La vie est une salope !

Dans le vaste échiquier de l'existence, une règle intangible gouverne chaque être vivant, une vérité impitoyable qui transcende les âges : la vie est un sentier tortueux, pavé d'embûches. Certains de ces obstacles s'avèreront plus aisés à surmonter que d'autres, mais la notion de facilité ou de difficulté est une énigme éminemment subjective, tissée de multiples fils entrelacés.

D'abord, il y a le facteur du lieu. L'endroit où l'on voit le jour détermine en grande partie les défis auxquels on sera confronté. Tandis que certains naissent sous l'aile protectrice d'un foyer aimant et bénéficient d'une éducation solide, d'autres voient le jour dans les rues inhospitalières, condamnés à errer à la recherche de subsistance. Certains connaîtront la sécurité d'une famille ou d'un clan, tandis que d'autres seront plongés dans un abîme de maltraitance, de servitude, voire de violence inouïe.

Ensuite, il y a le facteur du genre. Homme ou femme, la simple assignation à l'un ou l'autre de ces états impose des inégalités criantes, teintant chaque parcours de vie de nuances bien distinctes.

Et bien d'autres facteurs encore pourraient être invoqués pour nuancer le destin de chacun. Mais en fin de compte, qu'ils soient riches ou pauvres, hommes ou femmes, en bonne santé ou handicapés, tous les êtres humains sont enchaînés à cette réalité inexorable : le destin est tracé par le lancer capricieux d'un dé.

Ce côté aléatoire, inéluctable, échappe à notre contrôle, et c'est là que naissent les inégalités fondamentales. Chaque individu qui foule cette terre y est assujetti, et c'est par cette rude leçon que les véritables disparités prennent racine. Ainsi, chaque être humain parviendra, tôt ou tard, à une conclusion inéluctable :

La vie est une salope.

Nul besoin de chercher davantage de preuves de ce caprice universel, car qu'il s'agisse d'un homme d'affaires prospère, d'un soldat endurci ou d'un miséreux désespéré, tous, sans exception, doivent affronter les tourments de l'existence. En temps de guerre, cette épreuve se fait d'autant plus ardente, révélant parfois la part la plus sombre de l'âme humaine : son instinct animal.

En ces temps tumultueux, la discipline politique et militaire se doit d'être inébranlable sur le front, œuvrant à la sauvegarde du peuple contre les assauts ennemis, tout en poursuivant l'ultime dessein : la victoire. Mais là où règnent les conflits, là où l'horizon s'embrase, les chaînes de la loi se desserrent, laissant place à l'anarchie et à ses séides.

En l'absence de tout cadre contraignant, l'être humain se mue en une force indomptable, sans limites ni freins, persuadé que l'impunité règne en maître. Privé de règles claires, il érige son propre code moral, où toute transgression semble tolérable, voire normale.

La Première Grande Guerre Shinobi illustre cette triste vérité avec une acuité saisissante. Sous le voile de ce conflit, les nantis ont exploité les plus vulnérables à des fins éhontées de lucre. Les soldats, jadis entraînés dans l'art de la guerre, ont déserté leurs rangs pour semer le chaos, abusant de leur savoir pour assouvir leurs bas instincts sur les plus démunis. Ces temps troublés ont poussé même les âmes les plus désespérées à des actes qu'elles n'eussent jamais envisagés en des temps de paix. La nécessité impérieuse de survie pousse certains à commettre l'irréparable, prêts à verser le sang pour une miette de pain. Dans ces heures sombres, lorsque la famine rôde et que chaque repas devient incertain, les règles de conduite et les codes moraux volent en éclats, ne laissant place qu'à la loi impitoyable de la survie.

C'est dans ce contexte déchirant que s'inscrit le désir ardent de Uchiha Madara d'imposer la paix par la force, une paix de fer. Une solution radicale pour endiguer le flot de sang, étouffer les vengeances et apaiser la faim qui tenaille. Une paix qui, pour beaucoup, pourrait sembler totalitaire, mais qui représente l'unique rempart contre les ravages de la guerre : la famine, le viol, les meurtres... autant de maux qui érigent un constat amer et implacable : la vie est une implacable garce.

Kaze No Kuni, le pays du sable, avait lancé plusieurs raids à la frontière sud d'Hi No Kuni, mais jusqu'à présent, ses efforts s'étaient heurtés à une résistance farouche. Malgré leur supériorité numérique, les ninjas de Konoha démontraient un talent et une discipline inégalés, empêchant toute avancée au-delà des ambitions des assaillants. Une ligne de front s'était donc solidifiée après une défaite cuisante face à Tobirama Senju, un mois plus tôt.

