Chapitre 49
«La vérité finit toujours par éclater.»
C'était certain. Je détestais Justin Bieber et désormais ma mère aussi. Je venais d'apprendre qu'elle m'avait caché qu'elle savait que Justin avait été emmené d'urgence à l'hôpital. Je l'avais pourtant supplié de tout me dire.
- Avery ! Calme toi ! cria-t-elle.
- Tu m'as laissé croire qu'il était mort ! Tu n'as pas honte ? criai-je plus fort.
- Je savais juste qu'il était à l'hôpital ! Je n'en savais pas plus !
Je pleurais de colère, encore. Comment pouvait-on être cruel à ce point pour faire croire à sa fille que son petit-ami était mort ?
- Je ne savais pas qu'il s'en était sorti !
- Tu m'as empêché d'aller le voir !
- C'était pour te protéger !
- Non c'est faux !
Je lui tournai le dos mais elle attrapa mon bras et me garda face à elle. Je continuais de pleurer.
- Et quand tu m'as caché tout ce que tu savais sur Chris, ce n'était pas pour nous protéger ? dit-elle plus calmement.
Je baissai les yeux. C'est vrai qu'elle marquait un point mais je ne lui aurais jamais caché sa mort. Jamais ! Elle essuya les larmes sur mes joues. Je la laissai faire.
- Comprends moi, comprends que je ne voulais pas que ma fille voie son copain sur un lit d'hôpital, murmura-t-elle presque.
J'ôtai ses mains de mon visage et partis m'asseoir sur le canapé. J'avais l'impression d'avoir été trahie par le monde entier.
- Tu dois une réponse aux parents de Justin, me rappela-t-elle en se plaçant devant moi. Ça fait une semaine Avery, tu dois faire un choix.
Cela faisait une semaine que je pesais le pour et le contre et au final, je ne savais toujours pas si je devais ou non aller au Canada pour voir Justin. Pourquoi viendrais-je à lui ? C'était lui qui avait choisi de s'éloigner de moi, c'était à lui de revenir !
Mais il ne savait même pas que je savais qu'il était toujours en vie alors si je n'allais pas le voir, on ne se reverrait jamais.
- De toute façon tu n'as plus le choix, ajouta-t-elle.
Je levai mes yeux sur elle et elle sortit quelque chose de la poche arrière de son pantalon noir. Elle tendit son bras et plaça juste en face de mon visage ce qui semblait être deux papiers blancs. Je fronçai les sourcils et les pris.
- Demain c'est ton anniversaire et je pense que c'est le meilleur cadeau que tu puisses avoir, dit-elle.
Je regardai attentivement ce que j'avais maintenant entre les mains et découvris ainsi deux billets pour Toronto, au Canada. Deux billets pour revoir Justin. Deux billets pour mettre les choses au clair. Je me calmais doucement.
- Le vol est prévu pour demain, à dix heures, annonça-t-elle.
Déjà ? Même si une semaine s'était écoulée depuis l'annonce de Pattie et Jeremy, je ne pensais toujours pas être prête à franchir le pas.
- Tu ne peux pas refuser Avery.
Et si c'était une mauvaise idée ? Parfois, on disait qu'il fallait oublier les bonnes personnes pour avancer. Peut être que c'était ce que je devais faire. Et si Justin m'avait fait croire qu'il était mort, c'était pour qu'il avance lui aussi...
- Je sais que tu ne le regretteras pas.
Mais peut être que j'avais en réalité besoin de quelqu'un qui m'oblige à y aller, qui ne me laisse pas le choix parce que je n'aurais jamais pris cette décision toute seule.
- C'est pour me faire pardonner de t'avoir caché une chose pareille, finit-elle.
Je lui souris timidement avant de finalement la prendre dans les bras. Ma mère avait toujours été une grande "supportrice" de ma relation avec Justin et je croyais bien qu'elle le serait toujours.
Je l'avais déjà pardonnée. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle avait voulu me protéger comme je l'avais fait en lui cachant les choses que je savais sur Chris.
La date avait été fixée, je devais maintenant penser à ce que j'allais bien pouvoir lui dire. C'était affreusement angoissant.
...
- Joyeux anniversaire ! cria ma mère en arrivant dans ma chambre.
