Traître !
— Est-ce que vous m'entendez ?
Cette première phrase émergea comme un fil ténu dans l'esprit anesthésié d'Hashuba Shôta, luttant pour sortir de l'état dans lequel il était plongé depuis des heures. Pour lui, la voix semblait si lointaine, comme filtrée par l'épaisseur de l'eau, rendant les sons distants et indistincts.
À mesure que sa conscience revenait à lui, le Daimyô prit peu à peu conscience de son propre état. Tout autour de lui était sombre et brumeux, comme si un voile épais obscurcissait sa vision. Une soif intense lui brûlait la gorge, éveillant en lui un désir irrésistible de boire.
Il se sentait pris au piège dans un rêve profond dont il ne parvenait pas à s'extraire. Chaque tentative de mouvement était vaine, son corps semblait cloué au sol par une force invisible.
— Vous m'entendez ?
Encore cette voix.
Hashuba se demandait à qui elle pouvait bien appartenir. Elle lui paraissait familière, mais il était incapable de mettre un nom dessus, même si elle semblait un peu moins lointaine que la première fois.
Incapable de se réveiller, Hashuba dirigea son attention vers son corps. Mais cette simple action l'épuisa, comme s'il venait de courir un marathon. Comment pouvait-il être si difficile de sortir d'un simple sommeil ? Le Daimyô ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
— Daimyô-dono ?
Cette fois-ci, il sut que la voix s'adressait à lui. Un instant, il se demanda s'il ne rêvait pas, ayant déjà vécu une sensation similaire, mais jamais avec autant de difficulté à en émerger.
Puis une pensée l'effleura : était-il mort ? Pourtant, le peu de logique que son esprit embrumé pouvait encore assembler lui indiquait que cela n'avait aucun sens.
Il essaya de répondre à cette voix, mais là aussi, l'effort de parler lui sembla titanesque. Il mobilisa toute sa volonté pour tenter de coordonner ses pensées avec les muscles de sa bouche et ses cordes vocales.
— O-Oui ? souffla Hashuba, à peine audible.
— Si c'est trop difficile de parler, serrez ma main, proposa la voix, de plus en plus claire.
Ce n'est qu'à cet instant qu'Hashuba réalisa que quelqu'un tenait sa main droite, exerçant une légère pression. Cette main était douce, délicate, certainement celle d'une femme. Mais là encore, l'effort pour répondre par une simple pression des doigts lui parut presque insurmontable, comme si son esprit et son corps étaient déconnectés. Pourtant, il réussit, d'une manière ou d'une autre, à signaler qu'il l'entendait.
— Très bien, essayez d'ouvrir doucement les yeux, demanda ensuite la voix, mélodieuse à ses oreilles mais toujours indéfinissable.
Pourquoi n'avait-il pas pensé à cela en premier ? Encouragé par cette suggestion, Hashuba se concentra sur ses paupières encore fermées. Il sentait qu'il sortait progressivement de cet état de confusion, mais l'effort pour ouvrir ses yeux lui sembla interminable. Lorsqu'il y parvint enfin, la lumière ambiante l'éblouit, presque douloureusement, et il dut les refermer aussitôt.
— Prenez votre temps, murmura la voix, qu'il identifia désormais comme celle d'une femme.
Il ne pouvait plus en douter : c'était bien une femme qui l'aidait à sortir de cet état de torpeur. Oui, Hashuba Shôta en était désormais certain, surtout que la main qui tenait la sienne était indubitablement féminine.
Avec plus de précaution, il tenta à nouveau d'ouvrir les paupières, laissant à ses yeux le temps de s'adapter à la lumière. Lentement, son esprit analysa ce qu'il voyait. La première chose qu'il distingua fut une nuance de rose.
Rose ? En une fraction de seconde, l'esprit d'Hashuba connecta toutes les informations accumulées depuis le début.
— Sa-Sakura ? demanda le Daimyô, incertain.
— Oui, vous revenez de loin, Daimyô-dono, répondit Sakura, un sourire discret teinté de soulagement flottant sur ses lèvres.
— Où... suis-je ? demanda l'homme en scrutant les lieux.
— À l'hôpital.
— Que m'est-il arrivé ?
— Vous avez été victime d'une tentative d'assassinat, répondit Sakura, sa voix se durcissant légèrement.
Assassinat ?
