Vendetta !
Cela faisait quinze jours que Yui avait posé le pied à Heiwa avec sa famille. Rapidement, elle s'était attelée à la paperasse nécessaire pour intégrer l'armée en tant que volontaire. Une fois son logement obtenu, elle était enfin prête à commencer sa formation.
En entrant dans les quartiers réservés aux nouvelles recrues, elle fut surprise de constater qu'elle n'était pas la seule femme. Bien qu'elles ne soient pas majoritaires, d'autres femmes partageaient son désir de servir cette nouvelle cité qui les accueillait.
Yui se sentait toutefois un peu différente de ses camarades. Elle savait qu'elle n'avait pas le profil typique d'une guerrière. Mais elle ne se laissa pas décourager. Quelques regards furtifs et têtes tournées l'accompagnèrent, mais rien de vraiment perturbant. Personne ne semblait se connaître, et elle n'eut guère le temps de s'interroger davantage qu'un ordre retentit : se ranger et se taire. Plusieurs hommes en tenue de combat se placèrent devant eux.
Le silence se fit immédiatement. Un homme blond, au regard dur et perçant, s'avança. Sa présence imposante inspirait le respect.
Il balaya l'assemblée du regard, sondant chacun d'eux. Certains baissèrent la tête, d'autres soutinrent son regard. Puis, il prit la parole d'une voix forte et claire :
— Je suis Akihiko. Pour la prochaine année, je serai responsable de votre formation et de votre vie. Si vous restez dans cette pièce après mon discours, vous m'appartiendrez. Il n'y aura pas de retour en arrière.
Akihiko laissa un silence pesant envahir la salle, accroissant la tension parmi les recrues.
— Vous êtes ici pour défendre cette cité dirigée par le Daimyô et le Heikage. Vous formerez une unité, des partenaires, des amis, une famille ! Vous apprendrez à vous connaître et à vous entraider. C'est ensemble que vous réussirez ou échouerez. Si l'un d'entre vous a des difficultés, aidez-le ! L'union fait la force, et créer des liens de confiance aveugle est essentiel pour défendre cette cité. Vous remarquerez qu'il y a également des femmes parmi vous... Un geste déplacé, une remarque inappropriée, et ce sera un mois d'emprisonnement pour insubordination ! Sakura-sama nous a prouvé que les femmes sont tout aussi capables que les hommes.
L'aura de détermination et de discipline d'Akihiko enveloppait la salle, et Yui sentait la ferveur monter en elle. Elle était prête à prouver sa valeur, à se battre pour cette cité et à forger des liens indéfectibles avec ses camarades.
Personne n'osait ouvrir la bouche face au charisme imposant de cet homme. Ses paroles étaient à la fois rassurantes et menaçantes, mettant les choses au clair avec une précision glaçante.
— Vous m'appellerez Sensei, et je ne veux pas connaître vos noms.
— Pourquoi, Sensei ? osa demander une voix dans les rangs.
— Parce que si jamais il vous venait à l'idée de trahir cette nation qu'est Ta No Kuni... je serai celui qui vous traquera pour vous tuer ! répondit Akihiko, déployant une fraction de son intention meurtrière. Heiwa est ma maison, mon foyer, ma vie ! Trahissez ce pour quoi Sakura-sama s'est battue, et je vous étriperai comme de la vermine !
L'homme qui accompagnait Akihiko prit alors la parole, tranchant l'air de sa voix autoritaire :
— Je suis Matsuo. Avec Akihiko-san, nous déterminerons dans les prochains jours quelles sessions de formation vous rejoindrez. Si vous démontrez des compétences aux arts Shinobi, vous changerez de section pour un entraînement spécifique. Maintenant, je vous veux tous dehors dans une minute ! ordonna-t-il sans plus de cérémonie
Les jours qui suivirent furent intenses pour tous, Yui comprise. Les recrues enchaînèrent les entraînements : endurance, maniement des armes, tactiques de combat. Chacun était évalué selon ses aptitudes et ses affinités. Peu à peu, ils furent répartis en groupes spécialisés, certains étant sélectionnés pour un entraînement avancé en raison de leur capacité à utiliser le chakra.
