Qui êtes-vous ?!
— Vos excuses ne m'intéressent guère! vociféra le Nidaime Tsuchikage, sa voix grondant comme un tonnerre menaçant, faisant vibrer l'air autour de lui alors qu'il réduisait une partie de la table du conseil en cendres par un geste d'irritation. La terreur se lisait sur les visages de tous présents, conscient du pouvoir dévastateur qu'il détenait, prêt à se déchaîner à tout moment. Ce n'était pas censé se dérouler ainsi! Je demande des résultats, et qu'avez-vous à m'annoncer ?
Un des conseillers balbutiait dans sa tentative de réponse, hésitant face à la colère fulgurante du Tsuchikage.
— Continue à bredouiller de la sorte, et je te promets une fin des plus macabres! menaça Mû, ses paroles tranchantes comme une lame, plongeant le conseiller dans un silence terrifié, conscient des conséquences fatales de ses propres paroles.
Les tentatives de réponse de l'infortuné conseiller furent interrompues brutalement alors que la salle du conseil était soudainement baignée dans une pluie de sang, le Tsuchikage venant de faire imploser son subordonné à l'aide d'une de ses techniques mortelles.
— Quelqu'un aura-t-il encore les couilles pour me défier face à face après ce que je viens d'apprendre? exigea Mû, son regard scrutant chaque individu dans la pièce. Les traces écarlates maculaient les vêtements et les visages des présents, alors que les restes de leur collègue gisaient lamentablement sur le sol.
— Des attaques aux frontières se multiplient et nous ignorons toujours l'identité des assaillants, réitéra Ônoki d'une voix grave, rompant le silence pesant qui s'était abattu sur la salle.
L'apprenti de Mû n'avait nullement l'appétence pour une autre éruption sanglante. De surcroît, son maître ne saurait oser lui porter la mort, le considérant comme un atout de valeur inestimable.
— Serait-ce là l'œuvre de Konoha? Ou bien Tobirama aurait-il persuadé le Kazekage de se rallier à lui dans une alliance? Pour nous berner de la sorte? songea le Kage, en son for intérieur.
Il se trouvait déconcerté par la tournure des événements.
La plupart des unités dépêchées en guérilla avaient purement et simplement disparu, et à présent, c'étaient eux qui subissaient les assauts de guérilla sur leur propre territoire.
Le Pays de la Terre avait pactisé avec le Pays du Sable, ainsi que le Pays de la Foudre, contre le Pays du Feu. Dès l'annonce du décès d'Uchiha Madara et d'Hashirama Senju, le Nidaime Tsuchikage avait pris contact avec les autres nations pour tirer parti de cette opportunité inespérée.
— Serait-ce possible que cela vienne de Ta No Kuni? osa timidement un des conseillers.
— Ils ne disposent point d'une armée, et la dernière missive émanant du Daimyô du Pays des Rizières confirme leur aspiration à la paix. Après tout, nul n'offre pareille somme d'argent à moins d'envisager sérieusement la neutralité, rétorqua Mû, en se massant l'une de ses tempes. Peut-être en ferons-nous un vassal après nos entreprises envers Hi No Kuni...
— Devons-nous rappeler nos troupes, Tsuchikage-sama? demanda le même conseiller.
— Non... ce serait une dépense de temps et de ressources inutile, surtout à cette période de l'année. Les attaques sont rares en ce moment, ce qui en fait le moment idéal, répliqua le chef du Pays de la Terre. De plus, à cette heure-ci, le Pays de la Pluie doit déjà être sous notre contrôle.
— Voulez-vous que je prenne une escouade pour enquêter, maître? proposa Ônoki, dont l'agacement se reflétait dans sa voix autant que dans les traits de son visage. Des civils et des compagnons avaient disparu, des frères d'armes étaient probablement tombés sous les coups d'un ennemi inconnu.
— Faites-le, Ônoki..., commença Mû, avant d'être interrompu par un coup frappé à la porte.
Elle s'ouvrit et un garde s'inclina respectueusement avant de prendre la parole.
— Seigneur Tsuchikage, veuillez pardonner cette interruption, mais une Genin, membre de l'unité envoyée au Pays de la Pluie, est rentrée et elle demande à vous voir de toute urgence. Elle prétend que la sécurité de nos opérations est en jeu.
— Faites-la entrer immédiatement ! ordonna Mû d'un ton impérieux, pressentant déjà le poids des nouvelles à venir.