Je frottai mes yeux et pris un moment pour émerger de mon sommeil. Je jetai un coup d'œil au réveil qui indiquait huit heures et demi. Je me redressai et ma mère vint me prendre dans ses bras. Je souris.
- Dix huit ans, dit-elle, déjà !
Je lui embrassai le front et me détachai de son étreinte pour sortir du lit.
- Tiens, c'est de la part de ton père, me tendit-elle une carte.
- Merci, souris-je.
Mon père avait l'habitude de m'envoyer seulement un petit message par téléphone pour mon anniversaire mais étant donné ce qu'il s'était passé et notre rapprochement, j'imaginais qu'il voulait faire quelque chose d'un peu différent cette année. Je décidai de la lire pendant le vol puisque ce dernier durerait cinq heures environ.
Nous descendîmes dans la cuisine pour prendre le petit déjeuner. J'avais un sentiment mitigé. C'était mon anniversaire certes, mais ça n'avait jamais été un jour vraiment particulier. Je ne faisais pas grand chose de différent. Mais aujourd'hui, j'allais revoir Justin et j'étais très angoissée. J'avais presque peur.
J'avais beaucoup de choses à lui dire et je ne serais pas très tendre.
...
À l'aéroport, nous attendîmes impatiemment notre vol. Nous n'avions emporté seulement qu'un sac à main que ma mère gardait pour nos passeports et autres choses qui nous seraient utiles. Nous serions de retour à Sunnyvale le soir même, nous ne resterions même pas une journée complète au Canada.
J'avais donc tout juste quelques petites heures pour m'expliquer avec Justin mais c'était suffisant.
Après une demi heure d'attente, nous embarquâmes dans l'avion. Je m'assis à côté de l'hublot. Il n'y avait pas beaucoup de monde. C'était logique étant donné que le Canada n'était pas une destination idéale pour passer ses vacances d'été.
J'avais déjà pris l'avion auparavant, à chaque fois que je rendais visite à mes grands parents sur la capitale, alors je n'avais pas peur de ça.
Après que l'avion ait décollé et que nous soyons stables, je pris la carte de mon père pour la lire.
«Joyeux anniversaire Avery ! Je te souhaite plein de bonnes choses ! J'espère qu'on redeviendra proche comme on l'était avant que je quitte ta mère. Je sais que les choses sont difficiles ces temps-ci après ce qu'il s'est passé alors n'hésite jamais à venir me parler si jamais tu ne te sens pas bien. Justin était quelqu'un de bien, j'ai pu lui parler et je sais qu'il aurait été un gendre parfait. Je ne doute pas qu'il ait réussi à prendre soin de toi et à t'aimer comme tu le méritais. Maintenant c'est à moi de combler ce vide qu'il a laissé.Tu sais que je serai toujours là pour toi, je suis ton père. Je t'aime énormément ma fille et je suis fier de toi.
Beaucoup d'amour, ton père.»
Je souris. C'était vraiment adorable de sa part. C'était beaucoup mieux qu'un simple message et je n'hésiterais pas à venir le voir dès que j'en aurais l'occasion. Je n'avais vraiment plus aucune haine envers lui. Il fallait aussi que je lui dise que Justin n'était finalement pas mort, seulement si les choses s'arrangeaient entre nous.
Je passai la carte à ma mère qui la rangea dans son sac.
- Pourquoi tu l'as invité au mariage ? lui demandai-je impromptement.
- Parce que ça faisait longtemps que tu ne l'avais pas vu et je pensais que c'était une bonne occasion pour le revoir.
- Tu as bien fait, dis-je.
Ma mère ne détestait pas mon père mais elle n'avait vraiment plus d'affection pour lui. Ils n'étaient pas restés de simple bons amis, seulement des personnes qui se connaissaient autre fois. Mais elle gardait contact avec lui parce qu'il était mon père et qu'elle estimait important pour mon éducation de l'avoir.
- Ça va mieux ? Tu as définitivement oublié Chris ? lui demandai-je.
- Il est un peu encore présent dans ma tête, avoua-t-elle, mais il disparaît doucement.
- Il t'est arrivé parfois de pleurer ?
