Chapitre 50
«Ne pars pas.»
Justin contracta sa mâchoire. Je croyais bien qu'il n'osait pas répondre ou alors il ne connaissait pas la réponse. Il attrapa mon bras. Il glissa ses doigts le long de mon membre et découvrit mon tatouage à l'encre noir. Il leva ses yeux sur moi quelques secondes surpris avant de les reposer sur mon poignet.
- Pourquoi ? me demanda-t-il.
- Pour ne pas oublier.
Il caressa ma peau là où était mon tatouage et je frissonnai.
- Ton souvenir commençait à s'effacer dans ma mémoire Justin, expliquai-je. Je ne voulais pas qu'un jour je n'arrive plus à me souvenir de toi.
Il rencontra mes yeux une nouvelle fois. Mon cœur battait toujours très vite. Je devais me réhabituer à sa présence. Il ne disait rien et fixait mes yeux comme s'ils étaient en train de lui dire quelque chose.
- Et toi ? demandai-je. Où tu as reçu la balle ?
Il lâcha mon poignet et s'écarta un peu de moi pour me montrer une partie de son bras. Il posa son index sur une parcelle de sa peau pour m'indiquer où avait été l'impact de la balle. J'aperçus ainsi une petite cicatrice pas plus grande qu'une pièce de deux centimes qui s'était incrustée entre ses tatouages. Ce n'était pas affreux à voir. À vrai dire, si on ne faisait pas attention, on ne la voyait pas.
- Moi aussi j'ai quelque chose qui me permet de ne jamais oublier, dit-il. Elle est comme un tatouage.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé quand tu as reçu la balle ?
Il déglutit. Je savais que c'était quelque chose de difficile à raconter pour lui mais j'avais besoin de savoir, d'avoir toutes les réponses à mes questions.
- Je me suis écroulé par terre et j'ai commencé à perdre beaucoup de sang. Les policiers ne pouvaient rien faire, Chris continuait de pointer son flingue sur moi menaçant de tirer une deuxième fois et ses associés menaçaient de le faire sur ta mère, raconta-t-il sans me quitter des yeux.
Ses yeux brillaient. Il était vraiment touché. Je l'étais aussi. Savoir que je n'avais pas pu empêcher cela m'irritait.
- Je l'entendais pleurer bien qu'elle avait toujours son bout de scotch sur la bouche, poursuivit-il. C'était horrible parce que je pensais à toi Avery et à quel point tu serais détruite si elle venait à mourir.
Il avala sa salive une deuxième fois. Sa voix était toujours éraillée et il avait un peu de mal à parler.
- Les policiers lui ont demandé de poser son arme et de se rendre. Pendant ce temps, je continuais à me vider de mon sang et je ne pouvais rien faire pour arrêter ça car j'avais toujours les mains attachées. J'ai commencé à perdre connaissance et je me suis dit que c'était fini pour moi.
Je n'osais même pas imaginer la scène. Ça devait être affreux. Justin perdant considérablement du sang, ma mère pleurant, attendant son tour et les policiers impuissants face à tout ça.
- Mais, comme un miracle, Chris a ordonné à ses associés de relâcher ta mère disant que ce n'était pas à elle qu'il voulait faire du mal. Ils l'ont donc laissé partir et elle a rejoint Arthur et les autres qui sont remontés quelques minutes avant elle.
- Elle ne t'a pas fait un signe ou quoi ?
- J'étais allongé au sol Avery et je commençais à perdre la vue, je ne l'aurais pas remarqué de toute façon.
C'était donc comme ça que ma mère s'en était sortie. Évidemment, Chris l'avait épargnée parce qu'elle n'avait rien fait contre lui. C'était Justin sa cible depuis le début.
- Il restait donc plus que moi, Chris, ses associés et les flics.
- Comment ça s'est terminé ? demandai-je.
- Chris a bien attendu que j'ai perdu assez de sang pour finalement se rendre ayant eu ce qu'il voulait. Ses associés l'ont suivi.
- Et comment tu t'en es sorti ?
- J'ai perdu totalement connaissance après ça, répondit-il. Je me suis réveillé sur un lit d'hôpital et on m'a dit qu'on avait dû m'injecter beaucoup de sang pour que je survive à l'hémorragie.
