Chapitre 39
«Tu sais que je t'appartiens Avery Jenkins.»
Ma bouche s'entrouvrit et ce fut le néant dans ma tête. Je restais stoïque incapable de réagir autrement.
- Avery ?
Toutes les choses que je savais à propos de Chris défilaient une par une dans ma tête. Cet homme puissant, vicieux, manipulateur et dépourvu de tout état d'âme allait se marier avec ma mère. Je ne pouvais pas laisser ce scélérat s'imposer dans ma famille.
- Félicitations, lâchai-je d'une voix presque inaudible reprenant mes esprits.
Ma mère le faisait-elle exprès ou bien lui manquait-il une case dans la tête ? Se marier aussi vite avec Chris alors que cela ne faisait même pas un an qu'ils se connaissaient, cela touchait de l'inconscient. Où était sa meilleure amie pour la mettre dans le droit chemin ? Moi, je n'étais plus en mesure de la raisonner.
- Les préparatifs sont presque finis. On est super excité ! continua ma mère. On a déjà commencé à chercher une maison pour nous trois dans le coin mais ne t'inquiète pas, tu n'auras pas à changer de lycée.
Dites moi qu'ils étaient en train de me faire une blague... En plus de devoir accepter que Chris devienne mon beau père, je devais aussi accepter d'habiter avec lui sans rien dire !
- Tu n'as pas l'air enchantée, remarqua Chris.
- En même temps, vous précipitez tout et je n'ai jamais le droit de dire un mot, m'emportai-je.
Je me levai furieuse.
- Avery, c'est quoi le problème ? rétorqua ma mère.
- Le problème c'est que vous m'imposez une vie dont je ne veux pas ! haussai-je le ton. Est-ce qu'on m'a demandé mon avis à moi ? Est-ce qu'on s'est soucié une seule seconde de ce que je voulais ?
Je secouai la tête, serrai les poings et partis du salon. Je ne voulais plus voir leurs sales tronches ! Je les détestais ! Et ma mère qui ne pensait même pas à Justin et moi ! Comment pouvait-elle être si égoïste ? J'étais quand même sa fille ! Me consulter avant de prendre une telle décision n'aurait pas été de refus !
- Avery ! entendis-je crier Chris.
- Avery tu restes ici ! m'ordonna ma mère.
Je me retournai vers eux et ne décolérais toujours pas. Mon regard devait être aussi noir que le cœur de mon foutu futur beau père. Je sentais les larmes me monter aux yeux et ma gorge se nouer. Une haine immense grandissait en moi. Je savais qu'après que Justin aurait été mis au courant de la nouvelle, il préférerait arrêter tout sur le champ. Et cela me tuait.
- Quoi ? Vous ne trouvez pas que vous en avez déjà assez fait ? crachai-je la voix tremblante.
- Avery... Qu'est ce qu'il te prend ? Pourquoi tu réagis comme ça ? Je croyais que ça te faisait plaisir de nous voir ensemble, prit ma mère un air confus.
- Je ne veux pas que vous vous mariez ! Je ne veux pas déménager ! Et surtout je ne veux pas que Chris devienne mon beau père ! criai-je.
Je montai les escaliers rapidement et fondis en larmes. Je me sentais trahie par ma propre mère.
- Laisse, je vais lui parler, entendis-je.
- Et je n'ai pas besoin qu'on vienne me parler ! criai-je en retour depuis l'étage.
Je rentrai en trombe dans ma chambre et claquai la porte derrière moi tellement fort que j'avais cru instant que je l'avais brisée. J'avais une colère en moi qui était en train de me submerger. Mon coeur battait tellement vite que j'avais l'impression qu'il allait sortir de son orbite.
Je glissai le long du mur pleurant à chaudes larmes et portai mes jambes au niveau de ma poitrine. Je les entourai de mes bras et nichai ma tête dans le trou que j'avais formé. Je voulais qu'on me fiche la paix et qu'on me laisse être triste et en colère pour une fois !
Mais Chris rappliqua me mettant à bout de nerfs.