Soudain, les souvenirs lui revinrent en rafale. Il revit cet homme, celui qui s'était infiltré dans le palais, massacrant ses hommes en un instant. Le combat intense, ainsi que la stratégie qu'il avait mise en œuvre pour éliminer son adversaire. Comme tant d'autres avant lui, l'assaillant avait sous-estimé ses capacités, surpris par ses esquives agiles et ses ripostes précises. Hashuba avait profité de cet avantage pour tenter un coup fatal, mais le souvenir de la douleur aiguë qui l'avait transpercé le ramena à la réalité : il avait échoué. Après cela, le noir complet... jusqu'à ce que la conversation qu'il avait eue avec son ennemi lui revienne également.
— Konoha ! s'écria-t-il en écarquillant les yeux.
— Oui... c'est Konoha no Sato qui a commandité votre assassinat. Nous avons capturé celui qui vous a attaqué, confirma Sakura, se remémorant leur retour à Heiwa.
À peine étaient-ils arrivés dans la vallée sur le dos du Nibi que des Uzumaki s'étaient précipités vers eux pour leur raconter ce qui s'était passé. Sans perdre un instant, Sakura s'était rendue auprès du Daimyô pour évaluer son état et le prendre en charge. Cela avait été une opération délicate, mais Hashuba Shôta était en vie.
— Comment... suis-je encore en vie ? demanda le Daimyô alors que Sakura procédait à un diagnostic de santé.
— Mon sceau.
— Pardon ?
— Vous vous souvenez, il y a plus d'un an ? Je vous ai apposé un sceau de Fûinjutsu. Même si j'espérais qu'il ne s'activerait jamais, il a sauvé votre vie, expliqua Sakura en levant légèrement le bras du Daimyô pour lui montrer.
À l'endroit où elle l'avait marqué, le sceau était désormais visible, encré dans sa peau comme une cicatrice ou un tatouage. Lorsqu'il s'était activé, une décharge de chakra s'était brutalement propagée dans le corps d'Hashuba, le sauvant de justesse. Cette marque, désormais permanente, lui rappellerait à jamais ce jour où il avait échappé à la mort.
— Je vous remercie, murmura l'homme, pleinement conscient que sa survie n'était due qu'à l'intervention de la jeune femme.
— C'est normal, Daimyô-dono. Nous prenons tous des risques en faisant ce que nous faisons. Il était donc naturel que je vous appose ce sceau, c'était une question de vie ou de mort.
— Oui... mais vous ne serez pas toujours là. Et peut-être que la prochaine fois..., dit l'homme, songeur. Si cela était arrivé une fois, rien ne garantissait que cela ne se reproduirait pas.
— Il n'y aura pas de prochaine fois, car nous allons renforcer notre système de défense pour éviter que cela ne se reproduise, assura Sakura avec détermination.
— Combien de temps vais-je rester alité ?
— Hmm... c'est là que les nouvelles sont moins bonnes, Daimyô-dono.
— Comment ça ? s'inquiéta l'homme.
— Le sceau vous a sauvé la vie en stabilisant votre état jusqu'à l'arrivée des équipes médicales. Mais la blessure que vous a infligée l'assassin vous a fait perdre énormément de sang avant que l'hémorragie ne soit maîtrisée. Malheureusement, cette perte massive de sang a provoqué des lésions cérébrales que même mes compétences ne peuvent pas réparer. Cela vous laissera quelques séquelles, expliqua Sakura.
— Soyez directe, Sakura-san. Je ne suis plus un enfant qu'il faut ménager, rétorqua l'homme d'une voix ferme.
Sakura le regarda avec compassion, mais sans pitié exagérée. Il avait raison, un homme de sa stature méritait la vérité.
— Vous ne pourrez plus jamais marcher, annonça-t-elle simplement.
Et en entendant cette phrase, Hashuba Shôta sentit tout le poids de sa vie et de son âge lui reposer lourdement sur ses épaules. C'était donc le prix à payer pour avoir choisi de croire en ce rêve de paix. Il ferma alors les yeux tout en soupirant longuement.
Hiruzen Sarutobi se trouvait dans son bureau, contemplant les portraits de ses prédécesseurs accrochés au mur. Cela faisait à peine un an qu'il avait été nommé Sandaime Hokage, mais déjà, il ressentait le poids écrasant de sa charge. Il n'avait pas imaginé à quel point la responsabilité de tant de vies, ainsi que la nécessité de décider qui devait vivre ou mourir, seraient si lourdes à porter.
— Comment avez-vous fait ? murmura Sarutobi à haute voix, s'adressant aux portraits. Bien sûr, il n'attendait pas de réponse, mais poser cette question lui permettait de mesurer pleinement la difficulté d'une telle position, pourtant convoitée par tant de shinobi.