- Tu es resté combien de temps là bas ?
- Environ une semaine, le temps que je me rétablisse.
J'attrapai sa main et la caressai avec mon pouce. Il avait vécu quelque chose de beaucoup plus dur que moi. Il était vraiment fort et je l'admirais pour ça.
- Mes parents sont venus me chercher et après le deuxième procès qui a eu lieu à part, juste entre les personnes de la compagnie, je suis retourné au Canada, ajouta-t-il. Je n'ai pas arrêté de penser à toi Avery mais j'étais sûr que j'avais fait le bon choix en te laissant vivre ta vie de ton côté.
- Maintenant tu es là, c'est tout ce qui compte.
Il m'enroula à nouveau de ses bras. J'humais son odeur qui était restée fraîche.
- Tu as réussi tes examens ? me demanda-t-il.
- Oui. Mon père était là à la remise de diplôme. Tu sais que grâce à toi, on s'est réconcilié pour de bon.
Il m'embrassa le front et je fermai les yeux quelques secondes appréciant son touché.
- Comment tu l'as rencontré ?
- Ta mère m'a dit qu'il serait là à son mariage et elle m'a demandé si elle avait pris une bonne décision en le faisant venir, expliqua-t-il. Je lui ai dit qu'elle avait bien fait et je lui ai demandé quand est-ce qu'il arriverait.
J'hochai légèrement la tête pour lui montrer que j'écoutais ce qu'il me disait.
- Elle m'a dit qu'il serait à San José le jour avant le mariage. Je lui ai donc demandé si elle pouvait me passer son numéro pour que je l'appelle et que je lui demande de le rencontrer.
- Pourquoi tu as voulu le rencontrer ?
- Je voulais avoir une conversation avec la fameuse personne qu'Avery Jenkins déteste autant, plus qu'elle ne me déteste, sourit-il.
- Est qu'est ce que vous vous êtes dits ?
- C'est une conversation entre hommes, tu ne peux pas savoir. Mais je l'ai trouvé super et je ne voulais pas que tu finisses ta vie sans l'avoir pardonné, répondit-il.
- Tu es gentil, souris-je.
Je posai une main sur sa joue et il baissa sa tête comprenant que je voulais l'embrasser. Ainsi, nos lèvres rentrèrent en contact et nous échangeâmes un tendre baiser qui avait toujours le même effet sur moi.
La sonnerie de message de mon téléphone coupa notre échange. J'allai voir de qui il s'agissait et c'était ma mère.
«Rejoignez-nous à dix neuf heures au restaurant Canoë si tout s'est bien passé. Sinon appelle moi Avery et je viens te chercher. Bisous.»
- C'est qui ? demanda Justin en récupérant son boxer.
- Ma mère. Elle me dit qu'on doit les rejoindre à dix neuf heures au restaurant.
- À quel heure est ton vol ?
- Vingt trois heures.
Il hocha la tête et enfila son sous vêtement. Je regardai autour de moi pour prendre enfin le temps d'observer sa chambre. Elle était très neutre. Il n'y avait rien sur les murs blancs hormis une horloge. Il y avait un petit bureau au coin de la pièce où un tas de choses était éparpillé dessus. Des vêtements traînaient par terre. Les fenêtres étaient fermées. Cela se voyait vraiment qu'il était resté beaucoup trop longtemps ici sans réellement sortir.
- Avery ta lettre, dit-il en la ramassant.
Il s'avança vers moi. J'arrivais encore à être impressionnée par son corps bien entretenu. Bien qu'il n'avait pas bougé de sa chambre, il n'avait pas perdu sa belle sculpture. Je remarquai que ses cheveux étaient plus courts, le rendant encore plus sexy. Je ne voulais pas le quitter.
- Et garde la pour de bon, sourit-il.
- Je ne pensais pas que t'étais capable d'écrire de si belles choses, lui dis-je en prenant la lettre.
- Moi non plus, rit-il.
- Quand est-ce que tu l'as écrite ?
- La veille du mariage. Après avoir rencontré ton père.
