Votre paix ?

*Apporter la paix dans ce monde putride...*

Tel était le dessein qu'il avait chéri depuis sa plus tendre enfance. Malgré une éducation marquée par la brutalité, Madara n'aspirait qu'à une seule réalité : la paix.

Certes, il avait savouré le goût de la bataille et du sang au fil des leçons impitoyables qui lui avaient été enseignées, mais son ambition dépassait de loin les impulsions de ses instincts. C'est pourquoi cette phrase persistait sans relâche dans les méandres de sa pensée.

Depuis son réveil, son esprit ne cessait de revisiter la notion de paix, associée inextricablement à Sakura et à son propre désir ardent de purifier ce monde. Jamais il n'aurait envisagé croiser le chemin d'une âme partageant son idéal, hormis celle d'Hashirama Senju.

Inévitablement, le brun s'immergea dans les souvenirs de son passé, une époque entachée par les conflits et la mort. Madara vit le jour durant l'ère Muromachi, une période désignée comme l'âge des guerres provinciales. Ce fut une ère prolongée et sanglante, où des clans ninja se livraient incessamment bataille, plongeant les nations dans des conflits perpétuels. Chacune cherchant à étendre son territoire et à asseoir sa domination sur les autres.

Au fil des décennies, deux clans se démarquaient par leur puissance inébranlable : le clan Senju et le clan Uchiha. Leur réputation était solidement ancrée, caractérisée par une force équivalente et une ténacité inégalée au champ de bataille. Les nations en quête de conflit ne manquaient jamais de solliciter leurs services. À tel point que chaque affrontement se réduisait invariablement à un duel implacable entre les Uchiha et les Senju. Cette rivalité perpétuelle ne fit qu'approfondir l'aversion viscérale qui les liait les uns aux autres.

C'est donc dans cet environnement saturé de haine et de conflit que Madara fit son entrée dans le monde. Son enfance ne fut malheureusement en rien conventionnelle. Alors que d'autres enfants s'adonnaient à des jeux innocents tels que le cache-cache, lui devait apprendre l'art subtil du camouflage pour des desseins meurtriers. Il ignorait les joies de grandir entouré de l'innocence et de l'amour d'une famille. Au contraire, son éducation le plongea dans la douleur et la souffrance engendrées par la haine. Sa vie se résumait à une séquence implacable : se lever, s'entraîner, tuer, pleurer en silence, se coucher, et recommencer.

Les conflits d'une violence extrême contribuaient à une espérance de vie moyenne des shinobi qui ne dépassait guère les 30 ans. Une moyenne en perpétuelle décrue, car parmi les ninjas tombés au combat, bon nombre n'étaient que des enfants. Ainsi, face à la perte incessante de leurs proches, naissait un cycle infini de vengeance, conduisant les shinobi à dissimuler leur nom de famille par crainte de représailles.

Madara se remémora cette époque où il fit la connaissance d'Hashirama, un jeune homme animé du même désir de rétablir la paix dans ce monde corrompu. Les deux garçons, malgré leur amitié d'enfance, grandirent pour devenir les chefs rivaux de leurs clans respectifs. Inévitablement, leur chemin les conduisit à devenir des ennemis.

C'est également à ce moment-là que Madara et son frère firent la découverte des secrets du Sharingan, devenant ainsi les premiers à éveiller le redoutable Mangekyô Sharingan. Malheureusement, l'utilisation de cette pupille finissait par rendre aveugle son possesseur. Au fil des conflits incessants, la vision de Madara se détériora inexorablement, jusqu'à ce que son frère, confronté à une blessure mortelle, lui cède ses propres yeux. Grâce à ce sacrifice, Madara obtint le Mangekyô Sharingan Éternel, lui permettant de poursuivre le combat sans subir de dégradation oculaire.

Pourtant, même après des décennies de conflits marqués par une violence croissante, évoluant jusqu'à devenir des carnages, la plupart des clans sous la bannière des Uchiha et Senju décidèrent de former la première trêve durable entre les peuples.

Madara demeura cependant l'unique opposant à cette quête de paix. Il se heurta à son propre clan, cherchant à les convaincre de persévérer dans le combat, considérant toute tentative de réconciliation comme une hypocrisie. Finalement, contraint par les circonstances, il forma une alliance permanente avec le clan Senju.

Peu après, un pacte se scella avec le Daimyô du Pays du Feu, donnant naissance à Konoha No Sato. Ce geste novateur déclencha une série d'événements sans précédent, incitant d'autres à emboîter le pas, façonnant ainsi les cinq grandes nations ninjas et leurs villages.

