Chapitre 37

«Et si je te demande de nommer toutes les choses que tu aimes, combien de temps cela te prendrait pour dire mon nom ?»

Justin continuait de me fixer tandis que nous attendions tous sa réponse. Moi la première.

- Mais en quoi ça vous regarde ? lâcha-t-il.

Il faisait comme si sa réponse ne me concernait pas et cela me rendait encore plus en colère. Il savait très bien que j'étais la seule affectée par cela et qu'au contraire ça me regardait.

- Oui, dis-je, il a raison, ça ne nous regarde pas.

Justin me lança un regard confus et je détournai les yeux. Je voulais faire comme si je n'en avais rien à faire mais ma dignité en avait pris un coup. Je me sentais humiliée, blessée pour la énième fois.

- Ouais, retourne parler avec ta Tiffany, rit Lucas.
- Il n'a pas su répondre parce qu'il n'a jamais eu de petite amie avant, me murmura Arthur, que des histoires d'un soir. Il doit être embarrassé là.
- Il ne sait pas comment s'y prendre, rit Nick.

Ils me parlaient comme si je ne connaissais pas Justin. Cependant, ils ne savaient pas que j'étais peut être celle qui le connaissait le plus ici. Je continuais à sentir le regard insistant de Justin sur moi. Pourquoi ne retournait-il pas parler avec sa Tiffany ? Elle semblait lui être beaucoup plus intéressante que nous pourtant.

- Tu es sûre de ne pas vouloir boire un peu ? me demanda Lucas.
- Euh...
- Non, elle ne boira pas, intervint Justin.
- Tu es qui pour décider de ce que je peux faire ou non ? rétorquai-je en le regardant.

J'entendis des gloussements à côté de moi. Les garçons devaient être amusés de ma rétorque. Justin fronça à nouveau les sourcils. S'il ne comprenait pas que j'étais énervée à cause de lui, il était vraiment aveugle.

- Laisse la décider, lui dit Lucas.
- Je veux bien une bière, déclarai-je mes yeux toujours posés sur ceux de Justin.

Ce dernier contracta sa mâchoire avant de se lever et de rejoindre la cuisine. Pendant ce temps, Arthur attrapa une bouteille de bière sur la table basse et me la tendit après l'avoir décapsulée. Je le remerciai. Après tout, à cause de la Jam, j'étais plutôt familière avec l'alcool maintenant et le goût de la bière ne devrait plus me faire grimacer.

Tout le monde sur le canapé me regarda en prendre une gorgée comme s'il allait se passer quelque chose d'exceptionnel juste après. Je me retins de grimacer ayant le liquide dans ma bouche puis avalai rapidement. Finalement, je n'appréciais toujours pas la bière. Je reposai la bouteille sur la petite table et Justin revint au même moment.

Je sentis mon téléphone placé dans ma poche vibrer et le sortis pour voir de qui il s'agissait. C'était un message de lui justement.

«À quoi tu joues Avery

Je souris intérieurement sachant désormais qu'il n'appréciait pas ce qui était en train de se passer et je rangeai mon téléphone à sa place initiale sans adresser un seul regard à Justin.

- Tu es célibataire Avery ? me demanda Lisa.
- Oui mais comme elle est une amie de Justin, on n'a pas le droit de l'approcher, dit Arthur amusé.
- Justin, tu peux la laisser faire sa vie toute seule non ? parla enfin Tiffany. Pourquoi tu es si protecteur avec elle ?
- C'est bon, arrêtez de me prendre la tête, s'énerva Justin.
- Bon on arrête d'en parler, intervint Nick.

C'était amusant comment Justin ne savait jamais gérer la situation quand nous étions entourés. Il n'avait plus le contrôle sur moi et cela l'agaçait.

