Le choix !


Surnommé Rikudô Sennin, l'être se tenait majestueusement au sommet de la cascade de la Vallée de la Fin, en compagnie de Haruno Sakura. Les six orbes sombres de l'ermite dansaient lentement en un vaste cercle autour des deux protagonistes, tandis que le collier composé de six Magatama ornant son cou émettait une douce lueur. Les symboles ornant son kimono et le sommet de son bâton Gudôdama s'illuminaient harmonieusement.

Ses yeux, clos dans une méditation profonde, révélaient une concentration extrême sur son visage. Avec précaution, il effleura l'eau devant lui du bout de son bâton. Dès que celui-ci toucha la surface du lac, l'énergie concentrée à l'extrémité du Gudôdama fusionna avec l'eau, déclenchant une réaction rapide. Un tourbillon surgit au centre de leur position, s'étendant en quelques secondes pour recouvrir la totalité du lac. Initialement effrayée à l'idée d'être aspirée, Sakura surmonta rapidement cette appréhension.

Un sifflement léger s'éleva, devenant rapidement intense, voire douloureux pour les oreilles. Ce son désagréable força Sakura à lever les yeux du sol pour en identifier la source : les orbes noirs, qui tournaient initialement lentement autour d'eux, accélérèrent jusqu'à devenir invisibles à l'œil nu. Leur mouvement rapide forma progressivement un dôme de chakra translucide, les enveloppant tous deux.

Les prunelles écarquillées de Sakura contemplèrent l'éclat du pouvoir déployé par le Rikudô Sennin : une force divine, capable de transformer la réalité d'un simple souhait.

Le maelström aspira d'abord les rives du lac, puis engloutit les forêts avoisinantes, emportant ensuite les montagnes dans son tourbillon. Enfin, le ciel lui-même se plia aux volontés du Rikudô Sennin.

Dans cet univers redessiné, seules les étoiles persistaient, éparpillées dans l'obscurité infinie, éclairant faiblement le dôme créé. Ce qui avait commencé comme un tourbillon absorbant tout à proximité se mua en un vortex de chakra. Sakura, pétrifiée, n'osait guère esquisser le moindre geste, craignant de commettre une erreur qui la conduirait aux confins de l'inconnu.

Le temps lui-même suspendit son cours, et dans cette dimension éthérée, il était impossible de discerner combien de temps s'écoula. Des minutes, des heures, des jours ? Peut-être même toute une vie ? Aucun repère temporel ne ponctuait cet état d'existence, plongeant les deux êtres dans une éternité sans marqueurs distincts.

Le tourbillon perpétuel ralentit progressivement, encore et encore, jusqu'à finalement interrompre sa rotation. Puis, dans une inversion énigmatique, il reprit son mouvement, expulsant délicatement tout ce qu'il avait englouti du cœur du maelström. Les eaux réapparurent, les arbres et les montagnes retrouvèrent leur place, et la noirceur de l'espace étoilé se mua en la teinte céleste du ciel.

Les orbes, petit à petit, ralentirent leur danse, jusqu'à ce que le dôme chakratique disparaisse entièrement. La déferlante de chakra sous leurs pieds se dissipa avec une quiétude grandissante, ramenant lentement chaque élément à sa position d'origine.

Ses sens en alerte, Sakura perçut de nouveau le son caractéristique d'une cascade, le gazouillement mélodieux des oiseaux berçant ses oreilles, et la caresse délicate du vent sur sa peau, provoquant un frisson le long de sa colonne vertébrale. Elle scrutait les environs pour déceler les changements : les deux statues partiellement détruites des Dieux Shinobi avaient disparu.

— Bienvenue à l'ère Sengoku, Sakura, annonça le vieil ermite d'une voix calme, libérant un soupir profond empreint de soulagement. Il venait de réaliser l'inconcevable, l'impensable : un voyage temporel.

— Ôtsutsuki-sama, co-comment... c'était... c'était...

Les mots échappaient à Sakura, submergée par l'expérience qu'elle venait de vivre. Tout semblait à la fois fantastique et inimaginable, et scrutant les alentours, elle ne décela aucun indice révélant qu'ils venaient de franchir l'espace et le temps.

