Chapitre 8

«Le travail sûrement.»

- Justin, dit-il en avançant vers ma mère.

Il prit sa main et l'embrassa. Je roulais des yeux voyant Justin se comportait ainsi.

- Oh, charmant en plus de ça, lança ma mère souriante. Eh bien, je vous en prie, entrez, dit ma mère.

Je les suivais à l'intérieur de la maison. Je n'aimais pas du tout ce qui était entrain de se passer. Ma mère proposa directement quelque chose à boire à Justin qui accepta avant de s'asseoir au comptoir de la cuisine, en face de ma mère qui se trouvait de l'autre côté. Quant à moi, je restais un peu plus loin d'eux dans le salon où j'avais posé mon sac sur le canapé, les bras croisés, contrariée.

- Olivia, reprit ma mère.
- Enchanté de faire votre connaissance, dit Justin.

Je le voyais de dos mais j'imaginais qu'il avait ce sourire narquois sur les lèvres comme il savait si bien le faire.

- Alors c'est toi ce fameux garçon qui pousse ma fille à prendre le train tous les jours ?
- Maman... soufflai-je.
- Ce fameux garçon ? répéta Justin ignorant ma dernière parole. Elle vous a parlé de moi ?
- Non mais je me doutais bien qu'il y avait quelqu'un derrière tout ça.

Je tapais du pied. Je voulais que cette mascarade se termine au plus vite.

- Et donc tu l'as raccompagnée en voiture cette fois-ci ? reprit ma mère.
- Oh, oui. C'est la deuxième fois, répondit-il. Comme je sais qu'elle n'aime pas trop prendre le train, je lui rends service.

Je mordais maintenant ma joue. En plus d'être arrogant, coureur de jupons et mystérieux, c'était un menteur.

- Et tu as quel âge pour avoir une voiture ?
- Dix neuf.
- Dix neuf ans, répéta ma mère avec de gros yeux en me regardant. Je ne pensais pas qu'un jour ma fille ramènerait un jeune homme de deux ans son aîné chez moi.
- Maman stop ! intervins-je.

Justin se retourna vers moi en souriant. Il me fit un clin d'œil avant de se remettre dans sa position initiale. J'avais envie de lui mettre une claque.

- Tu es à l'université ? continua-t-elle son interrogatoire comme si je n'étais pas là.
- Oui, j'étudie l'économie.

Justin ne m'avais jamais dit ça.

- Bien, sourit ma mère satisfaite de cette réponse. Je suis contente que ma fille t'ait rencontrée.
- Je suis également content de l'avoir rencontré.

J'aurais voulu que cela soit sincère bizarrement. Mais ce n'était qu'un jeu pour lui. Je savais très bien qu'il faisait ça juste pour m'énerver.

- Avery, pourquoi tu ne viens pas t'asseoir à côté de nous ? demanda ma mère.
- Oui, Avy, viens, dit Justin.
- Avy ? Eh bien, vous êtes plus proches que je ne le pensais, remarqua ma mère.
Je me rapprochai d'eux, les bras toujours croisés. J'étais méfiante et toujours contrariée.

- Viens ma puce, insista ma mère.

Je cédai et m'assis à côté de Justin sur le haut tabouret. Le stresse monta en moi.

- Alors comment vous vous êtes rencontrés ?
- Dans le train, répondis-je. Il était avec...
- Avec le contrôleur, me coupa Justin. Elle avait oublié de composter son billet et je suis allé parler au contrôleur pour qu'il ne lui mette pas une amende.

Je regardai Justin confuse. Qu'était-il entrain de faire ? À quoi jouait-il ? Il allait trop loin à mentir à ce point.

- Et il ne lui a pas mis d'amende, finit-il.
- C'est gentil ! Merci beaucoup Justin, pourquoi tu ne me l'avais pas dit Avery ?
- Parce que...

Je regardai encore une fois Justin qui lui me regardait également mais avec insistance. Je décidai de rentrer dans son jeu.

- Je crus bon de ne pas te le dire, répondis-je après avoir reposé mes yeux sur ma mère.
- Tout va bien, elle n'a rien eu, intervint Justin.