Yui fut intégrée au groupe des archers, sa corpulence et les résultats des tests préliminaires la désignant pour ce poste. Elle remarqua rapidement l'absence de traitement de faveur. Certaines femmes furent intégrées aux troupes d'infanterie, démontrant que chacun était évalué avec équité.
Les recrues étaient régulièrement mélangées pour améliorer leurs capacités au corps à corps, les plus agiles aidant les moins habiles. Akihiko n'hésitait jamais à montrer l'exemple, faisant régulièrement des démonstrations de techniques et de parades. Au début, certains apprentis étaient réticents à être formés par lui, mais ils découvrirent rapidement qu'il était un combattant exceptionnel et un instructeur avisé. Leur respect pour lui grandit, respect qu'il rendait avec une considération égale.
Sakura venait aussi observer les recrues. Elle se réjouissait de voir que les femmes étaient traitées différemment qu'à son arrivée à l'ère Sengoku. Bien qu'elle ait eu des inquiétudes, elle constatait avec satisfaction que les mentalités évoluaient.
Après plusieurs tentatives lors de l'entrainement, Yui réussit enfin à saisir ce qu'Akihiko lui expliquait.
— Merci infiniment, Sensei, pour votre patience !
— C'est mon devoir.
— Sensei...
— Oui ?
— J'aurais une question un peu indiscrète à vous poser, commença Yui en baissant légèrement les yeux.
— Allez-y, je vous écoute.
— Qu'a fait Sakura-sama pour vous ?
Akihiko hésita un instant, puis répondit :
— Elle m'a permis de vivre ma vie.
Il réalisa que sa vie n'avait jamais été aussi épanouie depuis qu'il était à Heiwa. Il n'était plus considéré comme un monstre, mais comme une personne à part entière. Il avait le respect de ses pairs, l'admiration de ses hommes, et il s'était même fait des amis.
— J'aimerais tellement avoir sa force de caractère...
— Non, vous ne le voudriez pas, rétorqua Akihiko, surprenant Yui.
— Pourquoi pas ?
— Parce que si vous aviez sa force de caractère, cela signifierait que vous avez traversé toutes les épreuves qu'elle a affrontées. Je vous observe tous, et même si j'ignore les raisons qui vous ont poussée à vouloir défendre Heiwa, vous restez quelqu'un d'innocent... et ce serait dommage de gâcher une telle chose.
Yui resta silencieuse face à cette explication, réalisant que Sakura avait dû voir beaucoup d'horreurs dans sa vie.
— On passe aux exercices de tir à l'arc ! cria Akihiko à l'assemblée des soldats, ramenant Yui de ses pensées.
Lorsque les exercices commencèrent, Yui se révéla indubitablement la meilleure des nouvelles recrues. Elle avait un don pour le tir à l'arc ; sa précision était phénoménale. Sa vue perçante lui permettait d'atteindre toutes les cibles, même les plus éloignées. Son geste était fluide, franc, sans tremblement ni hésitation. Akihiko, souhaitant tester davantage sa compétence, décida de l'évaluer sur une cible en mouvement.
— Bien, vous êtes capable d'atteindre une cible statique, mais qu'en est-il si la cible est en mouvement ? demanda-t-il d'une voix forte, fixant particulièrement Yui du regard.
Il donna alors pour consigne à l'ensemble des archers de le viser sans craindre de le toucher, même mortellement. Bien sûr, la plupart des recrues se demandèrent s'il était vraiment sérieux, mais n'osèrent pas le contredire ouvertement. Yui, quant à elle, vit cela comme une occasion rêvée de prouver sa valeur et d'impressionner son Sensei ainsi que Sakura-sama, qui observait.
Les archers se mirent en position, les yeux rivés sur Akihiko. Les cœurs battaient à l'unisson, mais Yui se concentra, tirant sur la corde de son arc avec détermination. Akihiko se mit à courir, sa silhouette devenant un défi vivant.