— C'était ce que j'appelle un trou de ver, un raccourci à travers l'espace-temps. Pour te l'expliquer, imagine l'espace-temps non pas en quatre dimensions, mais en deux, de manière à ce qu'elles convergent toutes en un point défini...

L'ermite marqua une pause, observant le visage perplexe de la jeune femme. Il avait tendance à oublier que les mortels ne partageaient pas sa compréhension des concepts cosmiques. Après un moment de réflexion, il chercha une explication plus accessible.

— Visualise une feuille de papier. En haut, trace un point A représentant le passé, puis en bas, trace un point B pour le futur. Ensuite, plie la feuille. Ce procédé fait en sorte que le point A et le point B se rejoignent en un unique point. C'est à ce moment précis qu'un passage peut s'ouvrir pour retourner dans le passé : un trou de ver.

C'était inimaginable. Même si Sakura l'avait vu de ses propres yeux, elle peinait à appréhender la puissance requise pour accomplir une telle prouesse.

— Si vous détenez un tel pouvoir, capable de plier l'espace et le temps à votre guise, pourquoi ne peut-on pas revenir en arrière ? interrogea la jeune femme.

— Pour réaliser un tel acte à l'échelle de l'univers, j'ai dû éradiquer toute forme de vie à ta période pour la convertir en chakra. Sans cela, je n'aurais pas disposé de l'énergie nécessaire pour orchestrer cette distorsion spatiale et temporelle.

Les yeux de Sakura s'écarquillèrent, et le goût de la bile monta dans sa gorge. Une soudaine envie de vomir la saisit. Son choix... sa décision venait de coûter la vie à des millions d'êtres.

— Si je devais nous faire revenir en arrière, j'aurais besoin d'utiliser l'essence vitale de toute la vie présente dans le passé pour aller vers le futur. En conséquence, nous émergerions dans un avenir totalement dépourvu de vie...

— Ont-ils souffert ? demanda Sakura d'une voix douce, alors que son esprit assimilait lentement l'implacable réalité de l'impossibilité du retour en arrière.

— Non, car au moment où j'ai enclenché le processus, le temps s'est immobilisé sans qu'ils n'en aient conscience.

— Je comprends, Ôtsutsuki-sama. Est-ce aujourd'hui que Madara et Hashirama vont se battre ? interrogea Sakura, s'efforçant de maintenir sa concentration, de ne pas céder à la pensée de la perte de son univers. Ou plutôt, à sa destruction pure et simple.

— Non, j'ai choisi de te ramener un mois en amont, te laissant le temps de t'installer et de t'acclimater à ta nouvelle époque.

— Merci, Ôtsutsuki-sama.

— Avant de nous séparer, j'aimerais te faire un cadeau. Quel que soit ton choix vis-à-vis de Madara, ce présent te sera d'une grande utilité pour l'avenir.

Le vieux sage se leva gracieusement de sa position assise, traversant la courte distance les séparant. Il posa avec précaution sa main sur le front de Sakura, juste au niveau de son sceau. En moins d'une seconde, le chakra de l'ermite s'insinua en elle, une intrusion inévitable à laquelle elle ne pouvait échapper. Pourtant, aucune menace n'émanait de cette pénétration, c'était plutôt apaisant. Peut-être que le Rikudô Sennin percevait sa douleur et tentait de l'apaiser par son chakra ? Malgré tout, elle comprit une fois de plus que l'homme devant elle avait le pouvoir de la terrasser d'un simple geste.

— Voilà.

Dès que le vieil homme retira sa main, la sensation de chaleur et de réconfort s'évanouit aussi vite qu'elle était apparue, laissant place à la tristesse qui s'insinuait doucement dans son âme.

— Que... qu'avez-vous fait ? demanda Sakura, ne percevant aucune différence dans son corps.

— Je viens d'améliorer ton sceau de Fûinjutsu frontal. Tu vois, j'ai observé ton parcours ces deux dernières années, et c'est ma façon de te récompenser pour tes efforts. Ton sceau te permet désormais de résister en permanence aux Genjutsu du Sharingan. Les autres Genjutsu, produits de manière différente, t'affecteront toujours, mais aucun Uchiha ne pourra t'emprisonner dans une illusion, y compris le Tsukuyomi que connaît Madara.