Je n'avais jamais vu ou surpris ma mère en train de pleurer. Je me demandais si elle se cachait quand ça lui arrivait.
- Souvent Avery, sourit-elle, mais je suis ta mère et je suis censée ne pas te montrer mes faiblesses.
- Tu t'en veux d'être allée trop vite avec lui ?
- Quand j'y repense, je me dis, mais quelle abrutie j'étais ! Je me demande comment vous n'en êtes pas arrivés à m'assommer la tête pour me remettre les idées en place ! rit-elle.
Je souris. C'était bien qu'elle le prenne comme ça. Et au moins, elle serait plus prudente la prochaine fois. Moi aussi. Je n'enverrais plus de photo de moi en sous vêtements au premier garçon venu, je n'accorderais plus ma confiance à n'importe qui, je ne croirais plus toutes les paroles qu'on me dirait.
- C'était vraiment trop beau pour que ça se finisse bien, ajouta-t-elle.
Les comtes de fées n'existaient pas. Mais c'était peut être mieux comme ça. On apprenait à travers les épreuves la vraie valeur de la vie et on en devenait meilleur. Une vie sans obstacles n'était pas une vie parfaite.
...
Après plus de cinq heures de vol, nous atterrîmes au Canada, à Toronto, à seize heures. Mon cœur battait encore plus vite. Je ne réalisais pas encore que j'allais revoir Justin. Un taxi vint nous chercher à la sortie de l'aéroport et nous transporterait jusque chez les Bieber.
Durant le trajet, j'étais songeuse. Et si je trouvais Justin dans les bras d'une autre ? Et pire, que cela ne me fasse rien ? Et s'il m'avait déjà oubliée et ne se rappelait même plus de moi ? Et si nous étions devenus indifférents l'un de l'autre et que tous sentiments s'étaient envolés ? Je croyais bien que ce serait la pire chose entre toute. Devenir indifférent et insensible à une personne qui représentait autre fois tout pour vous.
Mais j'imaginais que c'était ce qui était arrivé à Justin puisque sa façon à lui de me quitter était de me faire croire qu'il était mort.
Moi, j'avais de la haine envers lui. Je le détestais pour ça alors je n'étais pas devenue indifférente après tout.
Je regardais par la fenêtre le paysage de ce pays que je découvrais pour la première fois. Il faisait beau et chaud. Il n'y avait effectivement pas de neige. Il y avait de grands buildings et le lac Ontario juste à côté. Ce n'était pas très différent des États Unis mais je trouvais la ville très jolie.
- Jeremy et Patricia sont au courant de notre venue ? demandai-je à ma mère.
- Oui. Il n'y a toujours que Justin qui ne sait rien.
- Et s'il n'est pas là ?
- Il ne sort plus de sa chambre Avery, évidemment qu'il sera là.
Je me demandais pourquoi il s'était mis dans cet état volontairement. Se laisser morfondre au point de ne plus vouloir quitter sa chambre, c'était horrible. Je crois que j'aurais préféré le savoir mort plutôt que dans cet état et ne rien pouvoir faire. Mais alors, cela voulait dire qu'il n'était pas devenu indifférent non plus et qu'il s'en voulait peut être.
Je commençais à me mordiller la lèvre inférieure. Je sentais que nous n'étions plus très loin.
Je demandai à ma mère de sortir la lettre que Justin m'avait écrite. Je voulais la lui rendre. Ce n'était pas sa fichue lettre qui me ferait oublier les deux mois que j'avais passés à pleurer son absence pour rien.
La voiture entra dans le quartier Lakeshore d'après ce que disait le chauffeur. Il se situait près du lac. Nous nous arrêtâmes devant un building fait de baies vitrées. Justin habitait donc autre fois ici ? C'était très différent de Palo Alto où il possédait une maison. Je n'aurais jamais imaginé qu'il vivait ainsi. Dans une ville très urbaine et dans un appartement. Je comprenais alors pourquoi il avait voulu prendre son indépendance très rapidement.
Nous sortîmes du taxi sans avoir payé étant donné que Jeremy et Patricia l'avaient déjà fait et nous nous trouvâmes devant l'immeuble. Ma mère appela Jeremy, celui ci nous avait demandé de ne pas sonner pour garder la surprise à Justin.