L'exercice commença et chaque tir qui fut tiré dans la direction du blond fut esquivé sans la moindre difficulté. Seule Yui n'avait toujours pas exécuté son tir, elle préféra utiliser son sens aigu d'analyse et décida d'abord d'observer les mouvements que faisaient le blond qui esquivait parfaitement les tirs de ses coéquipiers. Était-ce parce qu'ils avaient peur de blesser Akihiko ? Mais ce-dernier finit par se stopper et s'énerver :
— C'est tout ce dont vous êtes capables ? A ce rythme-là, la citée aura déjà été prise d'assaut par les ennemis et cela nous ne pouvons pas l'accepter ! Concentrez-vous bon sang ! Qu'attendez-vous pour m'abattre ?
Tous frémirent devant l'aura violente qu'il dégageait, comme s'il allait vraiment déchaîner sa fureur contre eux. Certains se mirent à trembler devant cette présence meurtrière émanant de l'homme en face d'eux, tandis que d'autres réalisaient avec effroi non seulement sa puissance monstrueuse mais aussi l'évidence de sa raison : ils n'étaient pas là pour faire semblant.
Dans un avenir potentiel, leurs vies en dépendraient, ainsi que la sécurité de tous les habitants de la ville. Cette pensée leur donna une motivation supplémentaire et les archers reprirent leurs tirs avec une assiduité renouvelée. Akihiko n'était pas en difficulté, mais il reconnaissait qu'ils mettaient désormais plus d'ardeur et d'intention à l'atteindre. Yui, quant à elle, n'avait encore décoché aucune flèche, analysant la situation de ses yeux perçants. Soudain, elle perçut une séquence dans les mouvements du blond. Elle saisit alors une de ses flèches et l'enclencha dans son arc. Lentement, d'un mouvement souple, elle prépara son tir et, au moment opportun, laissa l'arme fendre l'air.
Le temps semblait s'arrêter tandis qu'elle suivait sa flèche du regard, la voyant passer avec une précision millimétrée entre deux autres qui manquèrent leur cible. Akihiko esquiva les deux premières flèches, mais le mouvement nécessaire pour ce faire ne lui permettait pas d'éviter la dernière, qui allait percuter son crâne. Il mit sa main en avant, et la flèche s'y planta avant de s'arrêter.
Il grimaça légèrement de douleur suite à l'impact et s'arrêta de bouger, observant la flèche plantée en plein dans sa main. Immédiatement, tous cessèrent de tirer, cherchant du regard l'auteur de ce tir. Yui, stupéfaite d'avoir réussi avec autant de précision, se figea dans son propre mouvement. Mais sa raison reprit le dessus lorsqu'elle réalisa qu'elle avait blessé l'homme. Instinctivement, elle cria d'effroi :
— Pardon ! Pardon...
— Pas d'excuses, vous avez réussi l'exercice, s'exclama le blond en brisant la flèche et en retirant le bois encore dans sa paume. Il devrait se faire soigner rapidement, même si le chakra de Son Gôku pourrait l'aider à guérir. Le démon ne se priva pas de se manifester dans l'esprit du blond pour se moquer de lui. Bouhahah, une frêle femme qui arrive à te toucher... tu te ramollis !
— Oui, mais je vous ai blessé ! Je ne pensais pas y arriver... dit-elle sincèrement désolée alors que leurs regards se croisaient pour la première fois. La jeune femme fut troublée une fraction de seconde. Elle n'avait jamais remarqué à quel point les traits de cet homme étaient plaisants à regarder. Ses joues s'empourprèrent alors qu'un chakra rouge apparut aux yeux de tous autour de la main du Jinchûriki. Sous le regard de tous les présents, la blessure à sa main se régénéra avant de disparaître comme si de rien n'était.
Au même moment, à l'autre bout de la cité de Heiwa, Madara fixait son armure de combat posée sur un présentoir.
Voilà pratiquement un an qu'il n'avait pas enfilé cette armure qui le caractérisait tant. Cet ensemble de protections lui avait épargné maintes cicatrices et sauvé la vie à de nombreuses reprises.
Il déposa délicatement sa main dessus, se remémorant de vieux souvenirs par ce simple contact.
— Bientôt, chuchota Madara pour lui-même.
Bientôt, il pourrait se révéler au grand jour, bientôt le monde saurait qu'il était de retour... mais pas tout de suite. Il lui restait une dernière chose à accomplir, un ultime acte pour libérer son cœur et éponger sa dernière dette, une vendetta finale.