Sakura demeura totalement abasourdie devant le don de l'ermite. D'un simple geste, il venait de rendre l'un des plus puissants Dôjutsu obsolète contre elle, du moins en matière de Genjutsu.

— Au fait, j'ai beaucoup apprécié ta conversation avec Naruto Uzumaki sur la régénération cellulaire. Ce que tu envisages est très risqué. Alors, je vais te donner un indice : le chakra se compose d'énergie physique fournie par le corps, tandis que l'énergie spirituelle est créée par l'intellect. Apprends à faire la distinction entre les deux, et tu devrais être capable de discerner l'énergie physique chez les individus.

— Comment ?

— Par la méditation.

— Est-ce qu'avec le temps, je pourrais accomplir ce que Naruto a fait ?

Sakura espérait que oui, car les possibilités d'une telle méthode de guérison seraient véritablement infinies.

— Pas totalement. Disons que sur une longue période, tu seras capable de rendre la vue à un aveugle sans le mettre en danger. Cependant, faire repousser un œil d'un claquement de doigts, comme Naruto l'a fait, requiert la maîtrise du Senjutsu. Rares sont ceux qui en sont capables, expliqua le Rikudô tandis qu'il commençait à disparaître doucement.

— Ôtsutsuki-sama... j'... j'ai peur, avoua-t-elle, son corps frissonnant, réalisant que la dernière personne la liant à sa vie passée la laisserait dans ce monde inconnu.

— Regrettes-tu ton choix, mon enfant ? demanda délicatement Ôtsutsuki.

— Je ne sais pas, confia la jeune femme d'une voix faible.

Comment aurait-elle pu répondre autrement dans l'immédiat ? Son esprit devait encaisser la perte irrémédiable d'une vie entière. Elle devait également assimiler le fait qu'elle se trouvait désormais dans une époque totalement inconnue.


Comme s'il avait discerné tout le désespoir qui l'habitait, une main réconfortante se posa sur l'épaule de Sakura, et le Rikudô Sennin lui offrit un sourire chaleureux.

— N'oublie pas, mon enfant, que quel que soit ton choix, je ne te jugerai pas. Sache que je suis déjà fier de ce que tu tentes d'accomplir.

Les paroles du Rikudô Sennin résonnèrent profondément en Sakura, qui ressentit une légère montée de fierté en elle. Puis, il se détourna et marcha dans la direction opposée, s'évanouissant lentement.

— Ôtsutsuki-sama ! l'interpella Sakura.

— Oui ? répondit-il en se retournant une dernière fois.

— Est-ce que je vous reverrai ?

Un sourire énigmatique apparut sur le visage du Rikudô avant qu'il ne réponde :

— Qui peut savoir...

Puis, le créateur de toute chose s'évanouit avec la brise du vent.

— Ôtsutsuki-sama ! s'écria Sakura de désespoir, voyant qu'elle était désormais seule avec ses affaires.

Sakura, une personne forte au caractère affirmé, avait déjà fait face aux horreurs de la guerre, avait vu des êtres chers succomber. Cependant, elle n'était pas préparée à l'inondation qui submergeait désormais son cœur : le chagrin. Elle ressentit une contraction douloureuse, comme si un étau pressait sur son cœur. Le battement de celui-ci s'accéléra, et sa respiration devint de plus en plus rapide. La panique l'envahissait, submergée par une surcharge émotionnelle, prise de conscience brutale de son sacrifice.

Tout ce pour quoi elle avait lutté avait disparu. Tout ce qui comptait pour elle venait d'être anéanti par ses propres actes, par son choix. La responsabilité de la disparition de ces millions d'êtres vivants, associée à la cruelle réalité de la solitude, fit sombrer Sakura.

L'émotion qui s'était accumulée en elle cherchait une issue, une libération. Ses yeux commencèrent à se remplir silencieusement de larmes. Puis, sans avertissement, le barrage émotionnel céda. À genoux, elle se mit à hurler, frappant le sol de son poing.

— Pourquoi ? Pourquoi ai-je fait cela !? hurla Sakura. Naruto...

Des images de tous les moments chaleureux partagés avec le blond, ce fan de ramen destiné à devenir le futur Hokage de Konoha, surgissaient dans son esprit. Elle se remémorait son sourire éblouissant, sa gentillesse infinie, la cascade de ses cheveux dorés. Elle se disait qu'elle ne ressentirait plus jamais cette sensation d'être aimée comme une sœur.

