Morale !

Lorsque les bruits de l'effondrement de la sphère sur Konoha s'estompèrent, ceux qui avaient hésité et douté de leur décision virent leurs incertitudes balayées.

Avec les nombreux civils à leurs côtés, Sakura savait que le trajet serait bien plus long que l'aller. Près de deux mille personnes — femmes, enfants, vieillards — devaient être escortées vers leur nouvelle terre d'accueil.

Marchant au rythme des civils, Sakura, comme à son habitude, prodiguait réconfort et encouragements. Toujours aimable et souriante, elle répondait spontanément aux questions de ceux qui osaient l'interpeller. Sa bienveillance et sa douceur apaisaient le cœur de ces gens qui avaient tout quitté, souvent au prix de perdre des amis ou des membres de leur famille restés fidèles à Konoha.

— Sakura, nous devrions accélérer l'allure. La nouvelle de la destruction de Konoha ne tardera pas à se répandre, expliqua Ashina, après avoir ordonné à certains de ses hommes de partir en éclaireurs pour préparer l'arrivée des deux mille réfugiés à Heiwa.

— Je le sais, Ashina, mais je m'inquiète pour Madara.

Elle ne doutait pas qu'il ait survécu à sa propre attaque, mais plusieurs heures s'étaient écoulées et il n'était toujours pas parmi eux.

— Il fallait bien que ça arrive, soupira Ashina. Me voilà à attendre ce branquignole de Madara.

À peine avait-il prononcé ces mots qu'une série d'exclamations se fit entendre derrière eux. Un silence lourd tomba, obligeant Sakura et Ashina à se retourner pour comprendre la cause de cette agitation. Ils virent alors la foule s'écarter devant l'imposante silhouette d'Uchiha Madara, et comprirent immédiatement pourquoi un tel silence s'était imposé.

Madara avançait d'un pas vif. Il n'avait besoin de dire mot pour que la foule lui ouvre un passage. Comme ils s'y attendaient, il était indemne. Pourtant, ce qui attira l'œil de Sakura fut le volumineux rouleau qu'il portait sur le côté — le rouleau des techniques interdites de Konoha.

— Je te croyais plus rapide, lança Ashina.

— Hn ! Je ne t'ai rien demandé, vieil homme. D'ailleurs, pourquoi traînez-vous encore ici ? Nous devons retourner à Heiwa sans tarder et annoncer au monde ce qui les attend s'ils osent s'en prendre à nous !

— Nous vous attendions, répondit Sakura. En même temps, nous réconfortions nos nouveaux habitants.

— En effet, il faut rassurer ce petit monde, ajouta l'Uzumaki avec ironie, pour qu'ils ne pensent pas que tu vas les exterminer comme tu l'as fait avec leur ancien village !

— Ashina a raison sur ce point, rajouta Sakura. Nous devons apaiser tout le monde, qu'il s'agisse de civils ou de shinobis...

— Surtout les shinobis ! interjeta Ashina.

— Oui, ils doivent être convaincus qu'ils seront traités avec respect et que tu ne te vengeras pas de la manière dont ils ont pu traiter les tiens par le passé, poursuivit Sakura.

De temps à autre, des shinobis venaient à leur rencontre pour demander des instructions, particulièrement ceux du clan Uchiha. Eux, plus que tout, voulaient se montrer utiles devant leur chef retrouvé. Mais Madara se souciait peu de ces courbettes. Il observait simplement les personnes qui avaient choisi de le suivre. Il aurait pu se sentir fier de voir que d'anciens ennemis devenaient aujourd'hui des alliés, mais il n'éprouvait qu'une satisfaction modeste en constatant que son rêve de paix prenait enfin forme.

Le groupe poursuivit sa route en direction de leur nouveau pays.

Beaucoup n'osaient pas parler à Madara, intrigues par cet homme qui, autrefois ennemi de Konoha, était désormais leur protecteur. Seuls les chefs de clan s'étaient rapprochés du trio, cherchant à comprendre le fonctionnement d'Heiwa.

Madara eut un long échange avec Enchû Nara. En tant que stratège de génie, ce dernier semblait être celui qui comprenait le mieux la portée de ce que l'Uchiha et Sakura avaient accompli jusqu'à présent.

À un moment, un petit groupe s'avança vers eux et s'inclina devant Ashina, qui haussa un sourcil, surpris par tant de déférence.

— Uzumaki-dono.