— Hokage-sama ? appela un homme en entrant discrètement dans la pièce.
— Oui ?
— Un message vient d'arriver.
— Posez-le sur mon bureau, répondit Hiruzen, son regard toujours fixé sur les portraits de ses prédécesseurs. Le pays était au bord de l'effondrement, la famine menaçait, et s'il n'agissait pas rapidement, le prix à payer serait terrible.
Il avait tenté de négocier des accords avec les nations voisines, mais toutes étaient aussi affamées qu'Hi no Kuni. Dans ce contexte de crise, Sarutobi avait été contraint d'imposer un rationnement de la nourriture, une mesure impopulaire, surtout dans les petits villages du Pays du Feu.
Après que son secrétaire eut refermé la porte, Sarutobi poussa un profond soupir, espérant de tout cœur que ce message apporterait de bonnes nouvelles.
Il retourna à son bureau et saisit le parchemin enroulé : l'écriture était celle de Nao Hyûga.
Considérez votre demande comme accomplie. Si vous ne recevez pas un second message de ma part avant ce soir, c'est que je serai mort.
Oiseau en cage.
P.S. : Tsunade Senju est à Heiwa !
Le début du message soulagea le Sandaime Hokage. Décider d'éliminer un Daimyô pouvait sembler extrême, mais il était anormal qu'un pays prospère alors que les autres luttaient pour leur survie. La neutralité de ce pays ne suffisait pas à expliquer une telle prospérité, aux yeux de Sarutobi. C'est pourquoi il avait pris la décision radicale d'éliminer ce Seigneur, dans le but de déstabiliser son pays et de récupérer leurs richesses.
Mais la fin du message fit immédiatement froncer les sourcils d'Hiruzen. Que faisait Tsunade à Heiwa ? Et depuis combien de temps y était-elle ?
À cette pensée, il se rendit compte qu'il n'avait pas eu assez de temps pour s'occuper de ses élèves, qu'il n'avait pas fini de former. La fonction d'Hokage accaparait tout son temps, et cela faisait bien longtemps qu'il n'avait reçu de nouvelles de l'un d'eux.
Il savait qu'Orochimaru s'était isolé pour faire le deuil de ses parents après la dernière guerre. Tsunade Senju s'était également repliée sur elle-même après la disparition tragique de son clan. Jiraiya lui avait mentionné qu'elle continuait de s'entraîner, et qu'il l'accompagnait dans cette démarche, mais cela remontait à plusieurs mois. Que s'était-il passé pour que la dernière des Senju se retrouve à Heiwa ? La seule mission en cours dans cette région était celle qu'il avait confiée à Nao Hyûga.
Se pourrait-il que...
— OURS ! cria soudain Sarutobi, sa voix trahissant la panique.
Des questions tourbillonnaient dans son esprit. Tsunade avait-elle été enlevée ? Était-elle prisonnière ? Si ce n'était pas le cas, comment avait-elle pu se rendre à Heiwa sans qu'il en soit informé ? Et surtout, était-elle en sécurité ?
La perte d'un autre héritier de clan serait catastrophique pour l'équilibre fragile de Konoha. Si cela venait à se savoir, Hiruzen craignait une révolte au sein même du village, un scénario qu'il ne pouvait se permettre.
Il devait obtenir des réponses, et vite... très vite !
À peine avait-il crié le nom de code d'un de ses Anbu que celui-ci apparut, un genou à terre devant son chef.
— Commandez et j'obeirai, Hokage-sama !
— Trouve Tsunade au domaine Senju immédiatement ! Si elle n'y est pas, découvre depuis combien de temps elle n'y a pas vécu. Localise également Jiraiya et Orochimaru ! ordonna Hiruzen d'une voix ferme, démontrant l'urgence de la situation.
— A vos ordres ! répondit l'Anbu avant de disparaître.
— Faites qu'elle aille bien, murmura Sarutobi pour lui-même en regardant à travers la fenêtre.
L'après-midi touchait à sa fin, et le Sandaime Hokage restait debout, les yeux rivés sur la vie nocturne de Konoha qui commençait à s'animer. Il n'avait toujours reçu aucune nouvelle de l'Anbu qu'il avait envoyé pour retrouver ses élèves, ni de message de Nao. Le crépuscule, avec ses ombres grandissantes, semblait exacerber ses inquiétudes. Pourquoi n'avait-il encore rien entendu ?
Alors que les lumières de la ville s'allumaient une à une, un bruit discret l'arracha à ses pensées.