Cependant, maintenir cette ligne de front nécessitait des ressources considérables. C'est pourquoi des détachements de soldats étaient envoyés à travers le pays, chargés d'une mission sinistre : collecter un impôt bien particulier, non pas en argent, mais en provisions. Ces réquisitions, surtout dirigées contre les populations les plus démunies, ne se faisaient pas sans heurts ni protestations.

Une jeune femme brune, vêtue modestement, osa exprimer sa détresse devant l'un de ces soldats impitoyables.

— Mais monsieur... si vous nous prenez tout cela, nous n'aurons plus de quoi survivre jusqu'à la fin de l'hiver ! C'est toute notre récolte que vous nous enlevez...

Son plaidoyer rencontra un regard froid et implacable. L'homme devant elle, insensible à ses supplications, semblait dévorer chaque courbe de son corps d'un œil lubrique et avide.

— C'est la guerre, répondit-il d'une voix de glace.

— Mais nous mourrons de faim ! insista-t-elle, désespérée de voir cet individu pénétrer sans vergogne dans sa maison, fouillant grossièrement à la recherche de vivres cachées.

— Ce n'est pas mon problème, répliqua-t-il, continuant ses recherches avec une indifférence glaciale.

Face à cette impitoyable intransigeance, la jeune femme tenta une dernière fois de trouver un terrain d'entente.

— Il doit bien y avoir une solution, un compromis ? proposa-t-elle, prête à travailler plus dur pour subvenir aux besoins de sa famille.

Mais sa proposition eut pour seul effet de susciter un sourire pervers sur le visage du soldat, qui la dévisagea avec concupiscence avant de lui soumettre une alternative sinistre.

— Il y a peut-être une chose que tu pourrais faire en échange de ta nourriture, insinua-t-il, son regard empreint d'une lueur malveillante.

Tremblante, elle demanda d'une voix frêle : " Quoi donc ?"

Une angoisse glaciale étreignait la jeune femme, son cœur martelait sa poitrine sous l'emprise de la terreur. Devant elle, le militaire incarnait une menace palpable, une aura d'intentions malveillantes qui la figeait sur place. L'idée de fuir lui traversa l'esprit, mais elle demeurait pétrifiée, comme envoûtée par la présence de cet homme dont le regard la transperçait telle une bête aux aguets, prête à fondre sur sa proie.

— Remonte ta robe, ordonna-t-il sans la moindre équivoque, s'approchant inexorablement de la jeune femme qui recula instinctivement, entraînée par la montée croissante de sa terreur.

— P-pardon !? s'exclama-t-elle, le souffle coupé par la révélation brutale de ses sinistres desseins, réalisant avec horreur qu'elle était en train de vivre les horreurs décrites par d'autres femmes qui avaient enduré pareil supplice.

— Tu veux de la nourriture ? poursuivit le soldat, agrippant brutalement le bras de la brune, l'enfermant contre la table derrière elle. "Alors tu vas obéir et te taire !"

Tremblante, la jeune femme sentait le désespoir l'envahir alors qu'elle refusait catégoriquement de céder à cet homme. Elle ne pouvait se résoudre à sacrifier sa dignité, même pour sauver sa propre vie et celle de sa famille.

— Non... non, je ne veux pas..., articula-t-elle faiblement, avant de recevoir une gifle cinglante qui fit voler sa tête sur le côté. Assommée par la violence de l'impact, elle fut soulevée de force et déposée sur la table par son agresseur.

— Qui t'a dit que tu avais le choix ! rugit-il, serrant davantage son emprise sur le bras meurtri de la jeune femme. Un sursaut d'instinct la poussa à se débattre, à tenter de se libérer de l'étreinte implacable qui l'enserrait. Mais la force brute de son assaillant étouffait ses efforts, laissant place à une terreur désespérée qui lui fit puiser dans ses ultimes ressources : un cri strident déchira l'air oppressant.

Hélas, ses cris furent étouffés aussitôt par la main rude qui se plaqua sur sa bouche, étouffant tout espoir de secours. "Chut..." murmura-t-il sinistrement, alors qu'elle sentait le poids implacable de son corps la maintenir captive dans un étau de terreur.

Dans un élan de désespoir, la jeune femme brune tenta de se libérer de l'étreinte étouffante de son agresseur, frappant, griffant, poussant de toutes ses forces. Mais ses efforts se heurtèrent à la force implacable qui la maintenait prisonnière, alors que l'homme avançait inexorablement, ses mains explorant avec avidité les recoins les plus intimes de sa chair. C'est alors qu'un instinct primal prit le dessus, guidant la main de la jeune femme vers une lueur d'espoir : la poignée d'un couteau pendu à la ceinture de son assaillant.