Le brun avait revêtu son fameux kimono marron, celui qui avait fait de lui une légende pendant la Première Grande Guerre Shinobi. Cette tenue, ce serait la dernière fois qu'il la porterait. D'ici quelques jours, elle appartiendrait au passé, et seuls ceux qui le méritaient connaîtraient l'homme derrière cet ensemble.
Madara jeta un dernier regard à son armure ainsi qu'à son Gunbai avant de se diriger vers la sortie de ses appartements. À partir de ce moment, son esprit était concentré sur un seul objectif, ce qui se reflétait sur son visage : fermé et froid. À cette vue, les serviteurs s'écartèrent de son chemin. Madara marcha ainsi jusqu'à la grande muraille entourant la cité d'Heiwa. Il n'avait pas particulièrement besoin de voir le paysage pour se concentrer sur son objectif, mais, d'une certaine façon, pouvoir s'imprégner de la vue et de l'avancée de son projet de paix lui apportait cette assurance nécessaire pour accomplir ce qui lui restait à faire.
— Où vas-tu, Madara ? dit une voix calme et posée tout près de lui.
— Accomplir ce que j'aurais dû faire il y a bien trop longtemps, répondit Madara à Ashina, qui était accoudé à l'une des pierres du mur.
Le vieil Uzumaki resta d'abord silencieux, bien qu'il ait envie de dire le fond de sa pensée à l'Uchiha. Quelque chose le retint, toutefois. Il devait tant à cet homme, et Ashina avait toujours cette pointe de fierté en lui qui l'empêchait de formuler ouvertement sa demande. Mais le cycle de la haine fut plus fort, et Ashina dépassa son orgueil. Il aurait bien voulu assouvir lui-même sa vengeance contre ceux qui l'avaient trahi et lui avaient ôté la personne la plus chère à son cœur.
— Fais-le également pour ma fille, s'il te plaît, dit Ashina avec une dureté dans la voix qui ne laissait aucun doute sur son désir de voir sa volonté accomplie. Puis, il fit demi-tour et retourna à ses occupations.
— Ce sera fait, vieil homme, chuchota Madara alors qu'Ashina était déjà trop loin pour l'entendre.
— Alors, nous sommes d'accord ? Vous retirez vos troupes du pays des Tourbillons ainsi que celles avoisinant Hi No Kuni, et vous vous engagez à payer des réparations de guerre pour l'année à venir, récita Tobirama au Raikage.
Voilà près d'une heure que les deux Kage négociaient une trêve entre leurs nations. Kumo était perdant, et il incombait au Raikage de céder aux demandes du vainqueur. Tobirama n'allait pas laisser passer cette chance.
— Nous sommes d'accord, accepta le Raikage à contrecœur.
Cela ne l'enchantait guère, mais il n'avait pas d'autre choix que d'accepter cette trêve. La guerre ruinait son pays et ils étaient au bord de la famine. Avec une grande amertume, le Raikage signa le traité de paix entre Kaminari No Kuni et Hi No Kuni.
Intérieurement, Tobirama poussa un soupir de satisfaction. La guerre touchait enfin à sa fin, et il allait pouvoir se concentrer sur un problème plus pressant : les responsables de la disparition d'Uzushio.
Alors que le Kage de Kumo signait le bas du parchemin, Tobirama ressentit une variation dans l'air, comme si du chakra était utilisé. Il se concentra discrètement et eut à peine le temps de réagir qu'un ninja apparut derrière le Raikage, arme au poing. L'homme n'eut pas le temps de réagir qu'il fut décapité d'un geste, répandant du sang sur le traité de paix fraîchement signé.
Au même moment, Tobirama se propulsa d'un bond en arrière pour esquiver l'attaque qui lui était destinée. L'arme fut esquivée, mais le chakra qui la recouvrait fendit son armure au niveau de l'épaule.
— C'est quoi ce bordel !? exigea Tobirama, énervé et sur ses gardes.