La présence d'un Genin dans la salle signifiait invariablement un problème. Aucun Jônin digne de ce nom n'aurait toléré le retour d'un membre de leur équipe sans raison valable, encore moins une désertion. Si cette personne osait lui mentir, il le découvrirait sans délai... et il n'aurait aucune hésitation à mettre fin à ses jours pour lui avoir fait perdre son temps et abandonné son devoir.
La jeune Mina fit son entrée dans la salle du conseil, son visage reflétant toute la gamme des émotions. Non seulement elle était toujours secouée par ce qu'elle avait vécu sur le champ de bataille, mais elle se tenait également devant son supérieur hiérarchique, une situation à la fois intimidante et déconcertante. De surcroît, l'atmosphère oppressante de la salle, imprégnée de sang sur les murs et les membres du conseil, ajoutait encore à l'oppression qu'elle ressentait en tant que Genin.
— Que fais-tu ici? Pourquoi n'es-tu pas sur le front à conquérir le Pays de la Pluie? demanda l'homme enveloppé de bandages d'une voix tranchante, fixant la jeune brune.
— Pardonnez-moi, Tsuchikage-sama, je... je suis la seule survivante de la force armée envoyée pour conquérir le Pays de la Pluie.
Cette déclaration fut comme une explosion au cœur de la pièce.
— Explique-toi ! ordonna le Tsuchikage, observant attentivement les yeux de la jeune Genin, ne décelant aucune trace de mensonge, une constatation qui ne fit qu'accroître son inquiétude. Un rapport, immédiatement!
Le cri de l'homme résonna à travers la pièce, faisant sursauter tous les occupants, en particulier Mina, peu habituée à être soumise à une telle pression et à une intention meurtrière aussi palpable. C'était une toute autre épreuve que celle que lui avait imposée la jeune femme aux cheveux roses.
— Nous nous sommes dirigés vers Shizuoka, la deuxième plus grande ville du Pays de la Pluie, commença à expliquer la jeune adolescente. Notre régiment a éliminé les Shinobi de Konoha et ceux de la Pluie qui patrouillaient avant d'attaquer la ville. Mais lorsque nous avons lancé l'assaut, nous avons été pris pour cible à notre tour.
— Combien? Qui sont-ils?! interrogea Mû, qui avait besoin de connaître l'identité de leurs adversaires.
— Je ne sais pas et... ils étaient seulement deux.
— Tu prétends sérieusement, gamine, que deux individus ont anéanti un régiment de cent trente ninjas? répliqua Ônoki avec un sarcasme évident. Crois-tu vraiment que nous soyons des imbéciles?
— Jamais, Ônoki-sama! Jamais je n'oserais! Ils... Ils... ils étaient d'une rapidité et d'une agilité inouïes, aucune de nos attaques ne les touchait. Je n'ai jamais vu une telle maîtrise du combat, murmura Mina, sa voix tremblante alors qu'elle revivait avec horreur les images de ce brun déchirant ses camarades.
— Décris-les, ordonna Mû d'une voix plus douce, cherchant à apaiser la jeune Genin. Il semblait la croire sincère et désirait ardemment en apprendre davantage sur ces mystérieux assaillants qui semblaient si redoutables.
— L'un d'eux avait de longs cheveux bruns, il était plutôt grand, vêtu d'un kimono marron, et maniait un sabre. Il se servait également des armes de mes camarades avec une facilité déconcertante. Je n'ai pas pu voir son visage... Il portait un chapeau de paille, décrivit Mina, troublée par son incapacité à se souvenir du visage de son agresseur, malgré l'avoir observé de près. Une lacune étrange dans ses souvenirs.
— C'est tout? Tu n'as pas réussi à voir ne serait-ce qu'un fragment de son visage? insista Mû, discernant dans le regard de la jeune fille son effort pour se rappeler des détails physiques de son agresseur.
— Non, je n'arrive pas à m'en souvenir.
— Et l'autre ? poursuivit Mû.
— Elle... Elle avait... commença Mina avant d'être interrompue par le Nidaime Tsuchikage.
— Elle ? Veux-tu dire que l'autre individu était une femme ? questionna-t-il avec suspicion, ses yeux scrutant la jeune fille. Non pas qu'il doutât des compétences au combat du sexe féminin, mais l'idée qu'une femme puisse anéantir une centaine de ninjas aguerris lui semblait incroyable.
Mina acquiesça d'un signe de tête avant de poursuivre sa description.