Je souris. Sa lettre m'avait énormément touchée. J'avais versé des litres de larmes tellement chacun de ses mots avait été poignant et m'était allé droit au cœur. Si on m'avait dit que lui, Justin Drew Bieber, pouvait écrire une chose pareille, je leur aurais ri au nez.
...
Nous étions en route pour aller au restaurant. Avant de quitter la maison, nous avions essayé de rattraper le temps perdu en regardant un film, dans les bras l'un de l'autre. Nous aurions pu profiter d'une autre manière si nous avions eu de quoi nous protéger mais étant donné que ce n'était pas le cas, nous nous étions contentés de nous embrasser sans vraiment faire attention à ce qu'il se passait sur l'écran.
Justin semblait un peu ailleurs. J'imaginais qu'il pensait déjà à mon départ. Je savais que cela le rendait triste que je parte déjà mais je n'avais pas d'autre choix.
Ma main dans la sienne, nous étions dans un taxi qui nous menait au lieu du rendez vous. Je le fixais. Il regardait par la vitre. Je voulais le rassurer et lui dire qu'on se reverrait bientôt bien qu'il nous restait encore quelques petites heures ensemble mais je ne savais pas comment parce qu'au fond, moi non plus je n'étais pas rassurée. Je ne savais pas ce qu'était l'amour à distance et je n'avais pas vraiment envie de le découvrir. Je voulais rester près de lui, pouvoir lui parler et le voir dès que j'en avais envie. Et ce n'était pas en habitant à plus de 3630 kilomètres de lui que je le pourrais.
Peut être que la vie ne voulait pas qu'on vive un amour tranquille sans obstacle.
- Ça va ? lui demandai-je timidement.
Il posa ses yeux sur moi. Ces derniers semblaient perdus.
- Oui, dit-il presque dans un murmure.
Il pencha sa tête vers moi puis m'embrassa. Sa main lâcha la mienne et ses doigts sillonnènerent mon cou avant de remonter sur ma joue. Je frissonnai de tant de plaisir. Nos langues se mirent à jouer entre elles. Il pressa son pouce contre ma peau. J'avais encore et toujours envie de lui.
Notre baiser prit fin quand le chauffeur nous annonça que nous étions arrivés. Nos respirations quelque peu haletantes, nous quittâmes le véhicule après avoir payé. Il entrelaça nos doigts. C'était toujours particulier quand il le faisait.
Nous nous retrouvâmes devant une grande tour. J'étais impressionnée. Comme il faisait presque nuit, il y avait des lumières partout. Nous entrâmes dans le grand building et rejoignîmes l'ascenseur. J'appuyai sur le bon bouton. Le restaurant se trouvait au cinquante quatrième étage. Seuls à l'intérieur, Justin s'empressa de me pousser contre le mur et de plaquer une nouvelle fois ses lèvres contre les miennes quand les portes se fermèrent.
J'attrapai son cou et le collai contre moi. La tension sexuelle entre nous était à son apogée. Il pressa ses hanches contre les miennes. Ses doigts avaient glissé sous mon haut. Je savais que ça n'irait pas plus loin mais l'excitation montait quand même en moi.
Il quitta mes lèvres et posa son front sur ma tempe. Sa respiration était saccadée, je la sentais contre ma joue. Je désirais le toucher mais je me contenais au maximum. Une chaleur avait envahi mon entrejambe.
- Ne pars pas, murmura-t-il la voix basse et chaude.
Mes mains cherchèrent ses cheveux. Je les agrippai. Il exhala une bouffée chaude sur ma peau. Son ton m'avait presque supplié.
- Je n'ai pas le choix, lâchai-je dans un souffle.
Il fit subitement un pas en arrière et me foudroya du regard. Je déglutis. Il contracta sa mâchoire et baissa les yeux. Cela me brisa le cœur. Une sonnerie retentit et nous arrivâmes au même moment au bon étage. Les portes s'ouvrirent. Justin me tourna le dos et quitta la cabine. Je le suivis. Il ne devait pas m'en vouloir, ce n'était pas de ma faute.
Un brouhaha se fit entendre. Mes yeux s'écarquillèrent en découvrant le monde qu'il y avait et ils s'ouvrirent d'autant plus quand je découvris la vue que la salle nous offrait. C'était splendide ! On avait vue sur toute la ville !