— Sasuke...

Puis, ses pensées se tournèrent vers l'amour de sa vie, l'homme qu'elle avait longtemps tenté de conquérir. Elle ne pourrait plus jamais entendre le son de sa voix, ni ressentir les frissons provoqués par sa seule présence. Elle ne reverrait plus jamais l'homme qu'elle aurait tout donné pour satisfaire. Elle avait aspiré toute sa vie à devenir sa femme, à le combler de bonheur. En méditant sur tout cela, elle ressentit une déchirure supplémentaire dans son cœur.

— Ino...

Sa meilleure amie, la première à croire en elle, à l'aider à devenir la fleur de cerisier qu'elle était aujourd'hui. Elle venait de perdre une personne qui la comprenait d'un simple regard, qui savait quand la sortir de son travail pour lui changer les idées.

— Sensei...

Bien qu'il fût souvent en retard, ses excuses boiteuses lui manquaient déjà. Celui qui parvenait si souvent à la faire rire quand il était avec Maito Gaï. Celui qui lui avait enseigné énormément au cours de sa vie tout en la protégeant.

— Maître...

Son maître, qui fut à la fois modèle, enseignante et confidente. Elle se remémora leurs soirées à boire du saké ensemble après de dures journées de travail. Celle qui était comme une seconde mère pour Sakura.

— Mère... Père...

Elle ne pourrait plus jamais sentir la douce étreinte d'une mère ou d'un père. La sensation de sécurité dans leurs bras, elle ne ressentirait plus jamais l'amour de ses parents à travers un simple câlin. Elle pleura longuement, se demandant sans cesse : pourquoi ?

Elle hurla si fort et pendant si longtemps que sa voix se brisa. Ce n'était plus féminin ni délicat, seulement des cris d'agonie. Tout ce qu'elle voulait était d'expulser toute cette souffrance de son cœur, en vain.

L'utilisation constante du chakra contraignit Sakura à se diriger vers le bord du rivage, où elle s'assit contre un arbre, les bras croisés reposant sur ses genoux.

Elle n'avait plus le goût de rien, pire encore, elle avait perdu le goût de vivre. Son esprit s'embrouillait dans les méandres de la tristesse, tandis qu'elle songeait à retrouver ses amis, sa famille, tous ceux qu'elle aimait. L'idée qu'ils l'attendaient peut-être de l'autre côté germait dans son esprit.

Était-ce vraiment valable si elle était seule ? Est-ce que la quête de la paix dans le monde méritait une telle souffrance ?

— Ce serait tellement rapide... se murmura-t-elle, les yeux fixés sur le tumulte des vagues.

Sa propre phrase fut comme un électrochoc pour Sakura, la faisant prendre conscience des pensées sombres qui l'assaillaient. Alors, elle se gifla violemment pour secouer son esprit.

— Non, Sakura ! Tu vaux bien plus que cela ! Tu ne vas pas mettre fin à tes jours ici ! Pense à tout ce que tu as sacrifié pour que cette chance te soit offerte ! Ne rends pas leur sacrifice vain ! s'encouragea la Kunoichi, essuyant avec rage les larmes qui embuaient ses yeux.

Elle détacha son foulard rouge, un cadeau de sa mère pour avoir réussi à devenir une Chunin de la Feuille. Puis, elle saisit un kunai de sa poche d'arme arrière pour découdre le symbole en métal qui ornait le tissu. Elle observa le symbole quelques instants avant de le sceller.

Elle réajusta son foulard rouge, redevenant ainsi Sakura Haruno, libre de toute affiliation à un village Shinobi.

— J'ai un mois ! s'exclama-t-elle dans le vent, insufflant la force nécessaire pour accomplir sa mission.

C'est donc une Sakura déterminée qui s'éleva grâce à son chakra. Ses recherches dans le futur la guidèrent vers le nord, en direction de Ta No Kuni, le pays des rizières. Un territoire en bordure de Hi No Kuni qui ne possédait aucune force militaire à l'époque Sengoku, du moins aucun Shinobi. De plus, la frontière de ce pays se trouvait à seulement trente minutes de voyage de la Vallée de la Fin.

Elle avait un mois pour se préparer.