- Avery, l'entendis-je s'abaisser à ma hauteur. Pourquoi tu te mets dans cet état ? feignit-il une certaine empathie.
Je ne répondis pas. Je voulais qu'il comprenne qu'il y avait des moments pour parler et maintenant n'était pas le bon moment.
- Avery, insista-t-il en ayant l'erreur de poser sa main sur mon bras.
Je relevai ma tête et mes yeux mouillés par mes larmes rencontrèrent ceux tranchants de Chris. Un éclair foudroyant s'abattit entre nous.
- Pourquoi tu nous en veux ? On pensait que ce serait une bonne nouvelle pour toi comme pour nous. Et en plus, on te l'a annoncé ensemble comme tu nous l'avais demandé, continua-t-il. Tu as peut être quelque chose d'autre à me dire ? Tu as peut être changé d'avis ?
J'essuyai mes joues et reniflai. J'avais envie de tout lui cracher au visage. De lui dire que je savais tout et de le prendre au dépourvu. Je voulais que ma mère soit au courant de toute cette mascarade et que Chris paye enfin pour tout le mal qu'il avait fait. Je voulais qu'il souffre et qu'il se rende compte du mauvais être qu'il était.
Il était là devant moi, accroupi, et ma mère pas très loin. C'était le moment idéal pour faire la révélation. Et en conséquence ma mère ne se marierait pas avec un homme ingrat comme lui.
- C'est juste que ça me fait bizarre de me dire que quelqu'un d'autre va enfin remplacer mon père, dis-je tout bas.
Mais Justin était la seule raison qui faisait que je ne dirais rien sur ce que je savais...
- Tu t'inquiètes encore pour ta mère ? demanda-t-il.
J'acquiesçai. Je ne savais pas comment j'avais réussi à trouver un autre mensonge aussi rapidement. Évidemment que je m'inquiétais pour ma mère mais j'aurais été tout de même contente qu'elle se marie à nouveau si celui qu'elle allait épouser n'était pas un dangereux homme d'affaires.
- Avery, dit-il d'un ton adouci, je te promets de ne pas faire la même erreur que ton père. Je sais qu'elle a beaucoup souffert et je ne veux pas lui briser le cœur une deuxième fois.
Il n'avait aucun scrupule à me dire ça droit dans les yeux. Cela faisait froid dans le dos de savoir qu'il pouvait pousser le vice à ce point. J'allais alors essayer de faire de même.
- Je n'arrive pas à être rassurée, dis-je, peut être que je ne suis pas encore prête à voir ma mère s'engager avec un autre homme.
- Tu te rappelles de ce que je t'ai dit à propos de Justin ? Je pensais que ça t'avait prouvé que j'étais quelqu'un de confiance. Tu me fais confiance Avery ?
J'hochai la tête une nouvelle fois. Une ébauche de sourire naquit sur ses lèvres.
- Alors tu verras que ta mère ne s'est pas trompée, conclut-il.
Il se releva et me tendit sa main. Je la regardai un instant puis la pris. Il me tira vers le haut afin de me lever avant de me prendre dans ses bras par surprise. Je fus d'abord hésitante puis répondis à son étreinte en posant mes mains sur son dos. C'était sûrement la sensation la plus désagréable du monde.
J'avais réussi une fois de plus à me taire, à garder le secret. Mais combien de temps cela allait durer ?
...
Ma mère voulant me persuader que Chris était quelqu'un de bien et que de se marier la semaine prochaine était la meilleure idée qui ne leur avait jamais été parvenue, elle avait décidé que nous dormirions tous les trois chez lui pensant qu'il était temps que j'en découvre un peu plus sur lui.
Évidemment, il avait fallu que la date du mariage soit fixée pour qu'elle se décide enfin à me faire découvrir la vie privée de son futur mari. Mais quel était l'intérêt maintenant que la machine était en route ?