Nous n'eûmes pas de difficulté à trouver ma mère, Jeremy et Patricia. Ils s'étaient installés à côté de la grande baie vitrée. Nous les interrompîmes dans une discussion entrecoupée de rires. Je leur souris et m'installai à côté de ma mère. Justin l'embrassa et s'assit en face de moi, à côté de sa mère.
- Justin est enfin sorti de sa chambre ! s'exclama Jeremy.
Justin souffla et j'ébauchai un sourire.
- On peut en conclure que tout s'est bien passé ? demanda ma mère, un sourire sur ses lèvres.
- Oui, répondis-je.
Justin semblait trop préoccupé par mon très proche départ pour discuter. Je devais alors répondre à toutes leurs questions seule.
- Tout finit toujours pas s'arranger ! dit Patricia. Nous sommes vraiment contents pour vous.
- Merci, c'est gentil, souris-je.
- Alors comment vous envisagez la suite ? nous demanda Jeremy. Tu retournes à Sunnyvale ce soir avec ta mère ? s'adressa-t-il à moi.
- Oui, grimaçai-je.
- Vous aurez tout le temps de vous revoir durant ces vacances, ce n'est pas très grave, me rassura-t-il.
Je glissai mes yeux sur Justin qui avait le regard perdu dans le vide. Je pinçai mes lèvres et reposai mes pupilles sur ses parents. Nous commandâmes rapidement à manger. Justin restait toujours silencieux tandis que nous discutions de tout et de n'importe quoi. J'apprenais beaucoup de choses sur eux et plus particulièrement sur mon copain. Il paraîtrait qu'il avait été bon élève avant de quitter précipitamment le lycée. Je n'en doutais pas puisque je me rappelais de la fois où il avait trouvé la réponse à mon équation très rapidement.
Il paraîtrait aussi que j'étais la première fille à qui il en parlait à ses parents et que tout ce qu'il avait dit sur moi avait été élogieux. J'étais très honorée et toutes ces nouvelles gonflaient mon coeur. Mais, Justin, lui, ne réagissait pas et je me demandais s'il n'était pas en train de se demander s'il valait mieux pour nous deux qu'on arrête là et qu'on se quitte.
À la fin du repas, une surprise m'attendait. Je vis un serveur nous apporter un gâteau allumé de bougies "18" . Toute la salle se mit à me chanter la fameuse chanson d'anniversaire. Je ne savais pas où me mettre, c'était vraiment adorable. Justin me regarda surpris. Évidemment, il n'était pas au courant que c'était mon anniversaire. Je lui souris avant que mon regard se plonge à nouveau sur le gâteau qui se posa en face de moi.
La chanson terminée, je soufflai les bougies et fis un vœu. Que notre amour ne se consume jamais. On m'applaudit puis tout revint à la normale. J'avais à ma droite ma mère qui me souhaita plein de bonnes choses, en face de moi les parents de Justin qui firent de même et ce dernier qui me fixait sans rien dire mais je restais stoïque, un sourire forcé sur mes lèvres.
Je sentais qu'il allait m'annoncer quelque chose qui ne me ferait pas plaisir. Je pouvais deviner qu'en sortant de ce restaurant, les choses allaient être complètement différentes.
Nous mangeâmes chacun une part. Même Justin avait fait un effort. Mais il restait plongé dans ses pensées et je voulais juste qu'il me dise ce qui lui passait par la tête.
Et comme s'il lisait dans mes pensées, il me demanda d'un signe de la tête de nous isoler. Il se leva, je fis de même et il nous excusa avant de se diriger vers l'ascenseur, moi à ses trousses. Dans la cabine métallique, c'était le silence complet. Je sentais mon cœur battre fortement contre ma poitrine. J'avais peur de ce qu'il comptait me dire.
La descente se fit étrangement plus lente et je jetais quelques petits coups d'œil sur son visage mais il regardait droit devant lui, très sérieusement. Nous arrivâmes au rez de chaussée et les portes s'ouvrirent sur le hall d'entrée. Il sortit, les mains dans les poches, sans vérifier si je le suivais. Je marchais sur ses pas.
