Comme un ours à la chaîne,
Toujours sous tes yeux bleus
Toujours, Lune, se traîne
L'océan montueux.

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"Poses ta question, chantent les esprits. Poses ta question...

La petite voyante leur sourit. Elle n'a plus peur d'eux, loin de là. En fait, ces vieux fantômes poussiéreux lui manqueraient presque s'ils venaient à disparaître. 

- Dites moi, ô vieux spectres qui sentent assez étrangement sans vouloir vous offenser, qui est Titouan, fils de la Guérisseuse et du feu Laboureur !

Pauvre petite voyante qui paraît si sûre d'elle. La réponse est bien ce qu'elle craint d'entendre.

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"Qui est là ? murmure le Salvateur.

La Courtisane sort de l'ombre, les mains en avant pour apaiser son collègue apeuré. Ils sont une équipe dorénavant. Il n'est plus seul. Elle n'est plus seule. 

"Qui veux tu protéger ici ?

- Ma femme et ma fille, courtisane. Et toi ? 

- Mon fils. 

- Tu ne me dis pas tout, Courtisane. Nous sommes une équipe. Nous nous connaissons, nous pouvons nous faire confiance. Aide moi, je t'aiderai. Fais moi part de tous tes doutes et soupçons, je te partagerai les miens. Offre moi ce que tu sais, et en retour tu aura mes connaissances. Dis moi qui tu souhaites voir protéger, et ensemble nous sauverons ceux que nous aimons.

- Comment puis-je savoir que cela n'est pas un piège ? Pourquoi te ferais je confiance, Salvateur ? Comment puis-je même t'appeler ainsi, et quelle garantie ai-je que tu es celui que tu prétends ?

- Tu n'en as pas, Courtisane. La confiance que j'ai en toi est mon gage de bonne foi, et je ne puis rien t'offrir d'autre, si ce n'est la protection de Robin ce soir. Va, Courtisane, il n'arrivera rien à ton fils cette nuit, quant à toi, réfléchis, et prends une décision. Les Villageois ne sont plus si nombreux, et il n'existe aucun lieu sûr pour nos familles. 

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L'Infect Père sortit de sa tanière.

La Lune seule savait combien il avait faim.

Il leva son museau, lui sourit. Elle était la mère de ses enfants, elle était l'unique compagne dont il avait jamais rêvé.

Quelque chose le démangeait ; ce nouveau corps qu'il habitait n'était guère habituel. C'était un corps trop jeune, trop fougueux, et indigne d'être occupé par le grand esprit qu'il était.

Mais qu'à cela ne tienne. Il avait faim.

Un hurlement sorti de sa bouche aux canines proéminentes. Des cavalcades se firent entendre au loin ; ses enfants arrivaient.

Il devait ramener l'ordre dans sa meute. Les premiers jours avaient été dur pour la tribu, mais c'en était fini. Ce soir il assoirait son autorité. En commençant par remettre à sa place la jeune louve rebelle au pelage blanc qui se croyait tout permis. 

L'Infect Père n'avait guère confiance en celle là. L'adolescence était certes une période difficile pour tous, mais si elle ne rejoignait pas le rang, les conséquences seraient fâcheuse pour elle. Les loups vivaient par meute pour une bonne raison, et cette petite effrontée ferait mieux de cesser de la jouer solitaire ! se dit il.

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Rose se leva doucement. Elle ne comptait pas sortir de chez elle ; pas ce soir, c'était trop dangereux et elle s'était faite remarquer sur la grande place. Simplement, elle voulait épier par la fenêtre, pour vérifier quelque chose. 

Depuis sa chambre, elle avait vue sur la maison des Planteurs. Mais de l'autre côté de la maison, près de la Serre aux Graines, si elle se penchait suffisamment, elle pouvait voir le sentier qui reliait à chez Manuela la Guérisseuse. Et donc à chez Titouan. 

Rose ne croyait pas qu'il soit coupable, ou du moins, ne voulait pas le croire. Mais elle devait vérifier. Pourquoi s'était il montré si véhément envers June ? Et comment avait-il pu l'accuser ? June n'en était pas un, sinon Rose l'aurait su : les deux jeunes files dormaient ensemble chaque nuit. 

Peut-être Titouan avait-il été embarqué par la folie environnante, ou par la tristesse de la mort de son père. Il ne pouvait être l'un d'eux en tout cas, c'était absurde, pensa Rose en s'apprêtant à quitter son poste d'observation.

Mais une silhouette s'engagea sur le sombre sentier. 

Pas Titouan.

Enzo.

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Les loups sont réunis. Ils attendent que parle leur Père. 

Ils ne sont plus que trois sous ses ordres, comme leur effectif a diminué ! Ils se pensaient puissants, et dorénavant ils sont terrifiés. Enfin, la louve au pelage blanc n'est pas terrifiée elle, elle est d'humeur égale comme d'accoutumée, elle est nonchalante et, alors que ses pairs ne peuvent s'empêcher de saliver, elle paraît tout aussi indifférente que les premiers soirs.

