Chapitre 7
«Ne joues pas à ce jeu là avec moi Avy ou tu risques de perdre.»
- Coucou ma chérie ! Tu es toujours debout ?
- Bah oui comme tu peux le voir.
- Qu'est ce qu'il y a ? demanda-t-elle avant de m'embrasser la joue.
- J'essaye de réviser.
- Depuis que tu es arrivée ?
- C'est ça, répondis-je en jouant avec mon stylo.
Ma mère se dirigea vers la cuisine et prit un petit rafraîchissement.
- Au fait, demain je viens te chercher à moins que tu aies encore changé d'avis ?
- Je vais prendre le train, dis-je avec un grand sourire sur mes lèvres.
Wow, ma tête ne tournait pas rond.
- Avery, dit ma mère en se posant en face de moi. Il te retourne complètement le cerveau ma parole. Tu ne sais même plus ce que tu veux.
Je ris.
- C'est le chauffeur en fait, il est très sexy, plaisantai-je.
- Bien ! dit-elle en faisant les gros yeux tout en souriant. J'en découvre un peu plus sur toi chaque jour.
Je ris de plus belle.
- Tu devrais aller dormir et rêver de ton sexy chauffeur parce qu'il se fait tard ma puce.
- D'accord.
Je rangeai mes affaires et embrassai ma mère avant de rejoindre ma chambre. Je venais de décider de subir à nouveau, volontairement, les sauts d'humeur de Justin demain.
....
Dix sept heures et pour une fois j'étais ravie à l'idée de savoir que je reverrais Justin. Je rentrai dans la gare et pris mon ticket. Je cherchais déjà Justin du regard, me plaçant à côté du distributeur automatique sur le quai 27. Le train arriva, il n'était toujours pas là. Je rentrai à l'intérieur et retrouvai ma place qui m'avait bizarrement manquée. Je posai mon sac à coté et scrutais la porte attendant son arrivée. Il fut bien au rendez vous mais accompagné d'une fille. Encore une nouvelle. Je fus complètement déçue. Je me sentais comme trahie. Je mordis ma lèvre inférieure, j'avais comme envie de pleurer. Pour une fois que quelqu'un s'intéressait à moi, j'étais trop bête de penser que cela durerait.
Je tournai mon regard vers la fenêtre, je ne voulais pas le voir se foutre de moi avec cette fille. Cependant, je voulais des explications à ça. Je voulais savoir pourquoi il se ramenait toujours avec une fille différente et peut être qu'en sachant ça, j'arriverais plus à le cerner.
J'attendis l'arrêt 7 et dès qu'il fut enfin sorti avec la fille à son bras, je sortis discrètement à mon tour. Me voilà à Santa Clara, un comté chic de la Californie, juste à côté de San José. Si Justin habitait ici, je ne voyais pas pourquoi il m'accusait d'être issue d'une famille riche.
Je continuais à les suivre, ils semblaient se dépêcher. Après cinq bonnes minutes de marche rapide, ils traversèrent la rue et rencontrèrent deux hommes placés debout devant un vanne noir. Je me cachai derrière une voiture en face de la rue pour bien observer la scène qui allait suivre.
Les deux hommes vêtus tous les deux d'un costume cravate noir serrèrent la main de Justin. Ce dernier leur présenta la fille qui entra ensuite dans le vanne. Puis il sembla échanger quelque chose avec un des hommes, je ne pus voir c'était quoi et reparti après une brève discussion.
J'ouvris grand la bouche réalisant que Justin ne se tapait pas du tout -ou pas toutes -les filles avec qui il faisait le trajet en train mais il les envoyait à ces hommes ? Pour quelle raison ? Il fallait que je le découvre. Je fis demi tour, étonnée de ma petite découverte. Je continuais mon chemin avec plein de questions en tête, c'était très intriguant, Justin était intriguant.
Je repris la direction de la gare. Il fallait que je fasse des recherches sur lui en rentrant. Son comportement était trop étrange pour qu'il ne soit pas connu ici. Il devait faire parti de quelque chose qui l'obligeait à être comme cela. Ce garçon n'était pas anodin.
- C'est toi qui ne peux plus te passer de moi.
Je sursautai surprise de me faire interpeller dans un endroit pareil mais je compris directement qui c'était. Je me retournai lentement, j'appréhendais la réaction de Justin.
- Justin ! feins-je d'être surprise.