— Ses cheveux étaient roses, elle portait une tenue écarlate avec un sabre dans le dos. Mais je ne l'ai jamais vue l'utiliser : elle n'en avait pas besoin, déclara Mina.
— Comment cela? interrogea Mû, de plus en plus intrigué par ces révélations.
— Je n'ai jamais vu une telle puissance chez quelqu'un, murmura-t-elle en avalant difficilement, revivant les images de la guerrière aux cheveux roses dans sa tête.
— Peux-tu estimer sa force? demanda Mû, totalement surpris par les réactions de la Genin en face de lui.
— Je ne saurais dire, Mû-sama...
— Si tu devais la comparer au Raikage, considéré comme l'homme le plus fort du monde? ajouta le Kage avec patience.
— Je dirais que le Raikage paraîtrait faible à côté d'elle en comparaison, répondit Mina sans hésitation.
— Qu'a-t-elle fait pour que tu dises cela? questionna Mû, soudain très attentif. Après tout, il n'était pas habituel d'entendre qu'un Shinobi surpassait le Raikage, surtout s'il s'agissait d'une femme.
— Elle a soulevé un menhir de trois mètres de haut, pesant probablement dans les cinq cents kilos, avant de le lancer sur une distance de quatre-vingts mètres, réduisant en bouillie deux de mes amis. Puis, je l'ai vue frapper mon chef d'escadron en plein torse et créer un cratère de dix mètres de diamètre... juste avec un coup de poing, expliqua la jeune fille, ses yeux s'embuant de larmes tandis qu'elle tremblait en se remémorant les actions impitoyables de ces deux individus sur le champ de bataille.
— Un signe distinctif? demanda un membre du conseil.
— Je ne m'en souviens pas, répondit-elle, son regard empreint d'inquiétude devant l'impossibilité de fournir plus de détails, même si elle savait avoir observé attentivement ces deux guerriers.
— Se pourrait-il que ces individus soient les mêmes responsables des guérillas sur notre territoire? s'enquit Ônoki auprès de son maître.
— Peu probable, mais ce n'est pas à exclure. S'ils ont pu neutraliser une force armée de Shinobi à eux seuls... peut-être sont-ils liés à la disparition de nos troupes à Hi No Kuni. Ou alors, ils étaient simplement deux ninjas du Pays de la Pluie défendant leur patrie, raisonna Mû, plusieurs théories germaient dans son esprit.
— Comment se fait-il que tu sois encore en vie et pas eux? As-tu fui? demanda Ônoki, laissant éclater à son tour son intention de punir : il méprisait les lâches et les déserteurs.
— Non! Ils... Ils m'ont laissé partir en m'ordonnant de vous rapporter ce qui s'est passé à Shizuoka, répondit Mina, tremblante de tout son être.
— Pourquoi veulent-ils que tu nous racontes cela? se demanda Mû.
— Est-ce une menace? Ou veulent-ils indiquer que Konoha est au courant de nos actions? proposa Ônoki à son maître.
— Peu importe, déclara le Tsuchikage d'un geste de la main avant de pointer la jeune fille du doigt. Toi! Tu accompagneras mon apprenti Ônoki, tu le guideras là où tout cela s'est déroulé.
— A vos ordres ! répondit la Genin.
— Oui, maître, articula machinalement Ônoki avant de se mettre en mouvement.
— Envoyez des messages à nos alliés, nous accélérons nos plans.
— Nous officialisons cela? s'enquit le scribe dans un coin de la pièce.
— Oui ! La guerre est déclarée! affirma Mû.
Depuis leur retour à Ta No Kuni, Sakura et Madara avaient trouvé refuge dans la demeure de la jeune femme. Les ombres de la guerre se faisaient de plus en plus menaçantes, une tension palpable flottant dans l'air, prête à se déchaîner à tout moment. Les récents événements à Shizuoka avaient exacerbé les suspicions et les alliances se formaient et se brisaient dans chaque Nation Élémentaire, les troupes s'agitant, prêtes à être lancées dans l'inevitable maelström de la Première Grande Guerre Shinobi.
Dans cette tourmente imminente, Madara avait jugé prudent de regagner le pays natal, prêt à intervenir en cas d'attaque contre le Pays des Rizières, surveillant les contours de la trahison qui pouvaient se profiler. L'heure n'était pas encore à l'offensive, ni même à la défensive. Épuiser leurs forces contre les armées adverses ne serait qu'une erreur stratégique dans leur quête ultime.
Ainsi, dans cette attente tendue, Madara et Sakura avaient instauré une routine stricte : méditation pour l'esprit, entraînement pour le corps, planification pour l'avenir et repos pour la préparation mentale.