— Hokage-sama, dit une voix étouffée par le masque de l'Anbu.
Hiruzen se retourna vivement, retenant une exclamation en ne voyant que deux personnes devant lui : Ours, l'Anbu, et Orochimaru, son élève, qui semblait surpris d'avoir été convoqué à une heure si tardive.
— Où sont les autres ?
— Introuvables, Hokage-sama.
— Que se passe-t-il, sensei ? interrogea Orochimaru, totalement perdu.
— Orochimaru, quand as-tu vu Tsunade et Jiraiya pour la dernière fois ? demanda Hiruzen, ignorant la question de son élève.
— Cela fait plusieurs mois. Je me suis isolé récemment, répondit Orochimaru.
— Ont-ils dit ou fait quelque chose qui t'aurait semblé étrange ?
— Étrange comment ?
— Ont-ils mentionné l'idée de partir ?
— Non.
Les réponses de son élève ne faisaient qu'ajouter à son inquiétude. Hiruzen se rendait compte qu'il avait négligé ses élèves bien trop longtemps. Où était passé leur esprit d'équipe ? Pourquoi n'avaient-ils pas cherché à rester en contact, malgré leurs besoins individuels de solitude ?
— Et chez Tsunade ? Qu'as-tu trouvé ? demanda Hiruzen, se tournant vers son Anbu.
— Aucune trace de vie depuis longtemps. Le domaine est silencieux, comme on pouvait s'y attendre, et sa maison est vide. Jiraiya n'était pas là, et personne ne l'a vu depuis un moment. Ils ont tout simplement disparu de Konoha, Hokage-sama, déclara l'Anbu d'une voix grave, avant d'ajouter : Cependant, j'ai trouvé ceci chez elle.
Il tendit un livre à couverture verte à son chef, qui le prit immédiatement.
— Un livre ?
— Oui, il était posé sur une table basse avec d'autres papiers. J'ai pensé que cela pourrait avoir une signification pour vous.
— "Comment devenir un Ninja Medic Tome 1" par Sakura Haruno, lut Sarutobi à voix haute. Qui est-ce ?
— Aucune idée.
— Moi, je sais, intervint Orochimaru.
— Qui est-ce ? Dis-le-moi tout de suite ! ordonna Hiruzen.
— C'est le livre de la femme aux cheveux roses. Celle qui accompagnait l'homme que tout le monde recherchait pendant la guerre, ceux dont personne ne connaissait l'identité ni les motivations.
— Quand te l'a-t-elle donné ? demanda Hiruzen, surpris que son élève ait gardé cette information pour lui.
— Pendant la guerre, quand nous avons été pris en embuscade en route pour le front contre Tsuchi No Kuni. Nous avions été séparés, sensei, et...
— Et quoi ? demanda l'Hokage, se souvenant parfaitement de ce jour où il s'était tant inquiété pour ses élèves, miraculeusement indemnes.
— Nous ne serions plus en vie s'ils n'étaient pas venus nous sauver. Jiraiya avait été gravement blessé, et Tsunade tentait de le soigner, mais la femme est intervenue et a guéri cet idiot de Jiraiya...
— Pourquoi ne m'avoir rien dit sur cette intervention médicale et sur ce livre ? interrogea Sarutobi, cherchant à comprendre pourquoi aucun des trois ne lui avait révélé la vérité à l'époque.
— Parce que Tsunade nous a fait promettre de garder le secret...
— Quel secret ? demanda le sensei, soudain soupçonneux des intentions de ces inconnus qui avaient croisé ses élèves durant la guerre.
— La femme a donné ce livre à Tsunade en lui disant que, lorsqu'elle serait prête, elle pourrait venir la rejoindre, expliqua Orochimaru, voyant son sensei de plus en plus troublé.
— La rejoindre où ? exigea Hiruzen.
— Je l'ignore, sensei, avoua sincèrement Orochimaru.
Hiruzen comprit que son élève ne lui cachait plus rien. Il poussa un nouveau soupir avant d'ouvrir le livre à une page au hasard. Il lut rapidement le contenu, qui était très détaillé et troublant. Jamais il n'avait eu entre les mains un livre semblable. Bien qu'il soit considéré comme un érudit, certains termes lui étaient totalement inconnus. En feuilletant le manuscrit, il comprit qu'il s'agissait d'enseignements pour devenir un soignant, mais d'une manière qu'il n'aurait jamais imaginée.
Il atteignit finalement la dernière page du livre, et ce qu'il y lut provoqua en lui une colère instantanée. L'explication de la disparition de Tsunade, la dernière des Senju, se trouvait là, sous ses yeux.