Devant lui se tenaient deux hommes de taille titanesque. Ils dépassaient aisément les deux mètres de haut et arboraient une chevelure descendant jusqu'au milieu du dos. Les deux individus se ressemblaient, et Tobirama comprit pourquoi l'attaque de l'un d'eux l'avait atteint malgré son esquive. Il avait en face de lui les très célèbres Kinkaku et Ginkaku, les deux seuls ninjas connus pour avoir survécu après avoir été avalés par le Kyûbi. Cela expliquait pourquoi Tobirama avait été affecté par l'arme, celle-ci était recouverte du chakra démoniaque du renard à neuf queues.
— Alerte ! hurla Ginkaku alors que son frère se rapprochait du Nidaime Hokage.
Tobirama ne comprenait pas pourquoi ces deux hommes avaient tenté de le tuer, ni pourquoi ils venaient d'assassiner de sang-froid leur propre Kage. Il était de notoriété publique qu'ils étaient fidèles à Kumo, mais le Senju ne réfléchit pas plus d'une seconde en sentant une quinzaine de signatures de chakra approcher de leur position.
— Suiton : Suiryūdan no Jutsu !
Tobirama n'eut besoin que de deux sceaux avec ses mains. Il utilisa l'air ambiant pour générer de l'eau et former un dragon qui chargea les deux assassins, lui permettant de s'enfuir.
— Poursuivez-le ! Il a assassiné le Raikage ! hurla Ginkaku après avoir encaissé avec son frère l'attaque Suiton.
Les deux frères étaient donc des traîtres et n'hésitaient pas à faire passer leur crime pour celui de Tobirama. Ce dernier savait qu'il ne devait pas traîner plus longtemps ici. Grâce à ses capacités sensorielles hors normes, Tobirama se faufila entre les troupes ennemies sans problème avant de se diriger à toute vitesse vers ses hommes.
— Hokage-sama ? demanda Hiruzen, inquiet en voyant son maître apparaître soudainement à leurs côtés. La réunion aurait dû durer plus longtemps, et il ne serait pas apparu de la sorte sans une raison urgente.
— On dégage ! J'ai subi un piège ! ordonna Tobirama. Tous suivirent leur chef sans poser plus de questions.
Tobirama passa devant pour les guider. Ils devaient fuir au plus vite de cette capitale. Au loin, ils pouvaient entendre des cris et les cloches sonner l'alarme. Ils avaient désormais peu de temps pour prendre de l'avance et éviter de devoir se battre contre les troupes shinobi et armées de Kumo.
— C'était un piège du Raikage ? demanda Danzo en sautant de rocher en rocher pour descendre la montagne où la ville était cachée.
— Non, c'était un piège de ses hommes... le Raikage est mort, expliqua Tobirama, à moitié concentré sur ce qu'il ressentait.
— Mais... pourquoi ? demanda à son tour Koharu.
— J'ignore ce qui anime Kinkaku et Ginkaku, mais ils ont tué leur chef et tenté de faire de même avec moi. Il semble que certains hommes ne soient pas d'accord avec la trêve.
— Que faisons-nous du coup ?
— On accélère ! Ils nous rattrapent, annonça Tobirama, ressentant le chakra démoniaque des deux frères et une escouade d'une quinzaine d'Anbu.
Les heures suivantes furent une course pour la survie. Les ninjas de la Feuille savaient qu'ils seraient finis si l'armée de Kumo rejoignait la troupe qui les pourchassait. Ils ne s'étaient donc pas arrêtés pour affronter leurs poursuivants.
Après trois heures de course acharnée, souvent séparés par des jutsus ennemis, Tobirama ordonna de s'arrêter. Tous reprirent leur souffle en prenant des positions semi-défensives.
— On a réussi à les semer ? demanda Kagami Uchiha, accroupi près de son chef.
Tobirama avait deux doigts posés sur le sol et les yeux fermés, très concentré.
— Ils sont une vingtaine aux alentours, probablement dotés de capacités sensorielles pour nous suivre ainsi, décrivit Tobirama.
— Même avec vous à nos côtés, maître, nous ne sommes que sept, dit Homura de manière défaitiste.
— Ne sois pas si lâche, Homura, ressaisis-toi. Ils ne nous ont pas encore localisés ! Le mieux serait de leur tendre une embuscade et de percer leur ligne pour fuir, s'exclama Koharu.