Depuis trois jours, Sakura était plongée dans le passé. Ses yeux étaient rougis par les larmes versées pour la perte de ceux qu'elle aimait. La majeure partie de son temps était dédiée à la recherche d'un emplacement idéal pour construire sa maison. Elle souhaitait être à proximité d'un village sans être trop proche, et au terme du troisième jour, elle découvrit l'endroit parfait. En hauteur, offrant une vue plongeante sur la vallée, cet endroit permettait d'embrasser d'un regard toutes les rizières en contrebas de la montagne. À seulement un kilomètre de sa position, se trouvait un village. Il semblait abriter au maximum une cinquantaine de personnes. C'est donc le cœur lourd d'émotions que Sakura s'y dirigea.

Le village était d'une simplicité évidente, avec des travailleurs au loin en train de planter du riz. Ils portaient des vêtements rudimentaires en lin, des chapeaux de paille pour se protéger du soleil, et des sacoches contenant des plants. Des enfants couraient dans une des rues, jouant à chat. On pouvait même distinguer une maison fraîchement construite.

Cependant, vêtue de sa tenue en coton rouge vif et arborant un grand rouleau de parchemin dans son dos, Sakura ne passa pas inaperçue. Le premier à la remarquer fut un garçon qui accourut vers sa mère.

— Regarde maman, il y a quelqu'un là-bas, dit-il en pointant du doigt.

— Va vite chercher ton père, mon chéri.

De l'inquiétude se dessinait sur le visage de la femme. Après tout, très peu de personnes visitaient cette région de Ta No Kuni, surtout vêtues de manière aussi distinctive. La démarche de Sakura dénotait une personne d'importance ayant reçu une éducation, et ses vêtements devaient probablement coûter une fortune en raison de leur éclatante couleur rouge. Ce qui surprit le plus la femme, cependant, ce fut la couleur de ses cheveux. C'était la première fois, en quarante-deux années de vie, qu'elle voyait quelqu'un avec des cheveux aussi singuliers : rose.

C'est donc avec une appréhension palpable qu'elle se dirigea vers la nouvelle venue. La crainte qu'elle puisse être venue pour causer du tort à tous les habitants planait dans l'air. Malgré cela, la paysanne veilla à ne pas laisser transparaître ses émotions excessivement avant de l'aborder.

— Bonjour, étrangère. Que vous amène dans cette vallée reculée ?

— Bonjour, madame. Permettez-moi de me présenter, je suis Sakura Haruno, et je suis actuellement à la recherche d'un foyer.

Le nom de l'étrangère confirmait les soupçons de la paysanne : elle devait sûrement être de la noblesse pour porter un nom de famille.

— Pourquoi avez-vous choisi notre village ? Sans vouloir vous offenser, vous avez l'air d'appartenir à la noblesse, et vous seriez probablement plus à l'aise en allant dans la ville plus au nord.

En posant cette question, la mère de famille remarqua que les yeux de la jeune femme étaient rougis, empreints de tristesse et de douleur.

— Je recherche asile, madame. C'est pourquoi je suis venue dans cette région. J'espérais que vous pourriez m'offrir une chance de recommencer ma vie à zéro.

Malgré son chagrin, Sakura fit de son mieux pour paraître aimable, mais la tristesse était encore trop récente.

— Il ne devrait pas y avoir de problèmes. Mon mari devrait arriver d'ici peu... Je me présente, je suis Hitomi, déclara la dame qui ressentit un poids s'élever de sa poitrine en comprenant que cette femme ne leur voulait aucun mal.

— Enchantée.

— J'ai cru comprendre que vous demandiez asile. Est-ce que tout va bien, Haruno-sama ? s'enquit Hitomi, n'omettant pas d'ajouter les formules de respect que son père lui avait enseignées.

— Disons que j'ai connu des jours meilleurs, Hitomi-san. Et s'il vous plaît, pas de "sama" avec moi, nous sommes égales.

La surprise se lisait clairement sur le visage d'Hitomi, qui n'avait jamais rencontré de noble aussi humble que cette jeune femme. C'est d'ailleurs son mari qui la tira de son étonnement.

— Hitomi, tout va bien ?

— Oui... Cette femme demande asile et souhaite s'installer dans la région.

