Chapitre 18

«Avery, résiste.»

Après avoir pris nos plateaux et avoir été servis, nous nous assîmes à une table tous ensemble. Je ne me sentais pas à l'aise. À part Jake, je ne connaissais personne, juste leurs réputations. Mais comme ils étaient ses amis, je devais faire comme si j'étais en bonne compagnie.

Ils n'arrêtaient pas de me regarder. C'était pesant. Je n'osais même pas prendre ma fourchette pour manger. Jake ne disait rien et s'occupait plutôt de ce qu'il y avait dans son assiette.

Je raclai ma gorge pour essayer d'attirer son attention et cela marcha. Il leva ses yeux sur moi avant de voir ce qui me dérangeait autour.

- Les gars, laissez la manger, dit-il.

Les gars ? Pourquoi disait-il les gars alors qu'une fille était avec eux ? D'ailleurs c'était Carrie. Je me demandais comment ils pouvaient encore être amis après une relation. Mais c'était sûrement parce que je n'avais jamais eu de relation que je ne pouvais pas comprendre.

Ils ôtèrent enfin leurs yeux de mon visage qui avait sûrement viré au rouge et commencèrent à manger. Je fis alors de même, enfin soulagée de ne plus être observée.

Carrie se mit soudainement à me fixer arrêtant tout ce qu'elle était entrain de faire juste avant. Je me sentis comme attaquée. Les autres aussi se concentrèrent alors sur ce qui allait suivre.

- Avery c'est ça ? commença-t-elle.
- Euh... Oui, déglutis-je.
- OK, dit-elle avant de se reconcentrer sur son assiette.

Je fronçai les sourcils. C'était tout ce qu'elle voulait me dire ?

- Carrie, intervint Jake, qu'est-ce qu'il y a ?

Jake était placé juste en face de moi. Carrie à ma droite et donc à la gauche de Jake.

- Rien. Je me disais juste que c'est un beau prénom pour une fille coincée, lâcha-t-elle.

Je manquai de m'étouffer avec un bout de riz. Venait-elle de me qualifier de fille coincée ? C'était humiliant. Je regardais Jake en espérant qu'il me défendrait. Il le comprit.

- Carrie... souffla-t-il. Qu'est ce que t'as contre elle ?
- Rien. Je l'observe c'est tout.
- Tu es jalouse ? sourit-il amusé.
- D'elle ? leva-t-elle les sourcils.
- Avoue qu'elle est pas mal pour une fille coincée, intervint le même garçon de tout à l'heure.
- Tu parles ! rétorqua Carrie.
- OK les gars ! Stop ! se leva Jake.

Je me sentais tellement embarrassée. Mes mains tremblaient. On ne se gênait pas de parler de moi comme si je n'étais pas là. Et voilà que tout le self nous regardait. Mon cœur allait exploser. Je voulais m'enfuir d'ici au plus vite.

- Je vous pensais plus mâture que ça, ajouta-t-il.

Il prit mon plateau et le sien et me fit signe de me lever. Je ne comprenais pas trop ce qu'il comptait faire mais je m'exécutai. Il quitta la table, je le suivis, pour finir par s'asseoir à une autre, loin de tout ce vacarme.

Il posa mon plateau en face du sien et je m'assis devant ce dernier. J'étais soulagée qu'il m'ait défendu. Encore plus devant tout ce monde.

- Mes amis peuvent être très cons parfois, lâcha-t-il.
- C'est pas grave.
- On sera mieux ici.
- Je pense que Carrie en pince encore un peu pour toi, dis-je.

Il rit.

- Ouais, tu as raison.
- Je veux pas poser un problème dans votre groupe d'amis.
- T'en es pas un Avery, rétorqua-t-il, c'est eux.
- Ils savent ce qu'il se passe entre nous ?
- Ils ont pas besoin de le savoir.
- Si je deviens trop embarrassante pour toi, tu...
- Arrête Avery, me coupa-t-il. Je m'en fiche de ce que pense les autres. Je veux continuer à apprendre à te connaître, à passer du temps avec toi. Si je perdais mon temps avec toi, je serais pas là assis avec toi en ce moment.

Je souris. Ce qu'il me disait me faisait du bien. Si seulement tous les garçons pouvaient être comme lui. Je fondais complètement.

- Et si mercredi soir tu passais chez moi ? proposa-t-il. Ce soir et demain soir je peux pas parce que j'ai entraînement mais mercredi je suis libre.
- Pourquoi pas, répondis-je.