— Oui ? répondit-il.

Devant lui, une dizaine de Hyûga, issus de la branche secondaire, qui avaient rejoint leurs rangs lorsque l'opportunité s'était présentée. Les autres membres de la branche étaient à proximité, attentifs à la conversation. Beaucoup avaient été choqués de voir les Hyûga se rallier à Madara, en particulier les membres de la branche secondaire.

— Désolé de vous déranger, mais est-il vrai que le sceau maudit a été conçu par votre clan ? demanda le représentant des Hyûga, une lueur d'espoir dans la voix.

— C'est exact. Il y a environ cinquante ans, votre chef a fait appel à nos connaissances pour maintenir votre branche secondaire sous contrôle et, accessoirement, protéger le Byakugan. C'était immoral, mais la somme proposée à l'époque était irrésistible, affirma l'Uzukage, croisant les bras.

Certains membres de la Bunke frissonnèrent en entendant cette vérité. Pourtant, plus rien ne les étonnait désormais, et un nouvel espoir naissait en eux : celui de se libérer de ce sceau maudit.

— Et, seriez-vous en mesure... commença l'un d'eux.

— De vous retirer le sceau sans vous tuer ? compléta Ashina.

— Oui, répondirent en chœur de nombreux Hyûga.

— C'est donc pour cela que vous avez quitté Konoha, n'est-ce pas ? Pour fuir l'esclavage et les maltraitances de la branche principale, reprit Ashina. Le hochement de tête discret de leurs interlocuteurs confirma ses soupçons.

— Ce n'était pas vraiment une vie... et...

— Oui, nous vous libérerons du sceau, dit finalement Ashina. Des sourires rayonnants se dessinèrent sur les visages des Hyûga, certains versant même des larmes de joie.

Madara se tourna alors vers eux.

— Vous pouvez être sûrs que jamais plus votre destin ne sera lié à cette marque. Vous êtes libres de construire votre propre vie, sans jamais craindre la persécution. Et Ashina se fera un plaisir de vous en libérer, ajouta l'Uchiha en retenant un sourire.

— Merci infiniment, dit l'un des Hyûga en s'inclinant profondément avant de se retirer avec ses camarades.

— Devais-tu vraiment dire que je m'en occuperai personnellement ? lança Ashina, piqué.

— Tu n'aurais pas dû me traiter de branquignole alors que je n'étais pas encore revenu de Konoha, répliqua Madara avec un sourire en coin.

La nuit enveloppait depuis longtemps la cité d'Heiwa, prête à plonger dans un sommeil paisible jusqu'au lendemain. Des patrouilles sillonnaient les rues, veillant à ce que le couvre-feu soit scrupuleusement respecté. Bien que la ville fût un symbole de paix et de prospérité, il était interdit à quiconque de circuler après une certaine heure.

Seules les forces militaires étaient autorisées à arpenter les rues à toute heure, dans le cadre de leurs missions de surveillance et de protection.

Comme souvent à une heure avancée de la nuit, après s'être assurée que Nozumi dormait profondément, Sakura se rendit au cimetière de la cité pour se recueillir devant la tombe de son amie défunte. Son deuil était loin d'être achevé, et chaque visite était une tentative de soulager la douleur tout en implorant le pardon de son amie pour le tragique destin qu'elle et sa famille avaient subi. Elle s'en voulait de n'avoir pu la sauver, malgré toutes les paroles réconfortantes de son époux.

Et comme à chaque fois, une larme solitaire roula sur sa joue avant qu'elle ne l'essuie du revers de la main.

— Tu me manques, murmura Sakura dans la fraîcheur de cette nuit d'automne.

Elle resta encore un moment immobile devant la tombe, puis se dit qu'il était temps de retourner auprès des siens. Les vivants avaient besoin d'elle plus que les morts. En cet instant, elle comprit mieux pourquoi son ancien maître, Kakashi, passait tant de temps devant la pierre commémorative.

Alors qu'elle s'apprêtait à partir, une silhouette apparut dans son champ de vision. Une personne qu'elle n'aurait jamais imaginé revoir.

Il se tenait là, à deux mètres d'elle, vêtu de son kimono blanc orné de Magatama noirs, tenant son bâton Gudôdama.

— Ôtsutsuki-sama ! s'exclama Sakura, stupéfaite.

