Chapitre 48
«Je le serai.»
Les vacances venaient de commencer. Je venais de recevoir mon diplôme. J'avais réussi miraculeusement haut la main mes examens. Peut être que c'était parce que tout le monde était au courant de ce qu'il s'était passé et qu'on avait sûrement voulu être gentil avec moi, en me faisant passer des examens dont on était sûr que je réussirais mais j'avais eu mon diplôme et c'était l'essentiel.
Mon père avait été présent à la remise de diplôme et grâce à Justin, j'avais décidé de me réconcilier définitivement avec lui. J'avais réussi à décrocher une bourse pour l'école que j'avais choisie. Je pouvais dire que tout allait pour le mieux pourtant ce n'était pas le cas. Je continuais de penser à Justin. Certes, il était moins présent dans ma tête qu'autre fois, mais il était quand même là et il arrivait encore à affecter mon humeur.
Son souvenir continuait de s'effacer dans ma mémoire, j'avais maintenant oublié la couleur exacte de ses yeux, de ses cheveux, l'encre de ses tatouages, le goût de ses lèvres et bien plus encore. Mais c'était comme s'il avait laissé une trace indélébile dans mon cœur et je ne pourrais jamais me défaire totalement de son souvenir.
Jake avait voulu jouer l'ami qui avait de la peine pour moi mais je lui avais fait clairement comprendre que je ne voulais pas de sa fausse pitié et j'étais bien contente de savoir que je ne le reverrais certainement plus jamais de ma vie.
Je pouvais dire que mon histoire avec Justin m'avait fait grandir et mûrir. Elle m'avait appris que la naïveté était sûrement le pire défaut et que parfois, il fallait prendre ses responsabilités plutôt que de fuir les problèmes. Elle m'avait aussi appris à mieux me comporter avec ma mère, même si toutes les fois où j'avais été insolente avec elle étaient parce qu'entre temps Justin me faisait tourner la tête.
Nous n'avions jamais été aussi proches. Nos chagrins d'amour avaient renforcé nos liens. Elle ne m'en voulait pas de lui avoir caché l'existence de la compagnie parce qu'elle avait compris que c'était pour nous protéger. Elle m'avait trouvé très courageuse d'avoir continué à fréquenter Justin alors que je risquais peut être la mort et elle n'aurait jamais pensé que la relation entre Chris et Justin était si houleuse.
Dans la voiture pour regagner la maison, nous parlions de nos projets futurs. Le soleil tapait contre le pare brise. C'était bien l'été.
- Tu voudrais aller où ces vacances ? me demanda-t-elle.
- Au Canada.
- Au Canada en été ?
Elle me regarda confuse. Il était vrai que partir au Canada en hiver aurait été plus logique mais je voulais visiter ce pays qui avait accueilli Justin à sa naissance et qui l'avait vu grandir avant que tous les souvenirs ne s'effacent pour de bon.
- Pourquoi pas ? dis-je.
- C'est vrai, ça pourrait être sympa, sourit-elle.
- Ou on pourrait aller voir papy et mamie, suggérai-je.
- Tu as raison, ça nous ferait du bien. On pourra fêter ton anniversaire là bas.
J'hochai la tête. Avec tout ce qu'il s'était passé, j'avais complètement oublié que mon anniversaire était dans quelques jours et que j'aurais enfin mes dix huit ans. Ce n'était pas encore la majorité aux États Unis mais c'était déjà un âge conséquent.
Nous arrivâmes à la maison. Nous n'avions pas déménagé parce que l'argent nous manquait. Nous n'avions pas d'autre choix que de rester dans la même demeure mais ce n'était pas comme si l'endroit où nous vivions était un lieu traumatisant. Certes, Chris et Justin y avaient mis les pieds de nombreuses fois mais ça restait notre maison avant tout. Là où j'habitais depuis mon plus jeune âge.
Je montai en vitesse dans ma chambre pour ôter ce haut à manches longues qui me couvrait définitivement trop pour la saison. Je mourrais de chaud à l'intérieur.
