Lève toi et marche !
Avoir confiance en ses compétences, tout comme avoir foi en soi-même, constituait la pierre angulaire du succès.
Sakura Haruno en avait une connaissance approfondie, ayant éprouvé cette vérité à maintes reprises au cours de son existence de ninja. Certaines personnes étaient capables d'accomplir des exploits remarquables, des actes que l'on pouvait presque qualifier de miraculeux. Toutefois, Sakura avait compris que la clé de leur réussite résidait dans la foi profonde que ces individus plaçaient en eux-mêmes. Que ce soit en observant Tsunade ou d'autres confrères médecins s'atteler à des opérations médicales périlleuses, il était évident que leur compétence technique ne suffisait pas. C'était leur conviction inébranlable en leur capacité à réussir qui les guidait vers le résultat escompté.
De la même manière, lorsqu'elle s'était présentée à l'examen Chûnin, Sakura n'aurait pas surmonté les épreuves sans une foi solide en ses propres capacités. Il en était de même lors de ses combats contre des ennemis redoutables. Sans cette confiance en elle-même, elle n'aurait jamais triomphé !
C'était cet élément, entre autres, qui l'avait propulsée vers une force croissante, non seulement sur le plan physique, mais aussi sur le plan mental. Elle avait compris que le découragement et la perte de foi en soi-même pouvaient mener à la déchéance. Ainsi, elle avait endurci son esprit et renforcé sa résilience.
En renforçant sa confiance en elle, la jeune femme avait également cultivé une détermination à toute épreuve dans la réalisation de ses objectifs. C'est cette obstination qui lui avait permis de sauver un homme de la mort, alors que d'autres auraient abandonné ou ne se seraient même pas lancés dans la tentative. Sakura persistait, même dans les situations difficiles, épuisantes, rebutantes, répugnantes, poursuivant inlassablement son but jusqu'à ce qu'elle atteigne la satisfaction.
Cependant, la kunoichi aux cheveux roses avait décelé une vérité plus profonde. Si la foi était la clé du succès, son absence pouvait également être exploitée à des fins opportunes. Malgré son inconfort face à cette réalité, Sakura était consciente que la guerre ne se résumait pas seulement à des affrontements physiques. Non, la bataille se jouait également sur le plan psychologique.
Combien de nations avaient sombré sous le poids du désespoir ? Combien de personnes avaient capitulé simplement parce qu'elles avaient perdu toute foi ? La pression psychologique exercée sur elles les avait anéanties, les laissant incapables de rebondir autrement. Ces individus et ces nations n'avaient eu d'autre choix que d'accepter l'inacceptable : la perte de fortune, de foyer, de libre-arbitre, jusqu'à ce qu'ils estiment ne plus avoir de valeur dans ce monde.
Cependant, parfois, une seule personne suffisait pour changer le cours des choses. Et cela, Sakura le savait trop bien grâce à Naruto Uzumaki. Il était une lueur d'espoir dans l'obscurité, une force constante qui n'avait jamais dévié de son objectif : ramener Sasuke au village et, de manière plus générale, instaurer la paix entre les peuples et les nations.
Combien de vies le blond avait-il influencées, guidant les égarés vers le chemin de l'espoir ? Indéniablement, il avait été le moteur de l'Alliance ninja pendant la Quatrième Grande Guerre Shinobi, empêchant le désespoir de s'installer et transformant les individus en alliés.
C'est en pensant à son ami disparu que Sakura était convaincue que la paix qu'elle cherchait à obtenir avec Uchiha Madara devait s'appuyer sur ces deux aspects de la foi.
Croire en soi et insuffler l'espoir
Depuis deux jours maintenant, Hashuba, le Daimyô de Ta No Kuni, avait opté pour l'alliance avec Madara Uchiha. Bien que ses premières hésitations fussent palpables, la réception de la seconde missive avait fait voler en éclats ses doutes et ses craintes. La signature par le sang était une pratique rare chez les chefs de clan, mais elle représentait une déclaration formelle de leur engagement à honorer leurs promesses.