Un cri de douleur déchira l'air alors que la lame s'enfonçait dans la chair de l'homme, brisant sa tentative de domination. Blessé mais toujours debout, le soldat parvint à se dégager, sauvé par l'armure qui avait dévié le coup fatal. Profitant de ce bref répit, la jeune femme bondit de la table, tentant de s'échapper, mais fut aussitôt saisie par la poigne implacable de son agresseur.

— Reviens ici, salope ! rugit-il, aveuglé par la rage et la douleur, tandis qu'il assénait un violent coup à la victime déjà affaiblie, la pliant en deux sous le choc.

Dans un souffle entrecoupé de douleur, la brune supplia, implorant la pitié, mais ses supplications tombèrent dans le vide. Repoussée avec brutalité sur la table, elle sentit le tissu de sa robe être arraché sans ménagement, révélant la menace imminente d'un viol.

Cependant, l'attention de l'agresseur était trop absorbée par son sinistre dessein pour percevoir les bruits extérieurs qui s'infiltraient dans la maison. Ignorant tout de l'ombre qui s'approchait derrière lui, il ne vit pas venir le bras vengeur qui s'abattit sur lui. Alors qu'il s'apprêtait à commettre l'irréparable, la vengeance, sous les traits déterminés de Sakura Haruno, se matérialisa, saisissant les cheveux de l'homme pour lui offrir le châtiment qu'il méritait, tel un boucher égorgeant son bétail.

Peu de choses répugnaient autant à Sakura que le viol. Pour elle, cet acte abject était au-delà de toute rédemption, ne méritant ni indulgence ni pitié. C'est donc avec une détermination implacable qu'elle trancha la gorge de l'homme, qui, dans un ultime éclair de confusion, fut saisi par la mort. Le liquide chaud de son propre sang s'écoulait sur son torse, tandis que le noir du néant le happait dans son ultime chute.

Face au corps sans vie, Sakura demeurait imperturbable, son visage devenu celui d'une guerrière impassible, dénué de toute émotion. Aucune empathie ne lui était accordée à cet individu abject qui gisait à ses pieds. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur la brune, une transformation s'opéra : le masque de la médecin attentionnée et compatissante se superposa à celui de la guerrière.

— Tout va bien... Tu es en sécurité maintenant, murmura Sakura d'une voix douce, un contraste saisissant avec l'acte impitoyable qu'elle venait d'accomplir. La jeune femme, fraîchement échappée à l'horreur, demeurait encore sous le choc, son cœur battant la chamade dans sa poitrine, son esprit luttant pour assimiler le cauchemar dont elle venait de s'éveiller. Son regard erra sur son propre corps, taché du sang de son agresseur, cherchant la confirmation que tout ceci n'était pas qu'un affreux rêve. Mais la douleur lancinante dans son ventre et sur sa joue la ramena brutalement à la dure réalité.

— Je ne te veux aucun mal, assura Sakura, s'adressant à la jeune femme encore sous le choc.

— Qui... Qui êtes-vous ? balbutia la villageoise, encore ébranlée par le traumatisme.

— Je suis une amie. Je m'appelle Sakura. Ne crains rien, répondit-elle avec douceur, posant sa main sur la joue meurtrie de l'autre et l'autre sur son ventre.

Un frisson parcourut la brune lorsqu'elle vit l'éclat vert émaner des mains de sa sauveuse, mais peu à peu, la douleur s'estompa, disparaissant comme par magie.

— Voilà, tu es en sécurité maintenant, conclut Sakura, offrant un sourire apaisant à la jeune femme.

— Pourquoi ? Demanda la brune, des larmes perlant au coin de ses yeux. Pourquoi un soldat censé nous protéger aurait-il voulu faire ça ?

— Parce que la plupart des hommes ne sont que des ordures qui ne pensent qu'à assouvir leurs désirs les plus vils, répondit Sakura d'un ton dénué de toute émotion. Nous vivons une époque sombre, où les hommes estiment leur suprématie sur nous, les femmes. Ils croient avoir le droit de décider de nos vies, de nos corps. Ce soldat aurait dû être ton rempart, mais il a succombé à ses pulsions les plus basses. Il t'aurait réduite à un objet, dépourvue de toute dignité humaine.