Je me mis à la recherche d'un t-shirt dans mon placard quand je tombai sur celui de Justin, qui était bleu. Je le pris et le sentis. J'avais décidé de le garder pour me rappeler de son odeur mais elle s'était elle aussi dissipée comme son souvenir. Je le lançai dans la poubelle avec violence avant d'attraper un haut blanc à bretelles. J'attachai mes cheveux en un chignon et retrouvai ma mère dans la cuisine.
Nous commençâmes à préparer le dîner pour ce soir. C'était comme si nous faisions tout à deux maintenant. Depuis que ma mère avait eu droit à des mois de congés jusqu'à la fin de l'année civile à cause de ce qu'il s'était passé, nous ne nous quittions plus comme si nous essayions de rattraper le temps perdu. Nous étions à nouveau que toutes les deux, comme au début, avant que tout change très brutalement.
- Je pense commencer à travailler cet été, déclarai-je.
- Ah oui ? Tu voudrais faire quoi ?
- Je ne sais pas, tout ce qui s'offre à moi.
- Je pourrais t'aider à trouver.
- Tout sauf du baby-sitting, précisai-je.
- Tu n'aimes pas les enfants ?
- Si mais...
On toqua à la porte. C'était des coups frénétiques et forts. Je regardai ma mère confuse et elle haussa les épaules. J'essuyai mes mains avec un torchon et partis ouvrir. Nous n'avions plus reçu quelqu'un chez nous depuis le mois qui avait suivi le drame alors c'était étrange que quelqu'un puisse nous rendre visite maintenant. La personne toqua à la porte une deuxième fois.
- Oui ! Je suis là, criai-je.
J'ouvris la porte et je découvris qu'il ne s'agissait pas d'une personne mais de deux.
- Oui ? fronçai-je les sourcils.
C'était des adultes. Un homme et une femme. Ils devaient avoir la quarantaine. Étrangement, leurs visages m'étaient familiers mais je ne saurais dire où j'avais bien pu voir leurs têtes avant.
- Avery Jenkins ? me demanda l'homme.
- C'est moi.
- Jeremy, tendit-il sa main en souriant.
- En... Enchantée, dis-je déstabilisée.
- Patricia, se présenta la femme.
Mon ventre se noua. Mon cœur s'agita. Mon souffle se coupa. Je n'avais pas oublié. Je savais où j'avais vu ces visages avant. Je savais parfaitement à qui ils appartenaient. À Jeremy et Patricia, les parents de Justin.
- Tu nous reconnais n'est-ce pas ?
Je m'appuyai sur la chambranle de la porte et repris mon souffle. Ça ne pouvait pas être eux. Ils ne pouvaient pas être là. Comment m'avaient-ils retrouvé ? Qui les avait-il envoyé ?
- Oui, dis-je dans un murmure.
- Avery ? arriva ma mère.
- Oh bonjour madame, nous sommes Jeremy et Patricia, nous...
Je quittai l'entrée pour rejoindre la cuisine. Je passai de l'eau sur mon visage. Je n'arrivais pas à y croire. Alors que j'avais fini par oublier, voilà que les parents de Justin faisaient leur apparition. Pourquoi ne me laissait-on pas oublier ? Pourquoi ne me laissait-on pas vivre tranquillement ? Oui, il était vrai que j'avais dit que j'aimerais les rencontrer mais à vrai dire, je ne savais pas si j'en avais vraiment le courage.
Reconnaître Justin dans leurs traits de visage ou de caractères, les voir avoir les mêmes mimiques, la même intonation de voix, le voir tout simplement en eux, je ne savais pas si j'en avais envie.
Je les entendis franchir la porte et j'essuyai rapidement mon visage. J'étais nerveuse. S'ils étaient venus me voir c'était qu'il savait l'importance que j'avais eu dans le cœur et la vie de Justin et je ne voulais pas les décevoir.
- Nous étions en train de préparer à manger mais vous pouvez vous installer, dit ma mère.
- On ne veut pas vous déranger, on veut juste parler avec Avery quelques minutes, dit Jeremy.
- Vous nous dérangez pas, sourit ma mère, asseyez vous, il n'y a pas de problème.