- Tu es au lycée ? me demanda Lucas.
- Oui.
- Tu dois être une bonne élève non ?
- Oui. Et vous ? Vous travaillez tous ensemble ?
- Oui, Justin, Nick, Arthur et moi, répondit-il. Lisa et Tiffany sont des amies qui viennent souvent nous voir.
- Ne leur demande pas quel travail ils font, me dit Lisa, ils ne veulent jamais nous le dire.
- Pourquoi ? fis-je semblant de ne pas savoir.
- Parce que c'est secret, répondit Arthur.

J'hochai la tête. Je n'avais pas besoin de poser des questions là dessus étant donné que je connaissais la vérité.
Je repris la bouteille de bière et en bus une autre gorgée. Je n'aimais vraiment pas ça mais si cela énervait Justin, je continuerais à en boire.

- T'as l'air d'apprécier ça, me dit Nick.
- Ouais, mentis-je.
- Ne la laissez pas boire toute la bouteille ou elle va finir soûl, revint Justin à la charge.
- Et alors ? C'est ton problème ? rétorquai-je sèchement.
- Avery, pourquoi tu me parles comme ça ?
- Oh sérieux, ne vous embrouillez pas, nous dit Arthur.

Je me retins d'ajouter autre chose et à la place je bus une nouvelle fois avant de reposer la bouteille sur la table. Je commençais à sentir l'alcool me monter à la tête. Il était vrai qu'une seule bouteille de bière me suffirait à devenir soûl. Je continuais à sentir le regard oppressant de Justin sur moi. J'étais devenue son centre d'intérêt. Même Tiffany qui lui glissait quelques mots parfois n'arrivait pas à faire dériver ses yeux de moi. Pourquoi se souciait-il finalement de ma personne ?

- Tu ne fumes pas je suppose ? me demanda Lucas.
- Non.
- Tu n'as jamais essayé ? Pas une seule fois ?
- Non jamais.
- Tu veux essayer maintenant ? me proposa Nick.

Je regardai Justin qui n'avait jamais eu autant le visage fermé. S'il avait pu tuer ses amis à cet instant, il l'aurait fait, n'épargnant personne. Il nous regardait mais semblait aussi perdu dans ses pensées. J'espérais qu'il était en train de se rendre compte de la grosse erreur qu'il avait faite.

- Non, merci, refusai-je.

Je ne voulais pas aller aussi loin. Il ne fallait pas non plus que je dépasse les limites. Nick prit alors ma bouteille et me la tendit.

- Bois alors, me dit-il.

J'attrapai la bouteille qui était encore bien remplie. Ma tête se mettait à tourner mais je ne devais pas me dégonfler devant eux. Subitement, Justin se leva et contourna la table avant de m'arracher des mains la petite bouteille marron suscitant l'étonnement de tout le monde, moi y compris. Il partit se rasseoir avec la bouteille à la main puis la posa au pied du canapé.

Je mordis ma joue et me levai furieuse. Pour qui se prenait-il ? Je me mis à marcher vers l'entrée, passant juste à côté de Justin qui me suivait du regard et ce dernier attrapa mon bras avant de se lever.

- Où tu vas ?
- Lâche moi, crachai-je.

Je me sortis de son étreinte mais il m'attrapa de son autre main et me fit retourner pour que je l'ai en face de moi. La chaleur montait en moi. Il allait me faire sortir de mes gongs.

- Qu'est-ce que tu es en train de me faire ? chuchota-t-il. Tu te fous de moi ?
- C'est toi qui parles ? ris-je nerveusement. Tu t'es bien foutu moi, crachai-je.
- Quoi ? Qu'est ce que tu racontes ? fronça-t-il les sourcils.

J'arrachai mon bras de la pression qu'il exerçait avec ses doigts et repris mon chemin vers la sortie. Ma gorge commençait à se nouer. Mon esprit à se brouiller.

- Avery reste ! entendis-je crier Arthur.

Je secouai la tête et marchais d'un pas décidé. J'en avais plus que marre d'être prise pour une cruche. Et quand je pensais qu'il disait qu'il me respectait et qu'il aimait passer du temps avec moi alors que pendant ce temps il avait une autre personne en tête. Toutes ces fois où il avait du partir à l'improviste, c'était pour la voir, ce n'était pas pour le travail, j'en étais certaine dorénavant. Et s'il n'était pas capable de m'aimer c'était simplement parce qu'il en aimait une autre. Pourquoi voulait-il tant me faire du mal ?