Lorsque le traité d'alliance fut proposé, Madara opposa un refus catégorique, se dressant en opposition à l'ensemble de son clan. La clause du traité était pour lui inacceptable, plaçant le clan Uchiha dans une position inférieure au clan Senju. Pour le brun, c'était une question de fierté autant que de préservation, et il était hors de question que les siens occupent une telle position.

En tant que visionnaire éclairé, Madara prédisait que malgré l'existence de cette trêve, la haine ancestrale perdurerait et ressurgirait un jour.

Ainsi, face à cette prétendue paix, négociée plus qu'acquise, il ne put s'empêcher de se poser une question cruciale : *Pour combien de temps ?*

À ses yeux, cette paix était factice, vouée à l'échec, car comment pourrait-elle perdurer alors que les habitants se vouaient une haine mutuelle ?

Madara se lança ainsi dans la première étape pour instaurer sa vision authentique de la paix dans ce monde gangrené. Pourtant, malgré ses efforts, il connut l'échec, laissant derrière lui une stature affaiblie, désormais tributaire d'une femme énigmatique partageant néanmoins le même désir ardent de paix.

— Ce monde corrompu, murmura Madara, initialement sceptique quant à la sincérité des paroles de Sakura. Cependant, le regard de la jeune femme ne laissait place à aucun doute : son désir de pacifier ce monde était authentique. Elle avait sans doute enduré des épreuves similaires aux siennes pour nourrir une aspiration si profonde.

C'est avec cette pensée en tête que Madara observa Sakura méditer à l'extérieur, par cette journée baignée de soleil. Il la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle entame sa routine médicale. À chaque geste, elle démontrait une minutie et un professionnalisme remarquables, forçant Madara à reconnaître son excellence dans tout ce qu'elle entreprenait. Chaque jour, la douleur s'estompait un peu plus, et l'impatience grandissait en lui à l'idée de recouvrer l'usage de ses jambes.

— Haruno-san, interpella Madara d'une voix aussi profonde que les méandres de l'obscurité, tandis qu'elle canalisait son chakra vert.

— Oui, Uchiha-san ? répondit la concernée en relevant légèrement les yeux, plongeant dans les abysses ténébreux du regard de Madara.

— Qu'avez-vous traversé pour nourrir ce désir ardent d'instaurer la paix ? questionna Madara, son regard de jais scrutant intensément celui de Sakura.

La jeune femme ne répondit pas immédiatement, surprise par la profondeur de la demande. Dans les yeux de Madara, elle décela à la fois de l'hésitation et une lueur d'espoir, une combinaison aussi déroutante qu'inattendue. Sakura se hâta de concocter un mensonge, écartant l'idée de dévoiler l'intégralité de son existence, préférant esquisser le tableau d'une vie potentielle à l'ère Muromachi.

— La guerre..., commença Sakura en retournant à ses devoirs médicaux. Ma vie a été dictée par elle. Me cacher, échapper aux conflits incessants pour préserver des territoires, me travestir en homme pour éviter d'être la proie des envahisseurs. Apprendre à devenir une arme pour défendre les miens, tandis que ceux qui me sont chers succombaient pour des futilités !

La dernière partie de sa tirade fut prononcée avec une ferveur teintée de rage, et Madara pouvait discerner l'éclat des larmes qui se formaient au coin de ses yeux émeraude. D'un geste rapide, elle effleura ces larmes naissantes avant de poursuivre :

— L'humanité, par sa nature, est empreinte d'horreur, de cupidité, d'égoïsme, se laissant guider par ses propres intérêts sans considérer les conséquences de ses actes. Certains aspirent simplement à la quiétude, indifférents au sort d'autrui... C'est ainsi que j'ai forgé ma force, refusant que quiconque dicte ma conduite, déclara Sakura avec une fermeté qui ponctuait ses ultimes vérifications chirurgicales. Je vous redresserai comme hier, signalez-moi toute douleur.

— Quelle signification accordez-vous à la paix ? interrogea Madara, profondément intrigué alors qu'il se penchait en avant. La douleur persistait dans son abdomen, mais elle devenait plus supportable. "Ce n'est plus une lancinante, elle est désormais constante lorsque vous m'ajustez", précisa-t-il à la jeune femme.

— Essayez de supporter cela pendant une minute, le temps que je remédie à la situation... Et je dois vous avouer, Uchiha-san, que votre question n'est pas simple, dit Sakura tandis que sa main reprenait sa teinte verdoyante.