Après avoir préparé nos affaires, nous quittâmes la maison. Je n'étais vraiment pas enchantée d'aller chez Chris et de me retrouver encore mal à l'aise et à faire semblant d'être dans l'ignorance. Nous entrâmes dans sa voiture, une belle Jeep couleur noir. Ce n'était d'ailleurs pas sa seule voiture, je l'avais vu à plusieurs reprises avec différents modèles. Si mes souvenirs étaient bons, il avait aussi une Audi blanche, une Porche Cayenne noire et une Range Rover grise. Il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il avait beaucoup d'argent.
Nous arrivâmes à Santa Clara. Un comté très luxueux de la Silicone Vallée. Une autre preuve de sa fortune. Je restais sans voix quand nous traversions lentement les allées et que je découvrais pour la première fois les bâtiments gigantesques qui longeaient le long des grandes rues. Je me croyais dans un campus universitaire. La verdure omniprésente, taillée parfaitement au millimètre près qui embellissait les lieux, le calme troublant où le bruit des moteurs n'était qu'un détail face à la beauté du paysage et les animaux qui se baladaient sans crainte dans la rue me plongeaient dans un tout autre monde.
Mes yeux scotchés à la fenêtre, je semblais fascinée par tout ce décor. Bien que la nuit tombait, j'arrivais à voir tous les détails. Les enseignes des hôtels clignotaient déjà. Ceux des centres de recherches se contentaient juste de briller mais c'était déjà un beau spectacle.
La voiture ralentit et nous entrâmes dans le côté résidentiel du comté. Les premières maisons que l'on rencontra étaient toutes immenses avec sur leur façade une multitude de fenêtres. Les grands portails et les clôtures qui se trouvaient autour m'empêchaient de voir ce qu'il y avait à l'intérieur mais j'étais certaine qu'un grand jardin très bien entretenu, accompagné d'une belle fontaine et d'une piscine extérieure se trouvaient dans chacune de ces résidences.
Un portail noir se mit à s'ouvrir et je compris que nous étions arrivés devant la maison de Chris. Je pouvais déjà voir de l'extérieur, sans que nous ayons franchi l'entrée, qu'elle était grande, luxueuse et moderne. La voiture roula aux pas quand le portail fut grand ouvert et je pus enfin voir l'intégralité de l'immense demeure de mon futur beau père. Elle valait sans aucun doute dix fois plus que celle de Justin pourtant cette dernière était déjà très haute dans l'échelle des maisons hors prix.
Des petites lumières bleutées éclairaient le chemin de gravats vers l'entrée de la maison. Cette dernière était sombre puisque personne ne s'y trouvait à l'intérieur. Je mourrais d'envie de découvrir ce qu'il y avait derrière ces grands murs de pierres brunes. Je n'arrivais pas à croire que ma mère ne m'ait jamais dit que Chris possédait une telle maison. De même qu'elle ne m'ait jamais proposé d'y aller jusqu'à ce soir.
La voiture s'arrêta à quelques mètres de la porte d'entrée et Chris coupa le moteur. Je m'empressai de sortir du véhicule avec mes deux sacs à la main. Le temps faisait encore plus frais ici qu'à Sunnyvale. Ma mère et Chris sortirent après un temps à leur tour.
- Alors Avery ? s'adressa-t-il à moi. De premier abord tu trouves la maison comment ?
- Incroyable, répondis-je.
Il sourit et à l'aide d'une clé, il ouvrit la porte d'entrée. Il alluma la lumière puis se mit de côté pour nous laisser pénétrer dans sa demeure. Un hall d'entrée grand comme je n'en avais jamais vu s'offrit à moi. Il faisait bien le double de ma chambre. Le sol était en marbre comme chez Justin mais ce marbre était encore plus beau et prestigieux. Une grande fenêtre se trouvait en face de nous et donnait sur l'extérieur, derrière la maison, et je reconnus alors de loin une piscine.
J'avançai d'un pas précipité vers la grande fenêtre et vérifiai que je ne m'étais pas trompée. Non. Une piscine rectangulaire, qui devait bien faire treize mètres sur six, avec une eau assombrie par la nuit mais qui était sans aucun doute très claire le jour, se trouvait dans le jardin.
