«Il n'était plus qu'un étranger avec tous mes secrets.»

Je venais de terminer les cours. J'avais hâte d'être à ce soir, Jake m'avait invité à manger dehors et cette fois-ci il n'annulerait pas. Cependant, nous ne ferions pas le trajet retour du lycée jusqu'à chez nous ensemble car il avait des choses à faire avant alors je rentrai seule.

Je ne croisai pas Justin dans le train, il n'avait sûrement pas de filles à ramener. De retour chez moi, je me pressai de prendre une douche et de me changer. Puis j'appelai ma mère pour lui prévenir que je rentrerais tard ce soir.

Je laissai mes longs cheveux bruns ondulés détachés et je me maquillai très légèrement. Je portais un long pull blanc et un pantalon noir. J'avais mis mes converses blanches. Je récupérai mon téléphone et quand Jake m'envoya un message pour m'indiquer qu'il était devant chez moi, je quittai la maison.

Je souris en le voyant adossé à une voiture -qui était la même que la dernière fois où je l'avais surpris dedans- les mains dans les poches. Il était vêtu normalement, d'une veste en cuire par dessus un haut blanc et d'un jean gris sombre. Il avait des chaussures de ville et sa coiffure était particulièrement très soignée. Un tube de laque avait du y passer. Il était beau.

- Eh Avery ! On est assorti, s'exclama-t-il en se redressant.
- On dirait, souris-je en continuant de m'approcher de lui.

J'arrivai à sa hauteur et il passa une main sur ma taille pour me faire la bise. Mon sourire s'accentua à ce geste. Nous nous détachâmes puis il m'ouvrit la portière pour que je rentre à l'intérieur de sa voiture. C'était bien différent de Justin, Jake au moins était un gentleman.

Il prit place du côté conducteur et démarra la voiture.

- C'est ta voiture ? demandai-je.
- Oh... Euh... Oui, eut-il du mal à répondre.
- Je croyais qu'elle était en réparation.
- Oh... Oui, je l'ai récupéré tout à l'heure.

Tout à l'heure ? Pourquoi l'avais-je vu hier dedans ? Je le regardai confuse et décidai d'ignorer cela. Il faisait froid, même dans la voiture et on dirait que la pluie allait bientôt tomber. Mais cela n'arrêterait pas notre rendez vous. Était-ce un rendez vous ? Si oui, c'était mon premier.

Je me sentais bizarre. Je savais très bien que c'était à cause de cette photo que j'avais envoyé. Je n'aurais pas du le faire, j'avais l'impression que Jake ne me voyait que par cela dès à présent.

- Tu as vu, j'ai tenu ma promesse, dit-il.
- Heureusement, ris-je.
- Je pose jamais de lapins aux filles normalement.
- Je suis là première alors.
- Non, c'était pas prévu, justifia-t-il.
- J'espère.

Il me fit un clin d'œil. Je voyais que nous étions entrain de quitter Sunnyvale.
- Où va-t-on ? demandai-je.
- On va à San José. C'est là où on aura le plus de choix pour manger.

J'hochai la tête. Je regardai un peu autour de moi. La voiture de Jake était moderne mais je préférais le style de celle de Justin. Elle était plus vintage et à mon goût. Mais celle-ci était quand même bien.

- Tu en as parlé à personne ? demandai-je en espérant qu'il comprenne de quoi je parlais.
- Non Avery, sourit-il.
- Tu sais, j'ai un peu honte, avouai-je.
- Faut pas Avery, c'est ce que tu devais faire, dit-il du même ton.

Parce que je n'avais pas eu le choix ?

- Ce que je devais faire ? répétai-je.
- Je veux dire, c'est ce que toutes les files font, c'est normal que tu le fasses aussi.

J'étais un peu choquée de ce qu'il était entrain de dire. Il insinuait que toutes les filles se prenaient en photo en sous vêtements pour les envoyer à des garçons et que tout cela était normal. Non, ce n'était pas normal. Et je m'en voulais de l'avoir fait, je n'avais pas besoin de me manquer de respect pour essayer de l'impressionner et de lui plaire. Jake avait marqué un mauvais point, en espérant qu'il se rattrape.