— Alors, exprimez-vous avec vos propres mots. J'aimerais réellement entendre votre point de vue sur la question, insista Madara.

— Vivre en symbiose avec son voisin, dénué de jalousie ou d'envie face à la réussite d'autrui. Être en mesure de secourir son prochain sans attendre la moindre rétribution. Un monde où les individus progressent main dans la main plutôt que séparés. Un monde où la quête du pouvoir sur autrui ne régit plus la société, énonça Sakura avec une lueur d'espoir, laissant libre cours à son imagination pour que cela puisse devenir réalité.

— Malheureusement, Haruno-san, un tel monde demeure une chimère, dissipa Madara, empreint de désillusion. Lui aussi avait nourri cette vision, mais l'amère expérience lui avait démontré son impossibilité.

— Je le sais, l'humanité est trop obtuse pour le saisir... ça va ?

— Supportable, répondit l'Uchiha, s'attardant sur les bienfaits que lui conférait cette femme. À mon avis, ce monde est condamné, ne méritant pas de subsister, affirma-t-il avec conviction.

— C'est une perspective un tantinet radicale, Uchiha-san. Tout le monde n'est pas corrompu, plaida Sakura tout en basculant Madara sur le lit.

En quelque sorte, elle partageait son point de vue. Deux années de périples à travers son époque l'avaient façonnée et révélé la véritable nature de l'humanité. Certes, bon nombre méritaient leur sort pour leurs actions et leur être, mais généraliser à l'ensemble de la population semblait exagéré.

— L'homme n'apprend jamais aussi bien que dans la douleur, énonça l'Uchiha d'une voix profonde, son regard perdu dans l'horizon.

Sakura, retirant les couvertures qui enveloppaient son patient, répondit d'un ton sincère, "Je crains que je ne puisse qu'acquiescer à votre affirmation, Uchiha-san." Elle entreprit de déplacer Madara vers l'extérieur, là où les rayons du soleil dansaient. "Un peu de lumière ne pourra que vous être bénéfique, surtout avec votre teint pâle."

Un simple "Hn" fut la seule réponse de Madara, mais il se laissa déplacer, exprimant une légère réticence. La journée s'étalait dans toute sa splendeur, et demeurer enfermé aurait été une erreur. Il fut déposé avec précaution sur une chaise longue en osier, pourvue d'un coussin moelleux.

— Vous voilà bien installé, Uchiha-san, s'enquit Sakura, scrutant toute manifestation de douleur ou d'inconfort sur son visage. Elle savait que, malgré toutes les précautions prises, le moindre ajustement de position comportait un risque, aussi minime soit-il, de compromettre son travail.

— Oui, la vue est magnifique, répondit Madara. Sakura prit place à ses côtés sur une chaise, déployant un livre à la couverture verte qu'elle tenait d'une main.

Qui aurait soupçonné que le redoutable Madara Uchiha pouvait trouver du plaisir dans la contemplation d'un lieu ? Plus les heures s'égrenaient, plus Sakura découvrait un homme qui se révélait être l'antithèse de l'image qu'elle s'était forgée. Elle l'avait imaginé comme un être froid, calculateur, épris de folie, animé uniquement par le désir de voir le monde sombrer dans le chaos. Cependant, elle commençait à réaliser qu'on ne pouvait véritablement connaître quelqu'un qu'en partageant du temps avec lui. Malgré certaines caractéristiques concordant avec la description qu'on lui avait faite, Madara Uchiha se révélait être bien plus complexe. Un individu réfléchi, capable d'apprécier les plaisirs simples de la vie.

— Je suis d'accord avec vous, c'est vraiment apaisant, confirma Sakura, croisant les jambes tout en reprenant sa lecture.

Des minutes s'étirèrent tandis que le soleil entamait sa lente ascension vers son zénith. De temps à autre, un nuage fugace réduisait l'éclat du soleil avant de continuer son périple dans le ciel.

Malgré les deuils récents, une étrangeté s'emparait de Madara, une quiétude inattendue. Était-ce le lieu qui exerçait cette influence apaisante ? Ou bien la présence rassurante de cette étrangère qui veillait sur lui ? Peut-être était-ce simplement le fait que le monde shinobi le croyait mort ?

— En quoi puis-je contribuer à votre quête de paix ? interrogea Madara après un moment, son regard toujours rivé sur la vallée. En contrebas, des villageois travaillaient en symbiose dans les rizières, une vingtaine d'âmes coordonnant leurs efforts.

