Encore une journée venait de s'achever. Longue, ennuyeuse, sans réel but. Je demeurais seul parmi mes semblables, pourtant tellement différents de moi... La majeure partie du temps, je me sentais en effet seul, même lorsque j'étais entouré des autres. Il y avait bien une personne outre le reste de mon peuple que je côtoyais peu souvent.

Chaque fois que je la voyais, mon âme semblait trouver sa moitié. Je me sentais bien avec elle, cette fille aux grands yeux bleus avec son sourire casi-éternel. « Bob triste ? Vouloir TemFlacks ?? » Je soupire. « Pas aujourd'hui, cher Temmie du peuple Temmie. Je ne noierai plus mon chagrin dans ces confiseries sans goût ! Je vais la retrouver ! Je remuerai ciel et terre pour retrouver celle que mon cœur a choisis ! Je vais retrouver cette fille, ses yeux, ses cheveux, son nez, sa joie de vivre, je la veux entière, elle seule sait redonner un sens à ma vie ! » Temmie remua sa queue en penchant la tête sur le côté. « Bob pas heureux au Temmie Village ? » Quelle naïveté, comment lui dire ? Comme lui dire bon sang ?? « Non, mon cœur a besoin de sa moitié. Je pars dès l'instant, je vais la retrouver, et lui déclarer ma flamme. Je me morfonds à attendre qu'elle fasse le premier pas, mais cela n'est pas galant de ma part. Comment ai-je pu imaginer une seule seconde ? Elle a des sentiments à mon égard, elle les possède, au fond de son petit cœur vert, je le sens. Chaque fois qu'elle vient avec sa sœur faire les emplettes ici, à discuter avec vous, ô amis Temmie du peuple Tem, je sens son regard peser sur moi. » Je me dirigeai la tête haute à travers le village. « Je reviendrai, et je serai un Bob nouveau ! À bientôt, mes amis ! » Et c'est ainsi que je quittai le Temmie Village à la recherche de cette fille.

Un temps indéfini s'était écoulé depuis mon départ, je décide de faire une pause dans ma requête. Je crois me souvenir qu'un banc se trouvait à peu de mètres de moi, et lorsque je le trouvai, mon âme rata un battement. Elle était là, sur ce banc, ses grands yeux posés sur sa sœur en riant de bon cœur. J'ignorai la présence de cette dernière, pris mon courage à deux mains, et m'avançai vers ma dulcinée. « Bien le bonjour, ma chère. Je vous ai finalement retrouvée, je voulais vous dire quelque chose. » La jeune fille qui était assise à côté d'elle me foudroya du regard. « Qu'est-ce que tu lui veux Bob ? » Elle prit la main de ma chère. « Rien qui ne puisse t'intéresser. Je voulais, ma tendre, t'avouer mes sentiments. Dès l'instant où je t'ai vu dans le village, j'ai su que nous étions fais l'un pour l'autre. Mon amour pour toi est comme une graine qui grandit de jour en jour, et j'aimerai être ton Roméo. » Elle se mit à rougir violemment en détournant le regard. « B-Bob... tes attentions sont bonnes, tu es quelqu'un de bien mais... Je suis déjà prise. » Je ne fus pas sûr de comprendre, mais lorsque elle fit un signe de tête en direction de la personne que je prenais pour sa sœur durant tout ce temps, je compris. « Je suis désolée... » Je sentais mes larmes me monter aux yeux. « Ouais bah pas moi. Sorry not sorry quoi. » lâcha l'autre. Sur ces dernières paroles, je partis, tête basse. Qu'avais-je imaginé ? Bob est, et restera seul...