- Ah, c'est ce que tu penses, dis-je déçue.
- Et je suis pas le seul, crois moi.

Je secouai discrètement la tête. Jake ne faisait pas du tout bonne figure devant moi. J'étais refroidie. La fin du trajet se déroula donc en silence et je remarquai que nous arrivâmes à San José. Il se gara dans le parking d'un fast food. Puis il sortit de la voiture alors je fis de même. Il commença à se diriger vers l'entrée, je le suivais. Un fast food ? C'était une blague ? Je n'étais pas du genre à faire des manières mais je m'attendais à tout sauf à cela.

Il ouvrit la porte et me laissa passer devant. J'avançais lentement pour qu'il revienne à ma hauteur. Il n'y avait pas beaucoup de monde, évidemment nous étions en plein milieu de semaine et ce n'était pas encore les vacances. Nous nous arrêtâmes au comptoir pour prendre notre commande. Jake commanda pour moi.

Nous nous assîmes à une table, l'un en face de l'autre, à côté de la grande baie vitrée qui donnait sur le parking et la route. Nous étions pas assis sur des chaises mais sur des banquettes qui devaient datées de quelques dizaines d'années. Il faisait nuit dehors.

Je regardai Jake qui me sourit.

- Ta mère te laisse sortir souvent le soir ? me demanda-t-il.
- Oui.
- C'est bon à savoir ça. Je pourrai t'inviter à une soirée avec des amis, dit-il.
- Une soirée ? C'est à dire ?
- Bah tu sais, là où on danse, on boit et fait la fête, répondit-il.
- Je suis pas trop du genre à faire ça.
- Comme t'étais pas du genre à m'envoyer le genre de photo que tu m'as envoyé ? sourit-il.

Je baissai les yeux. Il m'avait eu sur ce coup là.

- Oui... murmurai-je.
- Avery, je suis sûre que tu vas te plaire dans ces soirées.
- On verra, souris-je.
- Tu n'as jamais bu d'alcool jusqu'à présent ?
- À part le champagne pour les grandes occasions, non, répondis-je.
- Tu n'as jamais été bourrée ?
- Non. Je trouve que ça donne une mauvaise image de la personne.
- S'amuser ça fait de mal à personne Avery.
- Oui mais on peut s'amuser autrement, rétorquai-je.
- Tu ne dirais pas ça si tu savais quel effet ça faisait d'être bourré.

Peut être que Jake aimait boire jusqu'à en perdre le contrôle mais je ne trouvais pas ça une bonne chose. En plus, l'alcool attaquait les reins et donc ce n'était pas bon pour la santé. On pouvait se retrouver à l'hôpital.

Nos commandes arrivèrent et je découvris dans mon assiette une espèce de galette avec de la viande en morceaux et des frites à côté. Jake avait exactement la même chose.

- C'est quoi ? demandai-je.
- Un kebab.
- Pardon ?

Jake rit.

- Avery, ne me dis pas que tu n'as jamais mangé de kebab de ta vie, se moqua-t-il.
- Je devrais ?
- Avery... continua-t-il de rire. Je me demande si on est vraiment du même monde parfois.

Je fixais mon assiette. Cette viande n'avait pas l'air très bonne. Du kebab avait-il dit ? Ce repas semblait très gras. Heureusement que je ne me préoccupais pas de mon poids.

Jake commença à manger alors je le recopiai. Je ne savais pas trop comment tenir cette chose pour pouvoir le manger proprement. Je pris exemple sur Jake et tins le kebab avec mes deux mains avant d'en prendre une bouchée.

- Alors ? demanda Jake mon avis.

Je mâchai avant d'avaler. Ce n'était pas mauvais mais ce n'était pas la révélation du siècle non plus.

- C'est pas aussi mauvais que je le pensais, répondis-je.
- Tout le monde aime ça.

Alors je n'étais vraiment pas comme tout le monde. Nous continuions à manger, j'avais vraiment des difficultés à manger ce kebab qui était beaucoup trop gras et salé pour moi. Jake, lui, le mangeait très facilement, il avait l'habitude.