— Vous êtes Uchiha Madara, affirma-t-elle simplement mais avec une résolution inébranlable. Sakura savait que ce simple nom imposait le respect et la crainte, ouvrant ainsi de nombreuses portes pour concrétiser ses projets de paix dans le monde. Elle était déterminée à exploiter l'aura prestigieuse que l'Uchiha offrait pour atteindre ses objectifs.

— Je ne suis qu'une ombre de moi-même, se désespéra-t-il, et rappelez-vous que l'on me croit mort.

— Pour l'instant... mais n'oubliez pas qui vous êtes, la rassura Sakura avec une conviction indéfectible.

— Que feriez-vous ? demanda Madara curieux. Quel serait votre plan pour instaurer la paix ?

Sakura interrompit sa réflexion, ayant médité longuement sur la question. Car, comme le Rikudô Sennin lui avait enseigné, la paix pouvait être conquise de diverses manières.

— J'agirais avec intelligence, commença Sakura, détournant son regard vers le ciel tout en choisissant ses mots avec soin. Le monde est régi par l'argent et le pouvoir, alors je devrais d'abord acquérir suffisamment de ressources financières et d'influence pour rallier certaines personnes à ma cause.

— Ne deviendriez-vous pas ce que vous détestez en agissant ainsi ?

— On nous a enseigné à accomplir les tâches difficiles, Uchiha-san. Si je dois corrompre quelques individus et verser quelques gouttes de sang pour atteindre mes fins, je le ferai sans hésiter, déclara Sakura avec une détermination sans faille.

Elle n'était plus la même qu'il y a deux ans ; Sakura avait malheureusement compris que le monde était corrompu et dépravé. Pour réussir, elle devait s'engager dans ce jeu tordu afin d'espérer imposer sa vision des choses. Oui, la jeune femme était consciente que pour atteindre le résultat escompté, elle devait parfois se salir les mains et agir de manière que certains jugeraient immorale. Elle prit une grande inspiration avant de poursuivre :

— Une fois cette machination en place, je tirerai profit de la détresse des gens.

— La détresse ? s'étonna Madara en entendant ce terme.

— Le monde est en proie à la guerre, et le cycle de la haine persiste depuis la nuit des temps. Lorsqu'une personne est accablée par la peur, la perte et la souffrance, que peut-elle faire pour éviter de sombrer davantage ? Elle lance un appel à l'aide. Et que se produit-il lorsque quelqu'un lui tend la main ? Elle la saisit... Ces individus à qui vous offrirez assistance auront tous un point commun : ils seront les victimes de la guerre. Ils se regrouperont, mettront de côté leurs querelles passées, car ils formeront un nouveau foyer qu'ils chériront et protégeront.

— En quoi cela contribuera-t-il à instaurer la paix dans le monde entier ? s'interrogea Madara.

— Jusqu'à atteindre une taille suffisante pour inspirer la crainte des cinq grandes nations. Tandis qu'ils s'englueront dans des décennies de conflits fratricides, nous nous renforcerons jusqu'à ce que les cinq grands pays ne soient qu'une ombre face à notre ascension, expliqua Sakura avec une détermination inébranlable. Il semblait qu'elle avait mûrement réfléchi à la manière d'instaurer la paix. Elle aspirait à un monde pour ceux qui le méritaient. Son maître, en tant qu'Hokage, lui avait inculqué que des sacrifices étaient nécessaires pour le bien du plus grand nombre. Les individus égocentriques, obsédés par le pouvoir et la guerre, n'avaient pas leur place dans ce monde de paix. Alors, si leur mort était inévitable, elle les laisserait succomber : Sakura était prête à cela. *Pour le bien du plus grand nombre.*

— Malheureusement, les grandes nations ne vous laisseront pas le loisir de devenir une menace. Vous seriez la cible d'assassinats, des shinobi seraient envoyés pour semer le chaos au sein de votre peuple. Le meilleur moyen de détruire un pays est de le ravager de l'intérieur en premier. Votre vision de la paix n'est pas réalisable, Haruno-san, déclara Madara en percevant des failles dans le plan de la jeune femme.

Sakura tourna son regard vers l'Uchiha, et un sourire énigmatique se dessina sur ses lèvres.

— C'est là que vous entrez en scène, Uchiha-san.

— Que voulez-vous dire ? interrogea-t-il.

— Je sais que votre désir de paix est sincère, Uchiha-san, cela transparaît dans les questions que vous me posez. Cependant, j'estime que la méthode que vous avez choisie pour instaurer la paix n'était pas la plus appropriée... la force ? Oui, mais pas aussi brutale... du moins, pas au moment opportun.