Jamais elle n'aurait cru le revoir après sa disparition, survenue plus de deux ans auparavant. Pourtant, un souvenir ressurgit brusquement : lors de leur dernière rencontre, il avait laissé entendre qu'ils se retrouveraient un jour.

Le Rikudô Sennin ne dit rien. Il la fixait longuement, impassible. Puis il s'avança vers elle, son visage fermé. Jamais Sakura ne l'avait vu ainsi. Il n'y avait ni la bienveillance habituelle, ni le moindre signe d'empathie.

Une légère crainte monta en elle alors qu'il s'approchait.

— Ôtsutsu..., commença Sakura, tentant de comprendre sa présence en ces lieux, mais elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase. D'un geste brutal, il lui asséna une gifle d'une force inouïe. Même Tsunade, lors de leurs entraînements, n'avait jamais frappé aussi fort. La tête de Sakura fut violemment projetée sur le côté, tant l'impact était puissant, exécuté sans la moindre hésitation.

Sonnée, Sakura porta instinctivement la main à sa joue brûlante. Pourquoi un tel geste ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ?

— Je t'ai renvoyée dans le passé pour que l'Enfant de la Prophétie accomplisse sa destinée, pour que le cycle de la haine prenne fin ! Pas pour que tu le perpétues ! tonna l'ermite d'une voix sévère.

Sous le choc, Sakura releva lentement la tête, ses yeux rencontrant les deux Rinnegan du Rikudô Sennin. Confuse, elle ne comprenait pas pourquoi il lui disait cela. Tout en se frottant la joue pour en atténuer la douleur, elle demeura muette, pétrifiée par la peur et l'incompréhension.

Jamais elle n'avait vu cet homme si dur, même lorsqu'il avait appris que Sasuke partait affronter Naruto à la Vallée de la Fin. Pourquoi ce changement soudain ?

— Tu as une mission, Sakura, ajouta le Rikudô d'un ton plus posé.

Le mot "mission" eut l'effet d'une décharge électrique. Sakura reprit immédiatement ses esprits. Elle se souvenait trop bien de la raison pour laquelle elle vivait désormais à l'ère Sengoku. La douleur du sacrifice qu'elle avait consenti resurgit, transperçant à nouveau son cœur.

— Je le sais, Ôtsutsuki-sama ! répliqua-t-elle, encore ébranlée par la gifle. Chaque jour, je pense à cette mission. Comment pourrais-je oublier ce que j'ai dû abandonner, tout ce que j'ai sacrifié pour la mener à bien ? dit-elle, sa voix chargée de souffrance.

La douleur s'intensifiait en elle. Elle venait de pleurer la perte de son amie, et voilà que l'ermite, avec ses reproches, ravivait cette blessure béante.

— Ne rends pas leur sacrifice vain, Sakura, poursuivit l'ermite, insensible à la détresse de la kunoichi.

— Vain ? s'offusqua Sakura, choquée par l'accusation. Pourquoi me faire porter le poids de leur disparition ? J'ai suivi vos conseils depuis mon arrivée dans l'ère Sengoku. J'ai sauvé Madara de la mort, je l'ai soigné, guidé... Je suis même tombée amoureuse de lui ! J'ai implanté les cellules d'Hashirama comme vous me l'aviez demandé pour qu'il accède au Rinnegan. Tout ce que j'ai fait, c'était pour accomplir votre volonté, pour mettre fin au cycle de la haine ! Et maintenant vous me reprochez quoi ? Que vous ai-je fait pour mériter votre déception ?

— Dis-moi, Sakura, qu'est-ce que le cycle de la haine ? demanda le vieil ermite, cette fois d'un ton plus neutre.

Sakura, déstabilisée par ce changement d'attitude, prit un instant pour réfléchir avant de répondre.

— La perpétuité de la vengeance, répondit-elle.

— Qu'as-tu ressenti lorsque Hitomi a été tuée par ce shinobi de Konoha ?

— J'ai... ressenti une immense colère..., avoua-t-elle, la voix tremblante.

— Seulement de la colère ? Ne me mens pas, Sakura ! gronda-t-il de nouveau. Que faisais-tu quand ton amie eut la gorge tranchée ?

Sakura ouvrit la bouche pour répondre, mais une terrible vérité l'envahit. Elle réalisa soudain ce que le Rikudô Sennin voulait lui faire comprendre. En vengeant la mort d'Hitomi, en anéantissant l'armée qui avait attaqué son village, elle avait elle-même nourri ce cycle qu'elle devait briser.