La jeune femme avala difficilement ses paroles, incapable d'ajouter quoi que ce soit à cette dure réalité décrite par Sakura. C'était là le quotidien des femmes à cette époque.

— Mais tous ne sont pas ainsi, poursuivit Sakura, son regard scrutant le visage de la brune. Il existe des hommes ouverts d'esprit, capables de respecter les femmes, de les considérer comme leurs égales.

— Êtes-vous de ceux-là ? Demanda spontanément la brune, une lueur d'espoir naissant dans ses yeux.

— Disons que j'ai dû m'imposer pour gagner leur respect, répondit Sakura avec un sourire entendu.

Depuis son arrivée à l'époque Sengoku, Sakura avait dû batailler chaque jour pour obtenir le respect qui lui était dû. Elle avait affronté le plus grand des misogynes pour finalement devenir sa compagne. Elle connaissait la force de la détermination.

— Comment ? Comment avez-vous réussi ? Demanda la jeune femme, son intérêt piqué à vif par les paroles de Sakura.

— Voudrais-tu suivre mes pas ? Questionna la médecin.

— Comme vous ? Je... je ne sais pas...

La brune hésitait, déconcertée par la perspective de prendre une telle voie. C'était une idée effrayante.

— ...

— Je ne suis pas prête à tuer quelqu'un, commença la brune, une légère tension dans sa voix. Mais apprendre à me défendre, à protéger ma vie et celle de mes proches, oui. Je ne veux plus jamais ressentir la peur que j'ai éprouvée aujourd'hui, ajouta-t-elle, fixant Sakura de ses yeux déterminés.

Sakura comprit parfaitement la réticence de la jeune femme. Elle avait choisi la voie des Shinobi, mais elle ne pouvait imposer cette voie à quiconque. Pourtant, elle croyait en la force des femmes, en leur capacité à se défendre et à protéger leurs proches.

— Ce n'est pas parce que tu es une femme que tu es faible. Tu as le droit de te battre, de te défendre, et de protéger ceux que tu aimes, déclara Sakura avec conviction. Tuer quelqu'un peut être terrifiant, voire immoral, mais parfois, c'est nécessaire, surtout quand on menace ton peuple ou ta vie. Si jamais tu veux apprendre à te battre, rendez-vous à Heiwa, la capitale de Ta No Kuni. Demande Suzuki, dis-lui que Sakura t'envoie et que tu souhaites prendre les armes.


Sakura et Madara traversaient une plaine jonchée de cadavres, vestiges d'une bataille récente. Grâce aux connaissances tirées des livres venant du futur, ils étaient informés des zones de conflit et de leur temporalité. Leur mission, jusqu'alors, avait été de sauver autant de vies que possible, en particulier celles des civils pris dans la tourmente de la guerre. Mais désormais, avec l'intensification du conflit, il était impératif de renforcer leurs rangs de Shinobi.

— Je hais la guerre, murmura Sakura tandis qu'ils avançaient parmi les corps sans vie.

— Elle est pourtant inévitable, répondit Madara, scrutant le champ de bataille d'un regard impassible.

— Y a-t-il des survivants ? demanda Sakura, espérant que leur intervention n'arrive pas trop tard, tandis qu'elle cherchait le regard de Madara.

— Oui, mais ils ne vivront pas longtemps, répondit Madara, concentré sur la détection du chakra émanant des corps. Leurs forces les abandonnent rapidement.

— Aucun n'est récupérable ? insista Sakura, refusant de laisser quelqu'un mourir si elle pouvait l'éviter, en accord avec son serment d'Hippocrate.

Madara, autrefois peu enclin à accorder de l'importance à la vie d'un blessé, avait appris à comprendre le code d'honneur des médecins grâce à Sakura. Respectant son sens du devoir, il concentra son attention et identifia une source de chakra plus robuste que les autres.

— Il y en a peut-être un, murmura-t-il, indiquant une direction du regard.

Ils se dirigèrent vers le blessé, un homme aux cheveux blonds et aux yeux bleus, une rareté dans les rangs des Shinobi de Tsuchi No Kuni. Bien qu'il soit gravement blessé, aucune de ses blessures ne semblait mortelle ; cependant, la perte de sang allait bientôt lui être fatale.

D'un coup d'œil, Sakura évalua la situation et comprit qu'elle devait agir rapidement pour sauver cet homme. Mais avant qu'elle ne puisse commencer à prodiguer des soins, la main de Madara se posa sur son épaule, l'interrompant avant même qu'elle n'ait commencé.

— Jinchûruki, chuchota Madara.