— Tu n'es pas sérieuse, Koharu. Même si c'est un bon plan, cela implique que l'un d'entre nous se sacrifie pour faire diversion, fit remarquer Kagami, surpris par l'extrémisme de sa consœur.
— Comme un appât ? Quelqu'un qui ne survivrait pas ? demanda l'Akimichi du groupe, s'assurant d'avoir bien compris le plan proposé.
Kagami affirma de la tête. Un lourd silence s'installa alors que Tobirama ne disait rien non plus. Son silence impliquait qu'il adhérait au plan et que l'un d'entre eux allait devoir se sacrifier. Mais qui ? Tous étaient d'excellents ninjas ayant prouvé leur valeur durant cette guerre mondiale. Un seul se dévoua pour ce rôle.
— C'est bon, je m'en occupe ! dit Sarutobi Hiruzen à la surprise de tous.
— Réfléchis bien, Hiruzen. Tu sais ce que cela implique ? demanda Kagami, pour être sûr.
— Ne t'en fais pas pour moi, Kagami. Je sais ce que je fais et, contrairement à vous, j'aurai une chance de m'en sortir, rassura Sarutobi avec humour. Danzo... prends soin des autres pour moi, mon ami.
— Arrête de jouer les héros ! J'avais l'intention de me sacrifier et de mourir en ninja comme mon grand-père et mon père, alors garde tes discours, s'énerva Danzo, en colère contre lui-même. Il n'avait pas trouvé la force de se désigner en premier, car il avait peur de mourir.
— J'apprécie votre sens du devoir, messieurs, mais c'est moi qui vais me sacrifier. Vous êtes les héritiers de la volonté du feu. Votre rôle est de protéger le village quoi qu'il arrive, intervint Tobirama, surveillant les déplacements de leurs ennemis.
— Mais maître ! Vous n'y pensez pas ? Vous êtes Hokage, vous ne pouvez pas vous sacrifier, le village a besoin de vous, dit Danzo.
— Danzo, depuis quelque temps, tu ne cesses de rivaliser avec Sarutobi, alors que plus que jamais nous avons besoin de cohésion. Si je te laissais y aller dans l'état où tu es, tu ne ferais que mettre en danger tes compagnons... Danzo... Sarutobi, ce que je vais dire vaut pour vous deux, et tâchez de bien le retenir. Vous êtes jeunes, donc ne soyez pas impatients de mourir. Protégez les vôtres ainsi que le village, annonça Tobirama avant de se lever pour surplomber tous ses élèves.
— Maître ?
— Sarutobi, prends garde à ces deux protagonistes qui ont sauvé tes élèves, et sache qu'à partir de demain, tu seras le Sandaime Hokage.
L'annonce eut l'effet d'une bombe au sein du groupe. Tobirama tourna le dos à ses hommes, commençant à canaliser du chakra.
— Prends soin de Konoha, Sarutobi, dit une dernière fois Tobirama avant de disparaître de la vue de tous.
— On dégage ! ordonna Hiruzen, tandis que le Nidaime Hokage faisait diversion.
— Katsu ! cria Tobirama, faisant exploser une grande partie des arbres autour de lui. Il devait attirer tous les ennemis à lui afin de donner à ses hommes une chance de s'enfuir. Il allait potentiellement connaître une mort digne en défendant ce pour quoi il s'était toujours battu.
— Ah, le petit vermisseau a fini par sortir de son trou, se moqua Ginkaku, apparaissant rapidement, suivi par la totalité de son escouade.
— Pourquoi ?
— Pourquoi quoi ?
— Pourquoi l'avoir tué ? précisa Tobirama.
— Ah ça, disons qu'Ônoki a eu de bons arguments, et personnellement, cette guerre m'amuse ! s'esclaffa Ginkaku avant de rire aux éclats.
Par cet échange, le Nidaime comprit qu'ils étaient bien des sadiques fous à lier.
— Oh, cette petite merde hein ? Je ferai en sorte de m'occuper de cet avorton quand j'en aurai terminé avec vous, assura Tobirama.