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La porte se referma derrière moi, attirant l'intention de tout le monde présent dans ce bar. Le teneur de ce lieu leva sa tête, posa le verre qu'il astiquait et me demanda calmement. « Ça n'a pas l'air d'aller... Quelque chose ne va pas Bob ? » Je m'installai sur une des chaises aux comptoirs. « Ça ira mieux après un petit remontant, mon cher Grillby... » Sans insister, il hocha la tête, compréhensif, et me posa un verre d'alcool devant moi. Je bus une première gorgée de ce breuvage divin, lorsque mon regard voilé derrière un mur de larme se posa sur mon voisin. Comme moi, il buvait son verre d'alcool, comme moi, il semblait avoir le cœur brisé. « C'est à cause d'une fille, je me trompe ? » L'inconnu renifla bruyamment, et approuva d'un hochement de tête indiscret.

« Je connais ce regard, je suis dans le même bateau que toi, mon ami. Comment t'appelles-tu ? » L'étrange monstre tourna légèrement la tête dans ma direction, comme il pouvait. « Jerry. » Dit-il simplement, avant de prendre une gorgé de sa boisson. « Et toi ? » je marquai un temps de pause très court, attendant que le monstre ivre ne cesse de s'époumoner avec un hurlement sauvage. Tellement triste d'avoir un monstre pareil en ce lieu de recueil. « Bob. Juste Bob, le solitaire, le célibataire, le... cœur brisé... » Il leva la main comme pour que j'arrête de parler de ma douleur. « Je te comprends, Bob. Je suis comme toi, rejeté. Imagine toi, une fille trop belle avec de belles formes qui vient te parler. Tu as juste envie de la serrer dans tes bras ! Mais y'a toujours l'autre qui lui prend le bras pour l'éloigner de moi. Quand je lui ai parlé l'autre jour, son amie m'a carrément faire comprendre d'aller me faire voir. Elle n'a rien dit, mais son regard parlait de lui-même. Depuis bah... Je suis ici. » Attendant la fin de son récit, je ne pus m'empêcher d'être triste pour lui. Le pauvre, il est tombé sur une fille déjà en couple, aussi... Un soupire commun nous échappa. « Combien de temps cela va faire que tu te trouves ici ? » Lui demandai-je afin de changer de sujet. « Une semaine. Tu vois sous la table là-bas ? Je dors par terre. C'est cool. J'ai ma petite flaque qui me tient compagnie. Vas savoir ce que c'était avant, mais maintenant, c'est ma pote. » Tellement triste.

« Je propose que... Nous buvions, à notre célibat. » Jerry leva son verre. « Au célibat alors... » On termina nos deux bouteilles. Puis une troisième. Doucement, la nuit tombait. Les consommateurs se firent moins nombreux et passé dix heures, la lumière n'éclairait que lui est moi. Grillby nous laissait seuls, derrière cette porte, en cuisine. « Et donc, je lui dis "Beeeh tu te calmes !" Et pis bah voila... » Me raconta-Jerry, pour la énième fois. « Je sais toujours pas de quoi tu parles Jojo~. » Il baissa la tête et regarda le fond de son verre. « Y'a plus... » un peu étourdi, je regardai l'heure de l'horloge. « Je vais devoir y aller, les Temmie doivent se demander où le pauuuuvre Bob est passé~... Si seulement ils pouvaient comprendre ma douleur... » Je sentis Jerry me tapoter gentiment dans le dos. « Moi ch'te comprends~... » Un sourire naquit sur mon visage pour la première fois depuis mon râteau. Sans qu'on ne se rende compte, nous deux s'étions penchés vers l'autre. Nos lèvres se touchèrent, un long baiser naquit. D'abord maladroit, puis sincère. Lorsque nous nous quittâmes, Jerry et moi se fixâmes longuement.

« On a l'air stupide... Non ? » Murmurai-je à son intention. « T'en penses quoi ? » Me répondit-il après hésitation. « Je pense que... On l'a rompu trop tôt. » Et c'est sur mes dernières paroles que le monstre à côté de moi prit mon visage entre ses mains, et me réembrassa. Passionnément, langoureusement, avec tendresse et sauvagerie. Est-ce possible ? Je crois que oui.