Maintenant face à l'individu, l'Uchiha pouvait scruter plus attentivement la nature du chakra de l'homme. Concentrant son énergie dans son Rinnegan dissimulé sous sa mèche brune, les anneaux concentriques s'écarquillèrent légèrement, révélant l'identité du Bijû qu'il abritait : le Yonbi.

Cette révélation changeait la donne pour Sakura, qui observait le blessé avec une attention renouvelée. L'homme, bien que craintif, défiait du regard les deux intrus. Pendant que Madara demeurait impassible, Sakura s'agenouilla près du blessé.

— Tu es condamné, murmura-t-elle après avoir évalué ses blessures. Le Jinchûriki eut un rire amer en réponse à cette affirmation évidente.

— Je suis... déjà mort depuis longtemps, articula-t-il péniblement.

Pour lui, sa vie avait pris fin lorsqu'il avait été transformé en réceptacle pour contenir le Yonbi.

Sakura se remémora alors les récits de Naruto sur les Jinchûriki de leur époque, ainsi que le traitement réservé à son frère de cœur en tant que porteur du démon renard. Les souvenirs remontaient malgré elle, évoquant une partie de sa vie passée.

— Qu'est-ce qui te motive alors ? demanda-t-elle doucement, comprenant la douleur de l'homme en face d'elle.

— Rien... je ne suis qu'une arme ! répondit-il avec amertume, se remémorant ses enseignements. Une arme tu seras ! Pour protéger les tiens ! Tu es une arme destinée à être utilisée !

— Qu'est-ce qui te motive ? insista Sakura, luttant contre ses propres émotions. Elle devait garder son sang-froid. Bien qu'il ressemble physiquement à Naruto, il n'était pas lui.

— Je te l'ai dit..., commença-t-il, mais fut interrompu par Sakura qui répéta sa question.

— Qu'est-ce... qui... te motive ?

— Je... je ne sais pas, avoua-t-il cette fois-ci.

Il ignorait qui il était, ce qu'il voulait, s'il avait même déjà désiré vivre.

— As-tu quelque chose qui te tient à cœur ? questionna Sakura tandis que Madara détournait le regard.

En un geste rapide, il dégaina un kunaï et le lança vers un homme qui rampait. Dès que l'arme atteignit sa cible, l'homme cessa tout mouvement.

— Mon village, répondit le Jinchûriki machinalement, ses yeux se posant sur le brun. Reconnaissant immédiatement l'illustre dresseur de Bijû, Uchiha Madara !

Le Jinchûriki remarqua l'absence de bandeaux frontal sur eux. Ils n'étaient donc affiliés à aucun village, mais cela ne fit que renforcer sa méfiance à leur égard.

— Allez-y ! Achevez-moi, c'est pourquoi vous êtes ici de toute façon.

— Nous ne sommes pas là pour cela, le rassura Sakura, posant doucement sa main sur la joue du blessé pour attirer son attention vers elle plutôt que vers Madara.

— Alors quoi ? demanda le blond, perplexe.

— Qu'est-ce qui est vraiment important pour toi ? reformula Sakura, captant son regard.

— Mon..., commença-t-il par réflexe.

— En es-tu sûr ? coupa Sakura, plus durement cette fois. N'y a-t-il donc que cela qui compte ? Un village qui t'a maltraité ? Un village qui t'a privé de liberté, d'affection, de famille ? Tout cela pour quoi, dis-moi ? Pour devenir une arme sacrifiée ? ajouta-t-elle avec une pointe d'amertume.

Le Jinchûriki resta muet, incapable de contredire le tableau de sa vie que Sakura avait si habilement dressé. Profitant de son silence, elle reprit :

— Alors je te repose ma question : qu'est-ce qui est important pour toi ? répéta-t-elle, insidieusement.

Sakura jouait sur le fait que le blessé, affaibli par ses blessures, était plus vulnérable psychologiquement. Répéter inlassablement la question, la reformulant à chaque fois, orientait subtilement sa réponse vers ce qu'elle attendait de lui.

À nouveau, l'homme resta silencieux, perdu dans ses pensées. Personne ne lui avait jamais donné l'occasion de s'exprimer ainsi. Personne, surtout pas une femme, ne lui avait permis de penser par lui-même. Voyant qu'il hésitait, Sakura poursuivit sa manipulation. Elle sentait qu'il était sur le point de se laisser aller et de libérer sa propre volonté.

— Que serais-tu prêt à faire pour avoir une famille ? Des gens qui t'aiment ? Un endroit à protéger vraiment ? demanda-t-elle, poussant plus loin.