— Que savez-vous de mes méthodes, femme ! s'irrita Madara, agacé par l'accusation de cette femme qui en plus le diminuait.

— Je ne cherche pas à critiquer vos actions, Uchiha-san. Aussi puissant que vous soyez, vous ne pouvez pas affronter seul le monde entier. C'est pour cette raison que vous avez échoué face à Hashirama Senju, expliqua Sakura, détenant une connaissance dérangeante pour son propre bien.

— Vous jouez un jeu dangereux, Haruno, menaça Madara, mettant fin à toute amabilité. Sakura soupira face à l'attitude de l'homme brun, puis se dirigea vers la forêt avoisinante pour chercher des brindilles. Une fois qu'elle en eut suffisamment, elle revint s'installer.

— Cette branche, c'est vous. Aussi puissante qu'elle puisse être, seule, elle se fera détruire, démontra Sakura en brisant la branche en deux d'un geste habile. Mais si vous êtes unis... vous deviendrez invincible.

Sakura rassembla une dizaine de brindilles avec le reste de la branche et les plia légèrement pour illustrer leur résistance avant de poursuivre son explication.

— Je n'ai jamais dit que votre vision de la paix était erronée, seulement que la méthode pour y parvenir peut-être n'était pas la plus judicieuse. Et ne me sortez pas vos airs condescendants du "je suis un homme, je sais mieux que vous", anticipa Sakura en pointant son index vers Madara, connaissant de mieux en mieux son interlocuteur.

— Hn !

Les minutes s'écoulèrent dans le silence, aucun des deux ne daignant rompre le charme de la douce chaleur du soleil et de la brise légère. L'un plongé dans ses études, l'autre méditant sur les possibilités d'atteindre une paix tant désirée. Ce qu'elle avait proposé semblait avoir une certaine crédibilité, malgré les nombreuses lacunes qui devaient être comblées. Bien sûr, elle ne lui avait probablement pas tout révélé quant à ses projets de paix.

Au bout d'un moment, le regard de Madara se tourna de nouveau vers la jeune femme. Concentrée sur son livre, dont il ne pouvait voir le titre, elle prenait de temps à autre des notes sur une feuille de parchemin. Ses cheveux dansaient au gré du vent, et Madara pouvait observer comment elle replaçait délicatement une mèche rebelle derrière son oreille. Il serait sot de nier qu'elle était une femme d'une grande beauté, même s'il n'était pas prêt à le proclamer à voix haute.

— Quel ouvrage lisez-vous ? demanda-t-il finalement.

— Les terminaisons nerveuses de la colonne vertébrale, répondit Sakura tout en griffonnant une phrase sur son parchemin, ses yeux passant du livre à son crayon.

— Les terminaisons nerveuses ? s'intéressa Madara.

Même s'il était un guerrier implacable, il avait un appétit insatiable pour l'apprentissage ; toute connaissance pouvait être cruciale.

— Le corps humain est constitué d'un système circulatoire de chakra lié par des Tenketsu. Le système sanguin, quant à lui, est connecté à notre système de chakra. Il a été découvert que notre corps entier est composé de terminaisons nerveuses, une partie invisible à l'œil nu, discernable uniquement grâce à une loupe très puissante. En somme, ces terminaisons nerveuses relient toutes les sensations du corps à notre cerveau. Elles sont responsables de la perception de la chaleur, du froid, du toucher, du goût... de la douleur, expliqua Sakura en interrompant sa lecture. Elle aimait partager son savoir, enseigner était un rêve pour elle.

— Est-ce là la raison qui m'immobilise ainsi ?

— Tout à fait. Lorsque certaines connexions sont rompues, le cerveau n'a plus la capacité de transmettre l'impératif au corps de se mouvoir. Prenons une analogie militaire : imaginez que vous ayez besoin de déplacer une de vos unités de ninjas d'un point A à un point B. Vous dépêchez un oiseau messager pour transmettre l'ordre, mais malheureusement, il se fait intercepter... votre unité demeurera statique, n'ayant jamais reçu l'instruction, expliqua Sakura avant de recentrer son attention sur son ouvrage.

— C'est l'œuvre de votre mère, cela ?

Madara était profondément impressionné ; jamais il n'aurait envisagé une complexité aussi profonde du corps humain.

— Oui... ma mère était une virtuose en médecine et en compréhension du corps humain, soupira Sakura, son visage s'animant d'une expression nostalgique. Elle se remémorait les conférences partagées, les leçons ardues, les entraînements exigeants, les moments tendres.

— J'aurais aimé la connaître, avoua Madara, suscitant un regard surpris de la part de Sakura.