La légendaire réputation de Madara, qui mettait sa signature en jeu, signifiait qu'il tiendrait parole sans détour. Hashuba, en homme d'honneur, décida alors de faire de même. Le défi résidait désormais dans la manière de procéder en toute discrétion, compte tenu des exigences de Madara. Hashuba savait que s'il était découvert, il serait accusé de trahison envers les pays voisins avec lesquels il avait conclu des accords commerciaux.
— Tanaka ! s'écria le Daimyô d'une voix puissante, attirant l'attention de son secrétaire qui se redressa immédiatement.
— Oui, Daimyô-sama ?
— Envoie une missive à tous les membres du conseil, informe-les de ma requête de leur présence dans deux jours ! ordonna le chef à son subordonné, qui s'empressa de se diriger vers les parchemins pour préparer les convocations.
— Considérez-le fait, Daimyô-sama, assura Tanaka alors qu'il griffonnait déjà la première lettre.
— Suzuki ! appela Hashuba en direction de la porte.
À peine deux secondes s'écoulèrent avant qu'une porte ne s'ouvre, laissant place à un homme à la carrure imposante qui fit son entrée. Dans la quarantaine, des cicatrices épousaient les contours de son visage, témoignant d'une vie de guerrier. Un cache-œil masquait une ancienne blessure, et ses cheveux noirs de jais étaient noués en une queue-de-cheval haute. Il revêtait une armure de samouraï d'une teinte sombre.
— Daimyô-sama ! Ordonnez, et j'exécuterai vos commandements ! répliqua l'homme en saluant d'une main posée sur son torse. Ils avaient combattu côte à côte pendant de nombreuses années au cours de la guerre des provinces. L'un était devenu Daimyô, tandis que l'autre avait été nommé son conseiller le plus proche et chef de ses armées. Bien que leur force soit modeste, une armée restait une armée.
Hashuba et Suzuki maîtrisaient les rudiments du chakra. Bien que non affiliés en tant que shinobi, leur compétence s'étendait à des techniques élémentaires telles que le Bunshin No Jutsu et le Hengen. Toutefois, leur véritable puissance émanait de leur maîtrise supérieure de l'art du sabre. Non des samouraïs, ils dédaignaient le recours au chakra, qu'ils percevaient comme une pratique déshonorante.
— Le miroir est l'âme de la femme... commença le Daimyô d'un ton énigmatique.
— Comme le sabre est l'âme du guerrier, compléta Suzuki, saisissant la profondeur de ces paroles. Pour d'autres, c'était simplement un proverbe guerrier, mais pour Suzuki et Hashuba, cela présageait le retour imminent des tumultes de la guerre.
— Réduisez les patrouilles de surveillance. Les nations connaissent dorénavant notre position vis-à-vis du monde, expliqua le seigneur. De plus, j'ai besoin de nos soldats pour d'autres missions. Divisez notre armée en plusieurs détachements et organisez de nombreuses expéditions.
— À vos ordres...
— Dispense le message à travers la ville : nous cherchons des bras pour nos caravanes, et la rétribution sera à la hauteur de l'effort requis. Organise cela pour les deux prochains jours. Prépare des caravanes et des groupements qui s'aventureront à travers toutes les nations élémentaires.
— Pour quelle raison, mon ami ? demanda Suzuki, osant poser la question en dépit de son respect envers son Seigneur. En tant que conseiller gouvernemental, il voulait comprendre la raison derrière cette requête subite.
— Pour la prospérité et la paix de ce monde, répliqua le Daimyô en se tournant ensuite vers Tanaka et ses gardes. Ce qui se dit ici ne doit jamais franchir ces murs ! ajouta-t-il d'une voix inflexible.