— Je me présente, je suis Sakura Haruno, médecin, et je désire avoir l'opportunité de m'installer dans la région.

Le chef de famille fut quelque peu désarçonné devant la beauté de la jeune femme. Elle était exotique, et en voyant ses yeux, il n'avait qu'une envie : la protéger.

— Il ne devrait pas y avoir de problème... Vous dites que vous êtes médecin ?

Sakura hocha la tête.

— Eh bien, j'ai envie de dire que vous êtes la bienvenue parmi nous, et si nous pouvons faire quoi que ce soit pour vous aider.

— J'aurais voulu savoir si vous aviez des bâtisseurs dans votre village. Car voyez-vous, un ami à moi a conçu des plans pour construire une nouvelle maison. Bien entendu, je paierai pour la construction.

À chaque fois que Sakura faisait une demande, elle s'inclinait très légèrement. C'était d'ailleurs vraiment surprenant de voir une personne de la noblesse s'incliner respectueusement devant des gens qui n'étaient que de vulgaires paysans.

— Oui, nous avons quelques bâtisseurs parmi nous. Je vais aller les prévenir, si vous voulez bien me suivre.

Le chef du village se tourna vers le rassemblement d'habitants qui s'était formé autour d'eux.

— Tout le monde retourne au travail, je ferai une annonce ce soir pour présenter notre nouvelle habitante !

Et c'est ainsi que Sakura entama sa nouvelle vie.

Cela fait presque un mois que Sakura s'était installée à la périphérie d'un petit village de Ta No Kuni.Sa maison s'était érigée en trois semaines grâce à l'assistance bienveillante des villageois, tous empreints de gentillesse à son égard. Hitomi avait été la plus persévérante pour tenter de la rapprocher d'eux, multipliant les efforts pour esquisser un sourire sur le visage de la nouvelle venue. Bien qu'elle laissât parfois transparaître un sourire, il était évident que quelque chose de précieux lui avait été arraché.

Les bâtisseurs, quant à eux, furent profondément surpris, voire impressionnés, par les plans de construction détaillés bien au-delà de ce qu'ils avaient pu concevoir par le passé.

Sakura s'était efforcée de s'intégrer et avait proposé ses services de médecin au village. Une offre chaleureusement accueillie par les habitants, et c'est ainsi qu'un jour elle gagna le respect de toute la communauté. Ils la virent user de ce que beaucoup pensaient être un mythe : les arts ninja. En effet, pour beaucoup, ces compétences relevaient davantage d'histoires et de légendes, où certains êtres humains étaient capables de réaliser des prodiges tels que la magie, la maîtrise du feu, la manipulation de l'eau, voire même la guérison des maux.

Un jour, tandis qu'elle déambulait dans le village, un cri de douleur perça l'air, résonnant à travers les ruelles. Les instincts de guerrière de Sakura se réveillèrent instantanément, la poussant à réagir promptement. Elle se mit à courir en direction de la voix, les cris provenant du chasseur du village qui s'était apparemment coupé trois doigts en manipulant un hachoir pour découper le daim qu'il venait de chasser.

Les habitants, attirés par les cris de douleur, accouraient vers la scène.

— Posez votre main sur la table ! ordonna Sakura d'une voix autoritaire tout en se dirigeant vers lui. Avez-vous de l'alcool !?

— Ahh... oui, la bouteille sur l'étagère du haut... arhg...

Le chasseur, souffrant atrocement, laissait un flot ininterrompu de sang s'échapper de sa blessure. Sakura agrippa la bouteille, la déboucha prestement, puis approcha ses narines au-dessus. Après une unique inhalation, elle discerna que l'alcool était de qualité médiocre, mais cela suffirait.

— Ça va piquer.

Bien que Sakura eût averti l'homme, il ne put réprimer un hurlement plus intense lorsque quelques gouttes du liquide touchèrent ses doigts. Elle prit sa main et y plaça l'annulaire sectionné. Une douce lueur verte émergea, laissant toutes les personnes présentes abasourdies. Même le chasseur, momentanément, oublia la douleur face à cette scène incroyable.