— Je ne saurais dire si vous auriez toléré sa présence, Uchiha-san. C'était une femme au tempérament encore plus enflammé que le mien, fit remarquer la jeune femme aux cheveux roses, évoquant son ancien maître. Un caractère prononcé qui réagissait instantanément à la moindre contradiction ou contrariété.

— Impossible, personne ne peut rivaliser avec votre caractère, plaisanta Madara, peinant à concevoir qu'une personne puisse être plus fougueuse que Sakura.

— Ne vous moquez pas de moi, Uchiha-san.

Sakura fut prise au dépourvu par l'attitude badine du chef de clan. Il était réputé pour être distant et froid, pas pour son sens de l'humour.

— Je me moque si je veux... caractère de cochon, répliqua Madara d'une manière enfantine, surprenant à nouveau Sakura qui découvrait plusieurs facettes de cet homme en l'espace de quelques secondes. Il était bien différent de celui qu'elle avait affronté lors de la Quatrième Grande Guerre Shinobi.

— Certes, mais au moins je marche...

Si c'était ainsi qu'il voulait jouer, alors elle jouerait, et il serait le perdant.

— C'était bas et mesquin.

— Vous survivrez, libre à vous de me rejoindre à table, Uchiha-san.

Elle s'éloigna, fière de son coup, laissant le brun ténébreux seul, dépourvu de toute possibilité de la rattraper.

— Revenez ici femme ! Cria Madara sans obtenir de réponse. 


Après quinze jours de soins assidus, les organes de Madara progressaient favorablement sur la voie de la guérison. Cependant, même s'il disposait désormais d'une certaine capacité physique, l'idée de s'adonner à des activités sportives demeurait hors de portée, ses membres demeurant encore trop fragiles. Toutefois, la stabilité retrouvée ouvrait la voie à l'intervention de Sakura sur sa colonne vertébrale.

Sakura installa Madara sur un vaste tabouret, elle-même adoptant une position oblique par rapport à lui. Soigneusement, elle disposa l'homme de manière à ce que ses jambes forment un angle de 90° par rapport au sol, son buste tendu au maximum. Il était impératif que le patient puisse participer activement à son traitement, bien que la kunoichi veille à éviter tout effondrement.

— Pourquoi aborder cette étape seulement maintenant ? interrogea Madara, son regard scrutant la jeune femme, qui était pratiquement en contact étroit avec son corps. Son bras gauche maintenait fermement son tronc pour prévenir toute défaillance, tandis que sa main droite effleurait délicatement ses vertèbres. C'était presque... une caresse. On aurait dit qu'elle comptait, exerçant une pression minime sur chaque vertèbre.

— Parce que ce que je m'apprête à entreprendre sera extrêmement douloureux, Uchiha-san, et il est crucial de ménager vos organes, expliqua Sakura, arrêtant sa main à l'endroit précis où l'épée s'était enfoncée. Les liaisons étaient presque toutes rompues. "Hashirama a-t-il utilisé un Jutsu de nature électrique lorsque l'épée vous a transpercé ?"

— Oui.

Un arrière-goût amer empreignit la bouche de Madara, les souvenirs poignants de cet instant traumatique ressurgissant en force. La lame le transperçant de part en part, l'abandon total de maîtrise au moment de la perforation, les mots acerbes proférés par son ancien ami...

— Pas très encourageant, chuchota Sakura pour elle-même en abaissant sa main plus bas pour évaluer l'étendue des dégâts. Elle pesait ses options, se demandant si des points de pression suffiraient ou si une nouvelle intervention s'imposerait.

— Pourquoi un tel constat ? interrogea Madara, ayant capté le murmure même si celui-ci était à peine perceptible.

— Le corps humain, Uchiha-san, c'est comme un réseau électrique. Le cerveau génère sa propre énergie électrique pour fonctionner. Les informations circulent à travers votre corps comme un circuit, et subir une attaque électrique peut avoir des conséquences dévastatrices, expliqua Sakura tout en chargeant son index et son majeur d'une aura verte.

— Hmmm, est-ce que cela change quelque chose ?

— Il me faudra plus de temps pour vous remettre sur pied, admis Sakura tout en positionnant ses doigts vers le bas de la colonne vertébrale, sur la première vertèbre lombaire, connue sous le nom de L1. Puis, elle se prépara mentalement à décocher des mots blessants envers l'Uchiha, espérant ainsi susciter une réaction.

— Et sinon, comment ça fait de perdre de manière aussi pitoyable face à Hashirama ?