Le Daimyô se trouvait uniquement parmi ses hommes de confiance, mais il comprenait que des rappels impérieux étaient indispensables pour prévenir toute trahison en évitant de montrer la moindre faiblesse.
— Oui ! s'écrièrent d'un commun accord les six individus présents dans la salle : Suzuki, Tanaka et les quatre gardes du corps. Chacun était conscient que toute tentative de trahison serait sévèrement sanctionnée, la perte de la tête étant la conséquence inévitable.
— Les temps changent, et il nous faut évoluer avec eux si nous voulons éviter d'être effacés, déclara Hashuba d'une voix qui semblait avoir accumulé soudainement des années de sagesse.
— Salutations, conseillers. Je vous ai réunis aujourd'hui pour débattre du destin de Ta No Kuni et des manœuvres que j'ai en tête, débuta Hashuba en scrutant ses conseillers. Leur nombre s'élevait à six, une configuration soigneusement pensée pour que, en cas d'égalité d'opinions, le Daimyô puisse trancher.
Assis à même le sol sur des coussins, Suzuki à sa droite et les cinq autres en face de lui, Hashuba instaurait un équilibre délibéré. Seul son secrétaire Tanaka était installé à une table à part, prêt à consigner chaque mot de la conversation.
— Alors que notre survie dépend de nos alliances avec les grandes nations voisines, j'ai reçu une offre trop significative pour être ignorée, poursuivit le seigneur féodal, captivant son auditoire. Il se servit une tasse de thé fumante avant de continuer. L'offrant est animé d'une ambition alignée sur nos aspirations les plus profondes : la prospérité de notre nation.
— Qui est cette personne, Daimyô-sama ? interrogea un homme d'âge vénérable, le plus ancien de l'assemblée, proche des soixante ans. Un exploit en ces temps troubles.
— Pour l'heure, je préfère taire son nom, Rômaji-sama, répondit Hashuba avec déférence. Bien que seigneur de ce pays, il reconnaissait les conseils inestimables de Rômaji, qui l'avaient guidé jusqu'à sa position actuelle. Un respect témoigné non seulement en raison de ses conseils avisés, mais aussi de son grand âge. Soyez assuré qu'il viendra en personne à notre rencontre au moment propice.
— Quelles sont ses exigences ? interrogea Suzuki, toujours vêtu de son armure de guerrier.
— Il nous demande de nous préparer, d'accumuler d'immenses réserves, d'élargir la capitale pour accueillir davantage de monde, expliqua Hashuba, évoquant la dernière lettre qu'il avait volontairement consumée, préservant ainsi son contenu de tout regard indiscret.
— A-t-il révélé ses motivations ? interrogea Rômaji, cherchant à percer le mystère derrière cette requête, à moins qu'elle ne fomente la guerre. Le vieil homme empoigna délicatement une tasse de thé brûlant, versant avec parcimonie une pincée de sucre rare – un luxe réservé à la noblesse.
— Il a laissé entendre que tout serait dévoilé dans un avenir proche, assura Hashuba.
— Cela risque d'épuiser considérablement les coffres de notre Daimyô, douta un homme plus jeune, fils d'Hashuba. Bien loin d'être un guerrier, il excella néanmoins dans la gestion économique du pays.
— L'homme en question possède des richesses colossales et s'est engagé à financer pleinement ces projets, expliqua Hashuba à son fils, portant la tasse à ses lèvres tout en soufflant doucement sur la vapeur.
— Comment pouvons-nous être certains qu'il ne nous berne pas ? interrogea sagement Rômaji, éveillant les doutes du vieil homme aguerri. Connaissant la réputation de Ta No Kuni en tant que nation neutre, il craignait que cette offre ne soit un stratagème visant à affaiblir le pays pour mieux le conquérir.
— Un pacte scellé de sang...
Cette réponse laconique plongea l'assemblée dans un silence respectueux, car la pratique du sceau de sang était une promesse solennelle rarement employée.
