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Les heures s'écoulaient comme des grains de sable dans un sablier, et je ne savais que faire pour rattraper le temps perdu. J'étais seul et oublié de tous, plus d'appel depuis deux semaines, plus personne n'était venu prendre de mes nouvelles. On m'avait laissé pour seul compagnon, un foutu cancer du poumon qui allait tôt ou tard m'emporter dans les méandres du néant. Et ça, je le savais. Je le concevais.

Mon existence me parut soudainement futile. Je voyais ma vie me filer entre les doigts.

Mes visites à l'hôpital étaient fréquentes, mon temps se partageait entre radiographies, traitements et chimiothérapies. La fatigue me tirait en laisse, guidant mes pas dans les couloirs immaculés de blanc dont l'odeur aseptisée venait imprégner ce qui restait de mes poumons. Au début, j'avais du mal à supporter ma soudaine perte de cheveux, les mèches brunes qui s'étalaient habituellement sur mon crâne avaient été pulvérisé par les nombres incalculables de chimiothérapies auxquels je me pliais.

Ma tumeur grossissait à vue d'œil selon les médecins, mais certains gardaient encore l'espoir d'une guérison. Mais moi, j'avais perdu tout espoir depuis le jour où j'avais appris que j'étais condamné, puisque j'étais devenu la proie d'un rongeur affamé, qui sans cesse brisait mes os pour ronger ma chair et vider mon sang. Je savais que mon âme ne parviendrait pas à s'en sortir indemne. Le temps passait, et moi, je perdais toute envie de rêverie.

La réalité m'avait changé, en un homme dépourvu de vie, et d'envie. Je me sentais constamment épié, comme si la mort attendait, juste là, au seuil de ma porte d'entrée.

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