Je devais me rattraper de la dernière fois alors c'était une bonne idée.

- En plus tu pourrais dormir chez moi et le lendemain on irait en cours ensemble.
- Oui, souris-je.

Cette nouvelle me stressait déjà. Il fallait que j'apprenne à ne pas me dégonfler. Ce soir là serait donc un test pour moi. Et il pourrait se passer plus entre Jake et moi. Du moins, je l'espérais.

...

J'arrivai à la gare sans Jake. Comme ce dernier avait récupéré sa voiture, il ne prenait plus le train. Cependant, je ne comprenais pas pourquoi il ne me proposait pas de rentrer avec lui. Je n'osais pas lui demander.

Je pris mon ticket et le compostai avant de partir sur le Quai 27. J'avais l'impression que plus j'allais sur ce quai, plus le temps se faisait long. Mais cela ne devait être qu'une impression.

Le train arriva et j'entrai à l'intérieur. Prendre le train était redevenu ennuyant pour moi depuis que Justin faisait comme si je n'existais pas. D'ailleurs ce dernier ne fit pas son apparition de tout le trajet. Il avait décidé alors de complètement m'éviter ? Il voulait sûrement me faire payer ma décision. Il savait qu'au fond ce n'était pas ce que je voulais.

...

Nous étions mercredi. Je n'avais toujours pas revu le beau visage de Justin et Jake avait toujours maintenu sa proposition. J'étais nerveuse. Je ne savais pas ce qui allait m'attendre ce soir.

Je n'avais pensé qu'à ça toute la journée. Je n'avais suivi aucun cours. Je me demandais ce qu'on allait bien pouvoir faire. Serions-nous seuls ? J'espérais ne pas rencontrer ses parents. Pas tout de suite. Il n'y avait encore rien entre nous. En plus, cela me mettrait deux fois plus mal à l'aise. Mais l'idée de me retrouver seule dans une maison avec Jake me faisait retourner le ventre.

Je rentrai chez moi pour me changer. J'avais déjà prévenu ma mère. Elle était d'accord mais elle n'avait aucune idée de ce que j'allais faire. Je lui avais juste dit que je sortais. Cela semblait lui suffire comme raison.

Après avoir pris une douche et m'être habillée, je préparai un petit sac avec quelques affaires nécessaires comme je n'allais pas dormir ce soir chez moi. Dès que je fus prête, Jake m'envoya un message me disant qu'il était en bas de chez moi.

Je quittai alors ma maison vide. Ma mère n'était pas encore rentrée. Je retrouvai Jake dans la même position que l'autre fois le sourire aux lèvres.

Je lui rendis son sourire et m'approchai de lui. Il m'embrassa la joue. Je frissonnai. Il faisait frais dehors. Le soleil était déjà couché. Il fut encore une fois gentleman et m'ouvrit la porte pour que je puisse entrer dans la voiture.

- Tu es prête ? demanda-t-il quand il fut assis sur le siège conducteur.
- Oui, souris-je.
- Mes parents ne sont pas chez moi, on sera plus tranquille.
- Ça ne les dérange pas ? demandai-je.
- Non. T'inquiète pas, ça leur permet de sortir en amoureux, sourit-il.

Comme je le savais déjà, cinq minutes plus tard nous étions déjà arrivés. Il habitait le même quartier que le mien.

Nous sortîmes de sa voiture. J'observai la façade de sa maison. Elle ressemblait un peu à la mienne, en plus grande. Il avait un grand jardin contrairement à moi et qui était très bien entretenu. C'était joli. Cependant, rien ne valait la maison de Justin qui était au dessus de tout.

Nous entrâmes à l'intérieur. Ça sentait bon. Jake alluma la lumière et je découvris un très bel intérieur meublé comme dans un catalogue. Ils avaient du goût. Les murs étaient blancs et les meubles constituaient un camaïeu de marrons. C'était chaleureux. Je posai mon sac à mes pieds.

- C'est beau, lâchai-je.

Il sourit et me tendit sa main. Je la regardai quelques secondes et la pris avant de lever les yeux sur son visage. Il commença à avancer et je le suivis. Nous montâmes les escaliers qui menaient à l'étage.

Les battements de mon cœur commençaient à s'accélérer. Je ne devais pas paniquer. Ne panique surtout pas Avery.

Nous avançâmes jusqu'à une porte au bout du petit couloir. Jake me jeta un petit coup d'œil. Il devait sûrement vérifier si je tenais toujours en place. Je lui souris timidement et il poussa la porte.

