Première Nuit
Tap. Tap. Tap.
Il déteste entendre le bruit de ses pas. Mais ce n'est pas si grave, de toute façon, personne ne se réveillera, personne ne le verra. Il s'en est assuré.
Tap. Tap. Tap.
C'est bon, il est arrivé. Doucement, il tourne la poignée, et entre. Le souffleur de verre est là.
Sourire aux lèvres, il encoche sa flèche et lui tire dessus. Et de une, en plein cœur.
Puis, toujours tout doucement, parce qu'il est le parangon de la délicatesse et de l'amour, il s'en va. Il rentre chez lui, voit sa mère endormie. Il s'approche d'elle, dépose un baiser sur son front. Puis il s'éloigne un peu, bande son arc, et vise. Et de deux, toujours droit dans le cœur.
Cupidon monte enfin se coucher. Il est heureux, il a aidé sa mère.
Parce qu'après tout, l'amour ne peut pas blesser. Si ?
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Il a un mauvais pressentiment. Quelque chose n'est pas normal. À tel point, que ça le réveille en pleine nuit. Pourtant, ça n'est vraiment pas son genre, de s'inquiéter ainsi.
Il a peur. Oh, pas pour lui, bien entendu, mais pour elle. Il est sûr que quelqu'un lui en veut. Quelqu'un menace Charlotte.
Il se lève, et va vers son lit. Tout va bien, elle dort paisiblement. Il s'approche d'elle, lui embrasse le crâne, lui récite une bénédiction.
Tout va bien. Personne ne fera du mal à sa fille ce soir.
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Elle dort, paisiblement. Soudain, elle se met à convulser. Des esprits dansent autour d'elle. "Pose ta question", lui chantent-ils. "Pose ta question". Elle se débat, elle a peur. Elle n'a pas de question, pas encore. Elle ne sait pas, pour l'instant.
Mais ils insistent, ils ne veulent pas partir.
Alors elle demande, au hasard.
Et tout va bien. Elle est rassurée.
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D'autres passent, ils sont nombreux. D'abord, lui, qui vient renifler. Puis elle, qui l'accueille, le pauvre apeuré. Enfin, eux deux là-bas. Ils veulent agir dans l'ombre, mais ils s'effrayent l'un l'autre, et rentrent les mains vides.
Et puis il y lui, aussi. Il a presque l'air innocent, il veut juste jouer un petit morceau. Il chantonne un air, porte sa flûte à ses lèvres, joue quelques instants. C'est magnifique. C'est ensorcelant...
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Ils se lèvent. Ils se rejoignent tous à l'orée de la clairière. Ils sont six, pourtant, ils sentent un traître parmi eux. Mais ils ne se montrent pas méfiants pour l'instant, ils ont faim, ils sont nombreux, ils se sentent forts.
Ils discutent quelques minutes. Ils tombent rapidement d'accord, après tout, ils admettent tous que la petite a l'air fort appétissante.
Doucement, ils s'approchent de chez elle. Ils entrent, l'odeur de leur repas est terriblement alléchante. Le plus vieux la regarde dormir paisiblement, il s'approche de son visage, et lui chuchote à l'oreille : "Fais de beaux rêves, Charlotte".
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Elle a entendu un bruit. Alors vite, elle se lève, met ses souliers, et sans faire de bruits, elle sort de chez elle. Elle les voit avancer, grandes ombres dans l'obscurité.
Finie de jouer à la maligne, elle a peur. Elle n'ose pas s'approcher, elle veut rentrer.
Mais elle est curieuse, alors elle reste. Elle ne bouge pas, ils ne la voient pas. Elle n'entend pas ce qu'ils disent, et ne voient pas non plus leurs visages.
Ils s'en vont. Elle pourrait les suivre, mais elle est terrifiée.
Peut être la prochaine fois.
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Il se lève, c'est l'heure de mettre les pains aux fourneaux. Il ouvre un volet, pour faire entrer le jour, mais il fait encore nuit.
Dehors, quelque chose est bizarre. Il y a des gens, dans la rue. Il plisse le regard, essaye de les détailler.
Mais d'un coup ils ont disparu.
Le boulanger est tout à fait stupéfait.
L'une des silhouettes... n'était-ce pas sa fille ?
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Elle ne se réveille même pas. À quoi bon ? Elle n'a personne à protéger cette nuit, et elle n'est pas d'humeur à maudire qui que ce soit. Alors, autant profiter de la grasse matinée.
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Le jour se lève sur le village de Thiercelieux, et personne n'est mort...
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