Cependant, pour l'une des deux âmes réfugiées dans cette bulle de préparation, une lutte intérieure battait son plein. Sakura se torturait l'esprit depuis des jours, non, des semaines, peut-être même des mois. Les barrières qu'elle avait érigées pour contenir ses sentiments semblaient s'effriter, laissant transparaître la vérité qu'elle refusait de reconnaître. À travers les tumultes du temps, elle avait découvert en Madara un homme remarquable, imparfait comme tout être humain, mais d'une singularité indéniable. Il était doté d'honneur, d'ambition, de charisme et de courage, une puissance incarnée qui aspirait à la paix dans un monde corrompu. Mais par-dessus tout, il la regardait avec une intensité qui la déstabilisait, un regard qui la définissait d'une manière que personne n'avait jamais osé auparavant.
Après de longs mois de méditation intérieure, Sakura avait finalement accepté la vérité qui résidait au plus profond d'elle-même.
Elle était éprise de Madara Uchiha.
Pourtant, le défi le plus redoutable demeurait : était-elle prête à lui révéler ses sentiments ? C'était là une tout autre bataille. Elle aurait tant souhaité la présence de Maître Tsunade Senju ou celle de sa mère pour la conseiller dans cette délicate affaire. Sa mère... celle qui avait aimé son père depuis le commencement, aurait su trouver les mots justes pour la guider dans l'art complexe de dévoiler ses émotions à un homme. Quoi dire ? Comment le dire ? Autant de questions sans réponse qui hantaient Sakura de plus en plus, résonnant dans le silence de ses pensées. Et puis, il y avait cet élément crucial : qu'en pensait-il, lui ? Éprouvait-il des sentiments similaires à son égard, ou bien devrait-elle encore une fois affronter un amour à sens unique ?
Un souvenir lui revint alors en mémoire, éclairant une piste. Elle connaissait quelqu'un, voire deux personnes, qui seraient à même de lui apporter des conseils avisés et peut-être même quelques réponses à ses tourments.
— Madara-san, je vais rendre visite à mon amie Hitomi, annonça Sakura tandis que l'homme était assis, plongé dans la lecture d'un ouvrage rédigé par elle-même.
— À plus tard, Sakura-san, répondit distraitement Madara, absorbé par ses pages.
Déterminée, Sakura descendit vers le village où résidait son amie. Ses pensées l'accompagnaient tout au long du chemin, jusqu'à ce qu'elle se retrouve devant la porte de la demeure d'Hitomi. Un nœud serrait son estomac alors qu'elle s'apprêtait à frapper.
La porte s'ouvrit, dévoilant le visage souriant de la femme brune.
— Oh, Sakura ! Tu es de retour ! Son accueil chaleureux insuffla courage et énergie à Sakura. En ces temps incertains, où les moments de détente et de simple conversation se faisaient rares, elle accueillit avec gratitude cette atmosphère positive.
— Bonjour, Hitomi. Comment vas-tu ? demanda Sakura.
— Je vais bien, et toi ? Ton voyage s'est bien passé ? interrogea Hitomi.
— Oui, notre voyage s'est bien déroulé... mais... dis-moi, aurais-tu un moment à m'accorder ? demanda Sakura, pressée mais consciente de ne pas vouloir évoquer leurs missions extérieures, ce qui pourrait inquiéter son amie au vu des défis qu'ils avaient relevés.
— Bien sûr, veux-tu entrer ? proposa poliment Hitomi.
— Es-tu seule ? demanda Sakura, souhaitant une conversation en tête-à-tête, entre femmes.
— Oui, répondit Hitomi en ouvrant largement la porte.
À l'intérieur, la modestie de la demeure était évidente, le mobilier témoignant de ressources financières limitées et d'un mode de vie simple.
— Du thé ? proposa Hitomi.
— S'il te plaît, Hitomi, acquiesça Sakura, s'installant à la table de la pièce principale.
— Alors, que puis-je faire pour toi, Sakura ? demanda Hitomi en remplissant la théière d'eau.
— Inutile de chauffer l'eau, apporte-moi la théière... et sinon, je suis là parce que j'ai besoin d'un conseil, avoua Sakura alors que son amie s'approchait avec la théière.
— En quoi pourrais-je te conseiller ? demanda Hitomi, visiblement surprise, tandis que Sakura plongeait ses doigts dans l'eau. Elle activa son chakra et l'eau se réchauffa rapidement à la température souhaitée.