L'os se rétablit là où il avait été sectionné, les tendons se réalignèrent, les vaisseaux sanguins reprirent leur position d'origine avant que la plaie ne se referme. Seule une fine ligne rouge témoignait de la coupure initiale. Sakura demeura indifférente aux chuchotements et aux halètements qui résonnaient derrière elle. D'un geste sûr, elle saisit le second doigt sectionné pour répéter le processus. Puis vint le tour du dernier doigt, qu'elle replaça sans difficulté.

— Assis ! ordonna Sakura au chasseur après avoir terminé son travail de réimplantation. Il ne chercha pas à contester l'ordre de cette femme, elle venait de lui sauver l'usage de sa main. Pliez doucement vos doigts et dites-moi si vous ressentez encore de la douleur autre qu'au niveau de la cicatrice.

— Non, je ne ressens plus de douleur...

— Éprouvez-vous une gêne lorsque vous pliez vos doigts ?

— Non... c'est un miracle ce que vous avez fait là... comment ?

Sakura ne répondit pas. Au lieu de cela, elle retroussa sa manche droite où un sceau était placé. Dans un nuage de fumée, un bandage propre apparut dans sa main, suscitant encore plus de chuchotements derrière elle. Avec efficacité et rapidité, elle appliqua le bandage sur la main de l'homme.

— Vous arrêterez le travail pour les trois prochains jours car vous avez perdu beaucoup de sang. Vous devriez également manger un ou deux fruits avant de vous relever. De plus, pour les prochains jours, je vous recommande de manger de la viande à tous vos repas afin de pallier votre perte de sang ; du poisson serait l'idéal. Ce soir, je viendrai également vous apporter un baume pour vos cicatrices ainsi qu'une décoction pour l'hémorragie subie.

— Merci infiniment, Haruno-sama...

— Pas de "-sama" avec moi, je n'ai fait que mon travail.

Cet événement renforça le respect que les habitants de ce petit village de Ta No Kuni avaient envers Sakura.

Aujourd'hui marquait le jour décisif où Madara et Hashirama se livreraient à un affrontement épique. Cependant, dans l'intimité de son salon, Sakura était plongée dans la lecture d'un livre sur l'anatomie du cœur humain. Les gouttes de pluie percutant la maison rythmaient ses pensées, et de temps à autre, elle griffonnait des notes sur un parchemin à proximité.

— Quelle partie du cœur sera l'objet de l'impact ? se chuchota Sakura en anticipant le duel de Madara. En fonction de l'endroit où la lame pénétrera, l'intervention chirurgicale devra probablement être réalisée sur place. Serait-ce la veine cave ? L'aorte ? L'un des ventricules ? Devrait-elle arrêter son cœur pour endiguer la perte de sang le temps de le soigner ?

Voici les interrogations qui animaient l'esprit de Sakura en ce début d'après-midi.

Sa lecture fut brusquement interrompue par une légère secousse du sol, évoquant un bref tremblement de terre, suivi d'un sourd grondement lointain. Un bruit puissant, presque confondu avec le tonnerre.

— La bataille des Dieux Shinobi a finalement débuté.

Malgré cette nouvelle, Sakura reprit sa lecture. Elle connaissait l'emplacement et le moment où retrouver Madara. Son sac était déjà prêt, prêt à être saisi au moment opportun.

Les détonations se mêlaient harmonieusement au son de la pluie. Pour les villageois, c'était simplement un orage, les éclairs confirmaient leur hypothèse. Cette symphonie dura tout l'après-midi, alternant entre des moments de calme et des explosions assourdissantes. C'est en fin d'après-midi que Sakura, malgré son indécision persistante, décida de se déplacer.

En chemin, ses pensées se concentrèrent sur le destin de Madara Uchiha et sur les choix qu'il ferait dans le futur.

Arrivée au sommet de la cascade, elle se dissimula derrière un grand rocher qui la surplombait entièrement. Pendant dix minutes, elle continua de dissimuler sa présence ainsi que son chakra avant de scruter la scène en contrebas.

Madara agonisait dans son propre sang, incapable de bouger. Son armure était brisée à plusieurs endroits, et un morceau en haut du plastron avait complètement disparu. Hashirama Senju se tenait à un mètre de son ancien ami, lui tournant le dos.

— J'avais tellement mis d'espoir en toi, Madara, murmura Hashirama avec colère et haine.

L'homme qu'il avait autrefois appelé un ami avait attaqué sa maison, son peuple. C'est donc avec douleur qu'Hashirama s'en alla, sachant que Madara succomberait de ses blessures d'ici peu.