- Tu veux aller la voir de plus près ? me demanda Chris voyant ma curiosité s'accroître.
Je tournai ma tête vers lui et acquiesçai.
- Je vais l'accompagner dehors, dit ma mère.
- D'accord, je passe deux trois appels et je vous rejoins, dit-il.
Chris s'éclipsa passant par la droite de l'entrée tandis que ma mère m'emmena à gauche. Nous rencontrâmes alors son immense salon, aux couleurs chaudes. Le plus grand canapé qu'il soit, noir, était placé au centre de la pièce, tourné vers un écran plasma aussi grand qu'une affiche sur Times Square, et un tapis blanc qui devait être très doux se trouvait au sol.
Ma mère, qui marchait devant moi, nous emmena dans un petit couloir où deux portes se trouvaient de part et d'autre des murs puis nous tournâmes à droite, tombant sur une petite pièce ouverte où une porte en bois se trouvait. Elle l'ouvrit et nous nous retrouvâmes ainsi à l'extérieur. Elle appuya sur un interrupteur et le jardin s'illumina me rendant encore plus impressionnée par les lieux.
La verdure ne manquait pas non plus ici. C'était ce que j'aimais, la nature. On pouvait sentir l'odeur du gazon fraîchement tendu et entendre quelques criquets. C'était vraiment apaisant, rafraîchissant. Et quand la nature se mêlait à la technologie, c'était d'autant plus incroyable. Les feuilles des petits arbustes prenaient la couleur bleutée des petites lampes quant à l'herbe, elle avait une couleur rosée à quelques endroits où les lampadaires se trouvaient. Chris avait de la chance d'avoir une telle merveille chez lui. Je me dirigeai directement vers la piscine qui était elle aussi désormais illuminée par les petites lumières qui étaient posées tout autour.
Je me baissai et plongeai délicatement mes doigts dans l'eau qui s'avérait être chaude. Oui, chaude. Même dans cette période de l'année. Si j'avais eu mon maillot de bain avec moi, je serais partie me baigner.
Je remarquai à droite de la piscine une grande pergola qui abritait un petit bar. Je secouai la tête me disant que je n'avais pas du tout fait le tour des surprises dans cette demeure.
- Tu as vu ? C'est un bar, me dit ma mère dont j'avais complètement oublié la présence depuis quelques minutes.
Je m'approchai lentement du petit habitacle aussi éclairé. Il était en bois et sa couleur se confondait avec les lumières bleues et violettes qui émanaient des néons.
- Et il y a un jacuzzi juste derrière, ajouta ma mère derrière moi.
J'arrivai sous la pergola et effectivement, je découvris le jacuzzi placé juste à côté du bar. Il était éteint mais je mis un doigt dans l'eau pour prendre connaissance de sa température et elle était froide. Je posai mes avants bras sur le comptoir et observais la façade arrière de la maison. Je me croyais dans un décor de ces films à immense budget. Je n'arrivais pas à croire que si ma mère et Chris se mariaient, je me retrouverais à vivre dans une maison comme celle-ci.
- Tu savais qu'il habitait ici ? demandai-je à ma mère qui avait les mains posées sur le comptoir, de l'autre côté de l'angle où je me trouvais.
- Évidemment Avery, me répondit-elle.
- Et c'est tout ce que ça te fait ?
- Ma puce, je savais bien que Chris gagnait bien sa vie. Ce n'est pas étonnant qu'il habite dans un endroit pareil.
- Gagne bien sa vie ? répétai-je. Tu sais au moins ce qu'il gagne chaque mois ?
- Peut être entre dix ou quinze milles dollars, je ne sais pas Avery, ça m'est égal.
- Tu te fiches de moi maman ! Cette maison coûte facilement cinq millions de dollars !
Ma mère faisait vraiment tout pour paraître bête à mes yeux. Qui sur cette Terre avec un salaire de quinze milles dollars par mois pouvait s'acheter une maison qui en valait cinq millions ? Personne. À part si cette personne venait de gagner au loto.