Je suivais ses pas. Il lâcha ma main quand nous nous trouvâmes dans sa chambre. Je ne pus m'empêcher de croiser mes bras sur ma poitrine. Je ne me sentais pas à l'aise tout d'un coup.

Il partit fermer les volets de sa seule fenêtre tandis que je restais près de la porte. Je regardais autour de moi. Sa chambre n'était pas du tout comme je l'avais imaginé. En bazar et surtout remplie de cochonneries comme des paquets de chips vides ou bien des canettes elles aussi vides. Je le pensais ordonné et propre. Cela me refroidit quelque peu.

- Avery viens, ne reste pas ici, dit-il.

Je grimaçai et fis quelques pas vers son lit. Il surplombait la pièce qui n'était pas très grande comme la mienne.

- Désolé, j'ai pas eu le temps de ranger, ne fais pas attention, s'excusa-t-il en revenant vers moi.

Il aurait pu faire un effort mais je n'allais pas chipoter.

- Qu'est-ce qu'on va faire ? demandai-je maladroitement.
- Mets toi à l'aise déjà, sourit-il.

Il décroisa mes bras et me tira vers lui. Ma respiration se fit irrégulière. Je n'étais pas du tout à l'aise aussi près de lui. Il passa une main dans mes cheveux. Je mordillais ma lèvre inférieure nerveusement.

- Tu es magnifique Avery, murmura-t-il.

Je souris timidement. Il se mit à caresser ma joue à l'aide de son pouce. Mes jambes commençaient à flancher. Il commença à rapprocher son visage près du mien. Sa respiration le balayait. Je n'arrivais plus à penser correctement. Devais-je rester là et le laisser s'approcher ? Ou m'éloigner ?

- J'ai faim, lâchai-je, tu n'as pas quelque chose à manger ?

Il s'arrêta net me regardant surpris avant d'hocher la tête et de s'éloigner pour quitter sa chambre. Je fermai les yeux et me maudis pour avoir encore gâcher ce moment. J'avais été sur le point de savoir ce que cela faisait d'embrasser un garçon et voilà que ma stupide personne en avait décidé autrement.

Je soufflai et me retournai pour le rejoindre. Je n'étais vraiment pas futée ! Je n'avais même pas faim en plus. Je le retrouvai dans la cuisine.

- Tu veux manger quoi ? demanda-t-il.
- Ce que t'as, peu importe, souris-je.

La fréquence cardiaque de mon cœur redescendait peu à peu. J'étais vraiment anxieuse.

- Je vais faire des pâtes alors, dit-il.
- Ça me va.

Je me plaçai à côté de lui pendant qu'il préparait le repas de ce soir. C'était bizarre de le voir dans une cuisine à faire le repas. Je ne l'imaginais que sur un terrain de football.

Jake semblait perturbé. Je n'aurais définitivement pas du l'arrêter dans son élan. Je ne savais plus quoi dire. Peut être que si je faisais le premier pas, il se laisserait aller à nouveau.

- C'est beau un garçon qui cuisine, me forçai-je à dire.

Jake me regarda étonné, le sourire aux lèvres. Je devais être toute rouge.

- Ça veut dire que je le suis ? rit-il.

J'hochai la tête, me mordant la lèvre inférieure. Il rit de plus belle et s'approcha de moi avant de me prendre dans les bras. J'enroulai son ventre des miens. Je fermai les yeux. Il sentait très bon.

- N'aies pas peur d'être toi même avec moi Avery, tu sais que tu peux me faire confiance, dit-il.

Il avait raison. Je devais me lâcher. Jake m'aimait bien, je ne devais pas me sentir embarrassée ou complexée. Il se retira de mon étreinte pour me regarder droit dans les yeux.

- Je te laisserai jamais tomber, ajouta-t-il, jamais.

J'hochai la tête et dans un élan, je m'avançai et embrassai sa joue. Je voulais lui remercier de faire preuve de patience avec moi et de toujours me respecter. Je savais que ce genre de garçon se faisait rare maintenant et je me sentais chanceuse de l'avoir trouvé ou plutôt qu'il m'ait trouvé.

Il sourit et me rendis mon baiser. Je frissonnai à son touché. Puis il retourna vérifier la cuisson des pâtes. Quand elles furent prêtes, nous partîmes manger dans son salon.