— Alors ? demanda l'ermite, observant les réactions de Sakura, qui comprenait enfin où il voulait en venir.

— Oui, mais..., tenta-t-elle, cherchant désespérément à se justifier.

— Il n'y a pas de "mais", Sakura ! La colère est une émotion naturelle, mais la frontière entre elle et la haine est bien trop fine. Tu as laissé tes émotions te dominer, alors que tu es une ninja. Ta maîtrise aurait dû primer, répondit-il d'un ton ferme et réprobateur.

— Je le sais... Un ninja doit toujours garder le contrôle, quelles que soient les circonstances. Un ninja ne doit jamais montrer ses émotions, il doit placer sa mission au-dessus de tout... et retenir ses larmes, récita-t-elle, presque machinalement. Mais sa voix tremblait, trahissant les tourments qui la traversaient sous la pression des reproches.

— Alors pourquoi t'es-tu laissée envahir par la haine ? Pourquoi as-tu permis à cette rage de t'éloigner de ta mission principale : assurer que l'Enfant de la Prophétie accomplisse son destin ?

— Ce n'est pas vrai ! protesta Sakura, sa voix empreinte de désespoir. J'ai consacré toute mon énergie à cette mission ! Nous avons instauré la paix ! Heiwa est devenu un havre de tranquillité. Tout ce que j'ai fait était pour défendre cette paix, cette vision que nous avons bâtie ! J'ai tendu la main aux plus faibles, aux opprimés ! Chaque jour, j'ai travaillé sans relâche pour que cette prophétie se réalise ! Ce n'est pas ma faute si l'humanité détruit tout ce qui m'est cher ! s'écria-t-elle, les larmes dévalant ses joues, sa respiration haletante après cette tirade.

— N'as-tu pas épargné Madara, alors que tu savais qu'il était responsable de la mort de milliers à ton époque ? demanda calmement l'ermite.

— Oui... mais comment aurais-je pu le guider s'il était mort ? J'ai suivi la mission que vous m'avez confiée ! répliqua-t-elle en reniflant, les yeux gonflés par les pleurs.

— Alors pourquoi n'as-tu pas retenu ta main contre ce Shinobi qui n'avait tué qu'une seule personne ?

Sakura tremblait, incapable de formuler une réponse cohérente. Pourquoi l'ermite l'accablait-il ainsi ? Chaque action qu'elle avait entreprise semblait être remise en question.

— Parce qu'elle était ton amie ? poursuivit l'ermite, devinant ce qu'elle ne parvenait pas à dire.

— Oui..., murmura-t-elle faiblement.

— Et toi, qui es-tu pour décider qui mérite de vivre ou de mourir ? demanda-t-il, cette fois d'une voix tranchante.

Ces mots frappèrent Sakura comme une lame. C'était la goutte de trop.

— Et eux ? Qui étaient-ils pour décider que mon amie et ces innocents devaient mourir ? s'écria-t-elle, la voix brisée par l'injustice. Pourquoi eux auraient-ils le DROIT de choisir ? Pourquoi est-ce toujours à moi de retenir ma main alors qu'eux sèment mort et destruction ?

— Parce que tu n'es pas comme eux, répondit l'ermite avec une douceur retrouvée. Sakura, tu es différente. Tu as un rôle bien plus grand à accomplir.

— Différente ? répéta-t-elle, épuisée et confuse.

— Parmi des milliers de personnes à ton époque, qui ai-je choisi pour cette mission ?

— Moi... soupira Sakura, sentant ses épaules s'affaisser sous le poids de la tâche.

— Oui, toi, Haruno Sakura. Car contrairement à d'autres, tu as en toi la force de ne pas sombrer dans la haine. Mais cela ne sera possible que si tu cesses de te laisser aller comme tu l'as fait récemment, expliqua l'ermite.

— Facile à dire pour vous, rétorqua-t-elle avec colère. Vous n'avez rien sacrifié. Vous êtes passif, vous n'intervenez jamais, et quand vous apparaissez, c'est pour me faire la morale ! Si c'est si simple, pourquoi ne pas guider vous-même l'Enfant de la Prophétie ?

— Parce que j'ai confiance en toi, Sakura. Et je ne suis pas passif, je suis là devant toi, pour te ramener sur le droit chemin.