Soudainement, je sentis une main se plaquer durement sur ma bouche et un bras m'entourer la taille. Puis je me sentis soulever. Je savais très bien qu'il s'agissait de Justin. Seulement lui était capable d'agir comme cela avec moi.

J'essayais de me débattre mais il réussit facilement à m'emmener au premier étage puis dans sa chambre. Il claqua la porte derrière nous et me lâcha enfin.

- Tu me fais perdre la tête Avery, je te jure, arrête de te donner en spectacle, dit-il en passant ses mains dans ses cheveux.
- J'apprends de tes amis que tu t'intéresses à une autre fille et tu trouves ça normal ? rétorquai-je folle de rage.
- Ils plaisantaient Avy !
- Arrête ! Tu avais les yeux rivés sur elle toute la soirée ! Mais je comprends, regarde la, à côté d'elle je ne ressemble à rien !
- Ne dis pas de conneries Avery.
- Mais il ne fallait pas aller aussi loin avec moi si c'était elle que tu voulais ! ignorai-je ses dernières paroles.

J'avais envie de pleurer mais j'étais tellement hors de moi qu'aucune larme n'arrivait à couler de mes yeux. Je le regardais sans comprendre. Pourquoi jouait-il autant avec mon cœur ?

- Avery, fit-il un pas vers moi, tu sais très bien qu'elle ne compte pas pour moi.
- Non, justement, je ne sais pas, le repoussai-je. Je n'arrive pas à croire que tu as couché avec moi alors que tu envisageais déjà de te mettre avec elle.

Je secouai la tête écœurée et le contournai afin de quitter la chambre.

- Avery, ne t'en vas pas.
- Pourquoi ? Tu préférerais que je te regarde draguer Tiffany ? rétorquai-je en me retournant.
- Je ne l'ai pas dragué. Je l'aime, amicalement, c'est tout.
- Et si je te demande de nommer toutes les choses que tu aimes, combien de temps cela te prendrait pour dire mon nom ?

Ses yeux ne savaient plus où se poser puis il finit par les baisser. Encore une fois, par son silence, il m'avait montré que j'avais eu raison de penser cela. Je me retournai déçue et quittai la chambre avant de rejoindre les escaliers et de les descendre à toute vitesse. Je me demandais comme j'avais fait pour ne pas tomber avec ma tête qui tournait un peu. J'arrivai dans l'entrée et je ne perdis pas de temps pour ouvrir la porte et m'en allais. Je la claquai derrière moi.

Dehors, le temps très frais me refroidit instantanément. Le cœur lourd, je m'éloignai de la maison. J'avais envie de m'effondrer par terre. J'étais déboussolée. J'entendis la porte d'entrée de Justin s'ouvrir. Je roulai des yeux comprenant qu'il n'était pas prêt à me laisser partir.

- Avery ! l'entendis-je crier.
- Laisse moi ! hurlai-je sans me retourner.
- Quand est-ce que tu comprendras que je suis amoureux de toi Avery ?

Tout mon corps se figea. Mon univers explosa pour la deuxième fois. Les battements de mon corps s'étaient comme arrêtés. Je ne répondais plus de moi. Rien n'existait plus autour de moi. Mon regard perdu dans le vide, les paroles inattendues de Justin se répétaient dans ma tête.

Combien de fois avais-je rêvé de cet instant ? Combien de fois avais-je rêvé qu'il prononce ces mots ? Et maintenant qu'il l'avait fait, je ne savais plus quoi faire d'autre que de rester stoïque.

Je me retournai lentement comme si j'avais peur de découvrir qu'il n'était en réalité pas devant sa porte et qu'il ne m'avait donc jamais dit cela. Mais il était bien là, en train de me fixer. La lumière de sa maison l'éclairait et je me croyais dans un rêve.