— Comment as-tu su que ton mari était le bon ? demanda Sakura sans détour.
À peine les mots furent-ils prononcés que Hitomi ne put réprimer un sourire radieux, consciente de la signification profonde de cette question pour la jeune femme aux cheveux roses. Le léger rougissement sur les joues de Sakura ne fit que confirmer les soupçons d'Hitomi.
— Tu es amoureuse, n'est-ce pas ? demanda la brune sans détour.
— Réponds à ma question, s'il te plaît" répliqua timidement Sakura.
— J'ai eu la chance de ne pas venir d'une grande famille, sinon j'aurais été mariée à un parfait inconnu. Nous avons grandi ensemble, alors j'ai eu toute ma vie pour savoir qu'il était le bon, expliqua Hitomi tout en servant le thé dans deux tasses. "Il a été mon meilleur ami avant d'être mon amant et mon mari. Mais je dirais que j'ai su qu'il était le bon quand j'ai vu son regard posé sur moi."
Sakura comprit instantanément ce que voulait dire Hitomi.
Rien n'est plus puissant pour une femme que la façon dont un homme la regarde. Lorsqu'elle voit dans ses yeux une reconnaissance de son être, loin d'être réduit à un simple objet. Lorsqu'elle réalise que son regard la perçoit telle qu'elle est réellement, dans toute sa féminité. C'est là une force puissante, intense et rare. Et Sakura se considérait extrêmement chanceuse d'être observée de cette manière par Madara, lui qui avait longtemps dédaigné le genre féminin.
— Tu l'aimes, n'est-ce pas ? insista délicatement Hitomi, un fin sourire aux lèvres.
Sakura prit sa tasse de thé entre ses mains, relevant ensuite les yeux vers ceux de la quadragénaire. Elle ne répondit pas verbalement, mais hocha la tête : oui, elle l'aimait. Au fil du temps, elle avait compris que son amour pour Sasuke était authentique, mais aimer quelqu'un qui ne lui renvoyait que du mépris n'était pas sain. Avec Madara, c'était tout autre chose... c'était tellement intense, et surtout, cela semblait être partagé.
— Tu lui as dit ? demanda doucement Hitomi.
— Non...
— Qu'attends-tu donc ? questionna la brune en soufflant sur sa tasse.
— D'avoir du courage ? répondit Sakura plus pour elle-même que pour Hitomi. Car après tout, ce n'était pas une mince affaire que ce qu'elle s'apprêtait à faire : avouer ses sentiments pour le plus puissant des Uchiha.
— Du courage ? Toi, manquer de courage ? s'exclama la brune. Je n'ai jamais vu une femme comme toi, Sakura. Je n'ai jamais rencontré une femme, au cours de ma vie, capable de tenir tête à un homme sans subir ses foudres. Et je n'ai jamais vu un homme écouter une femme quand celle-ci s'oppose ouvertement à lui. Tu as du courage, n'en doute pas, et rappelle-toi que même si Uchiha-sama est beau et imposant, il reste un homme.
— Ils sont faibles face au beau sexe, plaisanta Sakura, tandis que Hitomi arborait un sourire complice.
— Exactement.
— J'ai peur, Hitomi, avoua la femme aux cheveux roses, se remémorant les souffrances infligées par Sasuke. "Je ne veux pas souffrir, je ne veux pas me tromper, je ne veux pas d'un amour illusoire."
— Comme toutes les femmes... mais tu as la chance d'être une femme forte, répondit Hitomi. La vraie question à te poser, ma chère Sakura, est : m'aime-t-il pour ce que je suis ? Est-ce qu'il t'aime ?
Sakura ne répondit pas immédiatement. Elle observa son faible reflet dans le liquide devant elle. Est-ce que Madara Uchiha l'aimait ? C'était là la vraie question après tout : quels étaient les sentiments de l'homme à son égard ?
— Peut-être...
— Il vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets. La vie est trop courte, et il vaut mieux tenter une belle histoire d'amour que de ne rien tenter du tout, déclara Hitomi avec sagesse.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Sakura à ces paroles. Elle n'avait qu'une vie, et le Rikudô Sennin lui avait offert une opportunité unique en lui permettant de revenir dans le passé. Avait-il prévu qu'elle tomberait amoureuse de l'Uchiha ? L'avait-il vu dans ses prophéties ? Ne lui avait-il pas même suggéré de charmer le ténébreux pour obtenir la paix tant désirée ?