Sakura attendit, consciente qu'elle ne devait pas agir immédiatement. Zetsu n'était pas encore apparu, et la visibilité était limitée en raison de la pluie persistante et de l'obscurité qui s'installait.

— Pathétique, marmonna Madara.

L'un des plus grands shinobi de toute l'histoire se mourait, impuissant. Il avait essayé de se redresser, mais l'épée qui l'avait transpercé de part en part avait causé d'irréparables dégâts. Incapable de donner des ordres à une grande partie de son corps, il sentait doucement la vie le quitter.

Madara sentit une présence à côté de lui et tourna son œil encore ouvert dans la direction du nouvel arrivant. C'était une créature comme il n'en avait jamais vue, et il se demanda s'il allait être dévoré par cette entité étrange. Soudain, un autre pic de chakra se fit ressentir. Cependant, cette énergie était totalement différente du premier être.

À peine Madara cligna des yeux, qu'une femme apparut aux côtés de la créature, le bras armé en arrière, prête à attaquer. Le poing de la femme était saturé de chakra, une énergie palpable pour tout observateur. Avec une précision foudroyante, elle décocha son coup chargé de chakra, frappant Zetsu au visage avant même qu'il ait pu esquisser la moindre réaction. Une vague de satisfaction submergea Sakura alors que les os de la boîte crânienne de son ennemi éclatèrent sous la pression de ses doigts. L'impact fut si puissant qu'une onde de choc se propagea, plongeant Madara dans un bref instant de soulagement où la pluie semblait se suspendre sur son corps pendant quelques précieuses secondes.

Le corps du monstre fut violemment propulsé contre la falaise, située à une dizaine de mètres, créant un cratère dans son enceinte. L'Uchiha inclina légèrement la tête sur le côté pour observer la suite des événements. La créature noire semblait être en situation désespérée. Elle n'avait probablement pas anticipé une attaque surprise, et ce premier coup de poing aurait été fatal pour presque n'importe qui.

Alors que Sakura chargeait Zetsu Noir pour l'achever, elle repensa à toutes les atrocités que ce monstre avait déjà commises et à celles qu'il s'apprêtait à perpétrer. Son plan visant à ramener Kaguya Ôtsutsuki, les vies prises à cause de ses machinations. La colère et la haine accumulées pendant trop longtemps la consumaient, et c'est avec une rage non dissimulée qu'elle abattit son poing.

— Shannaro !

Le deuxième coup fut fatal, imprégné de tant de chakra que la falaise se brisa en deux sur près de deux cents mètres de distance, accompagné d'une onde de choc encore plus dévastatrice à l'impact.

Zetsu Noir n'était plus... réduit à néant par Sakura.

— Qui est-elle ? se demanda Madara dans un murmure.

Son œil était légèrement écarquillé devant la force titanesque de cette femme. Elle venait de briser une falaise en deux, une démonstration de puissance extraordinaire. Pourquoi avait-elle tué cet être ? Madara n'eut pas le temps de se poser davantage de questions, car la concernée finit par se retourner.

Elle avança lentement dans sa direction, les poings serrés, réfléchissant à ce qu'elle devait faire. Allait-elle le guider, ou la haine pour cet homme serait-elle trop forte, la poussant à le tuer ?

Sakura se tenait debout à côté de Madara Uchiha, qui était dans l'incapacité de se mouvoir. Il se sentait vulnérable devant cette femme extrêmement dangereuse, elle qui venait de terrasser un être avec une violence extrême. Ses yeux verts le scrutaient, un regard dur, froid, rempli de haine et de rage à son égard. Si un regard pouvait tuer, Madara serait probablement mort en cet instant.

Ses pensées étaient tellement emplies de haine qu'elle chargea inconsciemment son poing droit de chakra. Elle repensa à tout ce que cet homme avait fait, à tout ce qu'il allait faire, à toutes les vies qu'il allait faucher dans le futur. Et à cet instant précis, Sakura eut une courte pensée.

*Ce serait tellement facile...* 

[Pour tous ceux qui auraient du mal à visualiser ce qu'a réaliser le Rikudô Sennin, je vous mets un montage en image pour que cela soit plus parlant.]

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