"Retrouve-moi à Heiwa."
Tout s'éclaircit alors pour le Sandaime Hokage. Il comprit pourquoi son défunt maître, Tobirama Senju, l'avait mis en garde contre ces deux individus de l'ancienne guerre. Non seulement ils détruisaient des villages, mais l'un d'eux n'avait aucun scrupule à détourner des Shinobi de leur village, les transformant en déserteurs et en traîtres à leur pays. Cela ne pouvait plus durer ; il était grand temps de mettre fin à cette menace une bonne fois pour toutes.
— Sensei ?
— Oui, Orochimaru ?
— La nuit est déjà tombée, et j'aimerais aller me recueillir sur la tombe de mes parents. Puis-je partir ?
Mais au lieu de répondre, Hiruzen réalisa autre chose : Nao Hyûga n'avait toujours pas donné signe de vie. La nuit était bien avancée, ce qui ne pouvait signifier qu'une chose : il avait échoué dans sa mission.
Cette constatation acheva le calme de l'Hokage, qui prit la résolution d'éradiquer ce pays lui-même.
— Ours ! cria-t-il alors que l'Anbu était encore présent dans la pièce.
— Oui ?
— Préparez un contingent de l'armée ! Nous partons en guerre contre Ta No Kuni !
Cela faisait plusieurs jours que Nao Hyûga était confiné dans une cellule sous haute surveillance. Deux gardes au minimum veillaient constamment sur lui, toujours à une distance suffisante pour donner l'alerte au moindre signe de fuite. Nao savait bien que toute tentative d'évasion serait futile, et il était étonné d'être encore en vie.
Son Byakugan n'avait pas été scellé, mais tous ses effets personnels lui avaient été confisqués. Attendant avec une certaine appréhension que son sort soit décidé, Nao s'interrogeait sur la situation. Ses ennemis étaient-ils en train de négocier sa libération avec Konoha ? Il s'inquiétait également de l'état d'esprit du Sandaime Hokage, sachant qu'il n'avait pas pu envoyer le message prévu.
Ce matin-là, on ouvrit finalement sa cellule pour l'emmener dans une autre pièce. La salle était austère, meublée uniquement d'une table et de deux chaises, dont l'une était déjà occupée par quelqu'un qui lui tournait le dos.
On l'installa sur l'autre chaise, ses liens enfin retirés, lui offrant une liberté de mouvement limitée. Il commença à réfléchir à une éventuelle échappatoire, mais une voix glaciale interrompit ses pensées.
— Ne rêve pas, tu ne sortiras pas d'ici, déclara la voix derrière les gardes, qui se décalèrent pour révéler Ashina Uzumaki, l'Uzukage, le fixant avec un regard froid et sévère.
— Uzukage-dono... Ce n'est pas ce que vous croyez, tenta Nao, reconnaissant immédiatement son interlocuteur.
— Oui bien sûr je te crois, et ma fille est toujours en vie ? rétorqua Ashina avec sarcasme. Si ce n'est pas ce que je crois répond à cela : où était Konoha quand son allié avait besoin d'aide ? Où était Konoha quand mon peuple se sacrifiait pour sa maudite guerre ? Où était Konoha quand MA FILLE A DISPARU ?
Ashina, chef de clan et Kage, avait perdu ce qu'il avait de plus cher, et il exigeait des réponses avec une colère à peine contenue.
— Je... je ne suis qu'un espion, Uzukage-dono. Je ne peux pas répondre à ces questions, balbutia Nao, décontenancé par la rage légitime de l'Uzukage.
— Un espion ? Et moi, je suis le Rikudô Sennin, rétorqua Ashina avec un sarcasme mordant, tandis qu'une autre personne entrait avec un petit chariot chargé d'instruments.
Ashina fixait son prisonnier, observant chaque réaction. Le nouveau venu déposa des scalpels, des pinces et un bocal rempli d'un liquide suspect devant le Kage.
— Qu'est-ce que vous allez me faire ? demanda Nao, l'incertitude et la peur prenant le dessus.
— Ça ? C'est pour tes yeux, répondit Ashina sans détour.
— Mes yeux ? s'inquiéta Nao.
— Oui, un Dôjutsu comme le Byakugan n'est pas quelque chose qu'on laisse passer. Puisque tu es là, tu vas servir à quelque chose.
Vous n'obtiendrez jamais mes yeux ! répliqua Nao avec une assurance qu'il espérait dissuasive.
— Ah oui ? Et pourquoi donc ? demanda Ashina, un sourire en coin.