Un ninja ne discutait pas normalement, un ninja agissait et parlait le moins possible. Mais aujourd'hui, Tobirama essayait de gagner le maximum de temps. Cette remarque eut le don de faire rire encore plus aux éclats les deux frères jumeaux.
— Tu sembles oublier qui nous sommes !
— Suiton : Yari No Kakutoku ! déclara Tobirama en formant un seul sceau avec ses mains.
Tobirama préparait sa prochaine attaque, celle qui lui permettrait d'emporter dans la tombe ces deux monstres. S'ils étaient chacun seuls, il les aurait maîtrisés sans problème. Mais à deux contre un, c'était presque l'équivalent de combattre un Bijû.
Il avait réussi à éliminer l'entièreté de la troupe d'Anbu qui accompagnait les deux frères jumeaux, mais leur capacité régénératrice, fournie par le chakra du démon renard, les rendait très coriaces. Cela faisait pratiquement deux heures qu'ils se battaient et Tobirama commençait à faiblir, alors que la journée venait à peine de finir.
Il savait que ses hommes étaient loin et en sécurité. Il pouvait donc emporter ces deux êtres avec lui dans la tombe. Il canalisa son chakra dans son corps, prêt à le transformer en un millier d'étiquettes explosives. Il aurait pu utiliser sa plus dangereuse technique et ainsi survivre, mais il ne voulait pas déranger son frère... il ne voulait pas utiliser l'Edo Tensei.
Soudain, alors qu'il s'apprêtait à relâcher sa technique, un chakra approcha à une vitesse vertigineuse de leur position. Tobirama retint sa technique quelques secondes de plus avant de voir un ninja en kimono marron s'interposer entre lui et ses adversaires. D'un simple coup de pied, le nouvel arrivant envoya valser Ginkaku au loin avant de se tourner vers Kinkaku.
— T'es qui, toi !? exigea Kinkaku, furieux.
En voyant la tenue de l'individu devant lui, Tobirama comprit qu'il s'agissait d'un des deux protagonistes dont tout le monde parlait. Celui qui avait sauvé de nombreux civils et causé de nombreux morts... celui qui avait rasé Uzushio. Qu'espérait cet homme en le sauvant, lui ?
Tobirama se concentra plus en détail sur l'homme et quelque chose attira son regard. Il avait une sensation étrange, comme si une information cruciale lui échappait. Puis, la réponse lui vint rapidement : Genjutsu. Le Nidaime canalisa rapidement une fine quantité de chakra et l'expulsa dans son cerveau pour briser l'illusion.
Et soudain, tout devint clair : Uchiha Madara.
— Non..., chuchota Tobirama en reconnaissant la signature de chakra du chef du clan Uchiha. En brisant ce Genjutsu à peine perceptible, il reconnut immédiatement la chevelure de Madara.
— Écartez-vous de mon chemin ! ordonna Madara d'une voix froide. Les deux ninjas de Kumo, déterminés à neutraliser ce nouvel ennemi, se rassemblèrent pour attaquer en même temps. Madara activa immédiatement son Sharingan, suivi de son Mangekyou Sharingan.
— Tu rêves ! hurla l'un des frères.
— Il est à moi ! cria Madara, libérant toute son intention de tuer. Tsukuyomi !
Par cette technique d'illusion ultime, Madara transforma les deux ninjas de Kumo en simples marionnettes, incapables de distinguer l'illusion de la réalité. Puis, il se tourna vers Tobirama avec un sourire sadique.
— Enfin... tu n'as pas idée à quel point j'ai attendu cet instant, à quel point j'ai rêvé de ce moment, dit Madara en fixant le Senju avec un plaisir non dissimulé.
En voyant cet homme devant lui, toujours en vie alors qu'il aurait dû être dans le royaume des morts depuis des mois, Tobirama sut qu'il n'avait pas le choix. Il devait finir ce que son frère n'avait visiblement pas réussi à faire. Il n'était plus question de mourir avec honneur pour protéger les siens ; il fallait empêcher cet individu de continuer à persécuter le monde.
Tobirama annula la canalisation de son Jutsu suicidaire pour faire la seule technique capable de vaincre Madara dans son état. Le Senju entama une série de sceaux qui firent écarquiller les yeux de l'Uchiha. Madara reconnut immédiatement la technique et se propulsa de toutes ses forces sur l'Hokage.