— N'encourrons-nous pas la colère d'autres nations en acceptant son offre ? s'inquiéta Suzuki, discernant le côté obscur de la proposition. Combattant aguerri, il avait survécu à assez de batailles pour préférer éviter celles à venir.
— C'est aussi ce que j'ai envisagé... il est fort probable que nous attirions la colère des nations voisines en dévoilant nos intentions... mais la personne qui m'a contacté détient le pouvoir de remodeler le monde.
— Quelles sont vos instructions alors ? interrogea Suzuki.
— Nous devons amasser suffisamment de ressources pour concrétiser notre objectif, tout en adoptant des méthodes subtiles pour rester aussi discrets que possible.
— Hmm, nous devrions envoyer des caravanes dans tous les pays pour collecter des vivres en prévision d'un éventuel siège. Sans une armée de shinobi, ils seront moins méfiants envers nos convois, suggéra Rômaji après une pause de réflexion.
— Évitons autant que possible les capitales, ajouta le fils d'Hashuba.
— Votre fils a raison, Daimyô-sama. À moins d'une raison impérative, nous devrions éviter les capitales... du moins initialement. Tout dépendra des instructions ultérieures de cet homme, soutint un autre conseiller d'une voix assurée.
— Je vais contacter des contacts à Kaminari No Kuni, je pourrais obtenir des arrangements avantageux pour des provisions, continua Rômaji en caressant sa barbe blanche.
— Quelqu'un parmi vous connaît-il un expert en Fûinjutsu ? demanda le seigneur féodal, ne recevant que des signes de tête négatifs, à l'exception de Rômaji qui continuait à caresser sa barbe.
— Si c'est quelque chose de simple, je pense avoir l'homme qu'il nous faut.
— Parfait, car il faudra sceller toutes nos réserves et les mettre en lieu sûr.
— Et que comptez-vous faire pour la ville ? interrogea Daiki.
— Entamer des travaux... Tanaka ! Préparez un communiqué pour demain, annonçant le début d'un vaste chantier et notre besoin de main-d'œuvre, ordonna Hashuba à son secrétaire.
— Oui mon seigneur !
— Maintenant, nous devons décider où envoyer nos caravanes... déclara le Daimyô alors que Tanaka disposait plusieurs cartes des nations élémentaires devant le conseil.
Depuis près de trois semaines, Sakura avait imposé à son patient des exercices de rééducation, et celui-ci pouvait se considérer chanceux d'avoir cette femme dévouée à son chevet. Il bénéficiait de l'attention constante d'une médecin d'exception, l'une des plus éminentes que le monde ait jamais connues, et sans conteste la plus puissante de leur époque.
D'ordinaire, réapprendre à marcher suite à une blessure au dos exigeait des années d'efforts pour envisager de retrouver la verticalité. Et encore davantage pour reprendre ses pas en solitaire. Cependant, grâce aux compétences étendues de Sakura et à son Iryô Ninjutsu, cette épreuve serait surmontée en quelques mois.
— Pourquoi cela prend-il autant de temps pour guérir ? s'interrogea Madara, dépourvu de toute notion du délai nécessaire au rétablissement du corps humain. Ses compétences et son Sharingan l'avaient jusqu'alors préservé de toute blessure notable, faisant de cette période de convalescence une expérience totalement inédite, et surtout prolongée.
— Considérez-vous chanceux, Uchiha-san. Sans ma présence, des années seraient nécessaires avant que vous ne puissiez remarcher, répliqua Sakura tout en infusant son chakra dans les jambes fatiguées de Madara pour hâter leur récupération.
— Serais-je en train de détecter une pointe d'arrogance ? interrogea Madara, arborant un léger sourire. C'était la première fois qu'il surprenait la jeune femme à vanter ouvertement ses compétences, elle qui avait toujours cultivé l'humilité et la discrétion.