— Le sceau maudit sur mon front scellera mes pupilles à ma mort. Vous ne pourrez pas les obtenir.
Le Hyûga était conscient que son clan avait pris toutes les précautions pour protéger le Byakugan, même après la mort. Il croyait que ce sceau le protégerait, mais Ashina semblait imperturbable.
— Oui, je connais ce sceau. Mais tu crois vraiment que cela change quoi que ce soit ?
— Comment ça ?
— D'après toi, qui a conçu ce sceau ? demanda Ashina, savourant chaque instant de la révélation.
— Vous ne voulez pas dire que... balbutia Nao, sa voix trahissant sa peur.
— Oh, mais si. Ton chef de clan a fait appel à nous, les Uzumaki, pour créer ce Juinjutsu. C'était un plaisir de leur offrir ce "cadeau", répondit Ashina avec un sourire sinistre.
À peine avait-il terminé sa phrase qu'Ashina leva un doigt, et Nao ressentit une douleur fulgurante au fond de son crâne, plus intense que tout ce qu'il avait jamais éprouvé. C'était comme si son cerveau cherchait à s'arracher de sa tête, comme si des lames s'enfonçaient dans ses yeux et les faisaient tourner. Le Hyûga agrippa sa tête à deux mains, hurlant de douleur à plein poumon pendant plusieurs secondes, avant que la souffrance ne cesse enfin. Était-ce donc cela que subissaient les membres de la branche secondaire ? Pourquoi aucun d'eux ne s'étaient-ils révoltés contre cette condition ? Mais ce n'était pas le moment de réfléchir aux pratiques de son propre clan, car même si la douleur s'était atténuée, il savait pertinemment que son calvaire ne faisait que commencer.
— Tu vois, petit Hyûga insignifiant, tu n'es ici que pour répondre à mes questions. Une fois que j'aurai obtenu ce que je veux, je prendrai un malin plaisir à t'ôter la vie.
— Je ne dirai rien ! hurla le Hyûga, défiant et résolu.
— Résiste autant que tu veux, je récupérerai tes yeux malgré tout ! Je sais exactement comment désactiver ce sceau frontal et préserver tes pupilles. Quel magnifique dédommagement pour Ta No Kuni, après ta tentative d'assassinat sur son Daimyô, assura l'Uzumaki, révélant un côté de lui que peu avaient eu la chance de voir... et de survivre.
— Tuez-moi maintenant ! Qu'on en finisse ! supplia le prisonnier avec rage, sachant bien que son sort était déjà scellé.
— Tout dépend de toi... une mort rapide, ou une longue agonie jusqu'à ce que tu me dises ce que je veux savoir.
— Je ne dirai rien, réitéra le Hyûga avec détermination.
— C'est ce qu'ils disent tous, rétorqua Ashina en décroisant les bras. Oh, une dernière chose ! ajouta l'Uzumaki, s'adressant à son prisonnier.
— Quoi ?
— Le Daimyô est toujours vivant, annonça l'Uzukage, observant avec délectation la surprise dans les yeux de l'assassin. Je n'aurais manqué ta réaction pour rien au monde.
Nao Hyûga n'eut pas le temps de comprendre comment sa cible avait survécu au coup mortel qu'il lui avait porté, car Ashina Uzumaki venait de lever à nouveau son doigt. La douleur explosa de nouveau dans son crâne, l'emportant loin de toute notion de réalité.
L'attaque contre le Daimyô était sur toutes les lèvres, mais cela n'empêchait pas les conseils militaires et administratifs de se réunir pour poursuivre leur travail. Comme chaque mois, une vingtaine de personnes se rassemblèrent autour de la grande table pour discuter des plans à mettre en place pour le mois à venir.
Tous étaient déjà installés, sauf une personne : Hashuba Shôta, le Daimyô lui-même, qui devait encore récupérer de l'incident dont il avait été victime.
Du moins, c'était ce que tout le monde supposait en constatant son absence. Pourtant, un bruit régulier se rapprochant de la salle de réunion attira leur attention. Les gardes ouvrirent la porte, laissant entrer Hashuba Shôta, assis dans une chaise roulante poussée par un autre garde.
— Daimyô-dono ! s'exclamèrent plusieurs personnes avec une déférence presque exagérée.
Presque tous les membres de l'assemblée se levèrent en voyant leur dirigeant assister à la réunion malgré son état.
— Restez assis, ordonna Hashuba, avant d'être installé à sa place habituelle.