- Alors quoi Avery ? rétorqua-t-elle. Tu en sais plus que moi ?
- Tu vas te marier avec un homme dont tu ne connais même pas la valeur de sa fortune. Il n'y a que moi qui suis sensé ici ?
- Avery, arrête de te méfier toujours de tout.
- Pardon de vouloir le meilleur pour toi, dis-je avec sarcasme.
- De toute façon, Chris va vendre cette maison pour en acheter une plus adéquate pour nous trois. Tu vas avoir une plus grande chambre avec un plus grand dressing, tu devrais t'estimer heureuse Avery, il n'y en a pas beaucoup qui ont cette même chance que toi.
Et bien sûr, quand ma mère ne savait plus quoi dire, elle me faisait la morale pour avoir le dernier mot. Je préférais ne rien dire de plus et Chris arriva au même moment. Cela s'annonçait être une longue soirée.
...
Je venais de prendre ma douche et je regagnai la chambre dans laquelle j'allais dormir ce soir. J'avouais avoir essayé de fouiller un peu partout pour trouver quelque chose de compromettant sur Chris qui pourrait pousser ma mère à le quitter mais il semblerait qu'il avait bien tout planifié et que rien de suspect n'était à signaler chez lui. Hormis le fait que, comme Justin, il gardait deux pièces fermées à clé mais cela passait au dessus de la tête de ma mère qui avait une confiance aveugle en l'homme qu'elle aimait.
J'étais sur le point de m'allonger sur le lit quand on toqua à ma porte.
- C'est Chris, entendis-je.
Je lui dis d'entrer et il apparut avec un rictus aux lèvres.
- Je voulais te souhaiter une bonne nuit avant que tu t'endormes, déclara-t-il.
Je le regardai surprise. Même ma mère ne faisait plus cela.
- N'oublie pas d'enlever le collier avant d'aller te coucher, il est très fragile, précisa-t-il.
J'avais complètement oublié l'existence de ce bijou bien qu'il n'était pas léger. Chris prit la peine de l'enlever lui même de mon cou et de le poser sur la petite table qui se trouvait en dessous de la seule fenêtre de la pièce. Je le remerciai et partis m'allonger sous les draps du lit.
- Bonne nuit, me souhaita-t-il avant d'embrasser mon front.
Je lui souris timidement et il quitta la chambre. Je voyais bien qu'il essayait d'être plus rassurant à mon égard mais je ne tomberais pas dans le panneau une seconde fois. Je ne savais pas si je devais avertir Justin de la nouvelle. J'avais peur qu'il me dise que je devais accepter leur choix et que ce serait mieux pour nous qu'on se dise adieu. J'avais besoin de son aide dans cette épreuve. J'avais besoin qu'il me dise qu'il y avait bien une solution pour arrêter toute cette machine infernale.
Mais ce dont j'étais certaine était que je ne laisserais pas ma mère marier Chris, même si je devais y laisser ma peau.
...
Mercredi. Cela faisait trois jours que je n'avais pas vu Justin. Il me manquait. J'imaginais qu'il avait déjà décidé de reprendre ses distances avec moi puisque Chris était de retour. Il ne prenait plus le même train que moi. Je l'avais beau cherché depuis lundi, il n'avait été présent dans aucun wagon.
Je sortis du lycée et me dirigeai vers la gare. Je n'arrêtais pas de penser au mariage. La cérémonie allait se dérouler samedi prochain. Tout était quasiment prêt. Ma mère m'avait annoncé qu'elle avait son dernier essayage de la robe ce samedi et que j'allais devoir l'accompagner. Ce moment qui était censé être un moment de partage et de joie allait encore être une source de conflit entre elle et moi. Je n'avais vraiment pas hâte d'y être mais je me forcerais.
Il me restait donc précisément neuf jours avant le jour J. Neuf jours pour dissuader ma mère de faire le mauvais choix. Je n'avais aucun plan, aucune idée. J'étais à la case départ. C'était mal parti.