- Quoi ? lâchai-je.

J'étais tellement choquée de ce qu'il venait de dire que c'était tout ce que j'avais pu sortir de ma bouche. Il sourit amusé de ma réaction et s'avança vers moi les mains dans les poches. Mon cœur se réveilla alors et se mit à battre frénétiquement. J'arrivais même à l'entendre.

Il s'arrêta à quelques centimètres de moi et se mordit la lèvre inférieure en souriant. Mes yeux brillaient, j'en étais certaine.

- Ne me fais pas répéter Avery, murmura-t-il sur un ton enjoué.
- J'ai besoin de t'entendre le dire à nouveau, murmurai-je.

Je voulais être sûre qu'il ne l'avait pas dit sur le moment et qu'il ne le regrettait pas. Je voulais être sûre qu'il était sincère. Il colla son front au mien et je fermai les yeux quelques instants ressentant des frissons. Nos nez se touchaient. Ses yeux me perçaient.

Il posa tendrement ses lèvres douces sur les miennes. Mon cœur s'enflamma. Mon ventre se retourna. La légèreté s'empara de moi. Je me sentais palpiter.

- Je t'aime Avery, murmura-t-il entre deux baisers.

Les papillons s'emparèrent de mon estomac et je me sentais voler. Justin Drew Bieber m'aimait. C'était inimaginable. Cela sonnait presque faux. Je prolongeai le baiser et posai mes mains sur son cou. Je ne m'étais jamais sentie autant invulnérable à ce moment précis. Comme si nous étions au sommet du monde et que personne ne pouvait nous atteindre.

Tous ces mois, semaines, jours, heures, minutes et secondes que j'avais passés à apprendre à le connaître n'avaient pas servi à rien. Je ne m'étais pas accrochée pour rien. Tous ces moments à le détester et à l'aimer en même temps n'avaient pas été sans récompense et je me sentais plus heureuse que jamais.

Il passa sa langue sur mes lèvres et j'entrouvris alors ces dernières pour laisser valser nos langues ensemble.

Je ne m'étais alors pas trompée. Il en avait toujours valu la peine. Il n'avait juste jamais voulu le montrer. À bout de souffle, il décolla nos lèvres. J'ouvris mes paupières papillonnantes et pinçai mes lèvres retenant un sourire béat qui voulait apparaître sur mon visage.

- On rentre ? proposa-t-il.

J'aurais voulu que ce moment dure plus longtemps mais on devait retourner à la dure réalité. Je fis la moue et il rit avant de faire un pas en arrière.

Nous retournâmes dans la maison où on nous attendait. Des regards confus se portèrent sur nous quand nous arrivâmes dans le salon.

- Ça va mieux ? me demanda Arthur.
- Oui, souris-je.

Si seulement ils savaient à quel point j'étais heureuse maintenant. Rien ne pouvait entacher cette joie suprême.

- Il vaudrait mieux qu'on vous laisse non ? demanda Lisa.

Justin me lança un regard et j'haussai les épaules. Cela ne me dérangeait pas qu'ils soient là. C'était moi qui étais venue et m'étais incrustée. Mais il était vrai que maintenant que je savais que ce que je ressentais pour Justin était réciproque, j'avais encore plus envie de profiter de lui et donc de me retrouver seule avec lui.

- Oui, répondit Justin en souriant.

Je le regardai surprise. Je ne pensais pas qu'il mettrait ses amis à la porte pour moi. Les regards sur nous furent encore plus confus. Ils devaient maintenant penser qu'il se passait quelque chose entre nous.

Ils se levèrent, quelque peu déçus, du canapé et je me sentais gênée d'être la cause de leur départ. Tiffany semblait la plus touchée, elle faisait la tête. Ils se dirigèrent tous vers la sortie, accompagnés de Justin, sans me dire au revoir. J'en conclus qu'ils m'en voulaient de les avoir en quelque sorte obligés à partir. Excepté Arthur qui vint me voir. Il s'approcha de moi et avança son visage vers le mien provoquant tout d'abord ma confusion.