Justin retroussa ses manches. Je remarquai alors la présence de tatouages sur ses deux avants bras. Je mordis involontairement ma lèvre inférieure, je paraissais innocente mais j'adorais les tatouages sur les garçons. C'était tellement...tellement sexy.

- Alors vous êtes quoi ? demanda ma mère.

Nous la regardâmes perdus.

- Je veux dire, vous...
- Oh je vois, coupa Justin. Nous sommes juste amis.
- Juste amis, répétai-je.

Je ne savais pas pourquoi je me sentais très gênée tout d'un coup.

- Je crois qu'il faut que j'y aille, annonça Justin. J'ai encore beaucoup de travail à faire, l'économie ce n'est pas facile.
- Oh d'accord, dit ma mère.
- C'était un plaisir de faire votre connaissance Olivia.
- De même Justin.

Il se leva du tabouret.

- À bientôt Avy, dit-il avant de quitter la maison.

Je fus soulagée que tout ça soit finit mais il était évident que j'en avais pas fini avec ma mère qui, d'ailleurs, reprit son interrogatoire aussitôt.

- Avery ! Il te donne déjà un surnom ! Personne ne t'a jamais appelé Avy avant ! Même pas moi !
- Maman, soufflai-je.

Il n'utilisait même pas ce surnom pour me faire plaisir mais parce qu'il savait que je n'aimais pas ça. Ce n'était pas du tout affectif.

- Je suis tellement contente pour toi !
- Ce n'est rien maman, je ne le reverrai certainement plus.
- Pourquoi ? demanda-t-elle étonnée.
- Parce que c'était histoire de quelques jours. Il va retourner à ses occupations et moi aux miennes.

Ma mère fit une grimace. Je comprenais qu'elle soit déçue, elle attendait ce moment depuis si longtemps.

- Il sent très bon et il est très charmant en tout cas.
- Je sais maman.
- Bon moi aussi j'ai une bonne nouvelle, annonça-t-elle.
- Je t'écoute ?
- Chris et moi nous nous sommes embrassés et je crois que c'est officiel ! lança-t-elle toute souriante.
- C'est super !

Je contournai le comptoir et la pris dans mes bras. Ma mère allait de nouveau être épanouie dans sa vie comme autre fois. Je lui souhaitai tout le bonheur du monde.

...

J'étais de retour à la maison après une journée de cours. Justin ne s'était pas pointé à la gare. Comment avait-il pu venir chez moi la veille et partir à jamais sans me donner aucune explication ? Je le détestais !

Ce soir, j'avais un dîner avec ma mère et Chris qui était maintenant son copain. J'avais hâte encore une fois mais ma tête était un peu ailleurs parce que je n'aimais pas quand je ne voyais pas Justin de la journée. C'était bizarre mais je préférais voir sa tête à claque.

Nous étions sur le chemin du restaurant. Ma mère ressemblait à un mannequin tandis que j'avais essayé d'être potable. Nous arrivâmes une dizaine de minutes plus tard. C'était un très beau restaurant que je connaissais déjà.

Nous sortîmes de la voiture après nous être garés. Nous retrouvâmes Chris à l'entrée.

- Wow ! lâcha-t-il le sourire aux lèvres, vous êtes magnifiques !

Je pensais plutôt qu'il disait ça pour ma mère mais je le remerciai quand même. Il posa sa main sur la hanche de ma mère, cette dernière posa une main sur son torse et ils échangèrent un bref baiser qui me fit sourire. Puis, Chris me fit la bise et nous entrâmes dans le restaurant.

Nous nous installâmes au fond du restaurant. Nous étions disposés comme la dernière fois.

- Alors ? Tu as appris la nouvelle ? me demanda-t-il en souriant.
- Oui. Je suis très contente, souris-je. J'espère que ça va durer.
- Moi aussi.

Nous commandâmes rapidement de quoi boire.

- Et toi Avery, tu n'as pas un copain ? demanda-t-il.

Je jetai un coup d'œil à ma mère qui me sourit. Je savais bien qu'elle avait Justin en tête désormais.