Jake s'était assis à côté de moi. Nous mangions tranquillement et il me parlait de ce qu'il se passait au lycée de son côté. Il me disait qu'il y avait beaucoup de rumeurs sur lui qui n'étaient pas vraies. Ces rumeurs je les connaissais déjà. Tout le monde en parlait au lycée, à longueur de journée, mais je préférais ne pas les écouter.

On disait que Carrie et Jake se voyaient toujours en dehors des cours et qu'ils ne faisaient pas que discuter. On disait aussi que j'étais le sujet d'une blague et que tout le monde allait bientôt se moquer de moi.

Je ne voulais pas les croire. Je faisais confiance en Jake. Il savait plus que moi ce qui se passait et il disait que tout cela était faux, je le croyais.

- Ils sont juste jaloux, dit-il.
- Je crois que c'est parce que je n'ai pas la côte comme vous.
- Ils préfèrent tous que je sois avec Carrie ou quelqu'un de son genre mais ça ne m'intéresse plus.
- Je me sens protégé avec toi, ça ne me fait pas peur.
- Ils te feront rien Avery, même pas Carrie, tu peux en être sûre, me rassura Jake.

J'hochai la tête. Je n'étais pas méchante, pourquoi me ferait-on du mal ? Je n'avais pas choisi de plaire à Jake. Et dans l'autre sens, il était évident que lui me plaisait, je ne m'étais pas forcée à ce que ce soit réciproque. On ne pouvait pas m'en vouloir de laisser enfin un garçon s'intéresser à moi.

- Qu'est-ce qu'ils disent sur moi ? demandai-je.
- Avery, t'as pas besoin de savoir ça.
- Je sais que je ne suis pas la plus jolie et que...
- Avery, me coupa-t-il, tu es brune aux yeux verts, ça devrait te suffire pour comprendre que tu es magnifique.

Je rougis instantanément. Je ne savais pas qu'être brune aux yeux verts était un avantage.

Nos assiettes finies, nous débarrassâmes la table puis nous remontâmes dans sa chambre. J'étais fatiguée mais je devais rester éveillée parce que je savais que la soirée n'était pas terminée pour Jake.

Je m'assis sur son lit tandis qu'il s'appuya sur son bureau. Il semblait réfléchir.

- Tu as envie de dormir ?
- Non, pas encore, répondis-je.

Il sourit.

- Viens, me fit-il signe de m'approcher.

Je me levai du lit me demandant ce qu'il voulait encore une fois. Il tendit sa main et je la pris. Il me tira alors près de lui. Je me trouvai à nouveau à quelques centimètres de lui. J'étais plus petite alors mon front se trouvait à la hauteur de son nez.

Il ne dit rien et se mit à embrasser ma joue avant de descendre tout doucement sur mon cou. Je me raidis immédiatement. C'était moins agréable que je l'espérais mais fallait que je me détende, que je profite du moment.

Il accentua ses baisers. Ses cheveux chatouillaient ma peau. Je me mordais secrètement la lèvre inférieure nerveusement et le laissais faire pour une fois.

Il s'arrêta quelques instants et me regarda pour voir si tout allait bien.

- Ça va ? s'assura-t-il.

J'hochai la tête. Il émit un petit sourire puis d'un seul coup il me souleva et je me retrouvai en un rien de temps allongée sur son lit. Ce fut là que les battements de mon cœur se mirent à accélérer. Je n'arrivais pas à me détendre.

Il reprit ses baisers sur mon cou. Tout mon corps était contracté. Il le sentit.

- Avery, détends-toi toi, murmura-t-il sur ma peau me provoquant un frisson.

Je déglutis. Je devais réussir ce test que je m'étais imposé. Il commençait à descendre plus bas vers ma poitrine. Je n'arrivais plus à respirer correctement. Mes yeux étaient fermés. J'essayais de me concentrer. Ses lèvres bien que douces n'arrivaient pas à me rassurer.

J'ouvris les yeux pour le voir à l'oeuvre en espérant que ça me détendrait. Ses cheveux bruns tombaient sur ma chair, j'avais du mal à réaliser ce qui était entrain de se passer.

Arrivant au niveau de ma poitrine, il redressa sa tête et rencontra mon regard. Il sourit puis remonta au niveau de ma tête. Ma poitrine rebondissait. Il colla son front au mien. Nos lèvres se touchaient presque.

Avery, résiste.

...

Si vous avez des fictions et que vous voulez que j'aille y jeter un œil et donner mon avis, n'hésitez pas à me le demander, ça sera avec joie :)

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