Je traversai le parking et mes pas ralentirent impromptement quand je reconnus au loin la voiture de Justin. Mes sourcils se froncèrent. Je passai mes mains dans les poches arrières de mon jean et continuais d'avancer, plus lentement, intriguée par ma découverte. Je regardais autour de moi le cherchant en vain.
- Bouh !
Je poussai un cri de peur et me retournai vers cette satanée personne qui m'avait effrayée. Justin se trouva alors devant moi et éclata de rire. Quel imbécile !
- Tu m'as fait peur ! m'exclamai-je.
- Si t'avais vu ta tête, se moqua-t-il.
- Abruti !
- Oh Avery... C'était amusant, se calma-t-il.
Ses yeux descendirent sur mon collier et son visage se ferma instantanément.
- Qui est-ce qui te l'a offert ? demanda-t-il sérieusement en plantant ses yeux dans les miens.
- Chris, pourq...
Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que Justin plaqua sa main contre ma bouche. Mes yeux s'écarquillèrent. Qu'est ce qu'il lui prenait ?
- Avery, chuchota-t-il. Ne dis rien et retire le.
Je le regardai confuse et il ôta sa main de mon visage. Il me fit signe de la tête de m'exécuter alors je passai mes mains derrière mon cou et ouvris le fermoir pour retirer le collier. Y avait-il un problème avec le bijou ?
- Range le au fond de ton sac, continua-t-il du même ton.
Ne comprenant toujours pas où il voulait en venir, j'enlevai une bretelle de mon sac à dos de mon épaule puis l'autre et l'ouvris afin d'y mettre le collier. Comme il me l'avait ordonné, je le mis tout au fond puis je refermai le sac avant de le remettre sur mon dos.
- Pourquoi tu m'as demandé de faire ça ? lui demandai-je.
- Avy, tu aurais pu deviner par toi même, dit-il. C'est un cadeau de Chris. Tu ne t'es pas imaginé une seule seconde qu'il y avait un truc qui se cachait derrière ?
Je me retins de jurer comprenant son sous entendu. Comment n'y avais-je pas pensé avant ? C'était pourtant évident mais encore une fois, j'avais été trop naïve.
- Un micro ? demandai-je.
- Bravo ! lança-t-il sur un ton narquois avant de se mettre à marcher vers sa voiture.
Je restai quelques secondes bête réalisant que Chris avait plus d'un tour dans son sac et que je ne devais pas le sous estimer. Puis je me retournai et rattrapai Justin qui m'avait distancé.
- J'espère que tu n'as pas parlé de moi pendant que tu avais le collier sur toi, dit-il quand j'arrivai à sa hauteur.
- Je ne sais pas, avouai-je, j'ai beaucoup parlé avec ma mère.
Sa mâchoire se contracta. Nous arrivâmes devant sa voiture. Je ne savais pas s'il avait prévu que je monte avec lui. À vrai dire, je ne savais toujours pas ce qu'il faisait ici. Je le regardai hésitante pendant qu'il déverrouillait sa décapotable. J'étais contente de le revoir. Cela m'avait semblé une éternité depuis la dernière fois qu'on s'était vu.
- Je te ramène chez toi, dit-il en remarquant mon hésitation.
Il entra dans sa voiture et je fis alors de même. Je posai mon sac à mes pieds et attachai ma ceinture. Il démarra et nous sortîmes du parking.
Je gardais en tête ce que ma mère m'avait dit. Le mariage aussi. Je ne savais pas comment aborder le sujet. Mais comme si Justin avait voulu me faciliter la tâche, il attrapa quelque chose sous son siège et me le tendit.
J'avais alors entre les mains une carte de couleur rouge. Il y avait marqué au centre de la première face Chris & Olivia accompagné de deux alliances en or. J'ouvris la feuille en carton et pus lire sur le recto de la deuxième page «Chris et Olivia sont heureux de vous annoncer que vous êtes invité à leur réception de mariage le... » J'arrêtai ma lecture ne voulant pas en lire plus.
- Qui t'a donné la carte ? lui demandai-je.