Ils prirent place à table et ma mère me rejoignit dans la cuisine. Elle ouvrit un tiroir pour prendre de quoi grignoter comme apéritif.
- Maman, chuchotai-je en faisant les gros yeux.
- C'est incroyable non ?
- Pourquoi sont-ils là ?
- Je ne sais pas, j'ai juste appris comme toi qu'ils étaient les parents de Justin.
- Je ne veux pas qu'ils m'annoncent sa mort, je n'ai pas besoin de les entendre le dire, déclarai-je.
- Tu devrais les laisser dire ce qu'ils ont à te dire. Ils ont fait le voyage depuis le Canada juste pour te voir, me conseilla-t-elle.
Elle me regarda un instant droit dans les yeux comme si elle venait de comprendre quelque chose.
- C'est pour ça que tu voulais aller au Canada ? C'est parce que Justin y vivait ? me demanda-t-elle.
- Non... Je... Enfin... Entre autre.
- Avery... murmura-t-elle. Tu ne l'as pas oublié ?
- C'est très charmant chez vous ! cria Jeremy.
- Écoute les, me dit-elle. Merci ! C'est gentil ! s'adressa-t-elle au père de Justin.
Elle retourna dans la partie salle à manger avec ce qu'elle était venue chercher dans les mains et je restai de marbre complètement perdue. J'avouais avoir peur d'entendre ce qu'ils avaient à me dire. J'avais bien compris par moi même que Justin était mort et je ne voulais pas qu'ils remuent le couteau dans la plaie.
J'allai les rejoindre très angoissée et m'assis aux côtés de ma mère en face de Patricia. Elle était certainement celle qui avait le plus de ressemblance avec son fils. Je ne pensais pas un jour les rencontrer. Je les avais juste vu en photo et c'était déjà beaucoup étant donné que Justin n'aimait pas parler de sa famille.
- Tu es très belle Avery, me dit Jeremy me faisant affreusement rougir et me mettant encore plus mal à l'aise.
- Merci, osai-je à peine dire. Ça fait très bizarre de vous rencontrer enfin, surtout après ce qu'il s'est passé.
- Nous comprenons. Nous imaginons que ça a dû être très dur pour toi.
J'hochai la tête. Je sentis la main froide de ma mère caresser mon épaule et je lui lançai un sourire pour lui montrer que j'allais bien.
- Pour vous aussi, dis-je.
- Nous avons été très surpris d'apprendre qu'il faisait partie d'une compagnie illégale, dit Patricia. Il avait l'habitude d'être toujours en retrait et il voulait prendre rapidement son indépendance mais nous ne pensions pas qu'il s'embarquerait dans une affaire pareille.
- Il l'a fait parce qu'il n'avait pas d'autre choix et ça partait d'une bonne intention. Il voulait juste avoir du travail, leur expliquai-je. Il était à la rue.
- Si nous avions su qu'il était autant en galère, les choses se seraient passées autrement, dit Jeremy. Nous n'avons pas été de bons parents.
- Il ne vous en veut pas, ne vous inquiétez pas, leur souris-je.
Ils me rendirent mon sourire. C'était incroyable à quel point ils n'avaient pratiquement pas changé depuis 1998, l'année où les photos avaient été prises. Ils avaient les traits un peu plus tirés mais hormis ça, ils étaient restés les mêmes physiquement. Jeremy s'était fait pousser une barbe mais il avait bien des tatouages sur ses bras et Patricia faisait toujours très jeune. Elle avait des cheveux longs, lisses et bruns et des yeux claires. Elle était très belle.
- Parle nous de ta relation avec Justin, me proposa sa mère. Nous avons appris que vous viviez une histoire d'amour avant que vous vous sépariez.
Je déglutis. J'allais devoir parler de quelque chose qui me touchait énormément sans avoir la gorge qui se noue, la voix qui tremble ni les larmes aux yeux. Ça n'allait pas être facile. Les mouvements de la main de ma mère sur mon épaule se firent plus lents. Elle m'encourageait. J'avais eu l'impression d'être une femme veuve pendant quelques minutes.