— Merci.
— Tu es toujours la bienvenue, Sakura... et je veux être là pour le mariage ! répliqua la quadragénaire avec un large sourire.
— Hitomi ! Je n'ai pas l'intention de me marier pour le moment, protesta Sakura.
— On en reparlera, ma grande... maintenant sors d'ici et va te déclarer à ton prince charmant ! ordonna Hitomi en se levant et saisissant la main de Sakura.
— Mais...
— Pas de mais. Tu es prête et débordante d'énergie, alors maintenant, va voir cet homme et dis-lui ce que ton cœur renferme, ma belle.
Pendant ce temps, dans la demeure de Sakura, Madara était plongé dans la lecture de son livre, patientant.
Grâce à sa perception sensorielle aiguisée, il pouvait sentir le chakra de la jeune femme se mouvoir dans le village. Dès qu'il estima qu'elle s'était suffisamment éloignée, il referma le livre qu'il lisait et se lança dans une quête d'informations.
Dans le passé, il n'avait pu recueillir des informations dans cette maison que par bribes, car Sakura était toujours présente. Mais aujourd'hui, il avait l'opportunité d'en apprendre davantage sur qui était réellement Sakura, et si ses suspicions étaient fondées.
Le patriarche se leva, se dirigeant vers le bureau de la virtuose du Fûinjutsu. Sur celui-ci étaient disposés de nombreux rouleaux, contenant des sceaux et des formules variées. Quelques livres étaient entassés sur le coin supérieur droit du bureau, mais Madara les ignora, les jugeant sans intérêt. Il contourna le bureau pour observer la bibliothèque, balayant rapidement des yeux tous les titres à l'aide de son Sharingan.
À mesure qu'il parcourait les titres, la possibilité que Sakura et sa mère viennent d'un autre continent s'affirma dans son esprit. Les sujets abordés étaient si variés et si éloignés de sa propre connaissance qu'il en fut impressionné. Pourtant, aucun indice ne lui permettait d'identifier clairement qui était cette femme et quelles étaient ses origines. Il se dirigea alors vers la seule pièce qu'il n'avait pas encore visitée : la chambre de Sakura.
Faisant glisser silencieusement la porte, il pénétra dans la petite chambre, assez modeste, comportant seulement trois meubles en plus du lit. Madara balaya la pièce du regard, ses narines emplissant ses sens de l'odeur enivrante de la jeune femme. Il ferma les yeux un instant, savourant le parfum de celle qu'il désirait ardemment, celle qu'il aimait.
Après avoir repris ses esprits, Madara ouvrit l'armoire pour y trouver des vêtements, tout ce qu'il y avait de plus banal. Le même constat fut fait en ouvrant l'autre meuble, bien qu'il retint un léger rougissement en apercevant tous les sous-vêtements.
Son attention fut ensuite captée par un cadre en bois posé sur la table de chevet. À l'intérieur, une peinture attira son regard.
— Qu'est-ce que c'est ? murmura Madara pour lui-même.
C'était quelque chose qu'il n'avait jamais vu auparavant. Soit le peintre était un virtuose dans son domaine, soit il s'agissait d'une nouveauté totale. La photographie n'existait pas à l'ère Sengoku, et voir une image aussi détaillée impressionna Madara.
La peinture représentait Sakura à l'âge de sept ans, entourée de sa mère et de son père. C'était une œuvre magnifique, et Madara avait enfin un visage à associer à Tsunade Haruno. Il pouvait maintenant affirmer qu'il ne l'avait jamais rencontrée dans le passé.
Après avoir contemplé la peinture pendant un moment, Madara reposa délicatement le cadre sur la table de chevet, exactement là où il l'avait trouvé. Il essaya ensuite d'ouvrir le tiroir de la table de chevet, mais celui-ci refusa de s'ouvrir. Il n'y avait pas de serrure, mais un petit sceau de Fûinjutsu. Madara comprit alors que Sakura dissimulait quelque chose ici qu'elle ne voulait pas voir découvert.
S'accroupissant pour avoir une meilleure vue sur le sceau, il activa son Sharingan pour analyser la série mathématique et ainsi le désactiver. Il lui fallut près de cinq minutes pour comprendre la complexité du sceau avant de parvenir à le neutraliser.
Une fois le sceau neutralisé, Madara tira délicatement sur le tiroir qui s'ouvrit, et ses yeux s'écarquillèrent en découvrant ce qu'il contenait. Le patriarche plongea sa main dans le tiroir pour en sortir un autre cadre photo ainsi qu'une petite plaque de métal.