- Chris.
- Chris ? répétai-je surprise.
Il posa ses yeux sur moi et hocha la tête.
- C'est bizarre, hein ? lâcha-t-il.
- Pourquoi il a fait ça ?
- Je ne sais pas, répondit-il. Il m'a juste donné la carte et m'a dit que ça lui tenait à coeur que je vienne.
Je ne comprenais plus rien. Pourquoi Chris avait-il invité Justin, la personne qu'il considérait comme son pire ennemi, à son mariage ? De plus, il savait très bien que je serais aussi présente et donc que je serais obligée de le croiser, chose qu'il réprimandait.
- Tu crois qu'il a prévu de faire un coup ?
- Peut être.
- Je ne laisserai pas Chris se marier avec ma mère Justin.
- On va trouver une solution Avery. Arthur, Lucas et Nick sont aussi invités. On trouvera ensemble, essaya-t-il de me rassurer.
- Qui d'autre est invité de son côté ? lui demandai-je.
- Ses associés.
- Ceux qui t'ont frappé ?
- Oui.
Je déglutis. Le mariage de ma mère semblait être l'occasion idéale pour une confrontation. Justin, Nick, Arthur, Lucas et moi contre Chris et ses associés. Cela s'annonçait être très agité.
- J'espère que tu seras prête pour le jour J Avery, parce qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible. Ce sera lui ou nous.
J'avalai ma salive une seconde fois. Je n'étais pas encore consciente de l'ampleur de cet événement. Je le serais sûrement le moment venu. Mais je voulais en finir avec cette histoire, le plus rapidement possible.
- Je serai prête, affirmai-je.
Il posa une main sur ma cuisse et je ne pus m'empêcher de sourire. Je posai la mienne dessus en guise de réponse et il entrelaça alors nos doigts.
- Comment ça se fait que tu te trouvais à côté de la gare à cette heure ci ?
- Je voulais prendre de tes nouvelles, répondit-il. Tu n'as pas répondu à mon message. D'ailleurs, c'est la première et dernière fois que je t'envoie un truc pareil Avery.
Je ris.
- C'était mignon, dis-je.
- Je sais, c'est pour ça que tu n'en recevras pas d'autre comme ça.
- Ce n'est pas grave, le seul que j'ai est déjà très bien, le taquinai-je.
Il fit mine de souffler me faisant rire à nouveau.
- Ma mère m'a tout dit, déclarai-je après m'être calmée. Je sais que tu lui as tout raconté.
Il retira soudainement sa main de la mienne et la reposa sur le volant.
- Tu ne t'es pas dit que je voulais le faire moi ?
- Avery, je ne l'ai pas fait dans une mauvaise intention, se défendit-il.
- Je ne t'en veux pas, ce n'est pas grave. C'est trop tard maintenant.
- Elle était contente pour toi, tu sais, dit-il.
- Elle t'a demandé des détails ?
- Je ne lui en aurais pas donné de toute façon. C'est ta mère Avery, je ne pense pas qu'elle veuille savoir comment je suis entré en toi, dit-il sur un ton qui trahissait son amusement.
Nous arrivâmes dans mon quartier. Justin se gara à deux rues de la mienne, dans une petite ruelle, au cas où Chris serait chez moi. Je le regardais un peu triste. Je ne voulais pas déjà le quitter surtout si c'était pour qu'on se revoit seulement dans quelques jours. Il se tourna vers moi et ses yeux marrons accrochèrent mes yeux émeraudes.
- J'espère que tu n'es pas allée voir ailleurs durant les trois jours où on ne s'est pas vu, dit-il.
- Et toi ?
Il sourit et passa sa langue sur sa lèvre inférieure.
- Tu sais que je t'appartiens Avery Jenkins.
Je souris. Il approcha son visage près du mien, je me sentais déjà frissonner. Il posa son front contre le mien sans quitter mes pupilles du regard. Mon cœur commença à battre frénétiquement. Je ne pouvais pas imaginer ma vie autrement qu'avec lui. C'était impossible.
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