J'avais l'impression que mon cœur allait exploser. Mes mains tremblaient. Le vol ne m'avait pas fatigué et je me sentais plus réveillée que jamais.
- Allô ? [...] Oui nous sommes arrivées. [...] Très bien. [...] Merci.
Elle raccrocha et nous entendîmes la porte se déverrouiller. J'entrai après ma mère. Mes pas étaient lourds. Nous montâmes au troisième étage. Plus on se rapprochait du moment fatidique, plus mon cœur se serrait.
- Ça va aller, me chuchota-t-elle. Tiens.
Elle plaça dans ma poche un préservatif. Pourquoi avait-elle fait ça ? Je voulus l'enlever mais nous arrivâmes au bon étage et la porte d'entrée de l'appartement était déjà ouverte et Jeremy et Patricia se trouvaient déjà devant. Ils nous sourirent. Je déglutis.
- Merci Avery d'être venue, me dit Jeremy à voix basse.
J'hochai la tête. Ils nous firent entrer et je découvris ainsi l'endroit où Justin avait passé toute son enfance. La décoration était très moderne. Ils avaient du refaire l'appartement.
Il y avait des photos de famille accrochées sur les murs du salon qui était beaucoup plus petit que celui de Justin à Palo Alto. Je me sentais étrangement spéciale d'avoir pu pénétrer dans un endroit pareil mais il se pouvait qu'une autre fille avant moi était déjà venue ici.
Jeremy et Patricia ne fermèrent pas la porte d'entrée et attrapèrent leur veste. Je les regardai paniquée. Que faisaient-ils ?
- Vous partez ? leur demandai-je.
- On va vous laisser parler tranquillement, répondit Patricia.
- Non, vous ne pouvez pas...
- On revient dans deux heures, me coupa-t-elle.
- La chambre de Justin est au fond du couloir à droite, ajouta Jeremy avant de me faire un clin d'œil.
Et ils partirent me laissant seule ne sachant pas quoi faire. En l'espace d'un instant, j'avais tout oublié. Tout ce que j'avais prévu de dire ou de faire. La lettre de Justin dans la main, je restais quelques secondes debout au milieu du salon. Je réfléchissais. Ou plutôt je pensais. À quoi ? Je n'en savais rien. Tout se mélangeait dans ma tête.
Devais-je lui crier dessus ou lui parler très calmement ? Peut être était-il en train de dormir ce qui voulait dire que j'allais le déranger ?
Je pris une grande respiration, mon courage à deux mains et me dirigeai vers la chambre de Justin. Le couloir n'était pas très grand alors je me trouvai rapidement devant la porte. Elle était blanche. Il n'y avait étonnement rien dessus. Mais ce n'était finalement pas si étonnant que ça, Justin n'avait jamais voulu être ou faire comme les autres.
Cette porte était la dernière chose qui nous séparait encore.
Devais-je toquer ou entrer comme une folle et le surprendre ? Dans les deux cas, il serait surpris. Je décidai alors de rester civilisée et de toquer.
- Maman ! Je t'ai dit de me foutre la paix ! l'entendis-je crier.
Une vague de chaleur m'envahit. Après deux mois, je venais d'entendre pour la première fois sa voix. Cela me procura stupidement un bien fou. Elle n'avait pas changé. Suave et quelque peu rouillée, elle me fit frissonner.
- Justin, dis-je à travers la porte, ce n'est pas ta mère.
Aucune réponse. Je mordis ma lèvre inférieure, il ne m'ouvrirait pas.
Soudainement, j'entendis des pas se rapprocher puis la poignée de la porte se tourner. J'entrouvris la bouche manquant de souffle.
La porte s'ouvrit doucement et je vis le visage de Justin apparaître. Ses yeux accrochèrent les miens. Le temps s'arrêta. Mon univers s'illumina. Il était là, devant moi, en chair et en os, et surtout en vie.
- Avery ? fronça-t-il les sourcils.
Ses yeux étaient rouges. Il avait des cernes. Ses lèvres étaient sèches. Ses cheveux étaient décoiffés. Son teint était pâle. Pourtant, il restait incroyablement beau. Je n'étais pas devenue indifférente. Il me faisait toujours de l'effet. Il me rendait toujours vulnérable.