— Edo Tensei... urg ! commença à prononcer le Kage avant d'être interrompu par l'Uchiha qui le frappa en plein visage avec son pied droit, le propulsant à plusieurs mètres en arrière.
Madara se tenait déjà au-dessus de lui, plus sérieux.
— Oh non, Tobirama, laisse donc ton frère dans la tombe... aujourd'hui, c'est juste entre toi et moi, annonça l'Uchiha en plantant vivement un kunaï dans la paume de la main droite du Senju, l'immobilisant au sol.
— Argh ! émit Tobirama, la douleur transperçant son corps. Il avait beau être un ninja aguerri, la souffrance était malgré tout réelle et impossible à ignorer.
— Quel son délicieux à mes oreilles, susurra Madara, maintenant son adversaire au sol.
— Fukumikuchi Hari ! prononça Tobirama rapidement, surpassant la douleur. Trois aiguilles jaillirent de sa bouche à une vitesse fulgurante, mais Madara, grâce à son Sharingan, les esquiva de justesse.
L'Uchiha plaqua immédiatement sa main à la gorge du Senju, le forçant à garder la bouche fermée et l'empêchant de lancer une autre technique.
— Je paie toujours mes dettes, chuchota Madara, se penchant doucement vers son ennemi juré, le Sharingan brillant dans ses yeux. En voyant cette pupille, Tobirama ferma immédiatement les yeux. Oh non, regarde-moi dans les yeux. Laisse-moi le plaisir de te transpercer dans mon monde. Laisse-moi te voir gémir de douleur, entendre la douce mélodie de tes cris d'agonie... Fais-moi ce plaisir, Tobirama. Permets-moi de savourer ta souffrance !
Madara savourait chaque mot, chaque instant de cette confrontation tant attendue. Il se délectait de la terreur palpable de son adversaire, de sa lutte désespérée.
— Va te faire foutre ! grommela Tobirama, se débattant malgré la poigne implacable de Madara.
Madara se délectait de voir son adversaire tenter désespérément de se libérer. Il sortit un autre kunaï et le planta dans la seconde main de Tobirama, arrachant un nouveau gémissement de douleur.
— Si tu insistes, moi j'ai tout mon temps... Il faut savoir apprécier la mise à mort du dernier Senju encore vivant, nargua Madara.
— Pourriture, par ta faute, Hi no Kuni est affaibli comme jamais ! Hashirama était un idiot de croire qu'il y avait du bon en vous ! vociféra Tobirama, sa gorge libérée. Il n'en profita pas pour lancer d'autres attaques meurtrières, préférant déverser toute la haine qu'il avait toujours eue pour le clan Uchiha. Je l'ai toujours pensé, vous autres, les Uchiha, vous ne méritez qu'une chose : qu'on vous crève à la naissance. Ma seule satisfaction sera d'avoir tué ton frère !
— Ta gueule ! hurla Madara, frappant de toutes ses forces le visage du Senju. Sa haine s'enflamma suite aux paroles de Tobirama.
— AH ! On dirait que j'ai touché la corde sensible, petit Uchiha... Alors, qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? J'ai tué la seule personne qui t'était chère, tu... ur... urgh...
Tobirama ne put continuer. Ses pensées se troublèrent, se désordonnant. Madara avait posé sa main contre son crâne et, par ce geste, il semblait aspirer toute son essence vitale. Tobirama sentait son âme prête à quitter son corps.
— Ouvre les yeux ! ordonna Madara.
Il contrôlait l'âme de Tobirama grâce à l'un des pouvoirs du Rinnegan et l'obligea à ouvrir les yeux pour voir le Mangekyou Sharingan tourbillonnant.
— Tsukuyomi !
Durant les trois secondes qui suivirent, le Nidaime Hokage subit l'équivalent de trois jours de calvaire dans le monde tortueux de Madara. Personne ne pouvait survivre au traitement infligé par l'Uchiha. Une fois le temps écoulé et la promesse faite à Izuna accomplie, Madara retira sa main du crâne du Senju, arrachant son âme de son corps.
Tobirama Senju était mort.
[Voici une image de Yui]
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