesant de la violette qu'il était le seul à imaginer.
«Il y en a certains qui devraient prendre exemple.»
— Marie-Su– merde ! ...Yaoyorozu, attends !
Bakugo serrait les poings, la bouche ouverte. Il sentait qu'il devait dire quelque chose mais étrangement, ses lèvres restaient sèches, et ses mots absents.
Elle sembla surprise de se faire soudainement appelé, intriguée également. Mais son esprit ne semblait pas vouloir répondre à sa curiosité. Jurant un coup, le jeune homme lui tourna le dos avant de s'en aller rapidement, mains dans les poches.
— Non, rien.
Finalement, alors que les deux jeunes avaient tout deux disparus dans un coin opposé du couloir, un autre habitant de l'étage referma sa porte en silence.
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