- Avery aussi a rencontré quelqu'un, annonça-t-elle fièrement.
- Maman... soufflai-je. Non ce n'est pas vrai, rétorquai-je à Chris.
- Avery, ne fais pas la modeste, dit ma mère.

Chris souriait. Il semblait amusé de ce qui était entrain de se passer.

- Même qu'il s'appelle Justin, qu'il a 19 ans, qu'il a une voiture, qu'il étudie l'économie et qu'il appelle ma fille Avy, continua-t-elle.

Je roulai des yeux. Ma mère était vraiment insupportable quand elle le voulait. Et puis elle agissait comme si Justin était mon futur prince charmant alors qu'elle ne le connaissait même pas. Et Justin n'étudiait même pas l'économie, c'était impossible de faire des études en plus d'enchaîner les petits jobs.

- Justin comment ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, répondis-je.
- Mais si tu sais, dit ma mère.
- Non maman, je t'ai dit que je ne le connaissais quasiment pas.

Elle me regarda, confuse. Il était vrai que je ne savais même pas le nom de famille de Justin. Lui devait connaître le mien puisqu'il avait fouillé dans mon porte feuille.

- C'est pas grave, peu importe, dit Chris. Tu le connais comment ?
- Il prend tous les jours le train.

Chris semblait réfléchir. Ses sourcils étaient un peu froncés. C'était comme s'il semblait connaître Justin ou alors c'était juste une fausse idée de ma part.

- Peut-être que tu le rencontreras un jour, dit ma mère à Chris.
- Non. Je veux qu'il reste en dehors de tout ça, protestai-je.
- Bon, changeons de sujet, intervint Chris.

On entendit une sonnerie de portable sonner. Chris se mit à chercher dans la poche de son pantalon son cellulaire et le sortit.

- Excusez moi, je reviens dans deux secondes, dit-il.

Il se leva de table et quitta le restaurant pour prendre son appel. Je regardai ma mère qui ne le quittait pas des yeux.

- Le travail sûrement, dit-elle.
- Sûrement.

Elle tourna enfin son regard vers moi après avoir arrêté de surveiller son copain.

- Tu es sûre de ne pas vouloir continuer à voir Justin ? me demanda-t-elle.
- Oh maman tu me soûles avec Justin, soufflai-je.
- Il était charmant quand même.
- Tu n'as qu'à sortir avec lui alors, plaisantai-je.
- Arrête de dire des bêtises.

Chris revint, le téléphone à la main. Il avait l'air préoccupé. Il se gratta la tête.

- Je suis désolé, je vais devoir vous quitter, il y eu un imprévu au travail, annonça-t-il.

Je regardai ma mère qui était un peu confuse.

- Oh ce n'est pas grave, dit-elle, vas-y.
- Ne m'attendez pas, on se revoit vite, dit-il.

Il déposa un baiser rapide sur les lèvres de ma mère et partit aussitôt. Bon... Ce fut rapide.

- Heureusement que l'on a pas commandé à manger, dis-je.
- Mais on va le faire. On dînera à deux finalement, sourit-elle.
- Ça me va. J'espère que t'es pas contrariée.
- Non, bien sûr que non. Ça arrive ces choses là.

Je me demandais vraiment ce que faisait Chris comme travail. Cela semblait très important. Mais mère lui faisait confiance, alors moi aussi.

...

Nous étions mercredi. J'avais alors fini à seize heures mais j'avais décidé de rester une heure de plus à la bibliothèque pour pouvoir être sure de croiser Justin dans le train.

Je voulais des explications quant aux mensonges qu'il avait dites et lui demander de ne plus retourner chez moi comme il l'avait fait même si je savais d'avance qu'il ne m'écouterait pas.

Après avoir acheté mon ticket, j'attendis sur le Quai 27 le train. C'était étrange, j'avais l'impression que ce quai n'était jamais rempli de personnes comme si moi, Justin et seulement quelques autres passagers prenions un train à cette heure ci.

D'ailleurs celui ci arriva et je montai à l'intérieur une fois qu'il était à quai. Je m'assis à la même place et gardai cette fois ci mon sac sous mes pieds au cas où Justin voudrait s'asseoir à côté de moi.