Les deux autres loups eux laissent paraître tout ce qu'ils les traversent, sans se contrôler. Leur jeune Infect Père sourit devant leur candeur. Eux sont des vrais loups, dignes de la meute. Il a hâte de leur annoncer la bonne nouvelle.

"Que faisons nous, ce soir ?  demande son indigne fille.

" Ce soir, mes agneaux, nous ne mangeront pas. Ce soir, je vais vous donner un nouveau frère. "

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La Sorcière n'avait plus de pouvoirs. Elle était dorénavant aussi faible qu'un Villageois, aussi inutile que n'importe qui d'autre. 

Le point positif était qu'elle n'aurait plus à se lever aux aurores. Elle perdait ses pouvoirs, mais regagnait le droit aux grasses matinées.

Ou pas. 

Dans l'ombre de la nuit, elle voyait à présent que ses deux potions, posées sur une étagère en bois pleine de babioles, étaient à nouveau pleines. Comment cela était il possible ? Elle s'approcha de l'étagère, et sans vraiment y croire, prit une des deux flasques entre ses mains. Pas de doutes, les sorts étaient à nouveau prêt à l'usage. 

La Sorcière vit un mouvement du coin de l'œil. Dans le petit miroir rond accroché à droite de l'étagère, le visage de son fils lui sourit d'un air complice. Il porta le doit à ses lèvres, lui ordonnant de ne pas parler, puis s'éclipsa aussitôt.

Le Rebuteux avait décidé de passer à l'action. 

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La louve rebelle avait faim.

Ses frères et sœurs étaient peut être prêt à jeûner pour satisfaire aux vœux de leur père, mais certainement pas elle.

Elle avait faim, alors elle mangerait. 

Elle était d'une humeur fratricide, ce soir là.

Mais elle ne pouvait pas s'attaquer à sa soit-disant meute. Pas encore. Toujours pas. C'était trop tôt, elle avait malheureusement encore besoin d'eux, et même si ça la tuait de l'admettre.

Mais il y avait une autre solution.

Ou techniquement, deux solutions potentielles, au pluriel et au féminin.

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Si si mi, sol la do

Le joueur de flûte monte sur la scène.

Il se sent comme un dompteur d'ours, dans ce Village d'Hommes rustres.

Mi si la, sol sol fa

Ce dont il rêve lui, c'est de la grâce, de la volupté, il veut que chacun danse et ne s'arrête jamais, il veut tous les entraîner dans un bal sans fin, jusqu'à ce qu'ils meurent tous d'épuisement.

Ré mi si, la la do

Il veut que même alors mortes, ces âmes obnubilés continuent de valser, sans se rendre compte d'avoir trépasser.

Il éclate de rire sous les étoiles. Le son est mélodieux, ricoche et cascade dans la forêt autour de lui. Oui, c'est un beau son, mais ce n'est pas un son joyeux. Tout comme l'air qu'il sifflote dans son instrument.

Si si mi, sol la do

Le joueur de flûte est beau, il est doué, il est fascinant, il est triste à en mourir, il est dément. Son âme est morte, enfermée dans le médaillon qui pend à son coup et qui a scellé son destin. Alors faute de mieux, il joue, chante et valse, en trois temps.

Mi si la, sol sol fa 

Une fois que tous seront ensorcelés, ils se mettront en ronde, ensemble, tournoieront, et plus jamais ne s'arrêteront. Mais il reste beaucoup de monde à ensorceler. 

Un, deux, trois, la Semenceuse et sa fille viennent grossir les rangs des Charmés.

Ré mi si, la la do ...

Peut-être quand déchante
Quelque pauvre mari,
Oh Lune, méchante,
De loin tu lui souris

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NDA

Bonjour !

J'espère que cette nouvelle nuit vous a plus, n'hésitez pas à me partager vos avis en commentaires. 

J'ai introduit pour la première fois le rôle du Rebuteux, et je ne serai pas surprise que personne ne le connaissent. C'est un personnage qui n'est pas appelé la nuit et qui ne peux agir qu'une seule fois dans la partie, en renouvelant les pouvoirs d'un des joueurs ( par exemple Cupidon, ou l'alcoolique, et dans ce cas, la Sorcière ). Très honnêtement, je n'ai jamais joué avec ce personnage dans les cartes, je ne l'ai découvert qu'en faisant mes recherches et je ne vois pas du tout comment il s'intègre dans la partie. Mais enfin, il allait très bien dans la narration, alors le voilà !

Je l'avais déjà introduit au tout début dans mon explication des rôles, et je vous y renvoie si jamais vous vous perdez parmi les personnages. Et si ça n'est pas suffisant, je réponds à tout !