À l'écoute de ces paroles, une déferlante de haine et de colère envahit Madara. En un instant, il se laissa submerger par ses émotions, une pulsion meurtrière envers Haruno Sakura s'insinuant irrésistiblement. Comment osait-elle aborder un sujet aussi délicat et le traiter de faible de manière aussi flagrante ?

— Espèce de petite sa... AHHH ! rugit-il, accablé par la sensation d'agonie. Le monde s'était réduit à ce cri déchirant, à cette étreinte implacable qui lui vrillait les entrailles. Madara gronda, ses dents serrées sous l'emprise d'une douleur lancinante qui semblait découler des tréfonds de son être. Un cri rauque s'échappa de ses lèvres, transperçant l'air et résonnant dans le creux de sa poitrine. Une larme solitaire glissa le long de sa joue, témoignant de la cruauté de la souffrance qui le tourmentait.

— Mes excuses, Uchiha-san. Je devais susciter votre irritation pour atténuer la douleur.

Les doigts de la kunoichi, vibrant d'une lueur verte éthérée, s'activèrent avec une précision chirurgicale. Une décharge de chakra, libératrice et brûlante, frappa la vertèbre, relâchant les liens torturés des nerfs. Le toucher de Sakura se fit plus doux, ses doigts parcourant en un massage circulaire la zone naguère enserrée par la douleur.

—Respirez lentement, ça va passer... je sais, la douleur est atroce. 

Madara, pris entre la rage et la détresse, cracha son dédain.

— Je vous hais !

Sakura ne broncha pas, comprenant que la haine était souvent le cri étouffé de la douleur. Elle répondit avec une bienveillance inchangée.

— Je comprends. Signalez-moi quand la douleur s'estompera.

Les deux restèrent dans cette position pendant de longue minute jusqu'à ce que la douleur, telle une marée furieuse, ne se retire lentement, laissant derrière elle un écho évanescent.

— La douleur est partie, soupira Madara avec soulagement.

— Maintenant, prévenez-moi quand l'engourdissement au niveau de vos jambes aura disparu.

Sakura, imperturbable, conserva sa position, ses doigts toujours en contact avec la vertèbre délicate. Elle émit une directive calme et mesurée.

Madara ressentit soudain un puissant fourmillement le long de ses jambes, une sensation qui l'avait abandonné depuis bien trop longtemps. Était-ce possible ? Avait-elle vraiment réussi à restaurer la vitalité dans ses membres endormis ?

— C'est bon, déclara Madara, réalisation tardive que l'engourdissement avait totalement disparu après une minute.

— C'est la raison pour laquelle je n'ai pu réaliser cela plus tôt, Uchiha-san. Votre cœur n'aurait pas résisté, créant ainsi des complications inutiles. Sachez que je n'ai fait qu'effleurer l'un des vingt-quatre points potentiels, déclara Sakura avant de relâcher la pression sur le dos de Madara.

— À boire, exigea Madara, se sentant étrangement affaibli.

Bien qu'il eût reposé pendant quinze jours, il avait l'impression d'avoir participé à un combat acharné pendant des heures. Cette femme avait raison, elle était véritablement mortellement dangereuse. Sakura prit délicatement Madara dans ses bras et le replaça avec précaution sur son lit, puis se dirigea vers la cuisine pour chercher un verre d'eau.

— Tenez, buvez lentement, conseilla Sakura en approchant le verre d'eau des lèvres de Madara. Avez-vous l'appétit, ou préférez-vous que je vous plonge dans un sommeil réparateur après cet effort demandé à votre corps ?

— Je ne suis pas faible ! s'insurgea Madara, luttant tout de même contre la fatigue qui l'assaillait après cette séance de soins.

— Bien, je reviens, Uchiha-san.

Après quinze jours de soins assidus, le repas avait enfin varié. Aujourd'hui, le bol de soupe était légèrement plus copieux, le riz demeurait inchangé, mais une nouveauté s'était invitée : du poisson accompagnait l'ensemble.

— Du poisson ? remarqua Madara, intérieurement ravi de déguster autre chose que le sempiternel riz et la soupe.

— Le poisson constitue une excellente source de nutriments pour votre organisme. De plus, votre estomac semble avoir bien récupéré. Même s'il demeure encore fragile, il ne devrait avoir aucun mal à digérer une viande aussi délicate et fondante, expliqua Sakura avant de souffler délicatement sur la cuillère.

— Combien de temps ?

— Pour votre colonne vertébrale ?

— Oui.