Je leur racontais ainsi comment Justin et moi avions fini par être ensemble sans oublier de sauter quelques détails qu'ils n'étaient pas obligés de savoir. Ils avaient été attentifs tout au long de mon récit et pour la première fois j'avais la sensation que Justin revivait.
- Mais ça va mieux maintenant et je sors grandie de cette histoire, finis-je par dire.
- Ça avait l'air sincère et je suis content que Justin ait pu rencontrer une personne comme toi Avery, me dit Jeremy.
- Je suis contente d'avoir rencontré une personne comme lui aussi, souris-je.
- Malheureusement, pas toutes les histoires d'amour ont une bonne fin, intervint ma mère.
- Oui. Vous aussi vous avez dû souffert, lui dit Patricia.
- Oui mais je m'en suis remise plus vite qu'Avery.
- C'est normal, elle a plus d'expérience, dis-je.
- Certainement, dit Patricia.
C'était vraiment plaisant de leur parler et finalement, j'étais bien contente qu'ils soient venus me trouver. Ils étaient très sympathiques et ça me mettait en confiance.
- Comment m'avez vous trouvé ? demandai-je.
Jeremy se racla la gorge et ils se regardèrent avec sa femme. Je jetai un coup d'œil à ma mère qui semblait aussi intriguée que moi. Elle attrapa ma main qui était posée sur la table et je la serrais par réflexe. Avais-je raté quelque chose ?
- Avery, lâcha Jeremy.
Je redressai mon dos et me tins droite comme pour me préparer à apprendre une nouvelle, mon cœur tambourinant dans ma poitrine.
- Oui ?
Je fronçais désormais les sourcils. Ils semblaient avoir du mal à me dire ce qu'ils comptaient me dire. Pourquoi ? Était-ce quelque chose que je ne savais pas et qui n'allait pas me plaire ? Pourquoi mettaient-ils autant de temps à me répondre ?
- Il faut que nous te disions d'abord pourquoi nous sommes ici, continua Jeremy.
- Oui ?
Ils me mettaient en attente volontairement et c'était comme si j'étais prête à bondir au premier son qui sortirait de leurs bouches. Je voulais savoir. Je ne pouvais plus attendre.
- Mais je te demande Avery s'il te plaît de ne pas t'énerver.
- P-Pourquoi ? Pourquoi je m'énerverais ?
Il commençait à me faire sérieusement peur et l'attente était insoutenable. La chaleur montait en moi et j'avais l'impression que j'allais exploser.
- Parce que ce n'est pas facile à entendre, répondit-il.
Je regardai ma mère qui me fixait déjà. Savait-elle ce que j'allais apprendre ? Elle paraissait aussi anxieuse que moi mais c'était comme si elle avait déjà deviné la nouvelle. Mais la nouvelle je la connaissais aussi. Justin était mort, je le savais déjà.
Je reposai mes yeux sur Jeremy et le suppliai du regard de tout me dire. Il baissa les yeux un instant, jeta un coup d'œil à sa femme puis déclara enfin :
- Justin n'est pas mort.
Ses mots vinrent à moi comme un coup de massue et je crus perdre la vie pendant quelques secondes. Les battements de mon cœur s'arrêtèrent. Je fondis en larmes. Non. Ce n'était pas possible. Je partis me réfugier en vitesse dans ma chambre et claquai la porte derrière moi. Je m'assis dans un coin de la pièce et ma tête enfouie dans mes bras, je pleurais toutes les larmes de mon cœur. Était-ce une putain de blague ? Il ne pouvait pas être encore en vie ! Je le détestais !
Il m'avait laissé croire pendant deux mois qu'il était mort ! Quel connard ! Et quand je pensais qu'il m'avait promis d'être toujours là pour moi ! Ce n'avait été que des paroles ! Je l'avais cru mort putain ! Comment avait-il pu me faire ça ?
Ce n'était qu'un égoïste ! J'avais pleuré son absence tous les jours alors qu'il était en vie et qu'il savait très bien dans quel état je me trouvais ! Pourquoi m'avait-il fait ça à moi ? Je l'avais imaginé mort ! Savait-il quelle image horrible cela pouvait être ? Je n'arrivais pas à y croire... Mais quel connard !