- Tu veux que je nous commande des bières pour que tu essayes ? proposa-t-il.
- On est pas majeures Jake, ils ne nous laisseront pas en prendre.

Il rit amusé et se leva. Je le regardai faire et je ne savais pas comment mais il revint rapidement avec deux petites bouteilles de bières à la main. Je déglutis.

- Alors tu disais Avery ? lâcha-t-il fièrement.

Il s'assit cette fois ci a côté de moi. Je ne savais pas trop pourquoi mais je le laissai faire, cela ne me dérangeait pas. Il posa les deux bouteilles sur la table. Elles avaient déjà été décapsulées.

Jake me tendit une bouteille et je la pris.

- Allez Avery !

J'observais quelques secondes la bouteille qui était dans ma main droite. J'avais peur, je l'avouais, de faire glisser ce liquide dans ma bouche. Et si je recrachais ou vomissais devant lui ? Surtout après avoir mangé un kebab pas très bon à mon goût.

Je pris mon courage à deux mains et portai la bouteille en verre à mes lèvres avant de la pencher pour faire glisser ce liquide jaunâtre dans la bouche. Je grimaçai en ayant le goût en bouche et luttai pour l'avaler. Je détestais ce goût. C'était amer et très désagréable.

Jake rit en voyant ma réaction négative. Je rougis.

- Tu n'aimes pas ? rit-il.
- Je crois que ça s'est vu, ris-je en m'essuyant la bouche.
- Laisse, je vais finir pour toi.
- Ça m'arrangerait bien.

Il prit une grande gorgée avant de reposer sa bouteille sur la table provoquant un petit bruit à leur contact.

Jake se rapprocha de plus en plus de moi. Je commençai à avoir chaud. Puis à ma grande surprise, encore une fois, il posa une main sur ma cuisse. Ma respiration se fit irrégulière. Il glissait doucement sa main de plus en plus en haut. Même sur le tissus de mon pantalon, j'étais certaine qu'il pouvait sentir que ma peau était brûlante.

Je me raidit peu à peu. Tous mes membres se contractaient un à un. Jake continuait à aller plus haut. Je croyais bien qu'il voulait atteindre ma partie intime. Ma partie intime, cette chose gardait bien cachée. Comment pouvais-je le laisser aller aussi loin ? Dans un lieu publique ?

Je pris alors tout d'un coup panique et je me levai avant de le pousser et de courir lâchement vers la sortie aussi vite que je pus.

Je ne me retournais pas et continuais à courir sans réfléchir jusqu'à en perdre mes poumons. Il pleuvait dehors et il faisait très froid mais j'avais juste envie à ce moment de m'enfuir le plus loin possible. Quelle cruche !

Quand je fus fatiguée et que je ne savais plus où j'allais, je m'arrêtai et regardai derrière moi. Jake ne m'avait pas suivi. Il devait me détester de l'avoir laissé tout seul comme ça. Je m'en voulais maintenant en l'imaginant seul à sa table, les regards posés sur lui. Mais je ne pouvais pas revenir maintenant que j'étais dans cet état là et que j'avais très honte. Il serait juste incroyable s'il cherchait encore à me contacter après cela.

Toute trempée, les bras croisés, je marchais dans les rues sombres, tout juste éclairées par quelques lampadaires par ci par là. Je mourrais de froid et je ne savais pas comment je pourrais rentrer chez moi toute seule, me trouvant à San José en pleine nuit. Il ne restait plus grand monde dehors.

Je marchais la tête baissée, ce qu'il venait de se passer hantait mon esprit. Je me sentais vraiment mal. Jake ne méritait pas que je lui fasse cela. J'aurais du le laisser faire. J'aurais du lui faire confiance encore une fois.

Je compris que je pleurais quand un goût salé parvint à ma langue. Je devais avoir l'air pathétique. Je ne pouvais même pas appeler ma mère pour qu'elle vienne me récupérer. Elle devait déjà dormir et elle s'énerverait si elle me voyait comme cela. Je devais me débrouiller mais comment ?

