Chapitre 4

«Avy

J'étais déboussolée, je n'avais même pas su répondre à une seule question à mon contrôle d'histoire. Je m'étais couchée tard la veille et entre le stresse de devoir dire à ma mère que j'avais perdu mon porte monnaie, le stress du contrôle et la déception d'avoir vu le garçon avec trois filles différentes en trois jours, je n'avais pas pu dormir. Heureusement pour moi, il restait de l'argent dans ma chambre que je mettais un peu partout quand j'avais la fainéantise de le remettre dans mon porte monnaie. J'avais assez pour prendre le train tout à l'heure. Je sortis des cours à dix sept heures, exténuée. Je ne ressemblais à rien sans maquillage sur mon visage avec mes cernes et mon chignon mal fait. Si le garçon venait à m'adresser ma parole, je n'avais vraiment pas de chance.

Je regardai ma montre, j'allais être en retard pour prendre mon train, je marchais trop lentement. Je décidai alors d'accélérer le pas et regagnai la gare essoufflée. Je pris mon ticket et partis en courant sur le quai 27. Les portes du train étaient sur le point de se fermer mais je rentrai en vitesse à l'intérieur. Mon cœur manqua un battement quand je le vis, assis là, à ma place. Il se tourna en m'entendant arriver en trombe et je devins toute rouge. Il se leva, les mains dans les poches et se rapprocha de moi tandis que je restais de glace debout devant la porte qui venait de se fermer. C'était la panique dans ma tête, un incendie dans mon corps.

- Avery, c'est ça ?

Je crus fondre sur place. Il avait une voix rauque et son odeur d'eau de Cologne envahissait mes narines. J'hochai la tête, aucun son ne voulait sortir de ma bouche. Il sourit, sûrement amusé par ma gêne, laissant apparaître ses belles dents blanches parfaitement alignées.

- Je crois que tu as fais tombé quelque chose hier, continua-t-il avant de sortir quelque chose de la poche arrière de son pantalon et de me le tendre.

C'était mon porte monnaie. Comment avait-il pu se retrouver entre les mains de ce garçon ?

- Merci, dis-je la voix tremblante.

Je le récupérai et le mis dans mon sac.

- Justin, ajouta-t-il en tendant sa main.

Je serrai sa main, de l'électricité parcouru mon corps au contact de sa peau. Je lui souris, un sourire qu'il me rendit avant de se gratter la tête et de partir s'adosser au mur qui longeait les portes du train, entre les deux compartiments, les mains à nouveau dans les poches. Je regagnai alors ma place habituelle. Ainsi, j'avais Justin placé devant moi, de profil.

- J'espère que tu n'as pas oublié de composter ton billet cette fois-ci, les contrôleurs sont toujours là le jeudi, lança-t-il.

Son ton n'était pas moqueur mais ni amical non plus. Je ne comprenais pas pourquoi il se mettait à me parler tout d'un coup.

- Je l'ai composté, dis-je.
- Bien.

Je fronçai les sourcils ne saisissant pas ce qui était entrain de se passer et me concentrai sur la fenêtre. Les contrôleurs arrivèrent quelques minutes après comme l'avait prédit Justin. Je jetai un coup d'œil vers lui, il souriait fier d'avoir eu raison même si je ne l'avais pas contredit. Après s'être fait contrôlé, je me remise à regarder la fenêtre ne sachant quoi dire pour engager la conversation.

- Je t'ai vu m'observer ces quatre derniers jours, dit-il soudainement.

Je tournai mon regard vers lui.

- Je paris que je t'intrigue, dit-il presque en riant. N'est ce pas ?

Il me regardait, ses yeux marrons me laissaient de marbre.

- Tu n'es pas accompagné d'une fille aujourd'hui ? demandai-je.

Il rit.

- À moins que ce soit moi la nouvelle cible, ajoutai-je.

Je ne comprenais pas comment j'avais pu aligner ces mots devant lui. Moi qui était si silencieuse d'habitude. C'était comme si je voulais lui cracher à la gueule tout ce qu'il m'avait fait endurer -involontairement- ces derniers jours. Il rit de plus belle à ma dernière phrase. Il était si sur de lui et arrogant, je n'avais jamais vu quelqu'un comme lui auparavant.

- Désolé miss mais tu es trop innocente pour que je veuille faire quoi que ce soit avec toi, lâcha-t-il avec un sourire narquois. Les saintes ni touche c'est pas mon genre.

Je me mordis la joue de colère. Je préférais être une sainte ni touche qu'une fille qui se tapait tous les garçons de son quartier ! Je me respectais !

- T'as pas le droit de dire ça, tu ne me connais pas, crachai-je.
- Phrase typique d'une sainte ni touche, rétorqua-t-il en riant. Tu sais, j'ai pas besoin de te connaître pour deviner qui tu es.

Je croisais les bras, il m'insupportait déjà.

- Oh Avy, fais pas la tête, c'est pas si dramatique que ça, continua-t-il sur le même ton.
- Ne m'appelle pas comme ça, rétorquai-je sèchement. Je ne vois même pas pourquoi tu me parles si tu as aucune intention derrière la tête.
- C'est long le train tout seul mais tu ne dois pas comprendre, tu es toujours toute seule. Je me trompe Avy ?

Pourquoi était il si méchant avec moi ? Je ne lui avais rien fait. Je tournai mon regard vers la fenêtre, il ne méritait pas que je lui prête encore de l'attention. Je l'entendis rire.

- Je me trompe pas, tu vois. C'est si facile de te cerner, dit-il.

Je l'entendis se rapprocher de moi, la chaleur monta de plus belle en moi. Je le l'entendis s'asseoir sur le siège juste à côté du mien. Son odeur rafraîchit en un instant tout l'espace. Que comptait-il faire ? Et si ce garçon violait des filles ? Je devenais complètement folle.

- Eh, détends toi, dit-il d'un ton plus adoucit.

Je sentis une main se poser sur ma cuisse, je tournai immédiatement mon regard vers celle-ci et retirai ma cuisse en croisant les jambes.

- Laisse moi tranquille, dis-je d'un ton sec et complètement rigide.
- Voilà pourquoi personne ne s'intéresse à toi. Tu es tellement renfermée, continua-t-il plus sèchement.

J'ignorai ses paroles même si elles me faisaient très mal. Je l'entendis rire encore une fois. J'étais une bête de foire pour lui.

- Tu as de la chance que mon arrêt se trouve là, dit-il en remarquant que le train s'arrêtait. Mais on se dit à bientôt Avy.

Je sentis ses lèvres chaudes se poser rapidement sur ma joue. Cela me glaça le sang. Tout ce dont je me rappelais après était le bruit de ses pas lourds quitter le train.

De retour chez moi, je m'effondrais sur mon lit. Je n'en revenais pas de ce qu'il s'était passé. Il m'avait tellement mal parlé, personne ne m'avait autant manqué de respect. Je ne m'étais pas trompé sur sa personne et après ce qu'il s'était passé, je pouvais maintenant définitivement l'oublier.

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