- Qu'est-ce que tu fous là Avery? demanda-t-il sèchement.
- Je... Je devais passer faire quelques courses, mentis-je.
- Ne joues pas à ce jeu là avec moi Avy ou tu risques de perdre.
Je mordis ma lèvre inférieure, j'étais démasquée.
- Pourquoi tu m'as suivi ? demanda-t-il avant de se remettre à marcher ; je marchai avec lui.
- T'es tellement bizarre que je dois prendre des initiatives si je veux apprendre à te connaître.
- Apprendre à me connaître? répéta-t-il en riant. C'est une perte de temps.
Il ne me jetait aucun regard, c'était troublant.
- Ne t'avise jamais de recommencer. Tu es loin de savoir ce qui t'attends si je te vois encore fouiner dans mes affaires.
- Pardon Justin.
- Rentre chez toi maintenant.
- Il faut que tu me ramènes parce que je n'ai plus d'argent pour le train, mentis-je.
- Tu crois que je suis ton taxi Avy ? rétorqua-t-il en me regardant enfin. Tu vas devoir rentrer à pied alors.
- Je pensais que tu accepterais.
- Je m'en fou de toi Avy, je crois que tu n'as pas encore bien saisi, cracha-t-il.
Je m'arrêtai de marcher. Mon cœur en avait pris un coup, encore une fois. Je n'avais tellement pas l'habitude d'être aussi mal traité.
- Parfait, dis-je en riant nerveusement. C'est tout ce que je voulais entendre.
Je ne comprenais pas pourquoi ses mots me blessaient. Je voulais dire, il me dégoûtait alors il n'y avait aucune raison que je sois touchée par ce qu'il pouvait me dire. Je fis demi tour afin de prendre un autre chemin pour regagner la gare. J'étais triste. Je pensais avoir enfin trouvé quelqu'un à qui parler en dehors de ma mère, quelqu'un qui était passé outre ma grande timidité mais ce n'avait pas été le cas. Peut être qu'il était comme ça avec tout le monde mais j'aurais voulu être l'exception.
J'essayais d'avancer très vite. Je voulais rentrer chez moi rapidement et plonger dans mon lit pour pleurer ma solitude. J'étais fragile et pathétique je le savais mais c'était plus fort que moi.
- Avery ! entendis-je crier quelqu'un.
Je me retournai étonnée. Je le vis. Il était là, au bout de la rue, les mains dans les poches.
- Viens, c'est bon, mais dépêche toi.
Je mordis ma lèvre inférieure pour contenir mon sourire et trottinai pour arriver à sa hauteur. Il avait changé d'avis.
- Merci Justin.
- Ne me remercie pas, dit-il sèchement.
Il appela un taxi et entra à l'intérieur avec moi. Je ne comprenais pas ce qu'il comptait faire.
- Pourquoi un taxi ?
- Ma voiture est restée à San José. Je dois aller la récupérer.
- Oh, lâchai-je.
Il fut silencieux durant tout le trajet. J'avouais que j'étais très mal à l'aise. Je devais l'embêter mais c'était plus fort que moi, je voulais passer du temps avec lui. Le taxi nous déposa comme prévu à San José, devant la gare et nous rejoignîmes la voiture de Justin. Elle n'avait pas changée, toujours décapotable, noire et intacte.
- Tu habites où ? demandai-je pour engager la conversation.
- Pourquoi devrais-je te dire où j'habite ?
- Parce que tu sais où j'habite.
Il rit. J'aimais son rire.
- Palo Alto, répondit-il.
- Tu te fous de moi ?
Palo Alto était l'un des endroits les plus chers de la Silicone Vallée.
- Non, dit-il en souriant.
- Alors pourquoi tu as fais comme si c'était mal d'être riche alors que tu l'es ? demandai-je offensée.
- Parce qu'il y a une différence entre être une fille à papa et être riche.
Je croisai mes bras sous ma poitrine contrariée. Il s'amusa de mon geste.
- Et tu vis avec tes parents ?
- J'ai dix neuf ans Avy, je n'ai plus besoin de mes parents.
- Mais ils vivent où alors ?
- Là où ça leur enchante, répondit-il sèchement.
- Tu en as rien à faire de tes parents ?
Il ne répondit pas.
- J'aimerais être comme toi, dis-je, me foutre de tout.
Il rit.
- Tu es trop fragile Avy pour te foutre de tout.