— Ce n'est pas raisonnable de venir ici, Daimyô-dono, vous avez besoin de repos, insista Sakura avec sollicitude.
— Je le sais, mais il était nécessaire que je fasse une annonce à ce conseil aujourd'hui, répondit Hashuba d'une voix déterminée.
— Désirez-vous commencer, afin de pouvoir retourner vous reposer ensuite ? demanda Sakura, sous le regard attentif de l'assemblée.
— Effectivement, répondit le Daimyô, se tournant vers ces visages inquiets.
Seules deux personnes semblaient indifférentes à la situation : Madara et Ashina. Après tout, ces deux-là n'étaient pas du genre à se conformer aux manières des autres, et le Daimyô ne pouvait leur en vouloir.
— Allons droit au but. J'annonce qu'à la fin de cette réunion, je cède ma place de Daimyô, déclara Hashuba.
La nouvelle fit l'effet d'une bombe. À peine eut-il terminé sa phrase que la salle fut plongée dans un brouhaha. Beaucoup refusèrent d'y croire, estimant qu'il ne devait pas abandonner son poste. Le peuple avait besoin de lui et de sa sagesse. L'agitation dura plusieurs secondes, jusqu'à ce que Madara relâche un peu de son intention meurtrière, et tous se calmèrent, oppressés par cette aura écrasante.
— Avez-vous désigné votre successeur, Hashuba-san ? demanda Ashina, sans utiliser de titre honorifique pompeux.
— Oui, répondit Hashuba.
— Qui est-ce ? questionna alors Madara.
— Avant de vous révéler mon choix, permettez-moi d'expliquer ma décision. Notre objectif à tous ici est la prospérité de Ta No Kuni, et par extension, la paix dans le monde... une véritable paix. Mais malheureusement, l'incident dont j'ai été la cible se reproduira inévitablement. Nous pouvons améliorer notre système défensif, mais il y aura toujours une faille, quoi que nous fassions. C'est pourquoi notre futur dirigeant doit être quelqu'un de fort, capable de maintenir la stabilité à Heiwa et dans tout Ta No Kuni.
— Si vous avez pensé à moi, mon vieux, oubliez ça tout de suite, prévint Ashina, alors que des chuchotements réprobateurs se faisaient entendre devant ce manque de respect.
— J'ai effectivement songé à vous, mon ami... mais votre caractère ne correspond pas à l'immense responsabilité que cela implique, répondit Hashuba avec un léger sourire.
— Ne me dites pas que vous donnez encore plus de pouvoir à cet énergumène ? s'exclama l'Uzumaki en désignant Madara du doigt.
— Cet "énergumène" a un nom, Ashina ! Et modère tes propos si tu ne veux pas que je t'oblige à m'appeler Heikage-sama, rétorqua Madara, les bras croisés.
— Bah, j'aimerais bien te voir essayer..
— Non, je n'ai pas choisi Madara-san comme Daimyô. Il a déjà suffisamment de responsabilités à gérer de son côté, rassura Hashuba, tout en dissimulant un sourire face au caractère impétueux de ces deux shinobi.
— Qui avez-vous choisi, Daimyô-dono ? demanda l'un des conseillers, profitant de l'intervention d'Hashuba.
Tous étaient suspendus à ses lèvres lorsqu'il prononça d'une voix claire et déterminée :
— Sakura Uchiha.
L'annonce fit l'effet d'un choc, et il fallut quelques secondes à chacun pour réagir.
— Moi ?
Elle ne s'attendait pas du tout à une telle décision et était visiblement surprise d'être désignée comme successeur.
Cependant, la nouvelle ne fut pas accueillie de manière unanime par l'assemblée.
— C'est impensable... ce n'est qu'une femme ! s'insurgea vivement un des conseillers.
— Et alors ? rétorqua Hashuba en se tournant vers lui.
Il est vrai qu'il y a deux ans encore, Hashuba lui-même aurait peut-être réagi de la même manière. Mais après avoir travaillé aux côtés de Sakura, il avait appris à revoir ses opinions sur le rôle des femmes, particulièrement celle-ci, qui était unique en son genre.
— Parce que ce n'est pas la place d'une femme ! ajouta le conseiller avec une conviction teintée d'une animosité palpable. Il tolérait la présence de Sakura parmi eux, mais l'idée qu'elle devienne leur supérieure était pour lui inacceptable.
— Et où se trouve la place d'une femme, conseiller ? intervint Sakura, sans se laisser impressionner par cette remarque ouvertement misogyne.
Fixant l'homme du regard, elle ne montra aucune hésitation, dévoilant une menace sous-jacente.