- Prends soin de lui, il a l'air de tenir à toi, me chuchota-t-il.

Je le regardai surprise et hochai la tête puis nous échangeâmes un sourire avant qu'il aille rejoindre les autres. J'étais flattée qu'il ait donné ce conseil à moi. Cela voulait dire que je comptais et j'étais honorée.

Je restais debout derrière le canapé en attendant Justin. Je me sentais bizarre. Je ne savais pas si c'était le fait qu'il avait enfin baissé les armes ou bien que nous venions encore de passer du froid au chaud en quelques minutes. Il fallait avoir le cœur accroché avec lui.

Il revint très souriant et je me pinçai les lèvres. Il passa ses bras autour de ma taille et déposa un doux baiser sur ma mâchoire.

- Enfin seuls, murmura-t-il.

Il prit ma main et m'emmena dans sa chambre avec hâte. Je le regardais la tête encore dans les nuages. Je n'arrivais pas à croire qu'il m'aimait. Lui. Ce garçon si renfermé qui ne laissait place à aucun sentiment. Cela tenait du miracle.

Arrivés dans sa chambre, il prit dans son dressing un long t-shirt sans me consulter et me le passa pour que je me change. Je le remerciai et m'apprêtai à rejoindre la salle de bains quand il m'attrapa le poignet. Je le regardai confuse.

- Je crois que je t'ai assez vu dénudée pour que tu puisses te changer devant moi maintenant, déclara-t-il un sourire en coin.

Je souris amusée et acceptai alors de me changer devant lui. Il se plaça ainsi devant sa fenêtre, le dos appuyé contre la vitre et les mains dans les poches comme s'il m'attendait. Une gêne s'installa alors en moi et je lui tournai le dos pour retirer mon haut. Je l'entendis rire à cela.

J'enfilai rapidement le long tissu blanc que Justin m'avait passé et ce dernier me parut tout d'un coup moins long sur moi et semblait même être un peu transparent. Il l'avait fait exprès. Je retirai avec moins de gêne mes chaussures et mon pantalon puis je me retournai pour faire face à Justin.

Je lui lançai un regard noir et il rit comprenant pourquoi. Il attrapa mes affaires et j'en profitai pour arranger mes cheveux.

- Avery ? m'appela Justin.

Je relevai les yeux et l'attrapai avec le préservatif que ma mère m'avait passé dans la main. Mes joues devinrent rouges. Il ne devait pas tomber sur ça.

- C'est ma mère qui me l'a passé, au cas où, me justifiai-je.
- Tu lui as dit pour hier ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Elle m'aurait dit que je ne m'étais pas respectée.
- Tu penses que je ne t'ai pas respecté ? me demanda-t-il.
- Maintenant que je sais que tu es amoureux de moi, non, répondis-je avec un sourire amusé.

Il passa sa langue sur le coin de sa bouche avant de sourire et de finir par secouer la tête. Je ris et quittai la pièce. Mes pieds nus qui rencontrèrent le marbre glacé du sol me fit sursauter. Je marchais lentement et m'arrêtai devant l'une des portes qui restaient fermées à clé. Je l'observai me demandant ce que Justin pouvait bien cacher à l'intérieur quand j'entendis ses pas se rapprocher de moi.

- Tu veux savoir ce qu'il y a derrière la porte ? devina-t-il en s'arrêtant à côté de moi.

Je tournai mes yeux vers lui et hochai la tête.

- Je ne sais pas si tu le mérites, feint-il une grimace.

Je fis la moue lui provoquant un rire puis il s'avança vers la porte. Il sortit une petite clé de la poche arrière de son jean et la rentra dans la serrure. Se baladait-il toujours avec cette clé sur lui ? Impatiente de savoir ce qu'il cachait, je ne tenais plus en place comme une petite fille qui était sur le point de déballer ses cadeaux de Noël. Il tourna la clé une fois, puis deux vers la droite avant de poser ses yeux sur moi. Il rit me voyant comme prête à bondir.