— Je vous considère comme le ninja le plus puissant des nations élémentaires, et vous partagez cette conviction, répliqua Sakura, toujours concentrée sur son ouvrage. Pensez-vous que cela vous rend arrogant ?
— Je comprends votre point de vue, répondit Madara, percevant qu'affirmer sa suprématie n'était pas de l'arrogance lorsque c'était une vérité incontestable.
— Encore quelques flexions et extensions, ordonna Sakura, et l'homme s'y plia avec enthousiasme.
Tout moyen pour retrouver l'usage de ses jambes était bienvenu, et il se conformait sans réserve aux directives de la jeune femme. Les progrès étaient manifestes ; il parvenait désormais presque à ramener sa jambe jusqu'à son torse, un signe indéniable que la guérison était en marche grâce à l'expertise de Sakura.
— Si vous deviez vous évaluer en termes de puissance, Haruno-san, où vous situeriez-vous ? demanda Madara, manifestant un vif intérêt pour sa réponse. Il avait bien observé nombre de ses compétences, mais ignorait encore quelle perception elle avait de sa propre puissance.
— C'est une question subjective... commença Sakura, réfléchissant à sa position dans le monde shinobi. Comme vous le savez, même un enfant bien préparé peut vaincre le plus redoutable des combattants.
— Vous comprenez ce que je veux dire, Haruno-san, répliqua Madara, voyant Sakura éviter le sujet tout en tournant autour du pot.
— Hmm, étant peu connue, seules cinq personnes pourraient prétendre à ma vie, bien que cela reste relatif, répondit finalement la fleur de cerisier, s'appuyant sur ses connaissances de l'ère Sengoku. Si elle était à son époque d'origine, de nombreux ninjas pourraient rivaliser avec elle, mais uniquement parce qu'ils connaissaient ses capacités.
— Qui sont-ils ? insista Madara, curieux de connaître ces individus.
— Vous, Tobirama Senju, Ashina Uzumaki, Mû et Gengetsu Hôzuki. Chacun de ces cinq, s'engageant dans un combat à mort avec moi, aurait probablement le dessus, expliqua Sakura, reconnaissant honnêtement quand elle était surpassée.
Engager un combat loyal avec ces cinq personnes serait une entreprise extrêmement difficile pour elle.
— Certes, ils ne sortiraient pas indemnes non plus. Mais je connais mes limites... avoua-t-elle sincèrement.
— Pourquoi ne mentionnez-vous pas Hashirama ? s'étonna le brun, étonné que son rival et ancien ami ne soit pas évoqué.
— Il est mort, ajouta Sakura comme si c'était une simple réalité.
— Juste, pourquoi pensez-vous perdre contre ces quatre autres ? interrogea Madara, son dégoût et sa colère ressurgissant à l'évocation de Tobirama, l'homme qu'il désirait plus que tout voir disparaître de la surface de la terre, lui qui avait provoqué la mort de son frère !
Sakura interrompit ses activités, s'asseyant directement sur le sol tout en méditant sur la question qui se posait. Bien qu'elle possédât une mine d'informations sur ces quatre individus grâce à ses lectures, les exprimer clairement relevait d'un tout autre défi.
— Tobirama, tout comme Hashirama et vous-même, maîtrise l'art ninja avec virtuosité. Un vétéran aguerri, il serait difficile de le surpasser à moins de le prendre par surprise. Bien qu'il ne soit pas un exterminateur d'armées, il demeure un combattant exceptionnel. En ce qui concerne Ashina... un seul mot : Fûinjutsu. Mes connaissances dans ce domaine me révèlent qu'il serait capable de faire face à des armées entières en solo. En ce qui concerne Mû, il est notoire pour sa capacité à devenir invisible, et je ne possède pas de don sensoriel. Quant à Gengetsu Hôzuki... vous savez pertinemment pourquoi je ne fais pas le poids face à lui. Cet homme jouit de la réputation d'être invincible. Cependant, s'ils font l'erreur de me sous-estimer, leur fin serait instantanée, affirma la jeune femme avec assurance.