- Justin, dis-je reprenant mes esprits.
Il me regarda de haut en bas comme s'il me rencontrait pour la première fois. Puis ses yeux se posèrent sur les miens. Il contracta sa mâchoire. Il savait déjà ce que je lui dirais.
- Tiens ta putain de lettre, crachai-je en la jetant sur lui. Je n'en veux pas.
Je fis un pas en arrière. Le dégoût que j'avais envers lui était revenu. La haine aussi. Il attrapa la lettre confus et la jeta derrière lui.
- Non Avery, attends !
Sur le point de me tourner pour partir, il agrippa mon bras et me tira vers lui. Les larmes me montèrent aux yeux et ma gorge se noua. Il m'emmena fermement dans sa chambre et ferma la porte derrière moi.
Je voulus le repousser mais il me plaqua contre la porte et se positionna devant moi épinglant mes poignets contre cette dernière. Son contact m'envoya une décharge électrique à travers tout mon corps.
Son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du mien. Je sentais son souffle - étrangement frais - balayer mes lèvres. Il me donnait chaud. Ses cheveux tombaient sur son front et il sentait terriblement bon. Tous mes sens reprenaient vie.
- Tu ne peux pas me rendre cette lettre, j'ai pris du temps à l'écrire, elle est à toi Avery, me dit-il.
- Tu la donneras à quelqu'un d'autre à qui tu ne feras pas croire que tu es mort pour l'éviter.
Il baissa les yeux et détacha mes poignets.
- Laisse moi tout t'expliquer, murmura-t-il presque.
Les larmes coulèrent sur mes joues. Je lui en voulais tellement. Je le regardais s'éloigner et s'asseoir sur son lit. Il attrapa de ses mains sa tête et posa ses coudes sur ses genoux. Je remarquai alors qu'il était vêtu d'un t-shirt blanc et d'un jogging noir. Il n'avait pas changé de style vestimentaire.
- Tu m'as laissée te croire mort ! criai-je en m'avançant vers lui. Et comme une pauvre abrutie j'ai pleuré pour toi !
Il se leva et se plaça en face de moi. J'avais envie de le ruer de coups et de libérer toute ma haine.
- Je te déteste putain ! criai-je.
- Avery...
- T'es qu'un pauvre con comme les autres !
Il attrapa mes poignets au moment où je voulus le frapper. Ses yeux me fixaient. Ils étaient bordés de larmes. Nous étions tous les deux détruits.
- Je me suis inquiétée pour toi ! Pour tes parents ! continuai-je encore plus fort.
- C'était pour te protéger !
- Me protéger de quoi ? Tout était enfin terminé !
- De moi putain !
Je m'arrêtai net et le regardai confuse. Les veines sortaient de son cou. Je l'avais rarement vu ainsi. De lui ? Pourquoi ?
- Je m'en suis voulu de t'avoir fait vivre tout ça mais tu ne vois jamais rien Avery. C'était mieux pour toi que tu tournes la page, expliqua-t-il calmement en me lâchant.
- Et moi ? Tu m'as demandé mon avis ?
- Évidemment tu aurais été contre. C'est pour ça que tu devais croire que j'étais mort.
- Je crois que tu ne te rends pas compte de ce que c'est que de croire que la personne qu'on aime est morte, rétorquai-je.
- Tu aurais fini par m'oublier.
Il s'allongea sur le dos sur son lit et plaça sa tête entre ses bras.
- T'oublier ? Tu es mon premier amour Justin !
Il soupira.
- Pourquoi tu n'as pas voulu nous donner une chance ?
- J'ai perdu tout ce que j'avais à Palo Alto, Avery. Ils ont pris ma bagnole, ma maison. J'étais obligé de retourner au Canada. On aurait été séparé de toute façon.
- Je t'aurais hébergé.
- Avery, afficha-t-il un rictus sur ses lèvres. Arrête de croire que tout est facile.
Je m'allongeai à côté de lui, gardant une certaine distance entre lui et moi. La tension était redescendue. C'était comme si je n'arrivais pas à rester en colère contre lui.