Ainsi, nous nous retrouvâmes dehors mais l'air était bon. Je n'avais pas froid. Il entreprit une marche lente sur le trottoir et j'arrivai à sa hauteur.
- Je ne sais pas Avery, lâcha-t-il les yeux toujours rivés devant lui. Je ne sais pas si ça va le faire.
- Pourquoi ? Tu n'es jamais sûr de rien si tu ne prends pas la peine d'essayer.
Ma gorge commençait à se nouer. Il n'allait quand même pas me quitter le jour de mon anniversaire... Pitié...
- Il faut que je me trouve du travail, un nouveau logement, une nouvelle voiture, ça va prendre du temps, continua-t-il. Je ne peux pas me permettre en plus de ça d'aller faire des allers retours entre Toronto et San José.
- On alternera.
- Et avec quel argent tu vas pouvoir te payer tous ces trajets ?
Je baissai les yeux. Il avait raison. Totalement raison.
- Alors il n'y a pas de solution ? lui demandai-je.
Il arrêta ses pas et me fixa. Ses yeux me perçaient, même dans la nuit.
- Il y en a sûrement une, répondit-il d'une voix rauque.
Il marqua une pause. J'attendais impatiemment qu'il continue. C'était soit il acceptait l'amour à distance, soit c'était terminé.
- Mais en attendant, je veux bien voir ce que ça donne à distance.
Il afficha un rictus et je ne savais pas si je devais me réjouir de cette nouvelle. Était-ce une bonne chose l'amour à distance ? Ou était-ce inutile ?
- Merci, hésitai-je à dire.
Je baissai la tête. Il la releva à l'aide de son pouce et m'obligea à continuer de le regarder droit dans les yeux. Sa présence me manquait déjà. Il posa ses lèvres sur les miennes et m'embrassa tendrement. Je fermai les yeux. Des frissons traversèrent ma colonne vertébrale et me firent vibrer.
Il posa ses deux mains sur mes joues et amplifia notre baiser. Je passai mes mains sur son cou. Il me rendait folle. Il avait cette emprise sur moi qui était permanente. Mon amour pour lui continuait de grandir. Et je ne doutais pas du sien.
Et je voulais croire que même à des milliers de kilomètres loin de lui, nous pouvions être heureux.
- Avery ! Justin ! nous appela-t-on.
Je me détachai de ses lèvres bien que je ne voulais pas arrêter notre précieux échange. Nous nous regardâmes comme si nous ne voulions pas oublier cet instant puis je retournai auprès de nos parents qui nous attendaient devant l'entrée.
- On doit y aller si on ne veut pas rater notre vol, dit ma mère. Il est déjà vingt et une heure trente !
J'hochai la tête. J'entendis Justin arriver à côté de moi.
- On vous dit au revoir maintenant, annonça Jeremy. On ne pourra pas vous accompagner à l'aéroport.
Mon cœur se déchira. J'allais devoir dire au revoir à Justin maintenant. Il ne me restait pas plus de temps. Encore une fois prise au dépourvu. Je m'avançai vers ses parents et les pris dans mes bras très fortement. C'était grâce à eux que j'avais retrouvé Justin et je ne les remercierais jamais assez pour ça. Je me sentais proche d'eux et c'était comme si je faisais déjà partie de leur famille.
Ma mère fit de même après moi et je me tournai vers Justin. Je ne devais pas pleurer. Il fixait ses parents et ne m'adressait aucun regard. Je fronçai les sourcils. Me refuserait-il un au revoir pour éviter de se faire du mal ?
- On y va ? lança Patricia en se détachant de ma mère.
- Je reste avec elles, déclara Justin.
Mon corps entier se figea. Je restai bouche bée. Comment ça ? Était-ce possible ? N'était-il pas trop tard ? Mon cœur s'affola. Peut être bien qu'elle était là la solution.
- Ah bon ? Tu es sûr ? lui demanda son père.
- Oui, répondit-il.
...
La lumière qui s'échappait des volets me réveilla. Je frottai mes yeux et sentis la pression du bras de Justin sur ma hanche. Je l'entendis grogner et je me tournai un sourire aux lèvres vers lui. Il avait les yeux fermés mais il ne dormait plus. Ses cheveux tombaient sur son visage. Il était incroyablement mignon et sexy à la fois.