— Le droit chemin ? Mais quel est-il, vraiment ? Peu importe ce que je fais, les humains ne connaissent qu'une chose : la guerre. J'ai beau les guider, les raisonner... Ils ne résolvent leurs conflits que par la violence ! Vous voulez vraiment laisser en vie des violeurs, des pilleurs, des meurtriers ? Tsunade Senju m'a appris qu'il fallait parfois sacrifier pour le bien du plus grand nombre. En tuant ces hommes, j'ai agi pour protéger la paix de mon pays ! répondit Sakura, convaincue d'avoir fait ce qui était juste.

— La justice est légitime, mais le massacre auquel tu t'es livrée était inutile pour ta mission, insista l'ermite.

— Mais c'est vous qui m'avez demandé de devenir plus forte, plus froide ! Je n'ai fait qu'obéir à vos ordres ! Et maintenant que la paix semble enfin à portée de main, je ne laisserai personne se dresser sur mon chemin !

— Est-ce toi qui parles... ou Madara ? demanda l'ermite, sceptique.

— Peut-être qu'il avait raison. Peut-être qu'il a toujours eu raison, répondit-elle, le regard dur. Quand je regarde le monde, je me demande s'il mérite vraiment d'être sauvé. Je comprends même pourquoi Pain a fait ce qu'il a fait à Konoha.

— Tu comprends maintenant ce que j'ai dû endurer pendant mille ans. C'est pour cela que le cycle de la haine doit prendre fin.

— Vous saviez, n'est-ce pas ?

— Que l'humanité est corrompue ? Oui, je le savais.

— Alors pourquoi m'avoir infligé tout cela ?

— Parce que tu devais le vivre pour mieux comprendre la tâche qui t'incombe. Je suis ici pour t'empêcher de sombrer dans les ténèbres et d'échouer. Mais aussi pour que la prophétie s'accomplisse, et que le cycle de la haine prenne fin, enfin.

— Mais... ça fait tellement mal, dit Sakura en essuyant ses larmes d'un revers de main.

— La mort fait partie de la vie, Sakura. N'oublie jamais, les êtres humains naissent pour un jour mourir. C'est le cycle inévitable de l'existence, conclut l'ermite avec sa sagesse habituelle.

Sakura ferma les yeux, accablée par cette vérité immuable : naître pour mourir. Elle savait mieux que quiconque que la mort emportait souvent des âmes bien avant qu'elles n'aient eu le temps de vivre pleinement. Bien que cela fasse partie du cycle de la vie, la douleur restait vive, surtout lorsque le regret de ne pas avoir assez profité de la présence des êtres chers prenait toute la place dans l'esprit.

— Est-ce que... est-ce que..., balbutia-t-elle, hésitant, ses yeux à moitié tournés vers l'arrière.

— Est-ce que quoi, mon enfant ? demanda le Rikudô Sennin, dont la voix s'était adoucie, sentant la fragilité de Sakura.

— Est-ce que... vous pourriez la faire revenir ? osa-t-elle finalement demander, une lueur d'espoir vacillant dans son cœur.

— Qui donc ? demanda-t-il avec calme.

— Hitomi..., murmura-t-elle.

— Qu'est-ce qui te fait croire que j'en ai le pouvoir ? répondit-il doucement, mais fermement.

— Je me souviens... Pain. Il a ramené à la vie tous les habitants de Konoha après... après ce qu'il a fait... dit-elle d'une voix tremblante, comme si elle cherchait désespérément une raison d'y croire.

— Pain a sacrifié sa propre vie pour redonner celles qu'il avait arrachées, expliqua le Rikudô Sennin. Ce qu'il a accompli avait un prix. Je ne peux pas accéder à ta demande, Sakura. Je ne suis moi-même qu'une projection de mon âme. Et même si je pouvais ramener les morts, cela demanderait une énergie que je n'ai plus. La matérialisation de mon être ici est déjà un effort immense... Je ne peux pas faire revenir Hitomi.

— Je comprends..., murmura-t-elle, sa voix presque éteinte par la déception.

Un silence pesant s'installa, alors que le poids de la réalité s'abattait sur elle. Le Rikudô Sennin, sentant la douleur de Sakura, chercha à la réconforter.

— Sakura, dit-il doucement.

— Oui ? répondit-elle, le cœur lourd.

— Ne gâche pas tout... Vous êtes si près du but. N'abandonne pas maintenant, ajouta-t-il avant de disparaître, laissant Sakura seule avec ses pensées.