- J'ai eu de la chance, continua-t-il. Ils ont choisi de ne pas m'enfermer parce que Chris a tiré sur moi. Ils ont lu ma lettre. Ils ont compris que j'avais été piégé. Mais si je n'avais pas eu cette chance, je serais en prison aujourd'hui. Tu aurais pu m'attendre ?
Je posai mes yeux sur lui. Il fixait le plafond. Cette vue m'avait tellement manqué. Il m'avait tellement manqué.
- Mais tu ne l'es pas Justin.
- Alors quoi ? Chris et les autres auraient été en prison, on aurait continué à être ensemble, on aurait tout oublié alors qu'au fond on n'aurait pas été bien non plus ?
- Pourquoi c'est si difficile pour toi d'accepter qu'on... qu'on a gagné ?
- Je ne sais pas faire semblant Avery. J'ai vécu plus d'un an avec ces personnes. Je ne pouvais pas faire comme si ça ne me touchait pas. Je voulais m'éloigner de tout ça et tourner la page moi aussi.
- Alors que j'étais aussi sur cette page ?
Il tourna sa tête et posa enfin ses yeux sur moi. Il n'était plus au bord des larmes.
- Je ne pourrais jamais complètement t'oublier Avery.
Je dérivai à mon tour mes yeux sur le plafond.
- Moi je ne voulais pas t'oublier, dis-je.
- Parce que tu étais toujours amoureuse de moi.
- Je le suis toujours Justin, avouai-je.
Je n'avais pas réussi à me détacher de lui. Il était toujours présent dans mon cœur et Dieu seul savait jusqu'à quand mais ce qui était certain à cet instant c'était que je l'aimais toujours, tellement que j'avais réussi à le haïr.
Il ne dit rien. C'était ce que je craignais. Il ne disait rien parce que ce n'était pas le cas de son côté. Il avait réussi à tourner la page, à me chasser de son cœur. Cela me rendit très triste. Je mordis ma joue pour m'empêcher de pleurer à nouveau. Mon cœur me faisait mal.
- Comment tu peux toujours m'aimer après ce que je t'ai fait ?
- Je ne sais pas Justin. J'aurais aimé pouvoir te répondre.
Je tournai à nouveau la tête vers lui mais il regardait le plafond. L'atmosphère était très calme. C'était comme s'il n'y avait plus que nous deux sur Terre. Nous n'entendions rien d'autre que nos voix quand nous parlions.
- Tu penses que les choses auraient été différentes si notre plan avait marché ? lui demandai-je.
- Il n'aurait pas pu marcher. Et même s'il avait marché, on n'aurait pas pu rester caché bien longtemps. La vérité finit toujours par éclater.
- Alors on aura fait tout ça pour rien quoi qu'il arrive.
- Mais c'était pour quelque chose qui en avait valu la peine.
- Ça en vaut toujours la peine Justin, rétorquai-je. Je refuse de croire que ça puisse se terminer comme ça entre nous.
Il se redressa et s'appuya sur son coude. Ses yeux tournés vers le bas, vers mon visage, ils me transperçaient. Il passa une mèche de cheveux derrière mon oreille et je frissonnai quand il effleura ma peau.
- Tu es toujours aussi belle Avery.
Je baissai les yeux et mordillai ma lèvre inférieure, déstabilisée.
- Arrête de faire ça, tu me donnes envie de t'embrasser.
Je relevai mes yeux. Il était si près de moi et me dévorait du regard. Je le voulais, plus que tout.
- Rien ne t'en empêche, dis-je tout bas.
Il approcha lentement son visage du mien. Je sentis mon cœur s'emballer. Il colla son front au mien et caressa mes lèvres à l'aide de son pouce. Je pouvais craquer à tout moment.
Il continuait de fixer mes lèvres avec attention comme s'il se préparait à les goûter à nouveau après tant de temps. Il faisait monter la ferveur en moi.
Puis, ne pouvant plus résister, il posa tendrement ses lèvres sur les miennes. Mes yeux se fermèrent. Un incendie se déclencha en moi. Je reprenais vie entièrement. Il faisait voler les papillons dans mon ventre. Je me sentais légère et transformée.
Ses lèvres avaient toujours un goût divin et je me demandais comment j'avais pu m'en passer si longtemps.