— Probablement un à deux mois tout au plus pour espérer vous voir assis par vos propres moyens. Il sera également nécessaire de suivre des exercices de rééducation pour vous réhabituer. En ce qui concerne vos jambes, envisagez probablement un mois de plus, avec une rééducation intensive, car elles auront subi une atrophie à force de ne pas être sollicitées.

Madara ressentait une dualité de sentiments, mêlant mécontentement et joie. Joie de savoir qu'en trois mois, il pourrait à nouveau se tenir sur ses jambes. Mécontentement de devoir endurer trois mois supplémentaires alité avant de pouvoir reprendre son entraînement physique.

Pendant la minute suivante, Madara dégusta en silence sa soupe, puis prit la première bouchée de riz au goût citronné, probablement ajouté pour accompagner le poisson.

— Est-ce que cela va aussi guérir mon bras ? demanda-t-il.

— Malheureusement, non, répondit Sakura en alternant entre le riz et le poisson pour nourrir Madara. À chaque fois, elle découpait de petites portions de poisson avec ses baguettes avant de les présenter à son patient. La guérison de votre bras s'annonce ardue, mais je m'y emploierai.

— Comment ?

Madara savoura la délicatesse du goût citronné du poisson qui fondait dans sa bouche, appréciant la rare opportunité de déguster de la viande, d'autant plus que Sakura se révélait être une cuisinière exceptionnelle.

— Il aura fallu plus d'un an pour perfectionner cette technique de guérison, mais je suis sur le point d'y parvenir. Une fois achevée, je pourrai restaurer votre système de chakra, réparer vos Tenketsu, votre œil droit, ainsi que votre Sharingan.

L'étonnement de Madara était indescriptible, une rare occurrence où il se retrouvait sans voix. Cette femme se vantait de posséder les compétences nécessaires pour lui rendre la vue et restaurer son Sharingan. Normalement, la restauration d'un œil rendu aveugle, en particulier par la technique Izanagi, était considérée comme impossible.

— Qui êtes-vous, Haruno-san ? demanda-t-il, exprimant sa perplexité.

— Haruno Sakura, la deuxième ninja médecin la plus renommée des terres élémentaires, après ma mère, Tsunade Haruno. Alors que d'autres se spécialisent dans l'assassinat, ma mère et moi nous sommes consacrées à l'art de sauver des vies.

— Ninja Médecin ? répéta Madara, incrédule.

— Oui ! Uchiha-san, permettez-moi de vous poser une question sur votre Sharingan, demanda-t-elle, faisant froncer les sourcils au chef de clan. Nombreux étaient ceux qui convoitaient les secrets du Sharingan.

— Cela dépendra, répondit Madara d'un ton méfiant.

— Ce n'est pas une technique d'attaque qui vous a plongé dans l'obscurité, aucune trace élémentaire n'a émergé de cette énigme. Vous êtes aveugle, non pas simplement, mais votre Dôjutsu a tout simplement disparu, analysa Sakura en déposant l'assiette de poisson vide sur le plateau. Avez-vous employé une technique du Sharingan pour le laisser dans cet état ?

Au début, Madara hésita à répondre. C'était un secret de clan, connu uniquement de lui et de son frère. Le souvenir de ce dernier raviva des douleurs intenses, car pour parvenir à cette tragédie, il avait dû endurer la vision de Tobirama Senju infligeant une blessure mortelle à son frère Izuna. Izuna lui avait ensuite confié ses yeux juste avant de rendre son dernier souffle, obtenant ainsi le Mangekyô Sharingan Éternel et une haine inextinguible envers Tobirama. Madara savait que son Sharingan s'était éteint en activant Izanagi, mais il n'aurait jamais imaginé qu'il aurait complètement disparu.

— Oui, murmura finalement Madara.

Sakura se plongea dans une profonde réflexion. Aucune mention d'une technique rendant aveugle après son utilisation ne lui était familière. Elle connaissait bien l'épuisement visuel causé par l'évolution du Sharingan, mais Madara possédait un Mangekyô Sharingan Éternel, ce qui aurait dû le prémunir de la cécité.

— Hmm... il devait s'agir d'une technique d'une puissance redoutable pour engendrer un tel contrecoup.

— Vous êtes trop perspicace pour votre propre bien, déclara Madara d'une voix faible, épuisé par la fatigue. Il ferma doucement les yeux pour se reposer.

— Je vous en prie, dit Sakura, reconnaissante, avant de poser ses yeux sur le visage endormi de Madara. Elle se leva en silence, glissa délicatement ses doigts sur sa tempe et l'aida à trouver un sommeil réparateur. Dormez bien...

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