Puis il appuya sur la poignée et ouvrit la porte. Il entra et je restai bête sur le palier découvrant ce qu'il y avait à l'intérieur de la pièce. Un piano à queue, noir, prônait au milieu de quatre murs blancs. Son couvercle était ouvert à quarante cinq degrés et était soutenu par un bâton. Un petit banc en velours se trouvait devant. Il n'y avait rien d'autre autour. Juste un piano et un banc.

J'avançais, les sourcils froncés et posai mes doigts délicatement sur le très joli instrument. J'étais complètement surprise que Justin possédait un tel objet chez lui.

- Tu sais en faire ? lui demandai-je sans décoller mes yeux du bel objet.
- Oui, répondit-il.

Je me tournai vers lui surprise. Je ne pensais pas non plus qu'il pouvait jouer d'un instrument, encore moins du piano.

- Tu peux jouer pour moi ?

Il ne se fit pas prier et s'assit sur le petit banc. Je m'assis à côté de lui. Il souleva ce qui cachait les touches noires et blanches du piano puis il se mit à jouer.

Une mélodie douce me parvint aux oreilles et mon étonnement était grand. Je n'aurais jamais cru qu'un garçon comme Justin pouvait jouer aussi bien de cet instrument. Il ne faisait aucune fausse note. Ses doigts se baladaient et dansaient sans hésitation sur les touches. Et je découvrais encore une autre facette de lui qui me fascinait.

Il joua quelques minutes un morceau qui me berça puis après avoir prolongé la dernière note, il posa ses mains sur ses cuisses et me regarda. Je restais sans voix.

- Tu sais résoudre une équation complexe et maintenant tu sais jouer du piano, est ce qu'il y a quelque chose d'autre que je dois apprendre sur toi ?

Il sourit flatté puis rebaissa le petit couvercle.

- Tu ne t'y attendais pas ? demanda-t-il amusé en se levant.
- Non, avouai-je. Mais pourquoi tu le caches ?
- Parce que c'est précieux.

Il se dirigea vers la sortie alors je me levai et le rejoignis. J'aurais voulu rester ici un peu plus longtemps et l'entendre jouer toute la nuit. Mais il ne devait pas trop aimer dévoiler ce côté de lui. Il referma la porte à clé puis rangea cette dernière dans sa poche.

Nous retournâmes dans sa chambre et il me demanda si j'avais faim. Je lui répondis négativement. Je devais être trop fatiguée pour faire quoi que ce soit. Je m'approchai de son bureau et reconnus le contrat qui liait Justin et la compagnie. H. Chris avait un H tatoué sur son poignet. Cela aurait du me mettre la puce à l'oreille dès le début. Chris s'était tatoué le nom de sa compagnie.

- H pour Hunter ? demandai-je.
- Hunter ? répéta Justin en fronçant les sourcils.
- Ce n'est pas le nom de famille de Chris ?
- Non ? dit-il confus. C'est Hadley son nom de famille.
- Il utilise une fausse identité ? demandai-je surprise.
- J'en conclus que oui alors. Il t'a dit qu'il s'appelait Chris Hunter ?

J'hochai la tête. Ses sourcils se froncèrent un peu plus. Je m'appuyai sur son bureau et lui fis face.

- Mais c'est évident, déduit-il. Il est bien obligé s'il ne veut pas que les autorités le coincent.

Il n'avait pas tort. Mais quel était son vrai nom ? Hunter ou bien Hadley ? Il y avait tellement de choses que ma mère ne savait pas et dont elle ne prenait pas la peine de savoir. Heureusement que contrairement à elle, je me méfiais un minimum des gens.

Je me redressai et partis en direction de la salle de bains.

- Tu as une brosse à dents ? lui demandai-je en quittant la pièce.
- Tu en trouveras plein dans le placard en dessous du lavabo, me répondit-il.