Il avait fallu près de quinze jours pour que les deux mille nouveaux citoyens d'Heiwa arrivent enfin à la cité. Une fois enregistrés, ils furent répartis dans les divers quartiers résidentiels de la capitale et dans les villages environnants, en particulier les civils. Quant aux Shinobi, ils intégrèrent immédiatement les rangs des forces ninja d'Heiwa.

Tous, sans exception, furent émerveillés par l'organisation et l'architecture de la ville, qui surpassait de loin toutes les rumeurs qu'ils avaient entendues. Un sentiment régnait dans les rues : sécurité.

Un jour, alors qu'elle arpentait les avenues de la capitale, Sakura fut témoin d'une scène inattendue. Elle s'arrêta en retrait, curieuse de voir ce qui allait se passer.

Tsunade et Jiraiya marchaient ensemble dans les rues. Leurs maîtres avaient été très occupés depuis leur retour, mais les deux apprentis ninja avaient tenu à accueillir les nouveaux arrivants. Le choc de la destruction de leur ancien village passé, ils étaient impatients de voir qui avait fait le choix de les rejoindre à Heiwa.

— Orochimaru ! s'écria Jiraiya, reconnaissant une silhouette familière s'avançant vers eux.

Orochimaru semblait ne pas les avoir remarqués, mais en entendant son nom, il tourna enfin la tête vers eux.

— Content de voir que tu es toujours en vie, Orochimaru, dit Tsunade avec un petit sourire.

— Bonjour, Tsunade, répondit-il froidement, comme à son habitude, ignorant complètement Jiraiya qui, déjà, faisait la moue.

— Nous ne savions pas si nous te reverrions un jour, confia Tsunade, sa voix empreinte de tristesse à l'évocation de leur village disparu.

— Il n'y avait rien à y gagner, répondit Orochimaru avec détachement. Sensei n'avait plus de temps à me consacrer... et puis, j'ai plus à gagner ici qu'en restant à Konoha.

— Mais tu nous as nous, déclara joyeusement Jiraiya, avant de recevoir un regard glacial de son camarade à la peau pâle.

— Je n'allais pas servir un pays qui m'a pris tous ceux que j'aimais, ajouta Orochimaru, évoquant la perte de ses parents durant la guerre.

— Mais tu n'es plus seul maintenant. Nous sommes réunis à nouveau ! C'est le début d'une nouvelle vie pour nous trois ! lança Jiraiya avec enthousiasme.

Cette fois, Orochimaru lui répondit par un sourire discret, ce qui provoqua un frisson chez Sakura. Elle se souvenait trop bien des sourires malsains que cet homme affichait à son époque. La Daimyô de Ta no Kuni se promit de garder un œil sur lui. Bien que rien, pour l'instant, ne suggère qu'il suive le même chemin que dans son futur, elle voulait s'assurer que sa destinée ne prenne pas le même tournant. Déjà, elle était rassurée de le voir entouré de ses amis, contrairement à la solitude qui l'avait accablé auparavant. Mais elle savait aussi qu'il lui faudrait veiller à ne pas le laisser sombrer dans une quête de pouvoir sans fin. Seul l'avenir dirait si son appartenance à Heiwa allait changer le destin d'Orochimaru.

Sakura les observa s'éloigner, sûrement en quête de faire découvrir à leur compagnon les moindres recoins de la cité. Elle se dirigea ensuite vers les bâtiments officiels, où le conseil militaire devait se réunir. Avec l'arrivée de plusieurs clans entiers à Heiwa, il était crucial de les intégrer pleinement au fonctionnement de la ville.

De plus, Sakura savait que le retour du courrier envoyé par Madara Uchiha au reste du monde, après la destruction de Konoha, ne tarderait pas. Elle pressentait que cette nouvelle allait secouer les nations et qu'elle risquait de provoquer de nouveaux conflits. Les différents pays allaient sans doute se disputer les terres du Pays du Feu, désormais impuissant à les défendre.

Dirigeant du monde,

L'Hokage de Konoha No Sato a orchestré une tentative d'assassinat envers la Daimyô de Ta No Kuni, Sakura Uchiha. Pour cet acte de trahison envers la loi Shinobi concernant les Daimyô, Hiruzen Sarutobi anciennement Sandaime Hokage a été exécuté ainsi que le reste de son village Konoha No Sato.

Voici un avertissement au reste du monde pour quiconque osera s'en prendre de près ou de loin à la nation de Ta No Kuni.

Uchiha Madara. 

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