— Je suis étonné de n'avoir jamais entendu parler de vous.
— Je suis une femme, et le monde est impitoyable envers le sexe féminin... j'ai donc vécu les trois quarts de ma vie sous un Hengen. Bien, maintenant, écartez les jambes, effectuez un squat sans forcer.
Madara obéit, ressentant une douleur dans ses genoux en pliant, se redressant au maximum.
— Parfait, maintenant, tenez-vous à moi, ordonna Sakura en se positionnant juste à sa droite. Une petite promenade dans le jardin vous tenterait-elle ?
Sakura arbora un sourire radieux, car cette simple phrase sous-entendait bien plus. Cela signifiait, entre autres choses, que Madara était enfin prêt à se mettre debout.
— Hai, avec grand plaisir, s'exclama le brun, à peine croyant ce qu'il entendait, tandis qu'un léger sourire se dessinait sur ses lèvres. C'était la première fois que Sakura observait une telle expression sur son visage, renforçant ainsi sa confiance envers cet homme.
— Appuyez-vous sur moi et prenez votre temps, conseilla Sakura, se tenant aux côtés du brun pour le soutenir. Madara s'appuya sur la jeune femme et se déplaça lentement à travers la pièce principale, un pas après l'autre.
Il progressait à pas mesurés, une expérience inestimable pour Madara. S'il avait été seul, des larmes de bonheur auraient probablement coulé, mais en tant qu'homme, il refoulait ces émotions. Il réprima cette sensation et se concentra sur ses jambes.
Face aux portes-fenêtres, un escalier de trois marches s'étirait devant lui. Se déplacer sur une surface plane était une tâche bien plus aisée, et le simple acte de plier la jambe le fit vaciller. Heureusement, Sakura était là pour lui offrir son soutien, le préservant d'une chute imminente avant de le ramener à une position stable.
— Doucement, chuchota Sakura avec bienveillance.
Madara ajusta prudemment sa deuxième jambe à côté de la première.
Il venait de franchir la première marche avec difficulté, bénéficiant de l'aide nécessaire, mais il avait réussi. Aucun jugement ni critique ne planait sur lui, et il pouvait prendre tout le temps nécessaire pour accomplir cet exploit. C'est donc avec une détermination renouvelée que Madara souleva sa jambe droite pour entamer la deuxième marche. Grâce à l'assistance précise de Sakura, il parvint enfin à descendre les deux dernières marches.
Le sentiment de satisfaction et de fierté qui l'envahissait cette fois était immense. Il ne put contenir le sourire qui se dessinait sur son visage ni empêcher quelques larmes d'étinceler dans ses yeux. Aucune larme ne tomba, mais Sakura percevait cette émotion. Elle voyait le grand Uchiha Madara révéler son humanité : l'individu autrefois froid et impitoyable possédait bel et bien un cœur capable de ressentir des émotions.
Après une brève marche, les deux protagonistes atteignirent le rebord de la falaise, où un banc en bois les invitait à s'installer. Sakura aida son patient à trouver une position confortable avant de le rejoindre pour contempler la vue.
— C'est splendide, murmura Madara en observant la vallée qui s'étendait devant lui, s'évanouissant à l'horizon. Les nombreuses montagnes du pays des rizières suggéraient que cet endroit était difficile d'accès.
— Oui.
De longues minutes s'écoulèrent dans un silence apaisant. Chacun perdu dans ses pensées, fixant l'horizon et s'immergeant dans la sérénité du moment. Cependant, Madara observait la jeune femme à ses côtés. Elle était tout sauf ordinaire, avec une chevelure d'une teinte unique au monde. Son style vestimentaire, bien loin de la norme, consistait en des tenues singulières qui la rendaient d'une beauté étrangement captivante à ses yeux.