- Debout, dis-je.
Il grogna une nouvelle fois et me tira vers lui. Il enfouit sa tête dans mon cou et y déposa un baiser me provoquant un frisson.
- Non, refusa-t-il d'une voix rauque. On est en vacances Avy.
- Il est bientôt midi, dis-je en regardant le réveil. Ma mère doit sûrement nous attendre pour manger.
- Ce n'est pas grave, dit-il du même ton.
Il me tenait contre lui et je ne pouvais pas me dégager de son étreinte. C'était le premier réveil à deux dans mon lit et il faisait déjà des caprices. Mais cela me faisait plutôt rire qu'autre chose. Il avait l'air d'un petit enfant.
Le vol d'hier soir nous avait beaucoup fatigué surtout qu'on avait dû courir partout pour récupérer à temps le plus d'affaires de Justin possible et payer son billet à un coût très élevé que j'avais promis de rembourser pour le remercier d'avoir choisi de rester avec moi.
Et c'est comme ça que mon meilleur anniversaire s'est déroulé.
Je remerciais encore une fois ses parents d'avoir accepté de le laisser partir pour nous laisser vivre correctement notre amour. Je ne m'étais vraiment pas trompée sur eux, ils étaient adorables ! Sans oublier ma mère qui avait trouvé ça normal d'héberger Justin jusqu'à ce qu'il retrouve du travail et puisse se payer son propre logement.
Je pouvais enfin dire que tout allait bien et j'espérais que cela durerait.
- Ça te dit d'aller sur le Quai 27 une dernière fois ? me proposa-t-il.
Il rencontra mes yeux. Je comprenais pourquoi il voulait faire ça. J'acceptai. C'était ce qu'il fallait faire pour tourner définitivement la page.
...
Dans la voiture de ma mère pour rejoindre la gare avec Justin, je me sentais enfin heureuse. Il n'y avait plus de Chris. Plus d'associés. Plus d'Arthur, ni de Lucas ou encore de Nick. Plus de Tiffany, de Danielle ni aucune autre fille. Plus de Jake.
Juste Justin et moi.
C'était comme si nous étions au sommet du monde. Même si tout n'était pas acquis, je voulais croire que tout continuerait à aller bien.
Nous arrivâmes devant la gare et Justin se gara dans le parking. C'était la dernière fois que nous mettrions un pied ici étant donné que je ne reviendrais plus au lycée et que Justin n'emmènerait plus de filles pour la compagnie - qui s'était totalement dissoute.
Nous sortîmes de la voiture et nous avançâmes vers l'infrastructure. Tous les souvenirs refaisaient surface. Les bons comme les mauvais. Mais surtout les mauvais car ils étaient les plus récents.
Nous entrâmes dans la gare. Il y avait du monde. Tout le monde avait déjà oublié ce qu'il s'était passé ici. Je n'étais pas entrée à l'intérieur depuis le jour du mariage puisque ma mère avait choisi de m'emmener et de me chercher au lycée en voiture après ce jour là. Un sentiment étrange m'envahit. Je me sentais presque nostalgique. Pourtant Justin était encore à mes côtés.
Nous allâmes sur le Quai 27. Il était pile dix sept heures et cinq minutes. L'heure où j'avais l'habitude d'y être et lui aussi. Nous nous arrêtâmes à quelques mètres des rails du train. Justin attrapa ma main et me tourna pour lui faire face. Il souriait. Moi aussi.
Nous ne regrettions rien.
Nous nous embrassâmes follement. À partir de cet instant, la page était désormais tournée. Peut être qu'un jour, nous retournerions ici pour nous rappeler seulement des bons souvenirs.
Il passa un bras autour de mes épaules et nous quittâmes sans tristesse la gare. J'avais quand même remercié Chris, intérieurement, sans qui je n'aurais jamais rencontré Justin. Et même si tout son être était détestable, il avait contribué à la belle histoire que je vivais actuellement.
- J'ai faim ! lâchai-je.
- Je m'en fous Avery.
Fin.
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