Soudainement, une lumière blanche passa sur moi avant de me dépasser et j'entendis une voiture arriver à ma hauteur. Mon cœur commençait à s'agiter. J'avais peur. La voiture roulait doucement comme si elle voulait rester à côté de moi. Je n'osais pas regarder de peur de croiser le regard d'un psychopathe.

J'accélérai le pas, me mordillant la lèvre inférieure nerveusement. La voiture se mit à klaxonner. Mais que me voulait-on ? Était ce peut être Jake ? Je tournai mon regard discrètement vers ma gauche et je soufflai finalement en découvrant la voiture de Justin. Ce garçon était vraiment partout et cela commençait à en devenir insupportable.

- Avery ! cria-t-il.

Je l'ignorai et continuai d'avancer. Je ne voulais pas qu'il profite de la situation pour se moquer encore une fois de plus de moi. Il klaxonna à nouveau.

- Avery putain ! cria-t-il.

Je ne lui prêtais aucune attention. Je voulais juste être seule.

Les lumières de ses phares s'éteignirent d'un coup, je ne les voyais plus devant moi. Puis je n'entendis plus le moteur tournait mais une portière claquer. Je mordis ma joue comprenant que Justin était sorti de sa voiture.

Je gardai tout de même la même allure de mes pas bien que je savais que Justin me rattraperait.

- Qu'est-ce que tu fais toute seule sous la pluie ? demanda-t-il derrière moi.

J'avais l'impression qu'il essayait de me protéger, de prendre soin de moi mais je n'avais pas besoin de cela.

- Ça te regarde pas, dis-je sèchement en continuant de marcher sans me retourner.
- Avery !
- Laisse moi ! criai-je.

Mon corps se tournai violemment quand sa main attrapa mon bras pour me tirer vers lui.

Je me retrouvai face à Justin. Le temps sembla ralentir d'un coup quand je croisai son regard. Il était trempé lui aussi. Ses cheveux mouillés tombaient sur son front, ses vêtements collaient à sa peau et formaient ses courbes musclées de son torse. Il me paraissait encore plus grand sous la pluie. Nous nous regardions droit dans les yeux.

Il enleva soudainement son gilet à capuche et le posa autour de mes épaules. Je ne comprenais pas ce qui lui prenait. Je le regardais confuse. Mes lèvres tremblaient par le froid.

Nous continuions à nous fixer du regard. Puis je ne savais pas par quel miracle mais je me jetai dans ses bras pour pleurer encore plus. Je blottis ma tête sur son torse et le serrai fort autour de sa taille.

Il hésita à entourer ses bras autour de moi puis le fit. Je me sentais étonnement bien. Il m'avait comme apaisé tout d'un coup. Je sentais son cœur battre et c'était comme si son rythme m'avait calmé.

Je ne restai pas longtemps contre lui, je ne voulais pas rendre les choses encore plus embarrassantes déjà que je venais de pleurer devant lui. J'essuyai mes joues bien qu'elles furent mouillés par des gouttes d'eau quelques secondes plus tard. Justin me regardait perdu.

- Excuse moi, j'aurais pas du.
- C'est Jake ?
- Non c'est moi.

Il fronça les sourcils signe d'incompréhension.

- Je me suis ridiculisée, baissai-je la tête.
- Viens, on va dans ma voiture.

Nous fîmes demi tour, je ne savais pas pourquoi je me laissais finalement entraîner vers lui. Nous entrâmes dans sa voiture et pour la première fois depuis qu'on s'était rencontré, il m'ouvrit la portière. Je souris intérieurement, je savais à quel point cette action était rare à voir.

Il ferma la portière quand je fus entrée et il prit place sur le siège conducteur. Le toit de la voiture avait été mis. Elle restait toujours aussi belle.

Je tremblais encore un peu. Le gilet de Justin ne me couvrait pas assez mais j'aimais son odeur qui envahissait mes narines bien que l'odeur de l'humidité était aussi présente. Justin démarra.

- Raconte moi, dit-il.
- C'est à propos de Jake, je pense pas que tu veuilles savoir.
- Tu m'as dit que c'était à propos de toi.
- De Jake et moi.

Il me jeta un coup d'œil avant de se reconcentrer sur la route.