Ses cheveux avaient gagné en longueur depuis leur première rencontre, descendant en douces mèches légèrement en dessous de son menton, encadrant délicatement son visage. Aujourd'hui, elle arborait un pantalon blanc associé à un haut rayé aux teintes variées – vert, rouge, beige, noir – une harmonie qui s'accordait parfaitement avec ses traits.
Madara avait traversé bien des liaisons féminines au cours de sa vie, connaissant le désir charnel et l'attraction physique. Pourtant, ce qu'il éprouvait depuis quelque temps échappait à toute définition précise, suscitant en lui une certaine appréhension. L'inconnu avait toujours porté une aura de crainte, et nombreux étaient ceux qui préféraient fermer les yeux plutôt que de s'y aventurer.
— Pourquoi nourrissez-vous ce mépris envers les femmes, Uchiha-san ? demanda soudainement la jeune femme aux cheveux roses. Elle déplaça doucement son regard dans la direction du brun, une lueur de curiosité éclairant son visage. Elle souhaitait comprendre ce qui poussait un homme comme lui à mépriser le genre féminin.
— Parce qu'elles sont perçues comme inutiles et faibles, commença Madara en fixant le vide en contrebas. Il y a de cela deux mois, il aurait conclu sa phrase ainsi, mais c'était avant sa rencontre avec Sakura. Il ajouta alors : Du moins, pour la plupart d'entre elles
— Me considérez-vous comme faible ou inutile ? interrogea Sakura sans détourner le regard. Elle cherchait à susciter une réflexion profonde, à inciter à un changement positif. D'une certaine manière, ce que faisait Sakura relevait de la manipulation psychologique. Elle souhaitait démontrer que les croyances établies n'étaient pas nécessairement justes, mais plutôt issues de la personne elle-même, et non d'une influence externe.
— Non... je dois admettre que vous êtes la seule femme que je respecte, avoua Madara, procurant une immense satisfaction à Sakura. Gagner le respect de cet homme était une prouesse rare, et pour une femme, c'était comparable à la fin du monde.
— Pourquoi ? insista Sakura.
— Vous le savez très bien, rétorqua Madara, peu enclin à exposer en détail ses pensées sur le sujet.
— J'aimerais quand même l'entendre de votre bouche, Uchiha-san, insista la jeune Kunoichi, obtenant finalement satisfaction.
— Parce que vous êtes forte et indépendante, concéda le chef de clan.
Il ne pouvait qu'admettre en elle ces qualités, et cela le troublait profondément de constater à quel point le concept du "sexe faible" s'éloignait de son éducation. Les enseignements de son père avaient toujours martelé que les femmes étaient dénuées de valeur, de simples instruments destinés à servir les hommes !
— Et pourquoi pensez-vous que je suis telle que vous le décrivez ? questionna Sakura, cherchant à creuser davantage.
— Prédisposition, les vicissitudes de la vie, l'instruction, médita Madara, envisageant les éléments qui avaient pu façonner l'exceptionnelle compétence de Sakura.
— Et si l'on accordait à d'autres femmes les mêmes opportunités qu'on m'a offertes. Pensez-vous sérieusement que ces femmes demeureraient dénuées de valeur et fragiles ? questionna Sakura, cherchant à communiquer sa perspective au brun, affirmant que les femmes sont tout aussi capable que les hommes, pour peu qu'on leur accorde la chance de le démontrer.
Madara demeura sceptique face aux propos de Sakura. À ses yeux, elle incarnait une singularité inégalable par aucune autre femme. Même avec une formation poussée, Madara doutait fortement qu'une équivalence soit envisageable.
— J'ai des doutes quant à une autre femme pouvant vous égaler.
— La force et la puissance d'un homme naissent de l'entraînement, Uchiha-san. Une femme n'est considérée comme inutile que parce que les hommes ont décidé de le lui imposer ! Si vous offriez aux femmes les mêmes opportunités d'apprentissage, la même formation et le même entraînement que les hommes, vous constateriez que leur prétendue inutilité et faiblesse sont bien loin de la réalité, expliqua Sakura avec gravité.