Il bascula au dessus de moi et prolongea le baiser en glissant sa langue dans ma bouche pour la laisser s'entremêler avec la mienne.
Je passai une main sur sa nuque et le collai un peu plus contre moi ne voulant pas le laisser s'échapper une seconde fois. Il mit fin au baiser et descendit ses lèvres sur mon cou. Il aggripa ma chair entre ses dents et l'aspira. Rien ne pouvait plus l'empêcher de marquer mon corps.
J'attrapai ses cheveux et il lâcha un son rauque contre ma peau. Cette dernière s'embrasait et je ne pouvais plus contenir mon envie de l'avoir en moi.
Pour la première fois, je ressentais un manque de rapport sexuel et il était la seule personne avec qui je voulais en avoir.
Il lécha la contusion qu'il avait laissée puis il remonta ses lèvres vers ma mâchoire avant de m'embrasser à nouveau. Le plaisir intense coulait dans mes veines. Il me rendait euphorique.
Nos respirations étaient haletantes. Nos cœurs tapaient durement contre nos poitrines. Notre amour se libérait.
Il ôta mon haut avant de faire de même avec le sien puis recolla nos corps brûlants. Il agrippa ma lèvre inférieure entre ses dents avant de la relâcher et je soupirai.
Il enfouit à nouveau sa tête dans mon cou et le parsema de baisers succulents. Il m'envoyait des milliers de picotements fabuleux.
- Tu m'as tellement manqué Avy, susurra-t-il contre ma chair.
Je ramenai son visage en face du mien et captai son regard. Ses pupilles étaient dilatées.
- Ne me refais plus jamais un coup pareil, murmurai-je.
- La prochaine fois je serai réellement mort, dit-il avant de sourire sur mes lèvres.
Point de vue de Justin.
Je l'aimais putain. J'aimais Avery Jenkins et il semblerait que rien ne pouvait remédier à cela. J'avais passé deux mois difficiles à me convaincre que l'oublier serait une chose facile mais rien n'y faisait. J'étais fou amoureux d'elle et même des milliers de kilomètres ne pouvaient pas nous garder séparés.
- Je m'excuse pour tout Avery, murmurai-je entre deux baisers.
C'est vrai en y repensant, je n'aurais pas dû lui faire croire que j'étais mort. C'était cruel de ma part. Elle aurait dû connaître la vérité. Mais je pensais la protéger en faisant ça. Je ne voulais pas qu'elle s'accroche à moi. Je n'étais pas quelqu'un pour elle. Mais il n'y avait pas plus têtue qu'Avery Jenkins alors évidemment, elle avait quand même fini par me retrouver.
Alors pourquoi lutter encore ? On devait vivre ce qu'on avait à vivre avant que notre amour se consume et qu'on finisse par redevenir des étrangers l'un pour l'autre.
- Moi aussi, murmura-t-elle contre mes lèvres.
Je ne comprenais pas pourquoi elle rejetait la faute sur elle. Elle n'avait été qu'une victime dans toute cette histoire. C'était moi qui l'avais entraîné dedans. Elle ne devait pas s'en vouloir.
Je retirai son jean avec ses chaussures avant de faire pareil avec mon jogging. Je pris le temps de la regarder un instant. Elle était magnifique. J'avais encore du mal à croire qu'elle était ma copine. Elle semblait avoir perdu un peu de poids sûrement à cause de ce qu'il s'était passé mais elle restait parfaite à mes yeux. Elle avait gardé ses courbes attrayantes.
Elle me sourit timidement. Ses joues avaient rougi. Ses cheveux étaient un peu décoiffés.
- Mes parents sont là ? lui demandai-je.
- Non.
Je souris. Je devinais bien que c'était mon père qui avait eut l'idée de nous laisser seuls parce qu'il savait comment nos retrouvailles se termineraient. Il avait bien pensé.
Je m'allongeai à nouveau sur elle et embrassai le haut de sa poitrine. Elle se tortillait à chaque fois que je posais mes lèvres sur sa peau brûlante.
- Je n'ai pas de préservatif Avery, dis-je.
Je relevai la tête et croisai son regard. Ses yeux verts me troublaient.