- Et j'ai pas trop envie que tu saches ce qu'il s'est passé, ajoutai-je.
- Tu vas le dire à ta mère ?
- Non ! Elle ne sait même pas qu'il existe.
- Elle ne le sait pas ? répéta-t-il en me regardant.

Je secouai la tête négativement. Il quitta mon regard et resta silencieux. Je mordillais ma lèvre inférieure. Je ne savais pas ce qui me poussait à vouloir lui dire ce qu'il s'était passé mais cette chose déréglait mon cerveau. Je voulais lui parlait, pas de ça, mais en même temps je me sentais comme obligée.

- Il me touchait la cuisse, finis-je par dire, il commençait à monter trop haut. J'ai paniqué, je me suis enfuie.

Je déglutis. Justin contracta sa mâchoire. Sa main serrait tout d'un coup beaucoup trop fort le volant. Je savais qu'il ne réagirait pas de la façon que je voudrais.

Il restait silencieux. Pourquoi avais-je l'impression qu'il était en colère ?

- Tu ne dis rien ? demandai-je.
- Avery, c'est toi qui décides de ce que tu fais avec lui.

J'étais choquée de ce qu'il venait de dire. Justin Bieber ne comptait pas se moquait de moi ? Me dire du mal de Jake ? Pourquoi un soudain changement ? Sa bipolarité, encore une fois.

- Je me pensais plus courageuse que ça, dis-je.

Il rit. Évidemment, son naturel n'était jamais si loin.

- Avery, c'est déjà un miracle qu'un mec s'intéresse à toi ou du moins fait comme si, ne t'imagine pas que tu deviendras une fille facile du jour au lendemain, rit-il.

Que dirait-il s'il savait que j'avais envoyé une photo osée de moi à Jake ? Mais je garderais ça pour moi. Ça c'était bien plus humiliant que ce qui m'était arrivé au fast food.

- Je ne veux pas en être une, rétorquai-je. Je veux juste avoir confiance en moi.

Nous arrivâmes à un feu rouge. La voiture s'arrêta. Il me regarda encore une fois. Je recevais une décharge électrique à chaque fois qu'il posait ses yeux sur moi.

- J'y arriverais avec Jake, dis-je.
- Jake va juste t'enlever le peu d'estime que t'avais de toi.
- Pourquoi tu es si dure avec lui ?

Il tourna sa tête devant lui en soufflant. Je voulais juste savoir ce qu'il avait contre lui !

- Je dirai rien de plus, tu verras par toi même et tu regretteras de ne pas m'avoir écouté, dit-il.
- Et pourquoi je devrais écouter un garçon qui passe son temps à me cracher dessus ? haussai-je le ton. C'est pas parce que tu te méfies de tout que je dois faire pareil ! Et puis t'es qui pour me donner des leçons ?

J'étais montée sur mes gongs à cause de lui une nouvelle fois. Je ne savais pas ce qu'il me prenait. À croire que je commençais à devenir bipolaire comme lui. Les larmes commencèrent à me remonter aux yeux. Ma respiration se faisait haletante.

- Avery pourquoi tu t'énerves ? lança-t-il de manière nonchalante.
- Parce que tu te crois au dessus de tout ! criai-je. Tu crois tout savoir ! Mais tu ne sais rien !
- Avy, rit-il.
- Tu sais quoi, j'en ai marre !

Je détachai ma ceinture furieusement. J'étais complètement hors de moi. Le temps pluvieux collait parfaitement à la situation.

- Je ne te laisserai pas sortir de cette voiture Avery, dit-il sèchement.

Je cachai mon visage de mes mains. Il fallait que je me calme. Je ne savais plus si c'était à lui que j'en voulais ou à moi même ou à nous. Je perdais complètement la boule, il avait raison. Peut être était-ce à cause de la gorgée de bière que j'avais bu ? La bière donnait cet effet là ? Wow, je n'en boirais plus dans ce cas.

- Jake t'a drogué ou quoi ? lâcha-t-il.
- Laisse moi tranquille Justin, crachai-je dans mes mains.
- Oh bah non, tu serais encore avec lui s'il t'avait drogué, se moqua-t-il.