- Je sais.
Je regardai sur le rétroviseur à ma droite et remis mes cheveux en place qui avaient été décoiffés par le vent.
- Tu n'as pas besoin de te recoiffer, dit Justin.
- Ah bon ? demandai-je en souriant.
- Tu ne vas charmer personne. Tu rentres juste chez toi.
Il brisa la petite lueur d'espoir que je venais d'avoir. Je pensais qu'il m'avait complimenté, je devins alors toute rouge et m'enfonçai dans mon siège.
- Avec le caractère que t'as, je me demande comment toutes ces filles peuvent te supporter.
Il rit. Mes paroles ne l'atteignaient jamais.
- Peut être parce que je ne me comporte pas de la même façon avec elles qu'avec toi.
Je souris. Justin venait involontairement de me dire que j'étais une exception. C'était tout ce qu'il fallait que j'entende. Il remarqua mon petit sourire en coin et parut tout d'un coup gêné.
- Ce n'était pas un compliment Avy, dit-il sèchement.
- Je n'en doute pas, me moquai-je.
- Ne pense jamais que j'ai de l'affection pour toi.
- Pourquoi tu insistes Justin ? Je sais bien.
Il serra sa mâchoire. Pour une fois, j'avais pris le dessus dans la discussion.
- J'ai dix sept ans mais j'ai l'impression d'en avoir cinq, lançai-je. Je ne suis jamais allée en boîte de nuit, j'ai jamais été en couple, j'ai pas de voiture, je vis toujours chez ma mère. Je ne suis pas indépendante.
Justin me regarda comme s'il ne s'attendait pas à ce que je dise ça. Je ne pensais pas non plus un jour me dévoiler à lui.
- Je sais que tu t'en fiches mais...
- Non, me coupa Justin. Je comprends ce que tu veux dire.
Je le regardai avec étonnement.
- Je me suis disputé violemment avec mes parents il y a deux ans environ parce que je leur en voulais de ne me pas me laisser de liberté, continua-t-il. Alors je suis parti de chez eux et j'ai décidé de mener ma propre vie ici dans la Silicone Vallée.
J'étais honorée, vraiment, que Justin me disait quelque chose de si intime. Je voulais dire, ce garçon si méchant qui se dévoilait enfin : c'était un miracle.
- Mais comment tu fais pour gagner ta vie ? demandai-je.
- J'enchaîne les petits jobs, je n'ai pas le choix.
- Et grâce à ça, tu arrives quand même à te payer un logement à Palo Alto ?
- Je crois que je t'en ai déjà assez dit Avy.
Son histoire était louche et je ne pensais pas qu'il me disait toute la vérité. J'apprendrais tôt ou tard son secret. Nous arrivâmes devant chez moi. Il faisait déjà un peu nuit alors on pouvait voir la maison éclairée de l'extérieur.
- Merci encore, dis-je.
- Il y a quelqu'un chez toi ?
- Oui ma mère. Pourquoi ?
- Je devrais peut être lui passer un bonjour, dit-il avec un sourire malicieux.
Mon cœur se mit à battre rapidement. Ma mère ne devait pas savoir que je voyais Justin ou alors j'étais condamnée à être assaillie de questions jusqu'à la fin de mes jours.
- Non Justin, dis-je en levant mon index vers lui très fermement.
Il rit et sortit de la voiture après avoir coupé le contact et rangé ses clés. Je m'empressai alors de faire de même et de barrer sa route.
- Justin, rentre chez toi, suppliai-je en poussant son torse -qui me semblait très musclé au touché-
- Pourquoi Avy ? Je crois qu'on s'est déjà assez vus pas mal de fois pour que je rencontre enfin ta mère, rétorqua-t-il avec ce sourire toujours malicieux scotché à son visage.
- Ma mère est souffrante et je ne veux pas que tu la voies dans cet état, lançai-je paniqué provoquant un fou rire chez lui.
Ma mère sortit au même moment de la maison criant qu'elle se disait bien qu'elle avait entendu une voiture arriver.
- Elle a pas l'air si souffrante que ça, me chuchota Justin.
Je me retournai vers ma mère, je devais être toute rouge. Elle avait un grand sourire aux lèvres comme si je venais de ramener un chèque du loto. En même temps, c'était la première fois que je ramenais un garçon chez moi.
- Bah alors Avery, tu ne me présentes pas ?
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