- Ma mère m'en a passé un, dit-elle manquant de souffle. Il est dans la poche de mon jean.
Je plaquai une nouvelle fois mes lèvres sur les siennes. Je ne me lasserais jamais de cet échange. Elle agrippa mon cou d'une main et glissa l'autre le long de mon torse. Je frissonnai.
Je décollai nos bouches et attrapa son jean rapidement pour récupérer le préservatif. Elle m'avait tellement manqué et je la voulais plus que tout.
Elle me surprit et m'arracha l'emballage métallique des mains. Elle l'ouvrit et garda avec elle le préservatif. Elle posa sa main sur la bosse qui s'était formée sous mon boxer. Je mordis ma lèvre inférieure.
Elle la retira sans hésitation de ce dernier et je l'ôtai alors, le jetant au sol. Elle enfila ainsi soigneusement la protection sur mon érection et je la regardais très étonné faire. Elle avait pris de l'assurance.
Je me positionnai à nouveau sur elle quand elle eut fini et embrassai sa mâchoire.
- Je t'aime Avery.
Elle sourit.
- Je t'aime Justin.
Je dégrafai son soutien gorge puis glissai le long de ses jambes le dernier tissu qui la recouvrait. Nous étions maintenant nus et collés l'un contre l'autre.
Fin du point de vue de Justin.
Il entra délicatement en moi et je creusai mes ongles dans la chair de son dos ressentant une vague de chaleur s'engouffrer dans mes poumons. Il lâcha un son rauque et commença à donner des coups de bassins lents et sensuels.
Ma tête bascula en arrière. Justin passa mes jambes autour de lui afin d'être encore plus près de moi. Il allait plus profondément en moi. Je griffais son dos pour contenir mes gémissements.
Je n'arrivais pas à réaliser que je l'avais retrouvé. C'était tellement inespéré.
La lumière tamisée, je me croyais dans un autre monde. On entendait que nos respirations bruyantes. Le reste avait disparu.
Justin m'embrassa avant d'entreprendre des va et vient plus rapides. Nos corps s'emboîtaient parfaitement. Je ne voulais pas qu'il s'arrête. Des gémissements rauques s'étouffaient au fond de ma gorge. Je ne contrôlais plus rien.
Je remontai mes mains à ses cheveux et les agrippai. Il échappa un soupir. Nos corps s'enflammaient. Je sentais l'extase montait en moi.
J'ouvris les yeux et rencontrai les siens. Il me sourit avant de rapprocher nos lèvres une fois de plus. Il ralentit ses va et vient et reprit des mouvements plus lents pendant quelques minutes.
Je le sentais sur le point de venir en moi.
Il donnait des coups de rein très profonds. Mon corps se cambrait à chaque mouvement. Puis, il donna un dernier coup et se vida en moi. Nous atteignîmes au même moment l'orgasme et nos corps brûlants tremblèrent avant de se relâcher totalement.
Nous glissâmes sous les draps après nous être essuyés. Je posai ma tête sur son torse transpirant et il passa un bras autour de moi. Sa poitrine rebondissait encore un peu comme la mienne. Je me sentais bien. J'étais plus heureuse que jamais. Nous nous étions enfin retrouvés.
- Je pars ce soir Justin, lui déclarai-je.
- Déjà ?
- Oui.
- Tu ne peux pas rester un peu plus longtemps ?
- On ne peut pas se permettre de prendre un hôtel et de toute façon, on n'a pas emmené d'affaires, répondis-je.
Je levai mes yeux sur lui. Il regardait droit devant lui. Je retrouvais ses yeux marrons, ses sourcils épais, son petit nez, ses lèvres rosées, sa mâchoire saillante.
- Et quand est-ce qu'on se reverra ? me demanda-t-il sans me regarder.
- Je ne sais pas.
- Tu ne peux pas partir maintenant. On vient à peine de se retrouver, dit-il.
Il posa ses yeux sur moi. Il semblait triste à nouveau. Je ne voulais pas qu'il pense que ça voulait dire qu'on se quittait pour toujours.
- Tu ne croyais pas en l'amour Justin, dis-je. Est-ce que tu serais prêt à croire en l'amour à distance ?
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