J'attendais impatiemment. Je ne comprenais pas pourquoi il était toujours en retard. Puis je me rappelai qu'il arrivait toujours avec une fille au bras.

Et malheureusement, ce fut encore le cas ce qui plomba mon moral d'un coup. J'essayai quand même de lui sourire mais il ne m'adressait aucun regard. Il partit s'asseoir là où il était habituellement sans même vérifier si j'étais là ou pas.

Je le regardais faire ; embrasser la fille à ses côtés, poser sa main sur sa cuisse, l'amuser. Tout ce qui l'intéressait c'était les filles faciles. C'était pathétique.

Je continuais à le regarder avec insistance mais il ne réagissait même pas. Même la fille qui l'accompagnait avait remarqué ma présence et me jetait quelques regards un peu hautain. Lui, rien.

Le train s'arrêta à son arrêt et il se leva avec la brune à ses côtés. J'avais envie de me lever à mon tour et de lui cracher à la gueule. Il franchit la porte de sortit et je m'empressai alors de faire de même. Je l'aurais regretté si je n'avais pas fait preuve de courage.

- Justin ! criai-je en posant les pieds sur le quai.

Il se retourna et fronça les sourcils en me voyant. La fille aussi s'était retournée.

- Tu me dégoûtes, crachai-je.
- Quoi ?

Il lança quelques mots à la fille puis s'avança vers moi et me poussa plus loin d'elle.

- Qu'est-ce que t'as encore ? demanda-t-il sèchement.
- Qu'est-ce que j'ai ? Tu t'es incrusté chez moi hier et après tu oses faire comme si de rien n'était. T'as pas le droit de faire une chose pareille !
- Tu voulais que je te laisse tranquille, je le fais. Alors viens pas me casser les couilles.

Son regard était noir. Qu'est ce que je lui avais fait ? Pourquoi était-il si dur avec moi ?

- Et ne t'avise pas à recommencer cette scène quand je suis entouré, je ne veux pas qu'on croit que je traîne avec une fille comme toi, ajouta-t-il les dents serrés.

Il me tourna le dos et repartit avec la fille. J'étais sonnée, j'avais la tête qui tournait. Je ne comprenais pas ce qui venait de se passer. Je savais que tout le monde me regardait désormais et devait avoir pitié de moi.

Moi même j'avais pitié de moi. Je rentrai à nouveau dans le train avant qu'il soit trop tard. Je finis le trajet à regarder dans le vide. Arrivée chez moi, je courus dans ma chambre. Je me détestais de lui avoir accordé trop d'importance. Il s'était complètement fichu de moi et j'avais été trop naïve, trop gentille à céder à tous ses caprices.

Il en avait rien à faire de moi, pourquoi ne pouvais-je pas comprendre cela ?

J'essayais tant bien que mal de garder mes larmes pour quelqu'un qui le mériterait puis je me remis au travail pour rattraper le temps que j'avais perdu à attendre un garçon stupide comme lui.
Quand ma mère rentra à la maison, elle remarqua ma mauvaise humeur.

- Qu'est-ce qu'il ne va pas Avery ?
- Rien, répondis-je sèchement.
- Avery... insista-t-elle.
- Rien maman je te dis.
- Comment tu veux que je t'aide si tu ne me dis pas ce qu'il ne va pas.
- Je n'ai pas besoin d'aide.
- Bon... Tu sais que je suis là si tu as besoin.

Je ne dis rien. Je savais très bien qu'elle aurait trouvé une excuse à Justin ou qu'elle aurait dit que cela n'était pas grave. Je n'avais pas envie non plus de parler de ça.

- Avery ?
- Oui j'ai compris ! criai-je.
- Chris ne répond pas à mes appels, changea-t-elle de sujet. Ça m'inquiète.
- Ça doit être son travail encore une fois.
- C'est bizarre quand même.
- Ne l'harcèle pas ou tu vas le faire fuir, la conseillai-je.
- Oui tu as raison, je vais attendre qu'il m'appelle.

Je me demandais finalement si Chris était quelqu'un pour ma mère. Elle avait besoin d'attention et il semblait ne pas être souvent présent.

Moi aussi j'avais besoin d'attention mais je n'étais pas assez bien pour en recevoir.

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