— C'est impossible, répondit-il.

Il avait accepté qu'il ne serait jamais aimé, qu'il n'aurait jamais de famille ni de chez lui. Il était une arme utilisée et jetée une fois brisée. Sa mort imminente des suites de ses blessures n'avait plus d'importance. En devenant l'hôte du Yonbi, son destin était scellé : une mort certaine et probablement plus rapide que la normale.

— Rien n'est impossible, réaffirma Sakura d'une voix assurée.

Elle-même était convaincue de cette vérité, ayant été témoin de nombreuses réalités extraordinaires depuis sa rencontre avec le Rikudô Sennin. Dans son esprit, les frontières entre possible et impossible s'étaient estompées, laissant place à un champ infini de possibilités.

— Pourquoi moi ? se demanda à voix haute le Jinchûriki, plus pour lui-même que pour ses auditeurs, alors que la mort approchait à grands pas.

— Pourquoi toi et pas un autre ? répondit Sakura, se demandant si cet homme avait été choisi comme Naruto.

La réponse sous forme de question sembla raviver une étincelle chez le blond, qui retrouva soudainement la force de parler.

— Tu sais ce que je suis ! s'exclama-t-il avec fureur. Pourquoi ai-je dû vivre cette vie ?! Je ne l'ai pas choisie ! Qui le voudrait ? Il faudrait être fou ou suicidaire pour le souhaiter ! s'écria-t-il, les larmes coulant le long de ses joues.

— Parce que la vie est impitoyable ! répliqua Sakura avec fermeté. Elle est dure, sans pitié, surtout à notre époque. Mais c'est à nous de nous battre pour la rendre meilleure... donc je te le demande encore : que serais-tu prêt à faire pour avoir la vie que j'ai décrite ?

— Absolument tout, murmura le blond, fermant les yeux.

Épuisé, il était fatigué de parler, fatigué de tout. Il ne désirait plus que s'endormir et mettre fin à cette existence de souffrance. Qui était-elle pour lui donner de faux espoirs, lui faisant miroiter un avenir qu'il savait impossible ? Cette conversation était plus cruelle qu'une mort rapide et brutale. Mais alors qu'il s'apprêtait à accueillir la mort, il sentit deux mains se poser sur son torse et une chaleur apaisante le traverser. C'était doux, réconfortant, agréable. Peu à peu, la douleur s'estompa, la souffrance s'atténua et la fatigue commença à se dissiper.

Ouvrant les yeux, il se demanda s'il était en train de voir un ange. La jeune femme aux cheveux roses semblait éclairée d'une douce lumière verte, ses cheveux flottant légèrement au gré du vent. Était-ce cela la mort ? Mais son esprit restait trop vif pour être passé de l'autre côté.

— Que faites-vous ? demanda-t-il, incertain de la réalité.

— Je te donne une seconde chance, répondit Sakura en lui insufflant une nouvelle vague de chakra. Elle savait qu'elle avait presque atteint les limites de ses capacités, mais elle avait obtenu le résultat escompté. Il se joindrait à eux de son plein gré, car ils lui offraient un avenir meilleur, où il serait respecté en tant qu'individu et non plus réduit à une arme de guerre. Cette énergie curative visait à refermer rapidement toutes les blessures non mortelles du Shinobi.

Le Jinchûriki observa les mains de la guerrière avec stupéfaction : elle était en train de lui sauver la vie. Jamais personne n'avait fait cela pour lui, surtout pas depuis qu'il était devenu un hôte.

— Pourquoi ? finit-il par demander, toujours sous le choc de ce qu'il venait de vivre.

— Va à Ta No Kuni... cherche la ville de Heiwa ! Là-bas, tu seras accueilli en héros pour ce que tu es et pour ce que tu portes en toi. Là-bas, tu pourras recommencer à zéro sans être jugé pour ton passé ! expliqua Sakura, un sourire chaleureux aux lèvres. En entendant cela, le blond eut envie de pleurer à nouveau, mais cette fois-ci, pour des raisons bien différentes.

— Pourquoi ? demanda une dernière fois le Jinchûriki.

— Parce que ceux qui ont été victimes de la vie méritent une seconde chance... maintenant, va ! Va vivre ta nouvelle vie. N'oublie pas, tu me dois une dette de vie, déclara Sakura en aidant l'homme à se relever, sous le regard scrutateur de Madara derrière elle. Si tu veux honorer cette dette et me rendre ce que je t'ai donné, ne gaspille pas cette opportunité. Vis ta vie de la bonne manière !

