Deuxième Nuit, premiers meurtres
Anna courait dans la forêt. Maintenant, elle pouvait l'admettre, elle avait terriblement peur. Elle ne voulait pas croire ce qu'elle avait vu, et pourtant, ses sens ne la trompaient pas.
Des loups-garous ! Elle peinait à y croire. Oscar avait raison, finalement. Oscar... Elle eut envie de se retourner, mais elle s'en empêcha, et se força à accélérer. Elle aurait tant donné pour que son ami soit à ses côtés, la narguant "Je te l'avais bien dit !". Mais Oscar n'avait pas eu cette chance, et servait maintenant de repas à cette bande de chiens sauvages délurés.
Il fallait qu'elle prévienne le maire de ce qu'elle avait vu. Et elle irait voir les parents d'Oscar, pour leur dire que leur fils avait été très courageux et que...
Mauvaise idée. Lavande n'accepterait jamais ça. La joaillière détestait Anna, elle aurait tôt fait de la tenir pour responsable. Et les villageois n'hésiteraient pas à lyncher une pauvre orpheline inutile.
Alors elle ne dirait rien. Mieux, elle ne parlerait même plus jamais. Le souffleur de verre l'aimait bien, elle irait se réfugier chez lui jusqu'au lendemain.
Et que personne ne s'en prenne à lui. Le souffleur était son seul ami, avec Oscar. Sauf que Oscar est mort par ta faute ! Si quelqu'un touchait au souffleur de verre, la vengeance de Anna serait terrible.
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Gilles renifla à gauche, à droite. Un loup garou.
C'était une bonne nouvelle, parce que en même temps, ça innocentait la tisserande.
Le souffleur de verre était soulagé. Son amante ne faisait pas partie de ces affreuses créatures cannibales.
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Elle dut plaquer ses deux mains contre sa bouche pour ne pas hurler. Elle refusait de croire ce que disait les esprits, c'était impossible...
Pas sa mère. Sa mère n'était pas comme ça. Ou alors peut être était-ce un accident ? Peut être avait-elle était contaminé par ces monstres ?
La petite voyante ne savait que penser. Elle irait en parler à son père, au lever du jour.
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Il s'aplatit sur le toit de la petite chaumière, observant l'autre qui avançait. Ainsi, il n'était pas seul. Quelqu'un partageait le même genre d'activités douteuses que lui. Mais ça n'était pas vraiment grave, se dit le petit garçon, tant que l'autre ne s'approchait pas de sa cible.
Parce qu'il avait déjà choisi. Il voulait voler l'identité du Maire, ça lui paraissait être le coup le plus impressionnant possible.
Il rentra chez lui, et récupéra son médaillon personnel, celui qui renfermait son identité, celui qui lui donnait l'autorisation de rentrer chez les villageois pour tenter de subtiliser leur rôle.
Il rentra doucement chez le maire, repéra son médaillon. Rapidement, il échangea les deux colliers, et rentra chez lui.
C'était presque trop simple.
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Il sentait le regard de l'autre sur lui. Un deuxième voleur, c'était une chose très surprenante. Mais il y avait sûrement assez d'identités à subtiliser dans le Village pour qu'ils puissent chacun entreprendre de leur côté.
D'ailleurs, il avait choisi sa cible, il pouvait passer à l'acte.
Il rentra chez lui et récupéra son médaillon. Il remarqua tout de suite que ça n'était plus le même: les gravures étaient différentes.
Curieux de découvrir sa nouvelle identité, le maire se dit que c'était une bonne chose : depuis le temps qu'il essayait de se débarrasser de son passé douteux !
Il ouvrit le médaillon, et ne sut s'il devait pleurer ou rire.
Car son nouveau rôle était celui du Voleur.
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Elle avait faim. Elle avait déjà mangé avec ceux qu'elle devait appeler ses frères - un spasme de dégoût la traversa en pensant à eux - mais elle avait encore faim.
Elle s'approcha de la maison du menuisier. Une de ses supposées sœurs était à l'intérieur, rentrée dormir après avoir festoyer.
Il était tentant de dévorer la sœur en question, mais elle ne le pouvait pas. Pas encore, il était trop tôt.
Tant pis, elle se contenterait du mari.
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Il se promenait, fier de lui. Ce matin, sa mère avait eu l'air heureuse. Amoureuse ?
En tout cas, il avait réussi à lui rendre le sourire, c'était tout ce qui comptait. Maintenant, il n'avait plus qu'à veiller sur les deux tourtereaux, s'assurer que personne ne leur fasse du mal.
Ils pouvaient bien tenter, les pauvres.
Mais il était le meilleur archer du Village. Du monde, même.
Alors personne ne pourraient leur faire de mal.
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Elle ne se réveilla pas non plus cette nuit là. Elle n'aimait pas beaucoup le gamin, alors tant pis pour lui, et elle ne pouvait rien pour le menuisier, elle n'était pas capable de guérir de telles blessures.
Et puis, de toute façon, elle aimait mieux garder ses potions pour sauver ses enfants, ou sa famille.
Elle n'était toujours pas d'humeur à tuer.
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Cette fois, le boulanger fit plus attention. Il n'avait pas parlé pendant la journée pour ne pas affoler le village, mais enfin, il se tramait quelque chose de pas net à Thiercelieux. Il vit le même groupe de silhouettes que la veille. Il ne parvint pas à les reconnaître, mais il vit très bien la plus petite d'entre elle partir les Jolis Pavillons. Il n'y avait que deux familles, aux Jolis Pavillons. Celle du maire, et celle de Lavande, la joaillière.
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Elle avait tout vu. Elle les avait vu dévorer Oscar et courir après Anna, elle les avait vu discuter comme s'ils ne venaient pas d'accomplir un crime odieux, elle les avait vu rentrer chez eux, calmement, comme s'ils ne venaient pas d'assassiner un enfant.
Elle avait vu l'horreur, et elle les avait reconnu.
Du moins, deux d'entre eux. Sur les six, elle en avait identifié deux.
Elle répéta leur nom en boucle dans sa tête, en cherchant le sommeil.
Camille la menuisière. Evan le fils du maire. Camille. Evan...
Rose les punirait.
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Le jour se lève sur Thiercelieux. Il y a deux morts...
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