Elle parlait en connaissance de cause, ayant observé de nombreuses femmes exceptionnelles au cours de sa vie, certaines même surpassant les hommes dans certains domaines.
— Certes, hommes et femmes peuvent exceller ou échouer dans divers domaines. Cependant, la force d'un individu ne devrait guère dépendre de la présence d'une paire de testicules entre ses jambes. C'est à travers ses convictions et sa foi en ses propres capacités qu'une personne acquiert véritablement de la force, argua Sakura avec conviction.
Madara maintint le silence devant cette argumentation, défiant tout ce qu'il avait assimilé au fil de vingt années d'enseignement. Effacer ces convictions d'un simple claquement de doigts n'était pas une tâche aisée. Il était déjà exceptionnel qu'il se contente d'écouter sans réagir, voire tout simplement d'accorder son attention à cette jeune femme.
— Certes, une femme ne pourra jamais rivaliser avec un homme sur le plan de la force brute, mais elle possède agilité, légèreté, souplesse, et peut adopter des méthodes de combat qui échappent à un homme, poursuivit Sakura face au silence du brun, plongé visiblement dans ses pensées.
— Je n'essaierai jamais un bras de fer avec vous, Haruno-san, affirma le brun en ce qui concernait la force brute. Il savait que s'engager dans une confrontation physique avec Sakura le mènerait inévitablement à la défaite.
— Sage décision, sourit Sakura avant de continuer. Tout ceci pour souligner qu'une fois notre société établie, j'espère que vous prendrez en considération mes paroles. Les femmes ne sont pas des objets, et certainement pas des êtres inutiles. Oui, nous sommes physiquement plus fragiles, oui, nous sommes plus sensibles, mais nous demeurons des êtres humains tout aussi capables que n'importe quel homme. De même, tous les hommes ne sont pas destinés à être des combattants hors pair.
— J'y réfléchirais, concéda Madara.
Si ce discours avait été prononcé par une autre personne que Sakura, il l'aurait simplement ignoré. Cependant, ignorer une femme telle que Sakura n'était pas envisageable, surtout après tout ce qu'elle avait fait pour lui.
— Je vous suis reconnaissant, déclara Sakura en se levant et en tendant sa main en direction de Madara. Il est temps de rentrer, Uchiha-san.
L'homme prit la main tendue et se redressa avec précaution. Il ressentait étrangement le désir de garder la main délicate de Sakura dans la sienne, sans vraiment comprendre pourquoi. À contrecœur, il la relâcha pour s'appuyer davantage sur son bras lorsqu'ils commencèrent à marcher. Ils prirent tout le temps nécessaire pour que Madara puisse parcourir la distance, en particulier les marches de l'escalier. Une fois de retour à la maison, installé confortablement pour reposer ses jambes, l'homme interpella la jeune femme qui s'apprêtait à préparer le repas.
— Haruno-san?
La jeune femme se retourna pour observer l'homme qui l'appelait, sa voix grave donnant l'impression qu'il allait annoncer quelque chose d'officiel.
— Vos actions en ma faveur méritent une reconnaissance sans limites. Vous m'avez arraché des griffes de la mort, pris soin de moi, et redonné l'usage de mes jambes. Pour tout cela, et pour tout ce que vous ferez encore, je vous adresse mes remerciements sincères... Sakura-san.
Sakura demeura sans voix, jamais elle n'aurait anticipé de tels remerciements venant de cet homme. En outre, le fait qu'il ne l'ait pas appelée Haruno-san, mais bel et bien Sakura-san, attestait de son importance à ses yeux. Un tourbillon d'émotions la traversait, la laissant momentanément muette.
— Je vous en prie, Madara-san, répondit-elle d'une voix presque tremblante d'émotion, avant de quitter la pièce pour rejoindre la cuisine.
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