L'homme regarda la femme, qu'il commençait à considérer comme un ange pour avoir accompli ce qu'elle avait fait. Il ne percevait que compassion et sincérité dans son regard, aucune trace de mensonge. Bien qu'il n'ait aucune garantie, une voix intérieure lui disait que Sakura disait la vérité. Il méritait la vie qu'elle lui avait décrite : un foyer, une famille, le respect d'un village, un but véritable à poursuivre.

Alors, il posa un geste qu'il n'aurait jamais cru possible : il retira son bandeau frontal de Tsuchi No Kuni et le fixa un moment du regard. Ce symbole de son village... Non ! Ce n'était jamais vraiment son village, mais plutôt ses chaînes ! Sans regret, sans un regard en arrière, il le laissa tomber au sol, libre !

— Comment vous appelez-vous ? demanda-t-il finalement à la rose.

— Sakura, répondit-elle avec un sourire radieux. Et vous ?

— Akihiko.

— Eh bien, Akihiko, j'ai juste une dernière chose à te dire.

— Je vous écoute.

— Notre rencontre n'est pas un hasard, Son Gokû ferait la fierté de son père, déclara Sakura d'un ton énigmatique.

Ni Akihiko ni Madara ne saisirent le sens de ses mots, restant perplexes.

Cependant, ce message était destiné au Bijû logé dans le corps du blond. En l'entendant, il comprit immédiatement la signification du message. Seul Hagoromo Ôtsutsuki, le père des bijû, connaissait leurs véritables noms. Si quelqu'un prononçait une telle phrase, cela ne pouvait être que vrai.

Après leur discussion avec Akihiko, Sakura et Madara avaient consacré le reste de la soirée à arpenter le champ de bataille, récupérant armes et armures qui pourraient leur être utiles pour la suite de leur mission. Ce n'est que vers une heure du matin, épuisés mais déterminés, qu'ils trouvèrent une grotte où passer la nuit.

Une fois installés, Sakura fit apparaître un parchemin moyen d'un nuage de fumée, déployant un minimum de mobilier. Avec la tâche immense qui les attendait, dormir sur le sol n'était pas envisageable. Cela serait contre-productif, les affaiblissant pour la bataille à venir. Elle avait donc scellé un matelas, des oreillers, une couverture et un nécessaire de cuisine pour préparer un repas sur un feu de camp.

Pendant que le brun arrangeait un tas de bois, prêt à être allumé, Madara murmura « Katon... » sans geste de la main, manipulant simplement le chakra pour former une boule de feu qui enflamma le bois devant lui.

Pendant ce temps, Sakura installa un trépied en fonte au-dessus du feu et plaça une marmite contenant un bouillon de légumes à réchauffer. Grâce au Fûinjutsu, ils pouvaient conserver des plats cuisinés à l'avance, prêts à être consommés.

Une fois débarrassés de leurs armures et de leurs armes, Madara et Sakura s'installèrent près du matelas, dans un silence paisible. Sakura déposa un petit bâtonnet près de l'entrée de la grotte, un système d'alerte pour éviter les surprises pendant la nuit.

Une fois tout préparé, Sakura se blottit contre Madara, lisant un livre sur la Première Guerre Shinobi. Il passa son bras autour d'elle, tandis qu'elle reposait sa tête sur son torse, s'imprégnant de son odeur qu'elle aimait tant.

Pendant que le bouillon réchauffait, Sakura savoura ce moment de détente, fermant les yeux dans les bras de Madara, sentant son pouce caresser doucement son bras.

— Sakura, murmura-t-il doucement, ayant abandonné le suffixe -san depuis qu'ils étaient devenus plus intimes.

Ni l'un ni l'autre n'étaient enclins à des gestes affectueux en public, mais dans l'intimité de leur sphère privée, Madara se révélait tendre et affectueux. Sakura respectait son autorité et son impassibilité en public, mais appréciait ces moments de douceur en privé.

— Oui, Madara ? répondit-elle, lovée contre lui, dans un murmure apaisé.


— Que feriez-vous s'il était resté fidèle à son village ? demanda le brun, sans quitter des yeux son livre. Sa maîtrise du Sharingan lui permettait de faire plusieurs choses à la fois sans effort.

— Je l'aurais libéré d'une autre manière et j'aurais attendu que son Bijû se manifeste, répondit Sakura sans détour, même si cela contredisait certains de ses principes moraux.

— Qui est Son Gokû ? interrogea Madara, curieux.

— Le véritable nom du Yonbi, répondit Sakura machinalement. Depuis sa rencontre avec le Rikudô Sennin, elle avait partagé tous ses secrets avec lui, établissant une confiance mutuelle.