Il avait provoqué une immense colère en moi et si je l'avais eu en face de moi à cet instant, il pouvait être sûr qu'il aurait reçu un coup si fort qui lui aurait assuré qu'il était bien en vie.
La porte de ma chambre s'ouvrit, je relevai ma tête et je vis Patricia arriver. Elle me fit une grimace désolée puis s'approcha de moi. Elle s'accroupit pour être ma hauteur et je pleurais encore plus voyant le visage de son fils à travers le sien. Elle posa une main sur mon bras et m'électrifia.
- Avery, murmura-t-elle, je comprends que tu sois bouleversée mais ne lui en veux pas. Il pensait que c'était mieux que tu ne saches pas la vérité.
- Pourquoi ? pleurai-je. Je l'aimais, ça m'a détruite.
Il était vrai que cela aurait dû être une bonne nouvelle mais c'était comme si c'était pire. Je me sentais trahie, meurtrie et j'avais l'impression qu'en réalité, si Justin n'avait pas voulu que je sache qu'il était toujours en vie c'était parce qu'il n'avait plus envie de moi.
- Il voulait que tu tournes la page. Il pensait que votre histoire t'aurait fait plus de mal qu'autre chose si elle avait continué.
Je secouai la tête. Ce n'était que des foutus prétextes. Il savait très bien que j'étais bien avec lui et que je n'avais pas voulu que ça change.
- Avery, s'il te plaît...
- Je l'ai cru mort Patricia. Je l'ai imaginé le corps glacé en train de se décomposer. Je l'ai imaginé sans plus aucune âme. Je l'ai imaginé de la pire des façons possibles alors qu'il va bien !
- Justement Avery, il ne va pas bien. C'est pour ça que nous sommes là.
- Moi non plus je ne vais pas bien mais personne ne s'en souci !
D'un élan, je me levai furieuse et quittai la pièce. Je dévalai les escaliers et sortis de la maison sans prêter attention à Jeremy et ma mère qui m'appelaient.
- Ce n'est pas possible, murmurai-je dehors.
Le soleil tapa sur ma peau et piqua mes yeux mouillés. J'essayais de me reprendre. J'étais complètement ahurie. J'avais essayé pendant deux mois d'oublier un être qui avait compté énormément pour moi en pensant qu'il avait perdu la vie à cause de moi alors que ce n'était pas le cas. Je m'étais sentie coupable tout ce temps pour au final apprendre qu'il vivait tranquillement loin de moi. Je me sentais affreusement mal. C'était comme si toutes mes blessures s'étaient rouvertes et que je ne guérirais jamais.
- Avery ! entendis-je crier ma mère derrière moi.
J'essuyai mes larmes et me retournai. Elle se mordit la lèvre inférieure découvrant mon visage qui devait être dans un piteux état.
- Allez viens, me dit-elle tout bas.
Je retournai dans la maison l'esprit chamboulé et m'assis à table où Jeremy était resté sagement et où Patricia avait repris sa place. Ma mère nous rejoignit.
- Je m'excuse, dis-je la gorge encore nouée. C'est juste que j'avais perdu tout espoir de le revoir un jour et puis vous arrivez comme ça et vous m'annoncez ça.
- Il ne sait pas que nous sommes là, me dit Patricia. Il nous a interdit de te mettre au courant mais nous ne pouvions pas te cacher une chose pareille plus longtemps.
- Tu devais savoir, dit Jeremy.
Je me retenais de verser des larmes. Comment devions-nous réagir quand une nouvelle pareille nous tombait dessus ? Devions-nous sauter de joie ou haïr la personne qui nous avait fait croire que tout était terminée ? Oui, au fond j'étais contente de savoir qu'il faisait toujours partie de ce monde mais je lui en voulais d'avoir brisé délibérément mon cœur.
- Il en dort plus la nuit Avery, il ne sort plus de sa chambre. Nous étions obligés d'intervenir. Pour lui, pour toi, pour vous deux.