Je lui lançai un regard noir pendant qu'il était fier de ce qu'il avait dit. Je mordis ma joue pour ne pas éclater de nouveau. Je n'aurais pas du le suivre et me taire comme ça il n'aurait pas à se moquer de moi mais j'avais encore cédé à lui... à cette chose chez lui qui me rendait accro.

- Je me demande comment tu n'en ai pas arrivé à te détester toi même, dis-je entre mes dents serrés.

Il rit.

- Il y a déjà assez de personnes dans ce monde pour me détester pour que je n'ai pas besoin de le faire, dit-il.

Je secouai ma tête. Je ne voulais plus discuter avec lui, de toutes façons c'était un dialogue de sourds. À ma plus grande joie, nous arrivâmes devant chez moi. Ma ceinture déjà détachée, j'ouvris la portière, du moins j'essayai mais elle était verrouillée.

Je regardai Justin pour qu'il l'ouvre mais il me regardait sans réaction.

- Ouvre Justin, ordonnai-je.
- Avy... Tu crois que tu peux me parler comme ça ?
- Je te parle comme je veux.
- Pas à moi Avery, pas à moi.
- Justin ! criai-je. Je suis fatiguée !
- Fatiguée d'avoir été humiliée encore une fois ? sourit-il.

Je serrais les poings. Je ne savais pas ce qui me retenais de lui donner un coup de poing. Peut être le fait que je ne faisais pas le poids contre lui finalement.

- Je te déteste, crachai-je.
- Je le sais ça Avy.

Mes yeux redevinrent humides. J'étais blessée. Il me faisait mal au cœur. J'y avais cru, j'y avais cru à ce qu'il ait un bon fond. Mais il n'en avait pas.

Je tournai ma tête vers la fenêtre au cas où mes larmes couleraient parce que je ne voulais pas que Justin le voit.

- Tu comptes m'enfermer ici ? demandai-je avec sarcasme.
- Tu ne te doutes pas de ce que je suis capable de faire.
- J'ai pas peur de toi Justin, mentis-je un peu.
- Avery arrête d'être insolente.
- Je veux sortir ! criai-je à nouveau en le regardant.

J'entendis un bruit qui me fit comprendre qu'il venait de déverrouiller les portières. Je ne perdis pas de temps et sortis de la voiture en trombe sans prendre la peine de refermer la portière.

J'avais la gorge nouée. Je lui en voulais d'être aussi méchant avec moi. Je ne voulais plus du tout le revoir. Plus jamais. Je me dirigeai rapidement vers chez moi. Je voulais être très très loin de lui.

- Avery ! Mon gilet !

Je m'arrêtai de marcher. C'était tout ce qu'il avait à me dire ? Au lieu de s'excuser, il réclamait son gilet ! J'en avais plus que marre de ce garçon ! Je me retournai encore plus furieuse. Je bouillais littéralement en moi. Il était debout derrière moi, les mains dans les poches. Je m'avançai vers lui.

- Tiens ton gilet, crachai-je en l'enlevant de mes épaules pour le lui jeter.

Il l'attrapa de justesse.

- T'es qu'un pauvre idiot !
- Et alors ? Ça me va Avery, souriait-il encore et toujours.
- Tant mieux parce que toi et moi on se connaît pas. OK ? dis-je à bout de force. Tu me connais pas, je te connais pas. Alors laisse moi tranquille. S'il te plaît, murmurai-je la voix tremblante.

Je laissai tomber une larme que j'essuyai au passage avant de regagner ma maison complètement déçue de toute cette soirée sans le laisser en placer une. Quand je pensais qu'il y avait quelques minutes j'étais tombée dans ses bras pour qu'il me réconforte. Notre pseudo relation qui n'était même pas de l'amitié était aussi imprévisible que son humeur et cela ne me faisait que du mal au fond.

Il ne me donnait aucune raison de rester proche de lui. Alors je préférais arrêter définitivement de le voir ou du moins de lui parler puisque je n'avais pas le choix de le croiser.

Il n'était plus qu'un étranger avec tous mes secrets.