— Je vous écoute, conseiller. Allez-y, ayez le courage de dire le fond de votre pensée.
L'homme, par fierté, soutint son regard et ouvrit la bouche pour exprimer ce qu'il pensait vraiment.
— Au foyer.
Sakura, le regard dur, ne fut pas vexée par ses propos. Au contraire, cela confirmait que les mentalités étaient encore loin d'évoluer. Quant aux autres membres du conseil, ils demeuraient mal à l'aise, sans que leurs pensées soient clairement discernables.
Mais une réaction ne se fit pas attendre du côté de Madara Uchiha, qui peinait à contenir sa colère de ne pas étriper sur-le-champ l'insolent.
— Conseiller, c'est le seul avertissement que je vous donnerai, et estimez-vous chanceux que je le fasse ! s'exclama Madara.
Le conseiller, désormais face à l'Uchiha, n'était visiblement plus si sûr de lui.
— Pour qui vous prenez-vous pour créer un incident diplomatique de cette ampleur ? Savez-vous que vous venez d'insulter la femme d'un chef de clan – le mien, le clan Uchiha ? De plus, vous venez de rabaisser la femme de votre Heikage ! Et enfin, vous remettez en question la décision de votre Daimyô, à qui vous avez juré allégeance et fidélité ! Dois-je vous rappeler que vous n'êtes que des conseillers ? Si vous ne voulez pas que votre tête se détache de votre corps, vous allez présenter des excuses à ma femme immédiatement ! menaça Madara, fixant l'homme d'un regard perçant.
Le conseiller, réalisant la gravité de son erreur, s'inclina rapidement devant Sakura.
— Je vous prie de bien vouloir m'excuser, Uchiha-dono, dit-il précipitamment.
Profitant de ce moment de répit, Hashuba Shôta reprit la parole.
— Je vais tout de même répondre à votre objection, conseiller. Mon choix s'est naturellement porté sur Sakura, car de nous tous, elle est la plus investie dans ce projet. N'oubliez pas que c'est grâce à elle que nous avons pu financer tout ce que nous avons entrepris, et que nous pouvons encore entreprendre. C'est également grâce à elle que nous avons désormais deux Bijû en notre possession ainsi qu'un Jinchûriki. C'est elle qui a fait chuter drastiquement la mortalité à Heiwa depuis son arrivée. Dois-je continuer, ou ces preuves de son implication suffisent-elles ?
Hashuba tourna lentement la tête vers chacun des membres du conseil. Personne ne pouvait réfuter ces faits ; au contraire, il était clair que ces rappels étaient nécessaires pour que tous comprennent l'importance de cette femme, indépendamment de son sexe.
— Et j'ajouterai ceci : c'est grâce à elle que je peux encore vous parler aujourd'hui. Elle m'a sauvé la vie ! Sans son sceau et ses connaissances en médecine, j'aurais déjà rejoint l'autre monde, tué par un assassin.
Les membres du conseil acquiescèrent en silence, définitivement convaincus de la justesse du choix de leur Daimyô.
— Enfin, pour vous convaincre totalement, je vous rappelle qu'elle est l'une des personnes les plus puissantes de cette cité. De plus, elle est intelligente, a le soutien du peuple, et est vénérée et admirée. Quand elle marche dans la rue, le peuple la remercie, l'acclame... Quoi de mieux pour un Daimyô que d'être aimé et respecté par son peuple ? C'est donc pour toutes ces raisons que je fais de Sakura la prochaine Daimyô de Ta No Kuni !
— Votre volonté sera faite, Daimyô-dono, s'exclamèrent plusieurs conseillers.
— Je ne suis plus votre Daimyô, rétorqua Hashuba Shôta en retirant la bague de son doigt et en la posant devant Sakura. Matû, ramenez-moi à mes appartements.
À cet ordre, son garde personnel poussa la chaise roulante vers la sortie. Mais juste avant qu'ils n'atteignent la porte, celle-ci s'ouvrit brusquement, laissant entrer une personne qui s'inclina profondément devant le conseil.
— Heikage, une armée vient de franchir la frontière sud de Ta No Kuni !
— Quel pays ? demanda Madara.
— Hi No Kuni !
— Le sud ? s'interrogea Sakura à voix basse avant de s'écrier, Oh non ! Hitomi !
Pensant immédiatement à sa meilleure amie, qui vivait à la frontière sud, Sakura se précipita hors de la salle, suivie de près par son mari.
— Sakura ! s'écria Madara en la rattrapant.
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