Je baissai les yeux. Évidemment que cela me faisait du mal de savoir qu'il n'était pas bien et que j'aimerais pouvoir y faire quelque chose. Mais c'était son choix de m'avoir gardé dans l'ignorance et il devait en accepter les conséquences comme j'avais accepté sa mort quand je le croyais ainsi.
- Alors ? Vous comptez faire quoi ? leur demanda ma mère.
- Avery pourrait peut être venir au Canada le...
- Non, refusai-je. Je ne peux pas. Pas maintenant. Pas après ce que je viens d'apprendre.
- Avery, tu pourrais faire un effort et prouver que tu as grandi, me dit ma mère.
- Elle n'est pas obligée de nous suivre maintenant, me rassura Jeremy. Nous repartons demain, c'est peut être trop tôt pour elle.
Ça l'était. J'étais encore trop bouleversée pour le revoir après autant de jours d'absence. Je devais d'abord encaisser la nouvelle avant de prendre une telle décision.
- Elle n'aura qu'à nous appeler quand elle sera prête et on organisera tout, ajouta Patricia. Si tu nous assures que tu seras prête un jour Avery.
Comment pouvais-je savoir que je serais prête un jour ? Bien sûr que le fait de le revoir m'enchantait au final mais il y avait beaucoup de choses autour qui faisaient que ce ne serait pas juste de simples retrouvailles.
- Je le serai, déclarai-je.
Je ne pouvais pas refuser de le revoir parce qu'il devait m'apporter des réponses à mes questions mais surtout parce que j'en avais besoin. J'avais besoin d'entendre sa voix à nouveau, de sentir son odeur, de voir son visage. Si j'avais oublié une chose pendant ces quelques mois c'était qu'il me manquait horriblement.
- Super Avery ! s'écria Jeremy. Merci !
Il me tendit sa main par dessus la table et je la pris. Il la tira me faisant signe de me lever puis me fit faire le tour de la table sans quitter ma main avant de se lever à son tour et de me prendre dans ses bras. Je le serrai un peu plus fort contre moi et blottis ma tête contre son torse. Nous fûmes rejoins par Patricia qui se joignit à l'étreinte. Je souris. C'était une bonne sensation de les avoir dans les bras.
C'était des parents adorables et Justin avait de la chance de les avoir.
- Il n'a jamais voulu te blesser, me chuchota Jeremy. Je te le promets.
Je me détachai de leur étreinte ne pouvant plus respirer et ils décidèrent de partir ayant un vol très tôt dans la matinée de demain. Je les remerciai alors de s'être donné la peine de se déplacer et ils partirent en me laissant leur numéro de téléphone.
Je soupirai refermant la porte derrière eux. Quel retournement de situation encore une fois ! J'étais totalement perdue et il fallait que je réfléchisse à beaucoup de choses. Valait-il vraiment la peine que je parte au Canada pour revoir Justin ? Me sentais-je capable de lui parler ? Qu'allais-je lui dire ? Accepterait-il de me voir ?
Tout était de nouveau compliqué et je n'étais plus certaine de ce que je voulais vraiment. Je ne savais même pas si j'avais encore des sentiments pour lui et si lui en avait toujours pour moi. Et honnêtement, je n'avais pas envie de connaître les réponses à ces deux questions. Parce que c'était l'amour que nous avions eu l'un pour l'autre qui nous avait gardé liés et s'il n'y avait plus rien entre nous dorénavant, je doutais fortement qu'il y aurait en réalité une fin heureuse à notre histoire.
...
Le chapitre que vous attendiez tous... haha. Les commentaires qu'il y a eut sur le chapitre précédent, la lettre, étaient juste incroyables et je voulais vous remercier d'être aussi adorables avec moi encore une fois !
Et aussi, je pars en Italie demain jusqu'à la rentrée et je ne sais pas si il y aura de la wifi là bas. Donc, malheureusement, s'il n'y en a pas, ça veut dire que vous allez devoir attendre la rentrée pour un nouveau chapitre et je m'excuse pour ça :/ et si c'est le cas, je vous souhaite une bonne année et une bonne fin de vacances à tous !
Je vous fais de gros bisous ! Christel
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