Je le remerciai et rejoignis la pièce d'à côté. Comme il me l'avait indiqué, je trouvai une multitude de brosses à dents neuves alignées dans un petit socle transparent. Que faisait-il avec autant de brosses à dents ? Je ne cherchai pas à comprendre et en pris une. J'attrapai le dentifrice et en mis sur les petits poils blancs. Puis je reposai le tube et commençai à me brosser les dents.

Je fus vite rejoint par Justin qui se tint quelques secondes contre la chambranle de la porte avant de venir se coller contre mon dos. Cette position me rappela la fois où nous avions eu notre premier rapport intime. Cette fois qui me faisait rougir à chaque fois que j'y repensais.

Il entoura ses bras autour de ma taille et enfouit sa tête dans mon cou. Son corps réchauffa le mien instantanément.

- Avery, chuchota-t-il, j'ai envie de toi.
- Je suis fatiguée Justin, déclarai-je après avoir retiré la brosse de ma bouche.
- S'il te plaît, imita-t-il la voix d'un petit garçon.

C'était étrange comme situation. D'habitude, c'était moi qui suppliais un peu de son attention et maintenant, c'était lui qui en demandait. Quel changement de position ! Je terminai rapidement de me laver les dents puis me retournai sans sortir de son étreinte pour lui faire face. J'essuyai de la paume de ma main ma bouche et posai mes lèvres sur les siennes. Il colla un peu plus nos corps et j'entourai de mes bras son cou. Les papillons dans mon ventre étaient toujours présents et cette flamme en moi se ravivait.

- Tu serais capable de me forcer ? lui demandai-je entre deux baisers.

Il sourit contre mes lèvres et agrippa entre ses dents ma lèvre inférieure avant de la relâcher.

- Tu sais bien que non, dit-il.

J'ouvris les yeux à nouveau et lui souris avant de me détacher de lui et de quitter la pièce. Je retournai dans la chambre et me jetai sur le lit, passant mon corps sans force sous les draps.

Je me couchai de profil et passai une main sous le coussin où était posée ma tête. Je fermai les yeux et entendis Justin entrer à son tour. Je sentis son poids faire pression sur le matelas quand il prit place à côté de moi.

J'entrouvris alors mes yeux et le vis s'allonger. Il retira son pull et le jeta au sol se retrouvant torse nu. Je souris à cette vue.

L'alcool avait redescendu. Je ne me sentais plus tourner du tout. La dispute que nous avions eu m'avait épuisé mentalement et physiquement. Mes paupières étaient lourdes. Je lui tournai le dos et refermai les yeux.

- Bonne nuit Justin, dis-je d'une petite voix.
- Bonne nuit Avery.

Et je finis par m'endormir plus heureuse que jamais. Tout allait être différent entre nous maintenant que je savais ce qu'il ressentait pour moi.

Point de vue de Justin.

Je la regardais dormir. Ses cheveux longs tombaient sur son dos. J'arrivais à l'entendre respirer. Je ne réalisais pas que je lui avais dit que je l'aimais. C'était sorti tout seul. Je n'avais rien contrôlé.

J'avais compris que j'étais tombé pour elle quand je l'ai vu arriver et que sa beauté était incontestable face à celle de Tiffany. Toute attirance pour cette dernière s'était envolée et c'était comme si mon cœur ne réagissait qu'à celui d'Avery.

Je m'étais d'abord dit que c'était juste une impression mais plus je regardais Tiffany et plus je lui parlais, plus je trouvais Avery incroyablement belle. Pourtant, Tiffany était mon type de filles et Avery celle vers qui je ne me retournerais jamais dans la rue.

Puis, j'avais cru la perdre une deuxième fois et c'était la dernière chose que je voulais.

Alors j'avais cédé. Pris au dépourvu, je lui avais dit la seule chose qui pouvait la retenir. Mais j'avais pensé chaque mot que j'avais dit et je ne m'étais jamais senti aussi libre à cet instant.

J'aimais Avery Jenkins, cette fille naïve, innocente et intelligente que j'adorais taquiner à longueur de journée.

Fin du point de vue de Justin.

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