La plaque qu'il tenait entre ses mains était celle d'un bandeau frontal, mais ce qui attira davantage l'attention de Madara, ce fut le symbole du village de Konoha qui y était gravé. Il retourna la plaque pour examiner l'immatriculation et fronça les sourcils. Ce n'était pas un numéro qu'il reconnaissait. Cela confirmait peut-être que Sakura était originaire de Konoha, ou bien qu'elle avait dérobé ce bandeau à quelqu'un.
Pourtant, c'est le second cadre photo qui perturba profondément Madara, le plongeant dans une confusion totale. Sur l'image, quatre personnes étaient représentées : Sakura au centre, un brun à sa droite, possédant toutes les caractéristiques pour être un Uchiha, et dans l'esprit de Madara, cela ne pouvait être que Sasuke, dont Sakura lui avait parlé. À sa gauche se tenait un blond arborant une attitude qui criait « tuez-moi ! », mais le pire était l'homme derrière eux... portant le chapeau de l'Hokage.
— Qui êtes-vous ? se questionna Madara, quittant la chambre avec la plaque de métal et le cadre photo, qu'il ne lâcha pas des yeux un seul instant.
Une multitude de scénarios se bousculaient dans l'esprit de Madara. Cette photo le perturbait au plus haut point, car si certaines questions trouvaient désormais des réponses, un millier d'autres prenaient place dans son esprit.
Tellement absorbé par ses pensées, Madara ne remarqua pas le retour de Sakura. Ce fut le son de ses pas sur le plancher qui le fit relever les yeux. Il vit le regard surpris et paniqué de Sakura alors qu'elle reconnaissait ce qu'il tenait dans ses mains.
— Qui êtes-vous ? demanda poliment Madara.
Il voulait des réponses, et il allait les obtenir. Cependant, bien qu'il ressente du respect pour cette femme et qu'il éprouve des sentiments à son égard, il choisit d'adopter une approche douce.
Pourtant, Sakura resta figée, ne sachant que faire. Elle ne s'attendait vraiment pas à ce que Madara découvre ce qu'elle avait dissimulé. Bien qu'il ne soit pas réputé pour ses compétences en Fûinjutsu, il semblait qu'elle l'ait sous-estimé.
— Répondez-moi..., répéta Madara, fixant Sakura droit dans les yeux, tandis qu'elle réfléchissait à toute vitesse, cherchant désespérément quoi dire, quoi faire, craignant que tout soit ruiné par cette simple découverte.
Le silence pesant et l'absence de réponse commencèrent sérieusement à irriter Madara, mettant ses nerfs à rude épreuve. Il observait attentivement Sakura, voyant qu'elle réfléchissait intensément. Plus elle tardait à lui répondre, plus il avait l'impression qu'elle cherchait désespérément une échappatoire pour éviter ses questions, et cette perspective était inconcevable pour l'Uchiha.
Personne n'avait jamais osé manipuler aussi ouvertement Madara Uchiha, personne ne pouvait même envisager réussir à le duper. La colère bouillonnait de plus en plus en lui. Il se rendait compte qu'il avait été faible, qu'il s'était laissé prendre par de nouveaux sentiments, et cette réalisation le rendait furieux. Ou peut-être n'osait-il tout simplement pas admettre qu'il était blessé dans son orgueil d'avoir été ainsi dupé. Il regrettait d'avoir laissé Sakura entrer dans son cœur. Il avait appris à aimer la jeune femme comme jamais il n'avait aimé aucune autre femme. Il reconnaissait sa valeur en tant que Shinobi, ses compétences indéniables. Elle avait réussi à lui dissimuler sa véritable identité. Mais qui était-elle réellement ?
— QUI ÊTES-VOUS ?! hurla Madara, libérant toute son intention de tuer, déployant son chakra avec une puissance terrifiante, activant ses deux Mangekyô Sharingan.
Une onde de choc se propagea dans toute la maison. Les meubles volèrent dans tous les sens, les vitres explosèrent, les parchemins tourbillonnèrent comme emportés par une tornade, le mobilier se brisa au sol et même les murs de la maison se fissurèrent sous la pression.
Seule Sakura demeura immobile, son regard de guerrière se fixant soudainement. Madara avait activé son Dôjutsu au grade supérieur, une pupille qu'il ne fallait pas sous-estimer.