— Son père... Hagoromo ? devina Madara.

— Oui... Ôtsutsuki-sama a été le premier Jinchûriki du Juubi. Quand son temps est venu, il a divisé cette entité en neuf créatures, qu'il considère comme ses enfants, et leur a donné un nom, expliqua Sakura en rouvrant les yeux, se rappelant le moment où Sasuke avait enfermé les Bijû avec son Rinnegan. Les humains les ont nommés Yonbi, Kûybi, etc., selon le nombre de queues.

— Le Juubi, murmura Madara, s'arrêtant un instant dans sa lecture. Cette information lui semblait naturelle, grâce aux capacités acquises avec son Rinnegan.

— N'y pensez même pas, Madara ! s'exclama Sakura, anticipant ses pensées. Vous êtes mort en essayant de le ressusciter et de le contrôler, le rappela-t-elle fermement.

— Hn ! souffla Madara, et Sakura le serra contre elle. Elle savait que c'était sa manière de céder sur le sujet sans le dire ouvertement.

Sakura se libéra de son étreinte pour vérifier le plat sur le feu, dont l'odeur délicieuse emplissait la grotte. Madara ne put réprimer un gargouillement d'estomac.

— Ce sera prêt bientôt, dit Sakura en remuant le bouillon avec une cuillère en bois. Elle goûta une petite portion, tiède. Puis, elle se réinstalla contre Madara, qui avait repris sa lecture.

— Comment connaissez-vous Kakuzu ? demanda-t-il, toujours en quête d'informations pour leur objectif commun : la paix.

— Il est immortel, répondit Sakura avec froideur, se remémorant cet homme du futur.

— Comment ? s'enquit Madara, intéressé.

— Il a réussi à greffer cinq cœurs à son âme pour se maintenir en vie, expliqua Sakura, se souvenant de leur combat. Un cœur pour chaque élément, arraché à ses ennemis.

— C'est pour cela, comprit Madara.

— Oui... et tant qu'un cœur reste intact, il ne peut être tué, ajouta Sakura avec mépris. Mais il ne vit que pour l'argent, conclut-elle.

— J'ai cru comprendre... qu'a-t-il fait dans le futur ? poursuivit Madara, caressant doucement le bras de Sakura.

— Il faisait partie d'une organisation de criminels, regroupant principalement des Nukenin, la plupart inscrits dans le Bingo Book, déclara Sakura, une pointe de lassitude dans la voix. Elle-même avait affronté et survécu à Sasori.

— Et moi ? fit l'homme, curieux d'entendre sa réponse.

— D'une certaine manière, vous en étiez le fondateur, répondit-elle. Elle n'avait pas l'intention de lui cacher des informations, mais elle était fatiguée, et parler de l'Akatsuki n'était pas nécessaire compte tenu de ce qui les attendait.

— Je vois, nous en reparlerons plus tard, acquiesça l'Uchiha, détectant le désir de silence de la jeune femme. Il replongea alors dans sa lecture, caressant doucement la peau de sa compagne.

Après quelques minutes, Sakura se leva à nouveau pour vérifier le repas sur le feu. C'était prêt. Elle servit deux grandes assiettes creuses, emplies de bouillon fumant.

— Intéressant, commenta Madara en lisant une page sur la Première Guerre Shinobi.

— Quoi donc ? demanda Sakura en revenant avec les assiettes.

— Uzushio va être détruit.

— Oui, la tri-alliance a envoyé suffisamment d'hommes pour submerger le clan Uzumaki, expliqua Sakura, se remémorant ses cours d'histoire.

— Très intéressant, approuva Madara, prenant une bouchée de son plat avec satisfaction. Rien de tel qu'un bon repas chaud en hiver.

— Pourquoi cela ? s'enquit Sakura.

— Nous allons nous diriger vers Uzushio dès demain. Si nous pouvons avoir le clan Uzumaki comme allié, cela ne ferait que nous renforcer, expliqua Madara.

— Ce sera très difficile, objecta Sakura. L'alliance entre Konoha et Uzushio est solide. Il sera quasi-impossible de les convaincre de se détourner de Konoha pour nous rejoindre.

— J'en fais mon affaire, déclara Madara, posant son assiette vide et le livre d'histoire. Puis, il se tourna vers Sakura, un regard empli de désir. Sans comprendre comment, elle se retrouva embrassée passionnément par l'Uchiha. Aucun doute sur la suite des événements : le couple allait passer une autre nuit de passion et d'amour.

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