— Je suis Haruno Sakura, Jônin de Konoha No Sato, née en l'an 82 après la défaite de Uchiha Madara par Hashirama Senju à la Vallée de la Fin. J'ai sacrifié mon époque et mon univers pour avoir la chance d'arrêter le cycle de la haine ! répondit Sakura d'un ton résolu, son propre chakra s'élevant en réponse à celui de Madara.
Elle qui avait initialement envisagé de révéler ses sentiments, se retrouvait maintenant à dévoiler sa véritable identité à l'homme le plus redouté de toutes les Nations Elémentaires.
— Le voyage temporel est impossible ! rétorqua Madara, ayant soudainement trouvé la clé de presque toutes ses interrogations dans cette simple phrase. Si elle venait du futur, tout s'expliquait, mais alors pourquoi l'avait-elle sauvé, lui ?
Malgré ses efforts pour l'immobiliser dans un Genjutsu afin d'obtenir toutes les réponses qu'il désirait, Madara se heurta à un mur d'inébranlable résistance. Cette résistance irrita encore davantage l'Uchiha : comment était-il possible qu'elle puisse résister à son pouvoir pupillaire ?
— Rien n'est impossible, Madara-san, répondit Sakura, sentant les attaques de Genjutsu de l'Uchiha peser sur elle. Intérieurement, elle remercia le Rikudô Sennin d'avoir renforcé son sceau frontal, lui permettant ainsi de résister à tout Genjutsu généré par le Sharingan.
— Vous m'avez manipulé ! affirma Madara avec une fermeté implacable. Depuis le début, vous m'avez manipulé !
— Au début, oui... je vous ai manipulé, admit Sakura sans détourner le regard.
— Pourquoi ?! exigea Madara, malgré la situation, impressionné par la résolution de la femme qui lui faisait face. Elle lui tenait tête, et son Sharingan se révélait inefficace contre elle.
— Dans le but que vous accomplissiez votre destin, répondit-elle.
— Quel destin ? demanda Madara, curieux malgré la colère qu'il ressentait, et qu'il maintenait sous contrôle grâce, ou à cause, des sentiments qu'il éprouvait pour la jeune femme.
— Celui que l'Enfant de la Prophétie doit accomplir : apporter la paix, avoua Sakura. Pour elle, c'était un soulagement de pouvoir enfin libérer ce fardeau qu'elle avait porté si longtemps. Elle avait craint ce moment, mais maintenant qu'elle avait tout dévoilé, elle se sentait un peu plus légère.
Les secondes s'écoulèrent, lourdes de silence. Dans le regard qu'ils échangeaient, Sakura vit le reflet de ce qu'elle risquait de perdre : Madara.
Elle ressentait au plus profond d'elle-même que tout dépendrait de la réaction de cet homme. Elle ne pouvait s'empêcher de craindre de perdre l'homme qu'elle aimait une fois de plus. Après Sasuke... maintenant Madara. Cette pensée fit naître des larmes aux coins de ses yeux.
— Mais c'était avant, murmura Sakura, baissant légèrement les yeux.
— Avant quoi ? demanda Madara, toujours en train de digérer l'information. Il se sentait trahi, manipulé. Mais plus encore, il ressentait une douleur inexplicable dans sa poitrine.
Madara ne comprenait pas cette douleur. Aucune blessure physique ne la justifiait. Était-ce donc les blessures de l'âme ? Celles infligées par les sentiments qu'il ressentait pour quelqu'un ?
— Avant que je ne découvre l'homme que vous étiez réellement, continua Sakura, décidée à tout révéler. Avant que je ne tombe amoureuse de vous.
C'était fait. Sakura avait avoué à Madara ses sentiments. Mais il resta immobile, son visage impénétrable, son intention de tuer toujours présente. Sakura sentit son cœur se serrer, une larme couler le long de sa joue. Tout était probablement gâché à cause de ses secrets. Encore une fois, elle perdait l'homme qu'elle aimait.
Madara désactiva son Sharingan et se dirigea vers la porte sans un mot. Il passa devant Sakura sans un regard, ignorant ses pleurs. Une fois dehors, il canalisa son chakra dans ses jambes et s'éloigna rapidement de la maison. Il ne vit pas Sakura s'effondrer en pleurs sur le sol, au milieu des débris.
Il sauta d'arbre en arbre pendant des minutes, jusqu'à atteindre une clairière où il s'appuya contre un arbre pour réfléchir. Fermant les yeux, il tenta d'apaiser la douleur qui lui étreignait la poitrine.
— Bonjour, mon enfant, dit une voix âgée.
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